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EAN : 9782226107541
172 pages
Albin Michel (04/03/1999)
3.5/5   7 notes
Résumé :
Pascale Roze
Ferraille
Les hauts-fourneaux sont éteints. L'usine rouille. La vallée se meurt, la Cité, le Château. Jean Pavelski et Paulina Barheim s'aiment d'un amour étrange sous le signe de la disparition du feu et de l'acier. A moins qu'il ne s'agisse d'un rêve. A moins qu'il suffise d'un Chinois pour souffler sur la rouille. Un récit dense qui gomme les frontières entre réel et imaginaire et où l'on retrouve l'écriture aiguë, le rythme impérat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est le titre qui m'a attiré « Ferraille », puis le résumé : un amour surréaliste sous fond de fermeture de sidérurgie. Un grand moment de littérature n'est-ce pas ?

Alors soit, l'histoire commence par l'apparition d'une maladie qui contamine Jean Pavelski le rendant ainsi très maigre. Il consacrera sa vie à l'éducation et refusera de travailler dans cette sidérurgie qui se meurt petit à petit. de là, Une histoire d'amour naît entre Pavelski et Paulina, fille du directeur de l'usine d'acier, bourgeoise accomplie qui s'epprend du rachitique Jean. Un amour surréaliste presque impossible, tant il est à la fois ridicule et étrange.

Ferraille nous plonge dans une histoire à l'orée du rêve et de la froide réalité. Porté par des personnages fantastique dans leur genre, Jean qui ne cesse de maigrir, Paulina qui n'a d'amour pour personne si ce n'est pour son père, muet lui aussi suite à la fermeture de ses hauts fourneaux. L'intrigue évolue dans une sorte de brume romantique, poisseuse et on avance à taton dans cette étrange histoire.

Le roman se termine sur une touche d'ironie et d'humour bien dosés, grinçante même la touche. le rêve se finit et on se demande si ce qu'on a lu a bien existé. Qui sont ces personnages aussi caractéristiques, que veulent-ils nous dire, nous apprendre ? Est-ce si normal de maigrir à ce point, qui est ce Chinois briseur de rêve, souffleur de rouille, qu'est-ce que j'ai lu ?
Indéniablement Ferraille est un petit bijoux d'orfèvrerie, l'écriture est ciselée, les mots sont choisis avec parcimonie, point trop n'en faut, quand on maîtrise le langage.

Entre ironie et justesse critique, Pascale Roze nous offre là un récit drôle et grinçant aux odeurs de prolétariats surréalistes bourgeois. Un régal.

On part d'une coulée de d'acier bien propre pour finir sur un morceau de ferraille, poli, rachitique et quasiment étiré jusqu'à sa rupture.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un jour, Jean a six ans, ses frères le conduisent jusqu'au plancher du haut-fourneau. C'est la première fois qu'il entre dans l'usine. Il grimpe le cœur battant l'escalier de fer aux marches trop hautes pour lui. Tout autour, des poutrelles, des passerelles, des tuyaux, de l'eau qui ruisselle. Sous ses pieds, le plancher fendu par deux rigoles. Devant lui, le creuset du haut-fourneau et une dizaine d'hommes vêtus de longs manteaux gris, coiffés de casques, les yeux derrière des lunettes. Son père est là. Il leur demande de rester à l'écart. Il fait un signe. Les hommes se dispersent. Deux d'entre eux attaquent à l'aide d'une barre sur laquelle ils cognent à grands coups de masse le réfractaire du trou de coulée. Ils cognent si fort qu'ils réussissent à l'entamer. Puis c'est le père qui les remplace. Il a un tuyau plus souple qui sort du plancher. Il en plonge l'extrémité dans une caisse de charbon rougeoyant. Maintenant le tuyau brûle. Le père le brandit. Il porte le feu dans son tuyau. Avec son grand manteau et son tuyau qui brûle, on ne peut pas l'approcher. Il les tient tous à distance. Il introduit le tuyau en feu dans le trou pratiqué par la barre. Il fait signe à l'un de ses hommes. Au fur et à mesure qu'il enfonce le tuyau dans le trou, celui-ci grandit. C'est l'oxygène, dit un des frères, il fait fondre le réfractaire du trou de coulée. Alors le père s'éloigne rapidement, comme pout dévoiler le spectacle qu'il a fabriqué avec son tuyau maintenant fondu. On voit le feu par le trou. La fonte en fusion. Elle s'écoule. Elle rampe dans une rigole, une traînée de lumière dans le plancher noir. Quand elle arrive près des fils une bouffée de chaleur leur brûle le visage. Le père les éloigne d'un cri. Ils restent sans bouger jusqu'à la fin de la coulée. De temps en temps, un homme prélève à l'aide d'une grande cuillère un peu de fonte dans la rigole. Il s'en va avec sa charge rougeoyante. Les frères expliquent à Jean qu'il faut analyser la fonte pour vérifier sa qualité, que sous leurs pieds il y a des wagons-poches qui la récupèrent et la conduisent dans le convertisseur où on la transformera en acier. Ils savent déjà tout. Ils attendent leur tout.
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Il tombe amoureux de monsieur Dallacqua et, par extension, de tous les professeurs, de leur voix bien posée, de leurs lunettes. Lui aussi enlèvera ses lunettes pour se frotter les yeux avec concentration, lui aussi dispensera un magistral savoir scandé par de régulières allées et venues du haut de son estrade.
Il sera professeur. Il parlera comme un livre.
Son père lit l'Humanité, il a des idées précises sur le mécanisme qui entrave le bonheur du monde. Jean se fait très jeune une opinion différente : le mal vient de ne pas parler comme un livre. Comment être heureux quand on avale la moitié des mots, ce qui est le cas du père, ou quand on bredouille dès qu'on a à ouvrir la bouche, ce qui est son propre cas ? Et puis Voltaire rossé, Verlaine blessant Rimbaud, Nerval pendu, ces douleurs-là qui viennent des livres lui apparaissent cent fois plus dignes d'être vécues que la préretraite du père, voir enviables.
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Mais après avoir dîné au Château, lorsqu'elle rejoint Jean à l'école, Paulina s'abandonne à sa fatigue. Elle est prise de grands frissons, comme un oiseau qui secoue ses plumes. Elle bat des paupières. On dirait que ses yeux lui font mal. Jean la berce et quelque chose de fou lui serre le coeur. Une inimaginable pensée. Tu as besoin de moi, Paulina. Tellement besoin. Comme j'ai eu besoin de toi lorsque tes mains ont autrefois calmé la douleur de mon ventre. Autant besoin. J'ai toujours cru que c'était moi qui quémandais l'existence auprès de toi. Il la caresse. Il maigrit davantage car il faut beaucoup d'amour à Paulina. Elle lui dit : Je reprends des forces avec toi. Et lui pense : moi, le maigre, le peureux, je veux bien être ta force. Et pour la première fois de sa vie, il éprouve de la fierté.
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Elle ne semble avoir aucun regret d'une autre vie, ni même d'une seule petite chose qu'elle n'aurait pas ou qu'elle aurait souhaité différente. Sauf peut-être lorsqu'elle se met au piano. Elle ferme les yeux et invente des aires mélancoliques dans lesquels Jean sent vibrer un chagrin qui tournoie d'une phrase à l'autre et dont il se demande d'où il sort. C'est peut-être la douleur de notre Cité morte, se dit-il. Mais quand elle rouvre les yeux, le chagrin rentre dans la caisse du piano et elle sourit tranquillement.
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La bonne humeur et la santé seraient le pinacle de la condition humaine! La communication, le nec plus ultra de nos relations! Quand on se comprend c'est qu'on a rien à se dire. Les coups, mon vieux, la brûlure des coups, c'est ça qui compte. Je le vois à votre gueule que vous n'avez jamais donné de coups et que vous n'en donnerez jamais. Peut-être des petits coups en douce, en lâche, de ceux qui n'expriment rien que notre médiocrité.
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Vidéo de Pascale Roze
Pascale Roze nous présente son livre " La Belle Hélène" aux éditions Stock. Rentrée littéraire janvier 2020
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2397109/pascale-roze-la-belle-helene
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