Eloge de la brume
Quand le ciel bleu est d’un bleu dur
Et la montagne sèche et crue
Quand les mots sont précis et courts
Et ne disent que ce qu’ils disent
Quand le cœur fait son va et vient
Quand on ne voit que ce qu’on voit
Jusqu’à l’horizon dépouillé
Brume légère du soleil
Voile qui voile sans cacher
Qui estompe sans effacer
Brume qui donne au paysage
Au poème à la mélodie
Leur très précise indécision
Brume de Turner ou du Japon
Douceur des jeunes matins clairs
Et des longs crépuscules lents
Caresse de l’eau et de la lumière
Tu es la faille de la mer
Quand elle épouse la clarté.
- Porquerolles- Samedi 8 Juin 1991
10h03 en Août
Une goutte de rosée du matin
Au creux de la feuille de laurier
Hésite encore à s’évaporer
Le temps dans le matin bleu
Tremble imperceptiblement
Ce sera la fournaise tout à l’heure
L’avenir à la mi-août
Un voilier blanc sur une mer lisse
Sans la respiration du vent
Dans la montée de la chaleur
l’avenir a peu d’avenir
jusqu’à ce que le temps
quand sera revenue la fraîche
se remettre à passer lent
Le temps suspend son vol
Le jour retient son souffle
Belle lumière de la vie
Clarté du jour pas pour toujours
Les yeux ouverts te remercient
Silence plat comme le lait
La tourterelle sur le toit
Et la poule qui vient de pondre
N’ont que deux notes monotones
Et le cœur qui bat doucement
Reste immobile en mouvement
Kerdavid- Samedi 15 Août 1992
Un visiteur
Quelqu'un est venu pendant que je dormais
est entré dans la chambre entré dans mon sommeil
m'a regardé dormir a dormi avec moi
Son souffle était mon souffle son silence le mien
Je suis sûr que quelqu'un est venu cette nuit
Je n'avais pas laissé le livre ouvert à cette page
La lampe était plus près La carafe était pleine
Quelqu'un a été là quand j'y étais à peine
Que voulait-il me dire ? Ou bien que je devine ?
Venait-il pour donner ou venait-il pour prendre ?
Il n'a pas laissé de message très clair
On dirait qu'il a cru cette nuit être moi
Et peut-être est-ce moi qui ai laissé le livre
ouvert à cette page que je croyais une autre ?
C'est peut-être ma main qui a poussé la lampe ?
Mais qui a bu cette eau ? Mais qui donc était là ?
Je ne sais plus pourquoi j'étais venu me voir
pendant l'absence-nuit De quoi voulais-je m'avertir ?
Qui m'avait chargé de me prévenir et de quoi ?
Mais quelqu'un est venu pendant que je dormais
Quelqu'un qui était moi sans l'être tout à fait
QUAND ON SE DEMANDE POURQUOI ON EST TRISTE
Ecoute Est-ce le vent ? Ecoute Réveille-toi
Est-ce un renard ? le vent ? Est-ce un pas ? Qui hésite ?
Est-ce un oiseau de nuit clopinant sur le toit ?
Est-ce un chagrin de mes dix ans ayant rejoint ma piste ?
Ou bien l'hésitation à la marge des bois
d'une bête en suspens entre l'ombre et la fuite ?
Ecoute On a marché Il faudrait aller voir
C'est peut-être le vent qui fait battre un volet
dans une maison basse au fond de ma mémoire
que j'ai oublié de fermer avant de m'en aller
pour toujours il y a des années
et le volet n'en finit pas dans une autre nuit noire
de battre sur le mur disparu comme si le mur et lui existaient
Ecoute Est-ce la pluie ou bien le vent dehors
qui font glisser le long du silence étonné
le chuchotis furtif d'une averse qui s'endort
puis qui reprend et fait halte encore et recommence à pianoter
Ai-je rêvé que je pleurais ? Ai-je rêvé que j'étais mort ?
Et maintenant est-ce la pluie sur cette joue ou les larmes que j'ai rêvées ?
Etait-ce toi qui m'attendais minuit d'une autre vie ?
Je me suis égaré J'ai cherché très longtemps l'orée et le chemin
J'ai dû marcher des heures dans l'humus sous la pluie
et quand j'ai reconnu la barrière l'allée d'ormeaux le grand pin
qui donc était sur le seuil soulevant la lampe à pétrole dans la nuit ?
(et dans la cheminée brûlait un grand feu qui sentait la résine et le pin)
Ecoute C'est le vent qui se trompe d'années
qui confond les saisons les pays mon absence
le vent qui ne sait plus où il s'est égaré
C'est lui qui bat Ou bien mon coeur A quoi pense-t-il ? Il bat si loin de moi comme à la dérobée
Est-ce que tu te souviens de la promesse d'enfance ?
On a frappé Je vais ouvrir Ce n'est que moi
Je venais visiter celui que j'ai cru être
Où est la lampe ? Qui a éteint le feu de bois ?
Je passais par ici Il y avait autrefois une allée de grands hêtres
Non C'étaient des ormeaux On les a abattus
Je vais repartir Ne vous occupez pas Il fait déjà froid
Ce n'est que moi Et je m'en vais Odeur d'hiver et de salpêtre
Ecoute Est-ce le vent ? Etait-ce moi ? Une heure sonne
Ce n'est que moi Ou bien le vent Ou bien personne
13 avril 1957
SOLEIL ET BRUME 1990
INSTANT ÉTONNÉ
Qui donc avait frotté l'étoile comme un sous neuf ?
Elle est tombée dans l'herbe Le chat la cherche
Le noir monte en colimaçon l'escalier de la nuit
Une pensée bleue sur la pointe des pieds
Le Haut-Bout
2 mai 1990
p.23
CHAPITRES :
0:00 - Titre
M :
0:06 - MÉCHANCETÉ - Henry Becque
0:16 - MÉDECINE - Jean de Villemessant
0:28 - MÉDISANCE - Gabriel Hanotaux
0:39 - MÉNAGE - Claude Roy
0:51 - MODESTIE - Laurent de la Beaumelle
1:01 - MONDE - Comte de Oxenstiern
1:11 - MOQUERIE - Léon Brunschvicg
1:21 - MORT - Alphonse Rabbe
1:31 - MOT - Michel Balfour
N :
1:42 - NAISSANCE ET MORT - Alexandre Dumas
1:55 - NÉANT - Villiers de L'Isle-Adam
O :
2:07 - OISIVETÉ - Noctuel
2:21 - OPINION DES FEMMES - Suzanne Necker
2:41 - OPTIMISME - André Siegfried
P :
2:52 - PARAÎTRE - André Gide
3:02 - PARLER - Maurice Donnay
3:14 - PARLER SANS BUT - Oscar Comettant
3:26 - PAROLE - Pierre Dac
3:38 - PASSION - Comte de Saint-Simon
3:49 - PÈRE - Francis de Croisset
4:00 - PERFECTION DE LA FEMME - Alfred Daniel-Brunet
4:12 - PESSIMISME - Ernest Legouvé
4:24 - PEUPLE - Gustave le Bon
4:35 - PHILOSOPHIE - Georges Delaforest
4:49 - PLEURER - Malcolm de Chazal
4:57 - POSE - Jean Commerson
R :
5:16 - RAISON - Albert Samain
5:28 - RÉCEPTION - Fernand Vandérem
5:45 - RÉFLÉCHIR - Julien Benda
5:56 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE :
Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION :
Henry Becque : https://libretheatre.fr/wp-content/uploads/2017/02/Becque_Atelier_Nadar_btv1b53123929d.jpg
Jean de Villemessant : https://www.abebooks.fr/photographies/Disdéri-Hippolyte-Villemessant-journaliste-patron-Figaro/30636144148/bd#&gid=1&pid=1
Gabriel Hanotaux : https://books.openedition.org/cths/1178
Claude Roy : https://www.gettyimages.ca/detail/news-photo/french-journalist-and-writer-claude-roy-in-1949-news-photo/121508521?language=fr
Laurent Angliviel de la Beaumelle : https://snl.no/Laurent_Angliviel_de_La_Beaumelle
Léon Brunschvicg : https://www.imec-archives.com/archives/collection/AU/FR_145875401_P117BRN
Alexandre Dumas : https://de.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Dumas_der_Ältere#/media/Datei:Nadar_-_Alexander_Dumas_père_(1802-1870)_-_Google_Art_Project_2.jpg
Villiers de L'Isle-Adam : https://lesmemorables.fr/wp-content/uploads/2020/01/2-Villiers-jeune.jpg
Noctuel : https://prixnathankatz.com/2018/12/08/2008-benjamin-subac-dit-noctuel/
Suzanne Necker : https://www.artcurial.com/en/lot-etienne-aubry-versailles-1745-1781-portrait-de-suzanne-necker-nee-curchod-1737-1794-huile-sur#popin-active
André Siegfried : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/09/31001-20160209ARTFIG00272-andre-siegfried-figure-tutelaire-de-la-geographie-electorale-contemporaine.php
André Gide : https://www.ledevoir.com/lire/361780/gide-et-le-moi-ferment-du-monde
Maurice Donnay : https://www.agefotostock.com/age/en/details-photo/portrait-of-charles-maurice-donnay-1859-1945-french-playwright-drawing-by-louis-remy-sabattier-from-l-illustration-no-3382-december-21-1907/DAE-BA056553
Oscar Comettant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_Comettant#/media/Fichier:Oscar_Comettant-1900.jpg
Pierre Dac : https://www.humanite.fr/politique/pierre-dac/presidentielle-1965-pierre-dac-une-candidature-moelle-732525
Saint-Simon : https://www.britannica.com/biography/Henri-de-Saint-Simon
Francis Wiener de
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