AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B00XEXVJ4G
(08/05/2015)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Avez-vous jamais vu, vers la fin d'une lourde journée d'été, un orage se préparer sur les rives d'un lac ? Des nuages courent dans le ciel, que des éclairs sillonnent de flèches aiguës ou illuminent de nappes éclatantes ; le vent tord les arbres, dont les branches gémissent en s'entrechoquant, soulève l'eau en hautes vagues, et des mouettes volent en faisant resplendir leurs ailes blanches parmi des rayons très pâles qui filtrent d'entre les nuages? Mais un coup de ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après La Chute de Miss TopsyVoir plus
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il n’y avait aucune sympathie naturelle entre ces deux êtres que le hasard enfermait ensemble dix heures par jour dans la même pièce, occupés à la même besogne. L’un, arrivé à Paris depuis deux ans, bien décidé à conquérir la Ville avec sa littérature, après avoir jeûné pendant plusieurs mois et passé bien des nuits fraîches à errer par les rues, avait échoué au ministère de l’Intérieur, se trouvait presque riche avec ses appointements, jouissait d’une chambre de trente francs dans un garni, et achetait des bouquets de violettes d’un sou à la bonne, qui se trompait de porte quelquefois, le soir, et rentrait chez lui. L’autre, nerveux, anémique, orphelin, et pauvre après avoir été élevé jusqu’à dix-neuf ans par des parents riches qui le gâtaient, sentait durement les privations de sa vie : le manque de confort dans un appartement de deux pièces encombré pourtant de meubles antiques et de bibelots, restes des splendeurs passées ; la mauvaise nourriture des restaurants à portée de sa bourse, où le hasard vous place à côté d’une blouse, d’un col de chemise sale, d’un veston qui sent mauvais, parmi des gens grossiers qui mangent en faisant du bruit ; le manque de toute affection : car il ne voulait pas retourner chez ceux qui l’avaient connu en des jours meilleurs, et la femme dont il s’était cru aimé et qui lui avait fermé sa porte en apprenant sa ruine, l’avait rendu sceptique définitivement sur les choses du cœur.

Chapitre I
Commenter  J’apprécie          00
L’orchestre jouait pour elle un de ces quadrilles du répertoire Markowsky, qui vous font rêver à la joie avinée et bruyante des fêtes de banlieue, où le cuivre ronfle et glapit et couvre de ses éclats les raclements des violons et les sifflements des flûtes. Elle n’en gardait pas moins, malgré encore les difficultés de son travail, une expression de calme pleine de charme, ce certain air de supériorité ou d’indifférence qu’on ne peut avoir que lorsqu’on est bien sûr de soi, et qui donnait à ses exercices, fort ordinaires, un attrait nouveau. De la fine pointe de ses pieds, qui glissait sur une broderie de fleurs roses, elle effleurait à peine la selle plate. Son corps tournait, ses jambes se mouvaient rapides, et, dans l’envolement de sa jupe rose, tandis qu’elle grandissait ou diminuait selon qu’elle passait devant les deux amis ou de l’autre côté de la piste, on eût dit un grand papillon très léger. Quand elle sautait les ballons, pendant une seconde elle semblait suspendue dans le vide, les jambes repliées et agitées comme en des vibrations ; puis, des débris de papier restant attachés à ses épaules ainsi que de petites ailes, elle retombait à genoux pour rebondir encore, avec des élans souples, jusqu’à ce que le public, enthousiasmé par le vol de ce corps élastique, éclatât en applaudissements. Lorsqu’elle descendit de cheval et salua de nouveau, elle fut rappelée par de longs bravos.

Chapitre Il
Commenter  J’apprécie          00
Elle demeurait avec sa mère qui, chaque soir, venait l’attendre à la sortie. Mistress Maudson rêvait une modeste aisance, pour plus tard : aussi travaillait-elle, à l’occasion, pour les magasins de modes, afin qu’on pût faire des économies. Elle était très pieuse ; à la maison, elle partageait le temps de sa fille entre les soins du ménage et de bonnes lectures ; elle professait un profond mépris pour l’acrobatie, qu’elle appelait un « métier de sauvages », – et qu’elle avait pourtant acceptée, à cause de la nécessité. Ce qui la blessait le plus, c’était le nom bohémien de Topsy qu’on appliquait à sa fille et qu’elle ne voyait jamais sans un froncement de sourcils s’étaler en grosses lettres noires sur des affiches sang de bœuf : chez elle, elle l’appelait de son vrai nom Éva : un nom chrétien. Elle était parvenue à lui ôter jusqu’à l’envie de fréquenter ses camarades, à force de les lui représenter comme des êtres dangereux, grossiers, remplis de vices. De sorte que Topsy, quoiqu’à l’époque où elle commençait à se former un hercule eût jonglé avec elle, vivait dans une terreur secrète et continuelle de ces corps musclés et râblés, dont les maillots dessinaient les formes robustes : du moins, c’est ce que Frémy déduisit de ses réponses un peu vagues ; car, n’étant guère habituée à s’analyser elle-même, elle exprimait mal des sensations dont elle se rendait à peine compte.

Chapitre III
Commenter  J’apprécie          00
Peu à peu, ils découvrirent entre eux des rapports étonnants : leurs goûts étaient les mêmes ; ce que l’un disait, l’autre le pensait depuis longtemps ; ils portaient sur les choses des jugements analogues. Souvent, ils ne se parlaient pas, mais leur silence était gros de choses qu’ils comprenaient. (...) Ils frissonnaient. Instinctivement, ils se rapprochaient l’un de l’autre. Leurs mains se cherchaient avec un léger tremblement, et les yeux de Topsy s’allumaient d’une telle flamme qu’ils semblaient noirs…

Chapitre III
Commenter  J’apprécie          10
Il se résignait, comptant vaguement qu’un hasard, un jour ou l’autre, le sortirait de sa médiocrité ; mais très mélancolique quelquefois, lorsque l’idée lui venait que sa vie pouvait s’écouler ainsi, d’un bout à l’autre, sans événement, sans aventure, dans un duel incessant avec le besoin.

Chapitre I
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : littérature suisseVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Le crime de l'Orient-Express d'Agatha Christie

Comment s'appelle le personnage qui enquête ?

Agatha Christie
Hercule Poirot
Sherlock Homes
Shakespeare

10 questions
65 lecteurs ont répondu
Thème : Le crime de l'Orient-Express de Agatha ChristieCréer un quiz sur ce livre

{* *}