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EAN : 9782226037466
241 pages
Albin Michel (22/06/1989)
3.61/5   19 notes
Résumé :
La guerre. Les escadres de bombardement, venues d'Angleterre, survolent la France dans la nuit. En quelques secondes, le ciel est rempli par eux. La sirène les précède et les suit. Et puis ils reviennent, parcourant encore une fois l'étendue du monde ennemi, après avoir accompli leur tâche terrible.
Des hommes sont dans ces machines, enfermés dans une action meurtrière. Ils connaissent l'angoisse et l'espoir, la soumission et presque l'indiscipline, la douleu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
«La Vallée heureuse» (1946), Prix Renaudot, est le premier livre de Jules Roy (1907-2000), écrivain et pilote français né en Algérie et engagé dans la Royal Air Force pendant la dernière guerre. le livre est un récit autobiographique, un témoignage, qui raconte le quotidien des membres d'une escadrille chargée, après le débarquement de Normandie, de bombarder les centres névralgiques allemands pour permettre aux alliés d'avancer et de hâter la victoire contre l'Allemagne nazie. «La vallée heureuse» était le nom désignant la Ruhr en jargon, l'une des cibles principales des missions. Ce livre n'est cependant ni un ouvrage politique ni un hymne dithyrambique à l'héroïsme national comme on en trouve dans la littérature et le cinéma de guerre soviétique. C'est une sorte de témoignage humain sur les angoisses, les dangers, les défaillances de l'avion, les camarades qui le soir manque à l'appel, la vie quotidienne à la base, les lettres des familles, l'étonnement parfois d'être encore en vie.. On y retrouve un peu l'atmosphère de Saint-Exupéry se battant contre les éléments dans «Vol de nuit». À la dernière page du livre, c'est Morin, le meilleur ami de l'auteur qui sera manquant.
Aujourd'hui, trois quart de siècle après l'effondrement final de la Wehrmacht, la guerre est devenu un concept abstrait pour ceux qui ne l'ont (heureusement) pas vécu, et qui se passe encore, mais loin de nos frontières avec des armes sophistiquées guidées par satellite. À l'époque, les bombardiers quadrimoteurs dépassaient à peine 300 Km/h, avec très peu d'instruments de navigation, et opéraient la nuit, tous feux éteints sur l'Allemagne pour ne pas être pris pour cible. Dans la nuit, le danger venait aussi d'autre chose: dans le premier chapitre, deux avions de la base se touchent en plein ciel dans le noir. L'un des deux arrive à regagner la base, mais l'autre s'écrase dans une colonne de fumée. le rôle du navigateur était alors essentiel, calculant pour le pilote la trajectoire et le minutage, en fonction notamment de la dérive des vents et lui indiquant les changements de caps à suivre et les changements d'altitude à chaque stade de la sortie. L'équipage comprenait aussi le radio, le mitrailleur inférieur, le mitrailleur arrière et le mitrailleur supérieur, tous baignant dans l'odeur d'huiles chaudes. Ces opérations étaient minutieusement préparées. Ainsi, lors d'une mission, pas moins de 1.200 avions décollent d'une série de bases différentes, à des heures calculées à la minute près, pour se regrouper de nuit et atteindre les cibles par vague successives dans une visibilité médiocre (obscurité, nuages,...) où les avions risquent sans cesse de se toucher. Il faut voler haut pour ne pas être repéré par les projecteurs et les canons anti-aériens. Quelques citations :
«Il songeait... à ceux qui meurent maintenant pour des tyrans, simplement parce qu'ils sont les fils de leur pays et que leur pays les précipite dans l'abyme».
«Chevrier s'assura que chacun, dans l'équipage, avait vidé ses poches dans les sacoches blanches et rouges (les rouges seraient brûlées si l'équipage était manquant et le contenu des blanches envoyé aux familles)».
«Les avions entraient dans les nuages et, malgré les routes rigoureuses qu'ils devaient tenir avant de repasser à la minute prévue sur la base pour prendre leur véritable départ, il avait fallu éviter les avions de partout».
«Ce soir d'octobre, il décollerait pour lâcher cinq tonnes et demie de bombes sur Bochum à vingt heures huit. La nuit tomberait vers dix-huit heures. Il ferait nuit noire une demi-heure plus tard, sans lune, et c'était la treizième sortie de l'équipage».
«Il s'agissait pour eux, cette fois encore, de ne pas être parmi les trente équipages qui seraient abattus sur l'objectif, ou celui des vingt-cinq de la station qui ne rentreraient pas... Il est rare qu'un équipage atteigne la vingtième mission».
Jules Roy a fini avec le grade de colonel. Comme pilote, il a défendu son pays attaqué par l'Allemagne nazie, mais démissionna car il ne pouvait pas accepter la guerre d'Indochine: "J'ai vu qu'on brûlait les villages, alors je les ai traité de tout et les ai quitté avec mépris".
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au-delà du fait historique des bombardements sur la Ruhr , la découverte qu'il y a en dehors des monstres de feu et d'acier des êtres humains pour qui cette violence n'est pas évidente ; ces équipages menés à l'abattoir crient parfois leur angoisse et se rebellent contre l'absurde de la situation ; tout le monde est pris dans l'engrenage et ne peut que suivre son destin auquel il n'a plus prise ; là est la difficulté ,ne plus être maître de quoi que ce soit !
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Récit de guerre qui sent le vécu. La vie d'un équipage de bombardier est rarement un sujet romanesque car on a l'image d'oiseaux de malheur qui déversent leur bombes sans état d'âme. Et pourtant la mort est omniprésente, car outre les chasseurs et La défense aérienne, il faut aussi éviter les autre dans ces vols en groupe et dans le noir. Finalement l'héroïsme c'est de remplir sa mission aussi routinière soit-elle et de braver sa peur devant l'inéluctable car seul le destin choisit sa proie et statistiquement la majorité sera frappée.
Le style de Jules ROY est sobre mais expressif, l'ambiance des missions, des attentes à terre et des rares permissions est bien rendue. On est happé par le destin de Chevrier qui ne maîtrise rien, qui ne peut qu'accomplir son devoir du mieux possible, qui n'arrive pas à se détendre dans les rares excursions civiles dans l'attente du verdict de la fatalité. C'est tragique et beau.
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Beau récit, tout en finesse et délicatesse... Certainement une belle preuve que rien n'est acquis.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La guerre que nous avons faite était déjà le fourrier des guerres qu'on nous promet, où les hommes sécheront de frayeur.
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Video de Jules Roy (17) Voir plusAjouter une vidéo

Jules Roy
Agé aujourd'hui de 82 ans, Jules ROY vient de publier ses mémoires sous le titre "Mémoires barbares" (Albin Michel). A cette occasion, il a reçu Bernard Pivot pour un long entretien dans sa maison de Vezelay, et retrace pour lui les grandes lignes de sa vie ; vie dont le maître mot aura sans doute été la quête de vérité, au prix de radicales volte-face qui l'ont, aux yeux de certains,...
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