AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 232 notes
5
33 avis
4
28 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'auteur, kate Elizabeth Russell prend bien soin dans un préambule, d'insister sur le fait que "ma sombre Vanessa" est un roman et, en aucun cas, un roman biographique et que tous les personnages sont fictifs. Après lecture, je comprends pourquoi il lui a été nécessaire de prendre cette précaution. Sans celle-ci l'histoire lui aurait été assurément attribuée, il y a une telle justesse des sentiments. L'ambivalence des comportements, des désirs est tellement bien décrite que l'on croit aux personnages, cela en est même troublant. J'ai moi-même été tout au long de cette lecture perturbée par des sentiments contradictoires.
La façon dont la relation entre Vanessa, jeune fille de 15 ans et son professeur Jacob Strane, de 42 ans se met en place est troublante car il s'instaure des doutes sur le consentement.
Mais tout cela est en nuances et pas à pas on ressent l'emprise et un malaise grandissant, la culpabilité, les interrogations,l'ambivalence .
Alors bien sûr, on a envie de mettre en garde Vanessa et de la protéger mais sa fragilité ainsi que l'engrenage dans lequel elle se trouve la conduisent vers une relation de plus en plus toxique. Jacob Strane sait s'y prendre pour tisser sa toile et prévenir ses arrières, jusqu'au jour où, plusieurs années plus tard, d'autres élèves vont porter plainte.
Ce roman est extrêmement bien fait car il est criant de vérité. le professeur n'est pas le bel homme caricatural, non il est décrit comme ayant une bedaine, des bajoues, ne sachant pas véritablement s'habiller et puis il peut paraître, par moment, délicat, prévenant. C'est là tout le problème et l'ambivalence de cette relation qui n'aurait jamais dû commencer.
On alterne entre deux périodes, celle où Vanessa est une jeune fille de 15 ,16 ans et celle, 17 ans plus tard, où une plainte est déposée et où les journalistes s'emparent de l'histoire.
Avec beaucoup d'habileté, l'auteur montre combien cette relation a détruit Vanessa et continue à agir sur ses comportements et ses relations aux autres.
Bouleversant, troublant, intelligent, voilà ce qu'est ce livres qui montre la complexité de l'être humain et la notion de consentement.
Commenter  J’apprécie          470
Relation prof-élève.

2000: Vanessa aime Strane. Il est le seul à la comprendre, elle l'adolescente solitaire. Peu importe qu'il soit son enseignant et elle son élève. 2017: Strane est accusé d'avoir agressé plusieurs de ses élèves. Vanessa est contactée par une de ses victimes pour témoigner.

C'est un livre extrêmement dérangeant. Vanessa est tombée sous le charme d'un enseignant charismatique alors qu'elle n'avait que quinze ans. Adolescente solitaire, elle cherche désespérément un modèle, quelqu'un qui l'aimera. Grave erreur, Strane l'entraîne en Enfer. Bien des années plus tard, il exerce toujours son emprise sur elle.

Ce roman est brillant. Il montre l'emprise d'un prédateur sur une jeune fille. Ainsi Vanessa est persuadé d'avoir une relation amoureuse authentique avec Strane. Mais la réalité est moins belle, cette relation est toxique, entachée de nombreux abus. Ceux-ci étant explicitement détaillés. Culpabilisation et manipulation sont monnaie courante. Vanessa reste engluée dans le déni dix-sept ans plus tard.

J'ai aimé ce roman par sa construction. Il fonctionne en tiroirs. Un chapitre dans le présent alterne avec un chapitre dans le passé. Nous comprenons de mieux en mieux Vanessa au fur à mesure du roman. J'ai ressenti une immense empathie pour elle, son attitude faussement détestable montrant une immense souffrance. La fin apporte heureusement une belle note d'espoir.

En bref, un roman brillamment construit sur une thématique très dure.
Commenter  J’apprécie          290
Vanessa a 15 ans quand elle rencontre pour la première fois Jacob Strane, son professeur de littérature dans l'école privée où elle est interne. Vanessa a 32 ans quand nous faisons sa connaissance au début du roman, le professeur Strane est accusé d'attouchements par une autre élève et la vie de Vanessa vacille : ce qu'elle pensait être une incroyable histoire d'amour vécue à 15 ans avec son professeur de 42 ans cachait-il une autre réalité plus sombre ?

Sombre, glauque, dur, dérangeant, noir... à l'image de sa magnifique et troublante couverture et de son non moins magnifique titre, ce roman est une claque. Une descente en enfer dans laquelle on plonge en apnée et dont on ne ressort que 500 pages plus loin, horrifié, en ayant envie de hurler, de secouer les adultes qui entouraient Vanessa et qui n'ont pas su voir, comprendre, aider la jeune fille. Et en même temps, ce roman est beaucoup plus subtil qu'une simple dénonciation car il pose tout au long de son intrigue la complexe question du consentement : à quel moment une différence d'âge est-elle rédhibitoire ? comment décrire le phénomène d'emprise ? comment peut-on dire oui et penser non ?

L'auteur alterne entre le récit de la vie de Vanessa à 32 ans, une jeune fille cabossée, n'ayant jamais mené au bout les études dont elle rêvait, vivotant de petits boulots et de relations sans lendemain, et celui de Vanessa à 15 ans, élève modèle, pensionnaire du très chic lycée privé de Browick qu'elle a réussi à intégrer alors qu'elle venait d'une famille modeste. La Vanessa de 15 ans a comme seul malheur le fait d'avoir croisé le chemin de Jacob Strane, son professeur de lettres, qui va petit à petit la convaincre qu'ils sont destinés l'un à l'autre et qui à coup de livres, de cours privés, de petits gestes et de belles paroles la mettra totalement à son merci pour mieux abuser d'elle. A partir du moment où commence cette mécanique d'emprise, car c'est bien d'une véritable manipulation et lavage de cerveau qu'il s'agit, l'auteur nous embarque totalement dans son récit : j'ai assisté impuissante à toutes les manoeuvres de Strane pour faire douter Vanessa, la manipuler, j'ai eu envie de la secouer, de lui crier de s'enfuir. Pire que tout, l'auteur nous décrit l'hypocrisie des adultes, l'équipe éducative du lycée, les parents de Vanessa, qui tous savaient ou auraient pu savoir mais dont aucun n'est venu à son aide. J'ai trouvé ce roman particulièrement subtil : alors que cette histoire aurait pu se prêter à une vision très manichéenne des choses, l'auteur nous fait constamment douter, reprend à son compte les arguments de Vanessa, nous fait toucher du doigt la facilité avec laquelle une relation comme celle-ci peut basculer dans le normal ou l'acceptable et en même temps à quel point elle ne l'est pas.

Je ne me suis pas ennuyée une seconde dans cette lecture, au contraire j'ai tourné les pages en voulant savoir la suite, faire le lien entre ce qu'est devenu Vanessa et ce qui lui est arrivé, comprendre. Ce roman est aussi un très bel hommage à la littérature, dans ses aspects positifs comme négatifs d'ailleurs : Vanessa est passionnée par les livres, écrit des poèmes et Strane utilisera cette passion et son aura de professeur de lettres pour la manipuler. A une époque où la parole se libère et où la question du consentement est débattue, déchainant les passions et donnant lieu aux arguments les plus extrêmes, j'ai trouvé ce roman particulièrement essentiel : rien n'est tout blanc ni tout noir, l'auteur explore toutes les nuances entre les deux, avec une grande subtilité et en même temps en appuyant suffisamment là où ça fait mal pour que le lecteur soit frappé par sa lecture. Un livre essentiel, de plus est réellement passionnant et facile à lire, un roman à ne pas rater. Chapeau à l'auteur dont c'est le premier roman et dont je vais guetter la prochaine parution !
Commenter  J’apprécie          242
"Je ne peux pas perdre ce à quoi je me suis accrochée pendant si longtemps. Vous voyez ?  (…) J'ai juste vraiment besoin que ce soit une histoire d'amour. Vous comprenez ? J'ai vraiment, vraiment besoin que ce soit cela. (…) Parce que si ce n'est pas une histoire d'amour, qu'est-ce que c'est ?"
Ces quelques phrases donnent à elles-seules la tonalité du roman.

Il est difficile de ne pas penser au livre le consentement même si je ne l'ai pas encore lu. L'un est un témoignage tandis que l'autre est un roman. Un roman, vraiment? L'autrice l'affirme pourtant.

Vanessa Rye est une jeune fille de 15 ans qui entretiendra une relation "amoureuse" avec son professeur de littérature, âgé quant à lui de 42 ans. Elle a 32 ans quand une onde de choc la percute de plein fouet, quand une autre jeune femme porte plainte contre ledit professeur pour abus sexuel. Vanessa n'y croit pas, ne veut pas y croire, ne peut pas y croire. Car si elle y croit, elle sera alors obligée de regarder la vérité toute nue et de remettre en question "sa" première histoire d'amour, tellement importante, car fondatrice, dans la vie de tout un chacun.

Glauque, cru, curieux, malaisant, malsain, tous ces qualificatifs peuvent convenir à ce roman. Et pourtant j'ai lu attentivement chacun de ses mots, relisant même certains passages plusieurs fois. Par goût de ce qui est sale, de ce qui est transgressif ? Pas du tout, simplement pour être sûre de ne rien oublier, que personne ne puisse dire qu'elle l'avait bien cherché, après tout. A ce sujet, et bien avant de lire ce roman, mon opinion est faite, je peux même dire qu'elle est ferme et définitive. Il n'y a pas de consentement éclairé chez le mineur, même quand celui-ci a quinze ans et est en capacité de réfléchir. Surtout quand l'adulte est une personne ayant un ascendant sur le ou la mineur/e en question, là il a un boulevard pour la/le manipuler. Car qui ne s'est jamais amouraché d'un de ses professeurs ? Ou sans parler de tomber amoureux, d'au moins chercher à lui plaire ? Je me rappelle mon professeur de français remplaçant de troisième. du haut de mes quinze ans, je le trouvais beau comme un dieu, et fabuleux. Nous étions plusieurs à minauder, sans qu'il ne se passe quoi que ce soit. Car il savait se tenir à sa place.

La grande force de ce roman, qui est aussi sa plus grande finesse, est qu'à aucun moment l'autrice ne laisse planer le doute sur ce qu'elle pense. Contrairement à sa narratrice, la sombre Vanessa, qui est elle toute en ambiguïté. Et c'est ce qui rend justement la narration de ce roman très puissante, ce qui fait qu'on tourne les pages pour continuer à tenter de comprendre le cheminement de cette toute jeune fille devenue une jeune femme fracassée, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, qu'elle-même le veuille ou pas. Car l'adolescente blessée, humiliée, à laquelle un adulte a menti pour mieux faire d'elle sa chose, ne pourra pas pousser, grandir, s'épanouir comme s'il ne lui était rien arrivé. Elle ne se reconnaît pas victime? Elle l'est pourtant. A rebours

Je salue particulièrement la plume de Kate Elizabeth Russell, très réaliste, qui donne beaucoup de souffle à son histoire, qui peut se montrer très crue, mettre mal à l'aise son lecteur en le plaçant en voyeur, mais sans jamais être putassière. Un grand bravo aussi à la traductrice, Caroline Bouet, qui a très bien su retransmettre l'ambiance de ce roman.

Enfin, je tenais à remercier bidule62 car c'est grâce à son billet que j'ai eu très envie de commencer ce roman qui dormait bien au chaud dans ma PAL.

En résumé, un livre dur et d'actualité, servi par une plume de talent. Un livre qui m'a mise en colère. Un livre, croyez-moi, que je ne suis pas prêt d'oublier de sitôt. Continuons à protéger nos enfants et adolescents.


Lu en février 2022




Commenter  J’apprécie          165
Vanessa, en 2017, est rattrapée par son passé via la déferlante MeeToo. Contactée par une journaliste et par une élève abusée par le professeur Strane, la jeune femme refuse pourtant de se considérer comme victime d'un prédateur qui aurait abusé de son autorité sur l'adolescente qu'elle était dix-sept ans plus tôt.
Non, elle considère la relation qui a commencé quand elle avait quinze ans comme une exceptionnelle histoire d'amour entre deux être très sombres et au mieux, reconnait-elle que Strane est éphébophile, mais en aucun cas pédophile.
Elle n'a pas perdu le lien avec cet homme qui l'a valorisée, qui a su amadouer  cette étudiante douée à coups de lectures orientées ( Nabokov, bien évidemment), mais qui s'est aussi montré lâche et manipulateur.
Alternant les époques, Kate Elizabeth Russell fouille avec une précision chirurgicale les rouages faussés de cette relation et nous donne à voir le déni dans lequel se débat Vanessa , dont la vie ne correspond en rien à ce qu'elle aurait pu en attendre.
Les rebondissements se succèdent , sans jamais rien d'artificiel, les multiples facettes, souvent contradictoires de l'héroïne se donnent à voir et l'on est fasciné par une telle maitrise dans l'écriture et la construction de ce premier roman.  à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          150
Jacob Strane, le professeur de lettres de cet excellent premier roman, n'a rien a envié à Gabriel Matzneff, triste sire mis à jour dans le consentement.
Commenter  J’apprécie          91
Le débat sur le consentement a eu lieu récemment en France autour du livre de Vanessa Springora. Il s'agit ici d'une autre Vanessa qui est confrontée au même débat, alors même qu'elle revient sur sa liaison avec son professeur de lettres de 30 ans plus âgé.
Quelle est en effet la valeur du consentement, lorsque l'on est une adolescente de 15 ans, peu sociable, mal dans sa peau et rêvant de poésie ? Que vaut-il quand on est à l'âge des premières pulsions sexuelles, de la confusion des sentiments, du désir de plaire ?
Lorsqu'un professeur, auréolé de son prestige et de ses connaissances, en vient à complimenter son élève sur l'incroyable qualité littéraire de ses poèmes, lorsqu'il flatte son ego en lui disant qu'elle est une personnalité hors-normes, lorsqu'il lui donne à lire Lolita de Nabokov pour qu'elle s'identifie ?
Alors Vanessa tombe amoureuse, même si parfois il lui fait mal, même si parfois son corps vieillissant l'ecoeure, même lorsqu'elle a envie de rentrer chez elle.
Sans les nommer, l'auteure met en scène les mécanismes de l'emprise : la valorisation dans les débuts de la relation, le sentiment d'être unique, la culpabilité, la nécessité de protéger le bourreau puis la déprise avec le manque et l'autodépréciation.
Tout au long de son parcours, jusqu'à 17 ans après les faits, Vanessa ne parvient pas à se libérer de cette emprise, de la conviction d'avoir vécu un véritable amour. Et lorsque l'on lui demande de temoigner contre son prédateur, malgré les preuves reunies contre lui, elle ne peut se résoudre à balayer cette liaison de peur de devenir ce qu'elle ne peut admettre : son statut de victime.
Il faudra attendre la mort du prédateur pour que "pour la première fois, j'arrive à imaginer comment ce serait de ne plus être à lui, de ne plus être lui".

Kate Élisabeth Russell n'est jamais dans la démonstration, ni dans l'accusation. C'est dans la finesse de la psychologie qu'elle décrit cette relation de domination et c'est dans l'intelligence de ses lecteurs qu'elle compte pour condamner Jacob Strane.
Commenter  J’apprécie          90
Ma Sombre Vanessa est un roman d'une noirceur absolue à laquelle on ne s'attend pas. L'auteure nous prend doucement par la main en commençant son roman par une histoire banale. Vanessa, 15 ans quitte le foyer familial pour effectuer son année scolaire dans le prestigieux lycée de Browick, un avant-goût de la vie à l'université. Là-bas, Vanessa suit le cours de littérature du professeur Jacob Strane. Il n'est ni jeune ni attirant mais il captive Vanessa. L'interdit est bientôt franchi lorsque Strane et Vanessa entame une liaison clandestine et condamnée.

Plus tard, en 2017, Vanessa a la trentaine. Elle est concierge dans un hôtel. Sa vie tient en quelques mots: alcool, drogue, sexe avec des inconnus. Vanessa n'arrive pas à vivre pour elle. Quand Taylor Birch la contacte, tout le passé de Vanessa remonte à la surface. En effet, Taylor affirme avoir été abusée par Strane…

L'auteure commence son roman de manière assez innocente en nous montrant comment, doucement, Vanessa va tomber amoureuse de son professeur. Les cent premières pages pourraient correspondre aux affres amoureuses d'une midinette. Et puis, lentement, le récit bascule dans le glauque et la noirceur totale. de manière insidieuse, à l'image de Strane qui séduit Vanessa, le lecteur voit se dérouler devant ses yeux la liaison interdite entre un professeur et son élève. Strane s'immisce dans la vie de Vanessa comme un serpent. Ce sont d'abord des paroles, des compliments puis une main sur le genou, un livre, Lolita de Nabokov offert, et enfin l'engrenage fatal: le sexe, le viol, la violence et la pression psychologique.

Ce qui est impressionnant dans ce livre c'est que le lecteur est un peu comme Vanessa, il ne voit presque rien venir parce que Strane s'assure que son élève est toujours « consentante ». Mais est-on consentante à 15 ans lorsqu'on a face à soi un homme de presque quarante ans? Sait-on ce que l'on fait, dans quoi on s'engage? Kate Elizabeth Russell pose des questions importantes et complexes. Son histoire ne présente pas de morale. Vanessa est un personnage extrêmement complexe qui vingt ans après les faits est persuadée d'avoir aimé et d'avoir été aimée.

Il y a certaines pages qui m'ont laissée groggy parce que moi, je le sais qu'on ne fait pas l'amour a une enfant de quinze ans quand on en a quarante mais qu'on la viole. Tout ça vient d'un seul coup, un peu comme un coup de poing en pleine tête. Strane est tellement pervers, tordu, manipulateur que s'en est douloureux, écoeurant. Il domine Vanessa de sa taille, de son intellect, de son ascendant. L'auteure nous donne aussi à lire la face B de l'histoire d'amour de Vanessa. On retrouve une adulte complètement détruite, anéantie, persuadée d'avoir vécu « sa plus belle histoire d'amour » mais qui pendant son temps libre boit pour oublier. Mais oublier quoi? Car personne ne le lui a jamais dit clairement à Vanessa que son histoire n'était pas normale.

Avec ce roman, Kate Elizabeth Russell frappe fort et laisse son lecteur pantois, abasourdi. Son histoire complexe parle de viol, de consentement et de conscience de soi. Un roman à lire nécessairement.
Lien : https://carolivre.wordpress...
Commenter  J’apprécie          90
Vanessa a quinze ans, elle est un peu banale, un peu solitaire. Jacob Strane, quarante-deux ans, prof de littérature dans son école, trouve les mots qui font mouche, ceux par lesquels on peut se sentir spéciale, différente … Il hameçonne sa proie et la fait basculer du côté interdit.
Naïve, Vanessa croit en cet amour unique, passionné et clandestin. Avec Strane, elle découvre les mots, le sexe, la littérature, le mensonge et l'obsession. Elle lit Lolita de Nabokov en boucle. Explore le côté sombre et complexe de son esprit.

Dix-sept ans plus tard, leur relation n'a pas vraiment tenu … Vanessa essaie de se construire une vie. Elle est seule. Entre son boulot et sa psy, elle se tape des coups d'un soir, des relations tordues qui la questionnent toujours sur son côté dark. A-t-elle jamais échappé à l'emprise de son prof ? Elle découvre que Strane a vécu d'autres histoires similaires avec des étudiantes de son lycée, notamment Taylor, qui la contacte et lui raconte les abus qu'elle a subi. le fieffé menteur ! Elle qui ne se considérait pas comme victime d'un professeur manipulateur commence à réfléchir à son passé. Etait-il un prédateur sexuel ? Un éphébophile manipulateur et calculateur ? Mais que devient-elle alors dans ce cas ? Sa vision de sa jeunesse et de leur relation « amoureuse » bascule.

Ma sombre Vanessa, c'est Lolita au temps de #metoo, c'est la délicate observation du fil ténu qui sépare le consentement d'une mineure et le viol d'une jeune fille abusée.
L'attachement mêlé d'aversion que Vanessa ressent pour son professeur/amant est complexe. Jusqu'au bout elle ne voudra pas l'accuser, le dénoncer, participer à cette campagne qui ruinera sa carrière. Elle ne veut témoigner de rien, de quoi ? Qui sont-ils pour dire qu'elle est une victime alors qu'elle-même ne se ressent pas comme telle ? Ou bien si ? le mal était tapi si profondément dans les ombres de son esprit. Elle se sent coupable. Était-elle victime ou non ? le chemin de Vanessa est encore long, mais plein d'espoir.

Stephen King a encensé ce roman et c'est ce qui m'a intriguée. C'est en effet un regard sibyllin, une plongée dans la psychologie d'une jeune fille vulnérable, en construction et toute en questionnement. Un roman fouillé, terriblement bien écrit, qui nous laisse pénétrer au plus profond de l'esprit tourmenté, désabusé de cette Sombre Vanessa et qui pose question sur le débat de l'âge de la majorité sexuelle.
Commenter  J’apprécie          81
Page Facebook: Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com

Autopsie d'une relation *****

«I just really need it to be a love story. You know ? I really, really need it to be that. Because if it isn't a love story, then what is it?”

Vanessa Wye n'a que quinze ans lorsqu'elle entame une relation sexuelle avec l'un de ses professeurs, Jacob Strane, alors âgé de quarante-deux ans. La narration se compose d'une alternance entre le passé –le développement de cette relation terriblement glauque– et le présent, dix-sept ans plus tard, alors que Vanessa est contactée par une autre jeune femme qui prétend avoir vécu une histoire similaire.

«My Dark Vanessa» est un livre impressionnant, d'autant plus étonnant qu'il s'agit d'un premier roman et qu'il est captivant alors que les faits narrés sont relativement banals. Ses qualités premières sont à mon sens d'une part la finesse de l'analyse psychologique des personnages et d'autre part le grand réalisme que l'auteure a réussi à leur insuffler. L'on en ressort avec l'impression que Vanessa est l'archétype de toutes ces très jeunes filles qui découvrent soudain le pouvoir de leur corps sur les hommes et qui, sans réelle conscience de leur grande vulnérabilité, échouent dans les filets de manipulateurs en se convainquant qu'il s'agit d'une histoire d'amour.

Le lecteur ne manquera pas d'éprouver un sentiment de malaise à plusieurs moments, doté d'une lucidité qui échappe à la narratrice, Vanessa, prisonnière de son fantasme et de sa perception faussée des choses. le roman comporte de multiples références littéraires, notamment à «Lolita» de Nabokov, et j'y ai également trouvé des similitudes avec l'histoire d'une autre Vanessa, celle contée dans «Le consentement» par Vanessa Springora : quel peut être le degré de consentement d'une adolescente aussi jeune face aux fantasmes d'un homme plus âgé qui en fait un objet sexuel sous couvert d'une histoire passionnelle et quel sera l'impact sur l'adulte qu'elle deviendra ?

Un roman très bien écrit, aussi sombre que son titre le laisse présager, et qui propose une analyse très fine d'une relation toxique et de ce qu'elle laisse dans son sillage des années durant. Une lecture à la fois glauque et addictive qui donne à réfléchir et que je vous recommande.
Lien : http://pascalebookine.eklabl..
Commenter  J’apprécie          70



Lecteurs (666) Voir plus




{* *}