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Caroline Bouet (Traducteur)
EAN : 9782365694797
448 pages
Editions Les Escales (01/10/2020)
4.08/5   228 notes
Résumé :
2000. Dans un prestigieux pensionnat de la Nouvelle-Angleterre, Vanessa Wye, élève brillante de quinze ans, tombe sous le charme de Jacob Strane, son professeur de littérature de quarante-deux ans. Débute alors une relation qui va durer des années.
2017. Strane est accusé d’abus sexuel par l’une de ses anciennes élèves. Vanessa, contactée par cette dernière, replonge dans ses souvenirs de jeunesse. Peu à peu émergent des doutes qui ne l’avaient jamais travers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
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Que deux romans sur le même sujet sortent en 2020, avec le prénom Vanessa en titre ou en prénom d'auteur , n'est que pure coïncidence : Vanessa Springora n'est pas "sa" Sombre Vanessa"... mais elles se ressemblent fortement...

La Vanessa qui nous préoccupe est une adolescente de 15 ans. Fille unique , habitant dans un coin assez isolé, elle demande à intégrer le lycée de Browick et son internat , à ses parents qui acceptent, voyant-là une occasion de se préparer à l'université. Elle se fera une amie, mais jalouse de sa nouvelle relation amoureuse , se brouillera avec elle. de sorte qu'en cette rentrée, elle est bien seule et fera une proie idéale pour le professeur de littérature Jacob Strane, 42 ans. Presque 30 ans les séparent. Il n'est pas très beau, mais il a de l'ascendant sur elle.
De petits compliments, en caresses (l'air de rien ), il va progressivement tisser sa toile autour d'elle. Elle manque tellement d'assurance, il a de l'expérience. Elle ne sait rien, il connaît tout de la littérature . Elle sort de l'enfance, c'est un homme avec maison, et voiture : le combat est inégal.
"Ma sombre Vanessa, tu es aussi sombre que moi", lui dit-il ...
Et l'histoire lui donne raison. Alternant passé et présent, Kate Elizabeth Russell passe de la Vanessa de 15 ans, à celle de 32 ans. On voit ce qu'elle est devenue, et ce n'est pas la joie... Vanessa n'a pas eu (encore) le brillant avenir que lui promettait son prof, elle est réceptionniste dans un hôtel,s'envoie en l'air avec des inconnus rencontrés sur internet, elle se drogue et boit un peu trop. Elle en est là quand une ancienne élève de l'internat Browick, à la faveur du mouvement #metoo, la contacte. Elle a porté plainte contre le Professeur Strane, suivie par quatre autres élèves, une journaliste veut interviewer Vanessa. Alors, Vanessa se souvient remonte le fil du temps, téléphone à Jacob. Elle n'a pas pu se tromper à ce point ? Si c'était une agression sexuelle, qu'est-ce que ça dit d'elle , elle qui croyait vivre une magnifique ( mais secrète) histoire d'amour ? Elle qui ne s'est jamais remise de cette relation. Elle qui croyait être la seule...
Vanessa témoignera ? Ne témoignera pas ?
Qu'est-ce que la notion de Consentement à cet âge ? ...

A travers ce portrait de femme ambigüe et en perdition, Kate Elizabeth Russell nous montre comment un prédateur approche, séduit et met KO sa victime. Enormément de nuances, de finesse d'analyse dans cette plume qui dissèque autant qu' elle raconte.
C'est brillant, on admire autant qu'on est mal à l'aise. D'autant plus , que je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec une histoire réelle, celle d'un prof qu' ont eu mes enfants, qu'on trouvait bizarre, (à cause de petites choses qu'il disait et qui étaient totalement déplacées mais réparties sur des années...) sans penser qu'il irait jusque là , jusqu'à ce que... Qu'il y ait des bruits qui courent, puis un procès quelques années après. La victime avait le même profil psychologique que la Vanessa du roman , très déterminée à avoir cette relation , mais très vulnérable. dans les faits. Je dirais qu'ils essaient avec toutes, et que seules "succombent" les plus fragiles...
Et du coup cette histoire m'a mise très mal à l'aise.
C'est un roman formidable, puissant, nécessaire mais éprouvant...
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L'auteur, kate Elizabeth Russell prend bien soin dans un préambule, d'insister sur le fait que "ma sombre Vanessa" est un roman et, en aucun cas, un roman biographique et que tous les personnages sont fictifs. Après lecture, je comprends pourquoi il lui a été nécessaire de prendre cette précaution. Sans celle-ci l'histoire lui aurait été assurément attribuée, il y a une telle justesse des sentiments. L'ambivalence des comportements, des désirs est tellement bien décrite que l'on croit aux personnages, cela en est même troublant. J'ai moi-même été tout au long de cette lecture perturbée par des sentiments contradictoires.
La façon dont la relation entre Vanessa, jeune fille de 15 ans et son professeur Jacob Strane, de 42 ans se met en place est troublante car il s'instaure des doutes sur le consentement.
Mais tout cela est en nuances et pas à pas on ressent l'emprise et un malaise grandissant, la culpabilité, les interrogations,l'ambivalence .
Alors bien sûr, on a envie de mettre en garde Vanessa et de la protéger mais sa fragilité ainsi que l'engrenage dans lequel elle se trouve la conduisent vers une relation de plus en plus toxique. Jacob Strane sait s'y prendre pour tisser sa toile et prévenir ses arrières, jusqu'au jour où, plusieurs années plus tard, d'autres élèves vont porter plainte.
Ce roman est extrêmement bien fait car il est criant de vérité. le professeur n'est pas le bel homme caricatural, non il est décrit comme ayant une bedaine, des bajoues, ne sachant pas véritablement s'habiller et puis il peut paraître, par moment, délicat, prévenant. C'est là tout le problème et l'ambivalence de cette relation qui n'aurait jamais dû commencer.
On alterne entre deux périodes, celle où Vanessa est une jeune fille de 15 ,16 ans et celle, 17 ans plus tard, où une plainte est déposée et où les journalistes s'emparent de l'histoire.
Avec beaucoup d'habileté, l'auteur montre combien cette relation a détruit Vanessa et continue à agir sur ses comportements et ses relations aux autres.
Bouleversant, troublant, intelligent, voilà ce qu'est ce livres qui montre la complexité de l'être humain et la notion de consentement.
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Tentée par une critique de Brooklyn by the sea (merci !), me voici empruntant ce livre. Si j'ai aimé le commentaire lu, entre temps j'ai tout oublié du livre, la thématique, la raison de l'approbation de Brooklyn, tout en un mot. Je ne lis pas le 4e de couverture (trop eu de déceptions). Donc je me lance sans idée préconçue....
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Quelle claque ! Quel livre dur.... "Glauque" c'est immédiatement l'adjectif qui me vient pour le qualifier, pour qualifier l'histoire, l'ambiance.... C'est le genre de livre qu'il est difficile de dire qu'on a aimé. Je peux en tout cas vous dire que je ne l'ai pas lâché, dévorant page après page....
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Une jeune fille de 15 ans, Vanessa, un peu isolée dans son lycée privé aux Etats-Unis pour lequel elle a eu une bourse. Un prof de littérature américaine (3 fois l'âge de la lycéenne) compatissant, attentionné, intéressé par la demoiselle.... Ne cherchez pas, il lui offre carrément "Lolita"....
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Tout le livre tourne autour de la notion de consentement, de victime. En effet jamais Vanessa ne se ressent comme victime, elle a toujours répondu oui, même quand elle pensait non. En fait le livre dépeint parfaitement la zone grise qui s'articule entre une relation saine et équilibrée et le viol. Là on est dans l'entre deux car Vanessa est flattée d'être ainsi choisie par son prof. Elle ne se rend pas compte qu'il a organisé une magnifique toile d'araignée autour d'elle, faite de manipulation, de chantage, de douceur, de violence psychologique.
Un texte qui décrypte bien une relation particulièrement toxique car en plus elle touche une gamine de 15 ans.
Un texte rude, qui secoue, accroche et finalement interroge...
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"Viens que je t'adore ; viens que je te caresse, ma sombre Vanessa (...)" écrivait Vladimir Nabokov dans "Feu pâle".
Et c'est ainsi que Vanessa, 15 ans, brillante élève promise à un brillant avenir, succombe aux avances de son professeur de lettres, alors âgé de 42 ans, qui lui susurre ces vers. Des années plus tard, il est accusé d'agression sexuelle par d'autres élèves, qui sollicitent Vanessa pour qu'elle les soutienne dans leur démarche, mais elle s'y refuse. A l'ère #MeToo, pourra-t'elle tenir sa position ?
J'ai aimé la façon dont Kate Elizabeth Russell s'est emparé d'un tel sujet dans le contexte actuel, pour en faire une réflexion pertinente et approfondie sur le besoin d'amour, l'illusion du pouvoir, et la notion de consentement chez une adolescente. Sa description fouillée des tourments de Vanessa m'a paru très juste. J'ai également apprécié sa décomposition du processus de manipulation du pédophile, et sa représentation du rôle toxique des réseaux sociaux et des médias dans ce genre d'affaires.
Le roman alterne deux périodes : les années 2000 et 2017, et j'ai été impressionnée par la façon dont l'auteur tord les deux récits en un noeud complexe et très nuancé. Il est aussi énormément question de Nabokov, et notamment de "Lolita" à laquelle Vanessa s'identifie, mais elle est ici la narratrice, et jamais elle ne se considère comme victime. Ce faisant, Russell met intelligemment en exergue toutes les questions qui se posent dans la zone grise du consentement, et c'est assez salutaire.
C'est donc une lecture perturbante, mais enrichissante, et avant tout un beau portrait de battante (même si cette sombre Vanessa n'est pas sympathique) ; une belle réussite pour un premier roman.
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Ma sombre Vanessa est le roman le plus percutant et bouleversant qu'il m'a été donné de lire depuis quelques temps.

Vanessa Wye fait sa rentrée en 2000 dans un pensionnat réputé du Maine. Jeune fille solitaire et complexe, renfermée, elle y fait la connaissance de Jacob Strane, son professeur de littérature. En prenant par la flatterie, en faisant se sentir spéciale une jeune fille qui, forcément, à 15 ans, se cherche, comprend mal ses émois, le professeur tisse lentement sa toile autour d'elle afin de la faire consentir, ou en tout cas lui donner l'impression de le faire, à une relation qui va beaucoup trop loin, trop vite.

Parallèlement, l'intrigue se déploie 17 ans plus tard, quand Strane est accusé d'abus sexuel par une ancienne élève. Vanesse est à son corps défendant obsédée par le post et le profil de l'accusatrice, notamment parce que ce scandale vient remuer la boue des souvenirs de son histoire d'amour, dont elle vient lentement, à regret, remettre en cause la nature véritable.

« J'ai juste vraiment besoin que ce soit une histoire d'amour. […] J'ai vraiment, vraiment besoin que ce soit cela. […] Parce que si ce n'est pas une histoire d'amour, qu'est-ce que c'est ? ».

La navigation entre ces deux versions de la narratrice, la Vanessa adolescente et celle adulte, permet de transcrire ainsi adroitement les rouages de la prédation et la persistance de l'emprise psychologique dont Vanessa va souffrir pendant tant d'années, lui gâchant largement la vie. En pensant avoir provoqué Strane, en se sentant responsable (Strane la persuadant que c'est elle qui est systématiquement venue le chercher, qui l'a attiré sans qu'il puisse y résister, par la « noirceur » qu'il a perçue en elle et qui faisait écho à la sienne) de la dépravation de cet homme à qui elle n'a jamais su (ou pu) refuser quoi que ce soit (au prix de scènes de viol éprouvantes à lire), Vanessa refuse de se sentir victime (« le trope de la différence d'âge n'a plus aucun secret pour moi, et je consomme des livres, des films, et tout ce qui met en scène une histoire d'amour entre un adulte et une mineure. Je me cherche tout le temps dans ces oeuvres, mais je ne trouve jamais rien de vraiment juste. Les filles dans ces histoires sont toujours des victimes, et moi je n'en suis pas une – et cela n'a rien à voir avec ce que Strane m'a fait ou pas quand j'étais plus jeune. Je ne suis pas une victime parce que je n'en ai jamais voulu être une, et si je ne veux pas en être une, alors je n'en suis pas une. Voilà comment ça marche. La différence entre le viol et le sexe est un état d'esprit. On ne peut pas violer une personne consentante, n'est-ce pas ? […] On ne peut pas violer une personne consentante. La blague est terrible, certes, mais elle est censée »), allant de ce fait se sacrifier pour son bourreau, lui chercher perpétuellement des excuses. L'auteur retranscrit ainsi finement la psychologie de la victime d'un pédophile, du déni qui la pousse à penser qu'elle apprécie les traitements de son amant, qu'elle l'aime alors que clairement, la sidération et la dissociation cognitive sont des mécanismes qu'elle a mis en place dès le début pour se protéger.

Un des grands points positifs du roman est d'éviter l'écueil du pathos grâce à la personnalité froide de Vanessa (causée par le stress traumatique) et la carapace qu'elle s'est construite pour survivre. Clairement, ce n'est pas un personnage aimable (pourrait-on l'être avec une vie telle que la sienne ?) sur qui on s'apitoie (paradoxalement). Ce qui est bien joué de la part de l'autrice car elle pousse en cela le lecteur à réfléchir par lui-même à la notion de consentement, à ses conditions d'altération, à ce qui peut en constituer la zone grise. Elle interroge aussi finement la notion de victime : à partir de quel moment en est-on une ? Quand on se sent traumatisé ? L'est-on quand on ne ressent rien ?
On ne s'attache d'ailleurs pas plus aux autres personnages, puisqu'ils sont vus à travers les yeux de Vanessa, qui met tout le monde et sa vie à distance de cette souffrance qu'elle se refuse à éprouver. C'est peut-être de ne pouvoir m'accrocher à un élément positif (même une personnalité comme celle de Henry Plough qui pourrait être sympathique, est rendue de manière distordue par la vision de Vanessa, ce qui nous fait douter de ses intentions) qui a rendu pour moi la lecture de ce roman si difficile.

Le fait que Vanessa soit privée de toute capacité d'action, assister à l'anéantissement d'un esprit aussi brillant par les manipulations de Strane m'ont été très désagréables à lire par le sentiment de gâchis que j'ai ressenti, d'impuissance.

Ma sombre Vanessa est un livre coup de poing, clivant, et malheureusement terriblement actuel. Mais sa force est aussi d'instruire sur ces mécanismes de manipulation psychologique, afin de changer de regard sur leurs victimes et leurs réactions, en les comprenant mieux.
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Une longue après-midi, Strane m'explique que je dois mon prénom à Jonathan Swift, l'écrivain irlandais, lequel a un jour fréquenté une femme qui s'appelait Esther Vanhomrigh, surnommée Essa.
- Il a disloqué son nom, et en réassemblant les lettres éparses, a crée quelque chose de nouveau, m'apprend Strane. Van- essa est devenue Vanessa. Est devenue toi.
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Quand Strane et moi nous sommes rencontrés, j'avais quinze ans, et lui quarante-deux. Pratiquement trente années parfaites nous séparaient. C'était ainsi que je décrivais à l'époque la différence entre nous : parfaite. Trois fois mon âge - ce chiffre me plaisait. Comme il était simple d'imaginer trois "moi" en lui : un moi autour de son cerveau, un autre autour de son coeur, et le troisième, à l'état liquide, coulant dans ses veines.
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Je suppose que c'est vers moi qu'il se tournera dans dix ou quinze ans, lorsque son corps commencera à se dégrader. Voilà comment, à mon sens, cette histoire d'amour se terminera probablement : moi, fidèle comme un chien, laissant tout tomber et faisant tout mon possible, tandis que lui prend, prend, prend.
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Il n'y a que des larmes qui apparaissent sur mes joues. Je ne suis même pas certaine qu'elles viennent de mes yeux quand je pleure de cette façon. J'ai plutôt l'impression qu'on me tord telle une éponge.
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Il retire sa main de sous ma jupe et se glisse comme du liquide hors de sa chaise, s'installe par terre. A genoux devant moi, il pose sa tête sur mes genoux et dit :
- Je vais te détruire.
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