Le père de Yoan, de Céline et de notre petite narratrice n'est pas tout à fait un super gros con. Il ne bat pas sa femme, ni ses enfants, il ne dilapide pas tout le fric du ménage en picolant ou jouant...
Mais il est quand même super limite - le genre à ne pas aimer « les Noirs, les Juifs, les Arabes » (sic), à trouver qu'une femme au boulot, ça vaut pas un homme et à dire : « Je ne me suis jamais laissé enquiquiner par une gonzesse, et ce n'est pas ma propre fille qui va commencer ! Sûrement pas ! »
De fait, on voit bien que son épouse n'est pas de celles qui ruent dans les brancards, elle laisse dire, laisse faire, complice passive de l'éducation sexiste donnée aux trois enfants...
Alors ça clashe sec entre le bonhomme et la fille aînée, Céline, une adolescente qui commence à se rebiffer contre l'autorité paternelle, à s'indigner que son frère ne participe pas aux travaux domestiques, à vouloir sortir, se maquiller, porter des jupes.
La petite dernière de la maison assiste à ces scènes de la vie familiale et les relate avec la candeur d'un enfant de son âge. Elle est partagée entre son admiration pour sa soeur et la crainte que ça dégénère, vu l'ambiance conflictuelle entre le père et la grande.
Pas de chute spectaculaire dans cette histoire (et tant mieux, car on peut craindre le pire quand parents et adolescents s'affrontent violemment), mais des réflexions sur l'égalité homme-femme, sur la place des femmes dans la société...
Intéressant, subtil et très accessible pour le public visé, ce qui n'est pas toujours le cas avec les romans de la collection 'Petite Poche' (Thierry Magnier).
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La narratrice, une fillette dernière née d'une fratrie de trois enfants, observe et raconte la vie de sa famille.
Les relations entre sa grande soeur adolescente et le père sont particulièrement tendues. Il faut dire que ce dernier a une conception très 'traditionnelle' de la place de chacun dans la société, notamment de celle des filles (et pas seulement : les Noirs, les Juifs et les Arabes ne sont pas en reste…).
Une histoire facile qui aborde des sujets sérieux mais malheureusement encore d'actualité en France : les inégalités entre sexes et le racisme. Une bonne occasion de discuter avec les enfants et de les amener à réfléchir (pour peu que l'on ne partage pas les conceptions du père de la fillette, c'est-à-dire que l'on sache soi-même réfléchir).
Le prix de 5 euros me semble excessivement élevé pour un ouvrage à couverture souple de 40 pages ultra-aérées - mais ce n'est pas l'auteure qui est en cause, plutôt la manière dont l'édition fonctionne en France.
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Lu en 2018. Un tout petit livre mais percutant par son récit.
C'est le cri de révolte d'une jeune fille contre des préjugés sexistes et racistes de son père et de son frère, sinistres représentants d'une pensée rétrograde, paternaliste, machiste, maltraitante et toute-puissante...
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Papa et Yohan ne font jamais rien à la maison ! Ma grande soeur en a marre que les filles fassent toutes les tâches ménagères. Et elle voudrait pouvoir s'habiller en mini-jupe et sortir le soir, mais papa ne l'y autorise pas. Maman reste neutre au moment des conflits, elle ne dit jamais rien !
Je suis en train d'écrire un livre sur la vie des filles à la maison. J'en parle à mon frère mais il n'aime pas l'histoire car ce sont les reines qui ont le pouvoir et pas les rois.
J'ai bien aimé, car ça permet d'ouvrir les yeux aux gens sur l'égalité entre les filles et les garçons.
C'est bien pour les filles d'avoir plus de libertés et que cela ne soit pas uniquement les hommes qui décident de tout.
J'ai beaucoup aimé, il n'y a pas que les garçons qui peuvent gouverner !
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[Ma soeur] m'a répondu qu'elle va partir, qu'elle n'en peut plus.
Et que si elle aimait écrire autant que moi, elle pourrait en dire, tiens, avec tout ce qu'elle entend comme imbécillités, ici !
- Ici, chez nous ? Y a rien à raconter, ici... je lui ai dit.
Elle m'a répondu que si, justement : parler des femmes qui peuvent jamais faire ce qu'elles veulent et des hommes qui vivent comme au temps des cavernes, ça pourrait faire un livre.
Un gros, même ! Et ça intéresserait sûrement plein de gens.
En tout cas, des filles.
(p. 15-16)
Ce soir, au repas, Céline a raconté qu'ils avaient parlé du salaire des femmes, dans sa classe, au collège. Le salaire, je sais ce que c'est : c'est pareil que l'argent de poche, sauf qu'il faut travailler pour l'avoir.
(p. 7)
J'ai dit à papa et maman que plus tard, comme métier, je ferais des livres.
Papa s'est marré. Il a fait, comme ça :
- Ah, eh bien il faudra qu'il soit patient, ton mari, si tu lui écris des romans au lieu de lui faire de la soupe !
Ce soir, au repas , Céline à raconté qu'ils avaient parlé du salaire des femmes, sans sa classe, au collège.
Le salaire, je sais ce que c'est : c'est pareil que l'argent de poche , sauf qu'il faut travailler pour l'avoir.
Ma sœur elle a expliqué que, des fois, les femmes elles sont moins bien payées que les hommes pour faire le même travail.
Papa a soupiré : " Pfffff ! Pour le même travail, tu parles ! Les femmes au boulot c'est la plaie ! C'est normal qu'on les paie moins ! "
J'ai rigolé, je lui ai dit :
-Ben, et moi ? Je fais ce que je veux, moi !
Elle m'a répondu :
-Toi, tu es encore petite. Attends de grandir, tu vas voir.
Je vais voir quoi ?
Film de Jean Becker et Jean-Loup Dabadie avec Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus et Patrick Bouchitey, 2010.
Adaptation du roman de Marie-Sabine Roger.