Yaël, la quarantaine,tient son journal, depuis le 3 septembre, le jour, oú Yann , son mari la quitte froidement pour une de ses amies.Depuis, elle partage la garde de son fils avec celui qui l'a trahie, abandonnée...La blessure est profonde, le désespoir l'envahit. Elle laisse sortir sa haine, observe sa peine, dépérit, s'auto flagelle. Mais aprés le chagrin brutal vient la colère salvatrice, puis le questionnement, enfin l'apaisement et la conscience d'une nouvelle vie assortie de la liberté retrouvée.....Écrire devient une thérapie salutaire,:" L'écriture n'est pas un hobby, elle polit la souffrance et empêche de sombrer".....
En effet, loin du monde, l'auteure va se reconstruire en compagnie de ses auteurs préférés ....le lecteur appréciera l'aide que Seneque , Montaigne, Flaubert,Woolf, Proust et surtout Dante vont apporter à Yaël..le récit , découpé en chapitres liés aux saisons , est aéré par des réflexions sociologiques et des pauses littéraires qui l'habillent de profondeur, lui donnent de l'attrait et l'enrichissent...on lit Amos Oz, on écoute Barbara, l'auteure réapprend à vivre
en confiant à son journal ses inquiétudes de mére, sa douleur de femme quittée, ses préoccupations d'intellectuelle qui enseigne l'économie à l'université....Pourquoi cantonner ses recherches à l'économie quand la littérature l'appelle ?
C'est aussi le récit de la quarantaine : obsession du corps,réalité ou fantasme du désir et de la séduction....Que signifie avoir quarante ans? Pourquoi m'at- il quittée?
On explore tous les aspects avec finesse, précision et justesse. Le ton est lumineux, les mots sont harmonieux, l'écriture est élégante, elle émeut et touche.On suit les moments d'accablement, d'amour ou d'humour, de légèreté aussi , sans sensiblerie ni pathos, Yaël s'interroge avec lucudité sur sa vie, elle passe de la douleur à l'ébauche d'un sourire, sort prit à petit de l'ombre pour la lumiére....abattement, colère et jalousie font place avec clairvoyance et intelligence au désir cherché puis trouvé.....
C'est une belle renaissance à la vie que l'on savoure :authenticité , fluidité, vérité , oú l'auteure aborde le désir,la séduction, le couple, la maternité la rencontre avec des hommes.....
Un roman féminin agréable ! Une belle découverte pour une auteure que je ne connais pas....
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Cet homme fait l’amoureux mais ne me désire pas. Dois-je comprendre que je suis désormais trop vieille pour que mon corps suffise à l’exciter ? Pourtant c’est bien de cela que j’ai envie, d’un homme gourmand de mes fesses, de mes seins, de mon ventre et dont l’insatiabilité tempère, minimise la mienne (et mon besoin de consolation impossible à rassasier). Ce n’est pas tant le manque qui me taraude que le besoin de m’oublier dans le désir de l’autre qui, s’il n’existe pas, me fait ressentir de nouveau cet appel du vide de l’automne dernier. Cet homme simple, qui ne tergiverse pas, et dont j’imagine les mains me pétrir le corps comme un boulanger la pâte, je l’ai rencontré hier chez Cécile : son cousin, de passage à Paris, qui m’a regardée comme si j’étais une glace italienne vanille-fraise.
[…]
Voilà la nuit que j’ai vécue, me ramenant à cette sensation que j’ai eue parfois, sous les étoiles en pleine nature, d’être aussi violente et douce que les animaux qui m’entouraient. Ca s’appelle baiser et Dieu que c’est bon.
Mon intuition est donc juste, la colère protège aussi, elle préserve de la souffrance si aiguë qu’elle en tue, elle en diffère l’effet, elle permet au poison de s’infiltrer dans le sang de manière moins brutale.
Sentiment d’une très ancienne tristesse, recouverte par une lourde tenture que la rupture avec Yann aurait déchirée, découvrant l’effondrement ancien, la dévastation première.
" Les femmes sont exactement comme les Juifs qui par leur puissance financière se dédommagent de l'oppression qu'ils subissent. “Ah ! Vous voulez que nous ne soyons que des commerçants. Très bien, en tant que commerçants, nous vous dominerons”, disent les Juifs. “Ah, vous voulez que nous ne soyons qu'un objet de sensualité, très bien, en tant qu'objet de votre sensualité, nous vous asservirons”, disent les femmes. » En tant que femme et juive, quelle dominatrice je dois être. J'en suis encore toute retournée… "
Le soin apporté à l'enfant est un signal que les mères envoient au monde. L'enfant qui en est dépourvu, qui a la morve au nez, les cheveux mal coiffés, les habits sales ou négligés, porte sur lui les stigmates du manque d'amour.
Marianne Rubinstein - Les arbres ne vont pas jusqu'au ciel
« C'est quoi, pour toi, la quarantaine ? » demande-t-elle obstinément à ses amies. Elle pour qui le « milieu du chemin de la vie » a commencé par une rupture et la garde alternée de son petit garçon. Après l'effondrement, vient pourtant le temps de la reconstruction, des amitiés fondatrices, des amours éphémères, et d'une certaine douceur de vivre. Dans Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, Marianne Rubinstein évoque tout en subtilité cet ébranlement intime de la quarantaine. D'un ton juste et lumineux, l'auteur de Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin et du "Journal de Yaël Koppman", en analyse les découvertes, les effrois, les bonheurs et la liberté qui peut en résulter. Maître de conférences en économie à Paris VII, Marianne Rubinstein est l'auteur d'un essai remarqué sur les orphelins de la Shoah, "Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin". Son œuvre romanesque met en scène un double littéraire Yaël Koppman que l'on retrouve dans "Les arbres ne vont pas jusqu'au ciel".
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