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Le cauchemar américain.
Disparu en mai 2018 et auréolé de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux, le romancier Philip Roth manquait à ma connaissance des lettres américaines contemporaines. En 2011, il publiait son trentième livre : le Rabaissement. Cet ouvrage m'étant récemment tombé sous la main dans ma médiathèque préférée, je me suis décidé à combler cette lacune. J'avoue avoir été amèrement déçu ! Pourtant, le livre se lit facilement grâce à de nombreux dialogues qui donnent un caractère enlevé et dynamique à l'intrigue. Ce me semble être, avec sa briéveté, l'une des rares qualités de cet ouvrage. En effet, Simon Axler, le personnage principal, ayant dépassé la soixantaine, passe par trois phases de tensions psychologiques dont chacune correspond à un chapitre : une phase dépressive, puis une phase euphorique, enfin une phase dépressive. Il s'y entrecroise des réflexions sur la vieillesse et le suicide, entrecoupées de scènes exposant sa sexualité avec une ex-lesbienne : Racoleur ? Scandaleux ? En tout cas, pas de la littérature exigeante ! Au mieux, on pourrait y déceler une réflexion sur la perte des repères, des références, des valeurs dans les milieux très aisés (universitaires, artistes) de la côte est des USA. Tous ces personnages qui se retrouvent autour de Simon et Simon lui-même semblent à la fois très intégrés dans la société et terriblement seuls. A l'extrême rigueur, on pourrait y voir une condamnation de l'individualisme forcené et du désir effréné de trouver le bonheur et la jouissance, quitte à écraser ceux qui partagent un bout de chemin avec vous … Mais je doute que Philip Roth soit un grand moraliste ! Quand l'éditeur parle de la « maestria » de Roth, la lecture du Rabaissement me laisse très dubitatif. Ce n'est certainement le bon livre pour aborder l'oeuvre de Roth.




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L'édition Folio 2009 que j'ai lue s'ouvre sur le démentiel palmarès des prix littéraires nationaux et étrangers octroyés à Roth. J'y ai lu qu'il avait aussi reçu, entre autres distinctions honorifiques, la Légion d'honneur et qu'il était même déjà publié dans La Pléiade ! Ne lui manquait en somme que le Nobel…

J'étais consterné, car mes trois premières lectures de cet écrivain avaient été plus que fastidieuses : Portnoy m'était immédiatement tombé des mains et j'avais dû me forcer à terminer Patrimoine et Un Homme. Mon avis était que les livres de Roth sont prodigieusement ennuyeux à force de… platitude. À mes yeux, rien dans son écriture, ni dans le fond ni dans la forme, ne méritait mieux qu'un intérêt (très) indulgent et poli, et son incroyable succès, tout comme l'admiration dithyrambique qu'il pouvait susciter (François Busnel : « Trente-et-un livres dont vingt-huit chefs d'oeuvre ! »), me restaient inexplicables : ses livres n'apportaient aucune plus-value artistique à leur sujet, ils étaient de stériles procès-verbaux d'une réalité banale copiée-collée, de l'humain ils ne révélaient rien de plus que ce que la vie nous montre déjà. En forçant à peine le trait, plutôt que de lire Roth, mieux valait bavarder cinq minutes, de temps à autres, avec ses voisins, bien plus susceptibles, eux, de surprendre ou d'émouvoir… En parallèle, je lisais la biographie de l'auteur par Blake Bailey (900 pages !) et j'y découvrais un Roth à l'image de ses livres, même s'il « avait tout lu » (commentaire de Saul Bellow) : sans mystère, quelconque (très… Américain moyen ?). Mais on me disait que je n'avais pas lu ses meilleurs livres.

Si j'ai voulu lire le Rabaissement, c'est parce que j'en avais vu une adaptation cinématographique avec le formidable Al Pacino dans le rôle de Simon Axler, le personnage principal. le film m'a beaucoup plu et amusé, j'ai donc eu envie de lire le livre - non sans penser (chat échaudé…) que cette envie je la devais sans doute, pour l'essentiel, à Pacino.

Alors, cet avant-dernier livre de Roth (si je ne me trompe) ?... le thème est vaudevillesque, une farce tragi-comique : Simon Axler, un acteur de théâtre célèbre perd soudain et sans explication son talent, et du coup son travail, le jour où il ne joue plus d'instinct parce qu'il réalise qu'il est en train de jouer. À l'inverse, dans son quotidien il a constamment le sentiment d'être occupé à jouer un rôle auquel il ne comprend rien. Un sujet riche d'une multitude d'exploitations possibles et qui permet à Roth de questionner les arts dramatiques, le succès, la santé mentale et la folie, la vérité, le suicide, l'identité, le genre et l'orientation sexuelles, l'amour et le désir, etc.

C'est en lisant le Rabaissement, et parce que j'avais d'abord vu le film, que je pense être parvenu à mettre le doigt sur ce qui, pour moi, ne va pas chez Roth. Si le film m'a plu mais pas le livre (une fois de plus), cela signifie que Pacino, par son jeu, par son interprétation, apporte quelque chose qui manque cruellement dans le livre et qui donne envie de s'intéresser à Simon Axler. Or, pour interpréter il faut imaginer… C'est précisément là que, selon moi, le bât blesse chez Roth: il n'a pas d'imagination. Lui manque donc l'organe qui donne une vie et une profondeur aux êtres et aux choses. Roth écrit comme un greffier, il consigne le réel, se contente de le répéter et c'est au lecteur (cet autre acteur) d'enfiler les costumes vides pour faire tout le travail et qu'apparaisse enfin l'oeuvre.

Roth voulait écrire et être célèbre: mission accomplie! Mais la littérature y trouve-t-elle son compte?

End of the story !


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