«[...] Je veux bien même être seul de mon avis, me battre tout seul, mais pour une cause qui vaincra un jour. Que l'avenir, s'il le faut, soit mon seul camarade. Mais que je l'aie de mon côté. Je ne suis pas assez dilettante pour accepter de gâcher mon temps. Le dévouement aux causes perdues? je sais, élégance chevaleresque. Maus au fond quel scepticisme! J'aime mieux passer pour naïf. Car évidemment c'est une naïveté de croire que les meilleures causes ont l'avenir pour elles. Mais cette naïveté-là est le ressort qui a fait marcher le monde jusqu'ici. Oui, c'est du même ordre que le foi au progrès. Un peu primaire, paraît-il. Tant pis pour les malins et les fatigués : j'ai foi au progrès.»
Mon accent? J'ai peu d'accent. Bien qu'il soit difficile d'en juger soi-même. On ne s'entend pas. L'inconnu de sa propre voix. Depuis qu'on a inventé les miroirs, notre visage ne nous est plus inconnu. Et puis il y a les photos. On peut méditer longuement devant sa photo. Un jour, on se servira peut-être du phonographe comme d'un miroir...
(tome 3 : Les amours enfantines)
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l'idée de l'Homme nouveau.
En 1926, l'école s'installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim.
À Berlin, toute proche, le temps s'assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie. Ce sont aussi, entre rêves d'Amérique et désirs de Russie, d'autres raisons et déraisons.
Lorsque l'école sera prise dans les vents contraires de l'Histoire, les étudiants feront leurs propres choix.
À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu'il faut continuer ?
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