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EAN : 9782234059764
119 pages
Stock (27/02/2008)
3.58/5   12 notes
Résumé :

Yitzhok Gersztenfeld est né à Varsovie en 1904, dernier d'une famille de neuf enfants. C'est le plus blond, le plus doux, le plus silencieux. Il vit dans le quartier juif où il y a peu de travail et peu d'argent. Même s'il aime sa vie, il devra s'en aller, devenir un oiseau, comme le petit Itsik. Pour Maryem, qu'il aime et qui préfère une existence moins rude et surtout moins religieuse, il part pour Berlin où son fr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Itsik est le diminutif d'Ytzhok, Isaac en yiddish. Ce bref récit de la vie d'Itsik se fait l'écho de l'histoire de cette langue. Cette langue qui a cessé d'exister sur le sol européen au milieu des ténèbres du vingtième siècle, cette langue qui a été effacée d'Europe par Hitler.

Itsik est le dernier de la fratrie. C'est un enfant habité de douceur, celui qui se soucie des animaux, de leurs souffrances, de leur vie parfois si dure, c'est l'innocent, celui qui écoute l'oiseau, celui qui contemple les traces annonciatrices du printemps. C'est le silencieux qui préfère se taire parce que "Parler, c'est exagérer."

Il est comme tous, il rêve de partir, loin, loin de la cour commune qui est son horizon, loin de la misère qui l'accompagne lui et les siens, loin de cette terre de Pologne où l'avenir ne s'écrit pas...

Quitter aussi la mère, bien que son rang de naissance ait fait de lui le préféré - "Elle n'a pas eu le temps d'aimer les autres." - parce celui qui naît requiert toute l'attention et que le temps ne se multiplie pas....

Itsik va parvenir à s'envoler. Par petits sauts, gagner la destination de Paris, y faire venir celle qu'il aime par dessus tout, Maryem, et pourtant L Histoire court sur ses talons, l'ayant poussé hors de l'Allemagne, le bousculant sans cesse bien qu'il soit persuadé qu'il est désormais protégé, à l'abri de la fureur, dans ce pays des Droits de l'homme.

Pourtant, la peur l'habite, vrille parfois tout son être, alors il se fait silencieux, il se tait encore davantage, il se replie. Cette peur comme une prémonition, comme une mise en garde qui lui serait adressée. Et pourtant, il en est persuadé : rien ne peut lui arriver dans sur cette terre d'accueil alors il n'écoute pas cette peur...
Pourtant, la vie et la liberté s'effilochent autour de lui, autour de sa famille, autour des siens : les lois raciales, les discriminations. Mais Itsik n'imagine pas qu'il peut être englouti, qu'il peut être nié....

Aussi se rend-il, en toute confiance, à la convocation qu'il reçoit pour ce 14 Mai 1941, celle que l'on désignera comme la première rafle, "ra rafle du Billet vert" et qui fauchera, niera 3710 hommes, Juifs, étrangers, qui pensaient seulement respecter les lois d'un pays qui les avait accueillis, sans imaginer que celui-ci était en train de les trahir.
C'est Pithiviers pour lui, cela aurait pu être Beaune-La-Rolande, c'est le départ de la gare d'Austerlitz parce que Drancy n'existe pas encore, c'est la vie en promiscuité, ce sont les chaussures prêtées par Zoran, chaussures boulets plus que bottes de sept lieues quand elles entravent toute idée de liberté, parce qu'il lui faudra les rendre à Zoran, parce que elles ne peuvent l'emmener là où il pourrait fuir, se cacher, échapper, attendre...

Et puis l'inéluctable parce que L Histoire a pour maitre le Mal...


Dans un texte bouleversant qui contient mille vies, mille récits d'existence, à travers un personnage, Pascale Roze écrit l'anéantissement d'un peuple et d'une langue. Tout au long de ces pages, des mots parsemés, des bribes de phrases comme murmurées suggèrent les temps à venir et le Mal qui observe Itsik ou tous ceux dont il est symbole. Des mots pour dire les regrets pour les décisions prises, d'autres choix pour d'autres conséquences, des mots pour dire le temps qui fuit, qui s'emballe, galope vers le gouffre des ténèbres de ce siècle...
Des mots pour rappeler que la confiance en un pays a été trahie, des mots pour dire que la liberté est fragile en toute terre, des mots pour rappeler toutes ces vies niées, assassinées.
Des mots pour que la vigilance nous habite, toujours...
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Itsik (diminutif d'Yitzhok) est le dernier des neuf enfants de la famille Gersztenfeld. Il est né en 1904, à Varsovie, faisant partie alors de l'empire russe.

Toute sa vie, Itsik aura du mal à s'exprimer, la parole sera pour lui difficile, provoquant malentendus et malaises. Les émotions qu'il ressent n'arrivent pas à se mettre en mots.

Son père est cordonnier et la famille est très pauvre. Il n'y a guère d'autre alternative que le départ ou mourir de faim. Il sait qu'un jour son tour viendra, il a vu partir ses frères aînés, Yossel à Berlin, Berish en Palestine.

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L'existence d'Itsik a commencé à l'orée du précédent siècle, il y a si longtemps déjà, dans une Varsovie qui dépendait encore pour quelque temps de la grande Russie. Dans ses rues, on entendait babiller le russe, le polonais et le yiddish. Dernier rejeton d'une famille qui comptait neuf enfants, Yitzhok était un enfant mutique et discret. Ce qu'il sera tout au long de sa vie. Son premier travail aura été de récupérer les vieux journaux dans les quartiers bourgeois de la ville. Les journaux, à cette époque, servaient à tout : allumer un poêle, emballer les chaussures que son père – cordonnier – réparait, se protéger du froid en les mettant sous leurs vêtements pour se tenir chaud. Yitzhok était d'un naturel anxieux, craintif. le sommeil l'angoissait parce qu'il lui trouvait une similitude avec la mort. Il s'inquiétait des animaux qu'il trouvait, se demandant s'ils étaient heureux de leurs conditions. Surtout, sa grande frayeur était de devoir partir, quitter ses parents, Varsovie, la rue Gnyona, comme ses frères et soeurs, oncles et tantes avant lui.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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Ce livre montre la vie d'un juif polonais qui va aller de Varsovie à Paris en passant par Berlin et la mine à Bruay-en-Artois. L'ascension sociale, avant la tentative d'engagement volontaire dans l'armée polonaise, avec une errance qui va le mener à Airvault, Toulouse, Libourne. La soumission aussi de cet homme qui, interné au camp de Pithiviers, réussi à obtenir un laisser-passer pour aller voir sa femme malade à Paris, par deux fois, et n'en profite pas pour s'enfuir (il réussit quand même à faire mettre ses enfants à l'abri à Montihou-sur-Bièvre), rentre docilement se mettre dans la gueule du loup, déporté finalement à Auschwitz en 1942 (convoi du 24 juin), où il est immédiatement éliminé. Un texte court à découvrir si vous le trouvez…
Lien : http://vdujardin.com/blog/ro..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le bonheur passe dans la vie, comme une ombre portée. On doit se souvenir longtemps de son passage. 
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"Yitzhok, suffoqué, se jette sur Denise, sans pouvoir prononcer un seul mot, il embrasse son enfant, la couvre de baisers, et elle a peur, Denise, de cette violence. Elle est comme un glaçon dans le feu. Il embrasse, il embrasse, cinq minutes, il n'a que cinq minutes pour tenir la vie de son enfant contre lui".

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Il quittait la famille, la tribu. Il était un homme parmi les hommes, dans un monde nouveau, inconnu où il était lui-même nouveau et inconnu. Et souvent il s'est demandé : si j'étais resté à Bruay … si j'étais devenu citoyen du monde, selon l'expression de l'instituteur qui donnait des cours de français, qui était socialiste et leur parlait Léon Blum.
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Deux fois dans sa vie, Yitzhok Gersztenfeld connut le sentiment de dire la vérité. La première fois, elle jaillit de lui, comme une exclamation de son cœur, avec toute son évidence. Et elle eut son efficacité. La seconde fois, il la balbutia. Il fut à part cela un homme silencieux. Parler, pour lui, c'était exagérer.
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Vidéo de Pascale Roze
Pascale Roze nous présente son livre " La Belle Hélène" aux éditions Stock. Rentrée littéraire janvier 2020
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2397109/pascale-roze-la-belle-helene
Notes de musique : Youtube Audio Library
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