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3,74

sur 455 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pedro Paramo (1955) est un classique mexicain. J'y ai vu un roman faulknérien dans une des grandes propriétés mexicaines patriarcales au début du XXe siècle. le livre a une forme complexe et des références mythologiques nombreuses.
Un jeune homme entreprend un voyage à la recherche de son père, Pedro Paramo. Un ânier l'amène de l'autre côté d'un fleuve de poussière où tout est désolé. Il semble guidé par des voix. Des morts et des vivants témoignent de ce que fut Pedro Paramo, un tyran. L'ambiance désolée et poussiéreuse évoque l'Enfer. le fond du propos m'a intéressée, la description de la terrible condition féminine en particulier et puis le dialogues des vivants et des morts.
Si vous aimez Faulkner, vous aimerez sans doute Rulfo. Si vous adorez Garcia Marquez aussi. Il y a beaucoup de dialogues mais il est difficile de comprendre qui parle à qui. Il n'y a pas de chronologie non plus. Alors au début surtout j'ai soupiré comme Dolores.
Evitez de lire ce livre à l'heure de la sieste.
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Court récit, mais nécessitant une lecture continue pour ne pas s'y perdre et devoir retourner en arrière voir recommencer...ce qui m'est arrivé

Un jeune garçon (ou un jeune homme?), pour accomplir les dernières volontés de sa mère, part à la recherche de son père qu'il n'a jamais connu, et lui réclamer son dû.

Ses pas le conduisent vers un village mort, hanté par de nombreux êtres, dont on ne sait pas toujours , et en tout cas jamais d'emblée s'ils sont morts ou vivants. Ceux-ci lui conteront par bribes, sans chronologie, ce que fut la vie de ce père, qui donne le titre à l'ouvrage. Propriétaire ruiné, trousseur de jupons (c'est ainsi que le narrateur a été conçu), homme d'un seul amour, Susanna la folle dont la mort le laissera détruit, plus encore que ne l'avait fait le meurtre de son père et la mort accidentelle de son fils légitime.
De très nombreux personnages viennent témoigner de ce que fut la vie de Pedro, et de son entourage. Ce qui rend la lecture difficile, c'est que les dialogues commencent sans que l'on sache qui parle, et ce parfois jusqu'à la fin de l'échange, d'où les retours nécessaires pour replacer les informations reçues dans l'histoire.

J'ai par contre beaucoup aimé les descriptions vivantes de la nature et des saisons (beaucoup plus vivantes que les êtres humains croisés). Il existe en effet une trame qui met en scène les saisons de la culture du maïs et inscrit ainsi dans une dimension temporelle
On ne peut pas parler de roman initiatique, comme le laissait supposer la lecture des premières pages, car le narrateur s'efface devant les spectres qu'il croise. Et même s'il part sur les traces ce personnage mythique, il ne semble pas subir une quelconque évolution. On ne sait d'ailleurs pas ce qu'il devient. Pedro Paramo, qui durant sa vie maitrisa hommes et biens sur son territoire, étend son emprise dans le récit même puisque le destin du narrateur devient secondaire.

Pedro Paramo est l'unique roman de cet auteur mexicain du début du vingtième siècle. Sa biographie peut expliquer sa fascination pour le monde des morts(orphelin, ainsi que de nombreux membres de sa famille, père assassiné) largement exposée tout au long du récit, qui prend l'aspect d'un théâtre d'ombres.

L'écriture est particulière, avec un phrasé qui donne une tonalité tamisée, filtrée, mettant à distance le réel, comme on conterait une légende.

La principale difficulté aura été pour moi la construction, qui rend la lecture confuse.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Un ami mexicain m'a dit que ce roman était un grand classique dans son pays et qu'il l'avait lu et adoré quand il était lycéen. J'étais donc ravie de m'attaquer à ce monument tout en craignant de ne pas saisir tout ce qui en faisait un "must-read" au Mexique. C'est un roman déroutant, on flotte dans une ambiance brumeuse, toutes les frontières entre le réel et le rêve, le présent et le passé, les vivants et les morts s'estompent dès les premières pages. Quelle étrangeté, tout est suggéré et repose sur l'esprit de déduction et la réflexion de la lectrice. J'ai été séduite par l'écriture et cette capacité à nous installer dans le flottement. J'ai trouvé plus déroutant le fait qu'on ne sache jamais facilement quel personnage nous parle. Je pense que j'ai certainement manqué beaucoup d'allusions du fait de ma méconnaissance du contexte historique du roman. Pour moi une relecture s'imposera donc, mais les qualités littéraires de cette oeuvre sont indéniables et je comprends qu'elle ait inspiré des auteurs comme Garcia Marquez.
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Une façon originale de raconter une histoire, même si celle-ci est parfois difficile à suivre. J'avoue que par moments j'étais un peu perdu de par le nombre de personnages intervenant dans le récit. Je reste sur un avis mitigé, mais je lirai malgré tout d'autres ouvrages de cet auteur.
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« Je suis venu à Comala parce que j'ai appris que mon père, un certain Pedro Paramo, y vivait. C'est ma mère qui me l'a dit. Et je lui ai promis d'aller le voir quand elle serait morte. J'ai pressé ses mains pour lui assurer que je le ferais, elle se mourrait et j'étais prêt à lui promettre n'importe quoi . »
Ainsi commence donc Pedro Paramo, roman du peu prolifique Juan Rulfo dont le quatrième de couverture nous informe que Rulfo « a marqué un renouveau de la fiction narrative, annonçant la révolution du réalisme magique dans les lettres latino américaines » et que Pedro Paramo « est l'une des plus grandes oeuvres du XX siècle, un classique contemporain que la critique compare souvent au Château de Kafka et au Bruit et la Fureur de Faulkner. » Excusez du peu … (on se demande quand même un peu qui est cette critique unanime et dépersonnalisée …). Franchement, une quatrième de couverture comme celle-là, tout le monde s'est déjà fait avoir donc je reste prudent … J'ai finalement sauté le pas à la lecture de commentaires de lecteurs que j'apprécie et du bref incipit ci-dessus.
De cette piste initiale sur la quête d'un père inconnu se noue en de brefs paragraphes sans lien direct de nouveaux récits mettant en jeu différents personnages de Comala. Ces derniers ont une réalité qui leur est propre, relatant des faits remontant à des années bien antérieures à la naissance du fils, et oscillant dans un monde aux frontières étanches entre la vie et la mort.
En effet, l'un des thèmes principaux de ce roman réside dans la mort, omniprésente et plus particulièrement de la rencontre de ce fils avec des âmes égarées n'ayant pas forcément conscience de leur état, ne pouvant se détacher de leurs chaînes du monde des vivants Cette frontière est très floue et élastique tant la plupart des protagonistes apparemment vivants sont éteints et résignés alors que les morts sont bien plus communicants, d'une volubilité à la limite de la logorrhée mais dans un mode quasi exclusif de soliloque. La narration se fluidifie donc peu à peu en y excluant le narrateur fils-initial pour se rapprocher plus de l'épopée. Ces morts à la langue bien pendue dévoilent par bribes l'histoire du village qui ne peut être dissociée de celle du père Pedro Paramo. Cette évocation de ce monde étrange entre vie et mort, mémoire et oubli, empreint certainement de ce fameux réalisme magique m'a amené vers une nouvelle perception du Mexique, bien plus riche et complexe que celle que je m'étais faite sur base des coutumes insolites pratiquées à la Toussaint dans les cimetières. Plus encore, ce récit peut permettre d'introduire une réflexion sur le rapport qu'on entretient avec la mort et d'envisager celle-ci avec de nouvelles clefs.
Autre thème évoqué : le Père. Pedro Paramo est un personnage ambigu, craint et admiré, charmeur et parfois violent. Il est le maître du village aussi bien par son argent, son pouvoir, son ascendant, la crainte qu'il génère, sa prédation des femmes, sa capacité à soumettre. Mais c'est aussi le Père par le nombre d'enfants illégitimes qu'il a « semé » dans les alcoves des jeunes filles du village. Ce double ascendant lui permet de s'octroyer des pouvoirs quasi régaliens sur son petit monde, même sur l'église dont le curé se soumet à sa volonté au-delà de la compromission. Je m'interroge sur le lien qu'on pourrait faire avec une société mexicaine où Pedro Paramo symboliserait le pouvoir entre les mains de quelques grands propriétaires tout puissants, face à un peuple soumis et une église réduite au rôle d'instrument de contrôle et compromise. Ceci ne reste qu'une interprétation personnelle qui s'appuie plus sur des impressions que sur un recoupement de texte.
Au final, cette lecture me laisse quelque peu perplexe. En effet, je me suis souvent perdu dans cette narration aux paragraphes sans lien évident de prime abord. Mais en poursuivant ma lecture, j'ai moins recherché à relier chaque bout de fil de paragraphe et je me suis laissé porter par l'atmosphère propre à ce récit. En fait, ce récit pouvait continuer indéfiniment : c'était comme un parfum enivrant dont la composition des essences m'importait peu. Une fois le flacon fini, il ne reste plus que ce parfum puissamment évocateur d'une atmosphère qui est difficilement descriptible. Pourtant je reste réservé car ma lecture ne m'a pas octroyé autant de plaisir que ce j'escomptais et je me sens inexplicablement frustré d'une lecture dont je n'aurai retiré tout compte fait qu'un sentiment fugace et superficiel. Peut-être trop magique et pas assez de réalisme pour moi….
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Peut-être qu'il y a 5-6 ans j'aurais adoré ou en tout cas j'aurais pu (encore) beaucoup plus apprécier cette douce folie qui écrase le temps et la distinction vie-mort, une sorte de torpeur, les légendes qui prennent aux corps, et où pourtant tous les personnages marchent en sachant pourquoi ou semblent marcher malgré qu'ils ne sachent pas.
Entretemps j'ai beaucoup lu, beaucoup de choses à la fois similaires et très différentes, mais certainement magistrales. du coup, ce livre-ci ne sort pas du lot. Et, même, je pense ne pas être très sensible ou très touché par cette littérature (Sud-)Américaine. Je ne suis pas le plus grand fan des Sepúlveda, Vargas Llosa ou même Garciá Marquez. (Borges est largement plus fou, donc je ne le classe pas comme les précités.)
Voilà, je suis personnellement déçu car vu les critiques élogieuses j'espérais ressentir bien plus.
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Dans ce roman inracontable, oeuvre rare d'un auteur mexicain aussi célèbre que mythique, le narrateur, Juan Preciado, qui vient de perdre sa mère, revient au village natal, où il devrait retrouver son père, encore inconnu, Pedro Paramo. Guidé par un muletier, il parvient dans un village désert, désolé, où seule l'accueille une vieille femme, dans une maison étrange, encombrée d'objets, où la chambre qu'on lui réserve est vide. le narrateur entend des voix mystérieuses, et comprend bientôt qu'il ne trouve autour de lui que des fantômes, des âmes en peine : chaque personnage rencontré se révèle être mort depuis bien longtemps, dans la souffrance, la douleur ou la violence…
La trame décousue du roman est un long lamento où surgissent au fil des pages des morts oubliés, des passions, la misère, le vent, la pluie sur les maïs, l'éclat terne de la lune nocturne, les échos de la révolution mexicaine…
Un texte très douloureux, d'une tristesse insondable, où la mort, la folie, les rêves, les voix de l'au-delà composent une mélodie nostalgique qui serre le coeur…
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Un livre assez déroutant qui aborde la mort et accessoirement l'amour voir l'exacerbation de la libido pour certains dans un espace assez mal défini, réalité, rêves et cauchemars ou bien souvenirs mais plus sûrement un emmêlement de tous ces états.
le monde des vivants et celui des morts se côtoient, s'interfèrent sans qu'on sache si c'est un vivant qui parle dans un monde des morts ou un fantôme mort depuis belle lurette qui parle aux vivants. A moins qu'il ne s'agisse d'un ou plusieurs rêves; difficile à dire... Mais... Il est possible aussi que cela soient des souvenirs de vivants … Ou de morts…Ou seulement un monologue d'une conscience… Ou folie du lieu.

Toujours est-il que l'histoire se tient malgré sa sophistication et on la prend réellement pour le récit de Juan, fils de la morte, à la recherche de son géniteur, personnage qui paraît seul vivant du moins à son arrivée au village .


Parfois cette narration rappelle «je suis une légende» le narrateur Juan perdu dans les limbes d'un village de morts qui l'observent de l'intérieur de maisons inhabitées de jour comme de nuit mais peuplées de spectres qui chuchotent et de rumeurs. Ceci pour l'arrivée mystérieuse de Juan dans le village déserté
Parfois c'est une ambiance à la fois glauque et écrasée de chaleur qui est évoquée et un narrateur empêtré dans un cauchemar poisseux, véritable antichambre de la mort comme « le désert des tartares » de Buzzati
Parfois cela fait songer à « La porte des enfers » de Laurent Gaudé, quête pour amadouer la mort ou encore « Tombé hors du temps : Récit pour voix » de David Grossman un plaidoyer contre la mort avec évocations des souvenirs pour la repousser
Des états superposés dans ce village, état qui ressemble étrangement à celui de Schrödinger: personnage mort et personnage vivant et la vie si proche de la mort qu'il en faut peu pour passer de l'une à l'autre.


Pedro Páramo est un petit despote local, comme savent en fabriquer les états du sud de l'Amérique du Nord, régnant par la force sur des êtres guère plus évolués que leurs ânes ( Toutes mes excuses à Jean-Pierre Hutin oui je sais les ânes sont très intelligents mais je fais avec les expressions du cru). Assassin, Voleur, violent, violeur et titulaire du droit de cuissage sur le cheptel féminin du coin, père d'un grande progéniture indifférenciée et d'un vaurien prometteur reconnu celui-là et amant d'une folle.
Un Pedro qui peut s' imaginer sous les traits de Anthony Quin pour le physique, l'aspect intraitable et le regard mauvais.
Un padre en pleine déroute qui absout sans être lui-même purifié par la confession, qui refuse pardon ou l'accorde du bout des lèvres tant le mal est omniprésent même en lui
Des personnages qui retracent l'histoire des vicissitudes et méfaits du diablito Pedro Paramo

Un livre déroutant et morbide qui prend aux tripes et colle aux doigts. On peu en apprécier le petit coté "grecs anciens" avec ces personnages vivants qui côtoient les morts et cela semble tout naturel qu'un dialogue s'instaure entre eux dans ce pays abandonné de Dieu.
Un coté chamanique amérindien. Méphistophélès aurait pu naître au Mexique!
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Ce livre, bien que court, nécessite autant d'énergie qu'un roman épais. Il mobilise toute l'attention du lecteur et l'entraîne dans un tourbillon où il est difficile de distinguer les morts des vivants, les songes des faits réels.
Arrivé au village de Comala, le narrateur va rencontrer plusieurs personnages mais est-ce que ce sont des fantômes ou les derniers survivants de cet endroit abandonné et maudit ?
Le lecteur est pris dans cette valse de personnages qui apparaissent et disparaissent tour à tour : les noms se confondent, la frontière entre le réel et l'illusion est ténue.
Je ressors de ce livre avec un profond trouble : il m'a emmené dans des sentiers inconnus au point d'avoir des vertiges et une légère migraine.
L'auteur esquisse ici le portrait de Pedro Paramo, un propriétaire terrien sans scrupules qui domine le village par la force et la terreur : il s'accapare les terrains, viole les femmes et laisse son fils unique faire ce que bon lui semble.
La forme de ce livre est complexe à saisir : je le recommande pour des lecteurs aguerris qui aiment les histoires décousues, les puzzles qui s'emboîtent petit à petit sans jamais être totalement finis. C'est assez déroutant donc il faut parfois trouver le fil d'Ariane qui permet de se sortir de ce labyrinthe.
Pour conclure, un livre déstabilisant qu'il faut prendre le temps de découvrir lentement.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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J'ai été un peu surpris par la forme de ce curieux roman, ce qui m'a probablement fait passer à côté des qualités que lui prêtent semble-t-il de grands noms de la littérature sud-américaine. Il n'y a pas de chapitres, mais une successions de scènes dans un apparent désordre chronologique, aux personnages multiples, parfois nommés, parfois non. Je me suis perdu à essayer de suivre ou de trouver un fil conducteur en début de lecture, et ce n'est que lorsque j'ai renoncé que j'ai commencé à apprécier l'écriture proprement dite, au travers de chacune de ces scènes, toujours courtes (de quelques lignes à moins d'une dizaine de pages) et dont ressort une étrange poésie teintée de fantastique. À relire un jour ou l'autre.
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