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EAN : 9782020312714
237 pages
Seuil (26/08/1998)
3.27/5   35 notes
Résumé :
Retrouver la source du Nil fut une aventure étrange et complexe car le fleuve en a plusieurs, tout comme cette réflexion romanesque qui ne cesse d'approfondir en une spirale de récits étroitement imbriqués une sorte d'autopsie du temps. C'est d'abord le passé du Soudan, cette civilisation médiévale de Byzantins noirs à contre-courant du flux de l'Histoire; c'est aussi le regard d'un archéologue est-allemand sur cette épopée et son refus paradoxal de transmettre le r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Quel dommage, je relis un livre que j'avais adoré : son titre, d'abord, évoquant le royaume de Kouch dont parle Hérodote, la Nubie, ou actuel Soudan : le pays des pharaons noirs qui ont construit les premières pyramides, ont colonisé l'Egypte du Nord, et en ont fait une terre très riche financièrement avec l'or de la Nubie, et politiquement unifiée.
Meroe ou la capitale de l'ancienne Egypte pendant sept siècles, du 3· avant notre ère au 4· siècle après, a été, nous dit Olivier Rolin, aperçue par Bruce, trop obnubilé par la recherche des sources du Nil pour s'y arrêter. Ensuite, le français Caillaud, émerveillé, dessine la nécropole, enfin, un italien, Giuseppe Ferlini « ferait entrer ce lieu incertain dans le monde incontestable du pillage et du recel : éventrant à coups de barre à mine et de dynamite, en 1834, quelques unes des pyramides afin de fourguer aux grands collectionneurs les parures d'or des pharaons noirs. »… dont les bijoux en or de la reine Amanishakhéto
qui ont abouti dans les musées de Munich et Berlin.
Pourquoi le locuteur de Meroe se retrouve t il au Soudan ? Pour fuir un chagrin d'amour, ainsi que pour rechercher le pourquoi de cette passion : à quoi ressemblait elle et d'ailleurs, de quelle couleur étaient ses yeux ? Il s'est fait plaquer, et les pauvres souvenirs qu'il a (sa manière de retrousser les lèvres, d'ajuster une mèche de cheveux derrière l'oreille, de se ronger les ongles) ne le calment pas. Il demande à un mannequin de reproduire ces gestes, l'utilisant comme ferait un photographe ou un réalisateur dont elle accepterait tout (gifles, humiliations diverses, droit de cuisage)
A la relecture, Meroe est un mélange de genre, entre les affres de la passion physique, la recherche dans d'autres femmes de celle qu'il a perdu, les notions archéologiques,( lors de la découverte de vingt mille tombes à Dongola, au nord de Meroe, l'archéologue lui demande de ne pas parler de ces sacrifices humains d'il y a quatre mille ans , de peur qu'Amnesty International ne fasse un rapport rétrospectif ! ) et l'histoire de Gordon, tué lors de son siège de Khartoum ; le tout noyé dans une écriture travaillée et fatigante d'être tellement travaillée, passant de but en blanc d'un thème à l'autre.
Olivier Rolin le sait, il dit lui même :
« Une superstition très anciennement ancrée en moi….. me portait à croire que chaque livre cachait en son sein un message crypté, différent pour chaque lecteur, adressé à lui à tout hasard mais généralement ignoré de lui »
Le message crypté doit être non seulement différent pour chaque lecteur, mais aussi différent aux différents moments de vie du lecteur.
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Trouvé dans une de mes vieilles piles de livres pas encore lus. Sans doute acheté il y a longtemps, attirée par la 4ème de couverture... L'évocation du Nil... Lu comme une purge, en hommage à Jane Birkin qui vient de mourir et dont je découvre que Rolin était son dernier amour. Où vont se nicher les motivations du lecteur ?

Une écriture probablement magnifique à laquelle je n'ai pas réussi à accrocher. Comme dans le film sur Mozart ou un commanditaire d'une de ses oeuvres s'écrie "too many notes!" , comme une envie de dire "too many words"! Rolin n'écrit pas à l'économie.

Un chassé croisé entre le destin tragique d'un soldat britannique du temps de la colonisation (pris dans les délires d'une fin de siège dans l'attente d'une colonne qui arrivera trop tard) et les divagations et atermoiements d'un français contemporain lentement et profondément échoué à Kartoum après un chagrin d'amour à Paris. Sa quête de l'image, tout d'abord volontairement effacée, de cette femme... le tout imbriqué dans une rencontre avec un vieil archéologue allemand jaloux de ses découvertes sur des vestiges chrétiens du Moyen Âge. Sur fond d'un possible double meurtre qui tarde beaucoup à venir.

Une lecture peut-être à tester l'hiver.. Quand le froid et les courtes journées obligent à lire d'une traite... Loin de la langueur induite par la canicule. A essayer par curiosité pour la structure romanesque... Et pour en apprendre un peu sur le Soudan, trop souvent ignoré des francophones.

Impossible à noter...
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C'est le premier livre d'Olivier Rolin que j'ai lu il y a très longtemps et qui m'a donné envie de lire ses oeuvres postérieures. Je n'ai jamais retrouvé le climat de ce livre, envoûtant, exotique, brûlant et vibrant comme un mirage
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Je lis O. Rollin depuis toujours et mon affection pour l'auteur de Port Soudan, tant sur le plan de la figure d'humaniste désenchanté qu'il personnifie que sur celui de son art littéraire ne seront pas remis en cause par le sentiment en demi-teinte qui m'est venu à la lecture de méroé. le texte m'a parut plus artificiel que ce à quoi j'étais habitué avec Rolin. Il m'a semblé que l'écrivain, emporté par son aisance stylistique, avait laissé sur le bas-côté ce supplément d'âme qui fait d'habitude enfler à l'infini ses texte et trouver chez le lecteur cette intimité viscérale qui touche tant. Rolin, grand désespéré devant l'éternel, a, cette fois, écrit d'une encre dont le désespoir, ai-je trouvé, avait un petit quelque chose de mécanique, et, c'est assez étonnant, beaucoup trop 'bien' écrit pour émouvoir.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On ne peut pas mesurer l’intensité de l’amour (…) ni de l'amour, ni de la terreur, ni de la souffrance, ni même de la littérature, qui sans doute quelque chose voir avec tout ça. Dire qu'on a aimé un livre plus que tous les autres, c'est de la foutaise. Parce que, c’est pareil, il n'y pas UN livre, mais une puissance orageuse de lettres qui vous plante de temps en temps son éclair dans la couenne, et c'est tel ou tel livre, mais tout ce qu'on peut dire après c'est que ça vous collé une foutue décharge, qu'il y a là une force qui vous la coupe, qui vous dépasse infiniment. Et qui a cette propriété bizarre, comme l'amour, etc., de désintégrer mais aussi, contradictoirement, de vous concentrer, quelques très courts instants, en un point d'intelligence et de sensibilité absolues que vous n'atteindriez jamais sans cela. That's all.

pp. 24-25
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Ce paysage déglingué me rappelait la Loire de mon enfance, et une phrase un peu enflée du Rivage des Syrtes que mon père, grand admirateur de Gracq, comme beaucoup d'instituteurs de ce temps-la, et à plus forte raison de cette province-là, aimait à me réciter, index dressé pour me manifester qu'il s'agissait de littérature, c'est-à-dire, dans son esprit, d'une sorte de prière athée qu'il convenait de faire retentir au sein d'un silence aussi respectueux que celui d'une église : "La barque qui pourrit au rivage, celui qui la rejette aux vagues, on peut le dire insoucieux de sa perte, mais non pas de sa destination" (je cite, évidemment, de mémoire). Je m'étonne un peu, à présent, que ce genre de solennités m'ait engagé à écrire plutôt qu'à devenir, par exemple, agent de police ou cambrioleur.
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Le Nil n'a pas de source, pas d'autre début que les nuages de l'équateur, les milliards de gouttes de pluie ruisselant sur le Ruwenzori, les montagnes de la Lune, les hauts plateaux d'Éthiopie, la rosée qui vêt de perles les vertes collines d'Afrique, l'urine des animaux et des hommes, et même leurs larmes entre, disons, les trentième et quarantième degrés de longitude est, et les parallèles cinq sud et quinze nord. La Grande Rivière naît d'une éponge, d'une chevelure indescriptible, d'un non-lieu immense, et chacune de nos minuscules histoires aussi.

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L'amour, disais-je à Harald ce jour ou j'allais faire la connaissance du Doktor Vollender, est comme la terreur : une puissance énorme dans le voisinage de laquelle on passe toute sa vie, même si on a le malheur de n'avoir jamais été vraiment amoureux, ni terrifié. Mais enfin, la plupart du temps, ça nous arrive, et même plusieurs fois dans une vie : alors on est aspiré, broyé par cette gravitation, on en ressort ou pas, en plus ou moins bon état, mais de toute façon, après, il est illusoire de vouloir en mesurer l'intensité.
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...une superstition très anciennement ancrée en moi, et à laquelle j'ai déjà fait allusion quand j'ai évoqué l'apparition d'Alfa, il y a bien des années, sous les arbres du Luxembourg, me portait à croire que chaque livre cachait en son sein un message crypté, différent pour chaque lecteur, adressé à lui à tout hasard mais généralement ignoré de lui : et que c'était même, ce pouvoir généreux de prophétie, une des définitions possibles (et néanmoins injustifiables, naturellement) de la littérature.
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Videos de Olivier Rolin (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Rolin
Rencontre avec Olivier Rolin autour de Jusqu'à ce que mort s'ensuive paru aux éditions Gallimard.


Olivier Rolin, né en 1947 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain français, lauréat notamment du prix Femina en 1994 pour Port-Soudan et du prix France Culture en 2002 pour Tigre en papier. Il a publié entre autres: Circus 1 (Éditions du Seuil, 2011), Bric et broc (Verdier, 2011), Circus 2 (Seuil, 2012), Veracruz (Verdier, 2015), Extérieur monde (Gallimard, 2019) et Vider les lieux (Gallimard, 2022).
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