POÉSIE - Tout jardin est Éden de
Marie Rouanet, Albin Michel, 108 p., 12 €.
«Là, on entre en silence et douceur. Et s'apaise la colère. Et se décante l'âme.» Dans ce petit ouvrage tout de tendre rêverie,
Marie Rouanet s'est livrée à un enchaînement de brèves méditations poétiques sur le jardin privé, qu'il soit potager, fleuri ou arboré. Tiges, pétales, pistils, pousses, branches, taillis, courges, rhubarbes, cerisiers, vignes folles y sont évoqués, selon la course du soleil et le passage des saisons, finissantes ou naissantes. Y voisinent également des merles entreprenant une figue, quelques loriots, des «rumeurs de lézards, d'insectes». Ailleurs, c'est un cours d'eau dont on ne sait que le murmure, à moins que ce ne soit une fontaine… Sans oublier les indispensables ustensiles, meubles perdus, bêches tordues, seaux défoncés, casseroles sans queue, tabliers usagés, bouts de ficelle et autres objets remisés. C'est avec gourmandise et délectation que l'on découvre ces petits textes lumineux, à l'étrange sensualité, qui nous donnent cette envie : rejoindre au plus vite les premiers chemins buissonniers pour s'étendre dans un pré carré, où trône une maison accueillante. Et alors, « au moment où la chaleur tombe, verticale, si on glisse la main sous les feuilles de la salade, du fraisier, sous les vastes feuilles des courgettes, on trouve, au revers, économisée, capturée, conservée, l'eau du dernier arrosage». le livre peut également se lire comme un hymne bucolique au silence, à peine troublé par le «gargouillis du tuyau d'arrosage » ou le « grattement du râteau».
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