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EAN : 9781091504073
L'Arbre vengeur (23/10/2013)
3.81/5   8 notes
Résumé :
On ne se méfie pas assez des fées, surtout celles qui errent dans les landes désertes et ont tôt fait de vous transformer en fourmi si vous acceptez de les prendre au sérieux. C'est cette aventure hors du commun que le héros de ce livre, tout d'abord incrédule avant de céder à l'émerveillement, va vivre pendant une année. Projeté dans l'univers d'une fourmilière, il découvre la grandeur d'une espèce minuscule dont, revenu au triste monde des hommes, il peinera à tra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
À l'image de Régis Messac ou de Jacques Spitz, Han Ryner fait partie de ses grands auteurs de SFFF français du début du XXe siècle qu'il convient de découvrir ou de relire assidument car leur vision des littératures de genre est tout autre que la nôtre, et pourtant elle peut être tout aussi utile et actuelle. Les éditions de L'Arbre vengeur ont ainsi décidé de rééditer L'Homme-fourmi de Han Ryner : de son vrai nom Jacques Élie Henri Ambroise Ner, cet auteur méconnu fut à la fois libertaire, anarchiste, antimilitariste et anticléricaliste, bref un bon !

Dans L'Homme-fourmi, Han Ryner part d'un propos simple : Octave-Marius Péditant, attisé par un fort penchant scientifique, se fait transformer, par l'intermédiaire d'une fée rencontrée par hasard, en une fourmi travailleuse afin de satisfaire sa curiosité envers le monde animalier que constitue une fourmilière. L'idée semble convenue, mais à l'image des Spider-Man, Squirrel Girl, Aquaman et autres Batmans actuels (ou pire « Ant-Man », forcément), l'objectif primaire est normalement de voir l'interaction entre les réflexes humains et la découverte d'une vision qui nous est tout bonnement inconnue, ici vivre une fourmilière de l'intérieur avec les réflexes et les affres d'une vie de fourmi.
Je vois dans la science-fiction française du début du XXe siècle un mouvement codifié mais très ouvert vis-à-vis de l'idée de « littérature de genre ». Bien souvent, il s'agit de prendre un principe simple, un homme est transformé en fourmi, et de le pousser au bout pour en voir les conséquences et ce qu'on peut en apprendre. Bien sûr, la passion scientifique est le plus souvent à la base du récit, mais cela n'empêche pas de faire des liens si besoin avec le fantastique et la fantasy sans crainte de perdre le lecteur ; ici, l'origine de la transformation est directement liée à la féérie de la nature et le traitement même de l'expérience du narrateur se fait bien plus sur le ressenti qui prend progressivement le pas sur le protocole scientifique imaginé au départ.
En effet, la transformation du héros en fourmi est l'occasion pour lui de sentir la condition de fourmi au plus près. S'exprimer sans mot, prendre sa place dans une société très normée, faire passer des sentiments nouveaux… Han Ryner tente de nous faire comprendre le dépaysement total subi par le protagoniste et d'en tirer des enseignements, ils pourraient être de deux ordres principaux : lutter contre les conditionnements extérieurs et favoriser sa libération intérieure. Tout en s'efforçant de mener dans la fourmilière une action politique, au sens de mouvement visant à organiser différemment une société fonctionnant selon un certain modèle, le héros cherche à dépasser sa condition sans forcément vouloir dominer les autres… Il est tentant de faire un lien avec les considérations politiques et sociales de l'auteur.

À l'heure du changement climatique et des désastres sociaux en marche, la leçon de vie de L'Homme-fourmi serait utile à beaucoup d'entre nous pour sortir de l'entre-soi, pour changer d'échelle de réflexion, pour se décentrer de notre petit profit immédiat.

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D'Han Ryner, je lus une parabole cynique (au sujet d'un troupeau de moutons aimant le couteau destiné à les tuer) et je perçois, dans l'Homme Fourmi, ce même pessimisme doublé cependant d'une ouverture sur le monde.

Il s'agit, comme le titre l'indique, de l'histoire d'un homme changé en fourmi par une fée, et devant rester fourmi pendant un an. Les allusions un peu pédantes du protagonistes (le fleuve Océan chez Homère) et le nom d'Aristote donné à l'ingénieux(se) ami(e) (asexuée) de l'homme-fourmi confèrent un certain charme littéraire à l'oeuvre. La vieille SFFF en a, du charme (mention spéciale au moment où le narrateur évoque le cinématographe de ses pensées).

Certains passages sur la nature fourmi sont franchement beaux à lire et les réflexions émanent bien d'un philosophe. Elles portent sur la perception, ainsi que sur la société fourmi : l'élevage de pucerons, le langage des antennes, la guerre décimant des sociétés entières, parfois la cohabitations, l'esclavage qui existe chez les fourmis, et même .

Un passage assez mémorable est un débat sur l'intelligence humaine (entre Aristote et Octave Péditant, notre homme-fourmi) : la fourmi est elle le seul animal intelligent ? Se pourrait-il que l'être humain ait un langage, des constructions, et même une réflexion scientifique… ?

La fourmi Aristote est attachante. Ingénieuse, elle est cependant limitée en ce qu'elle exècre l'étranger et ne prête pas d'intelligence à l'être humain : si ingénieuse soit-elle, elle reste fourmi.

De cet ouvrage je retiendrai beaucoup de choses, tout un voyage, en plus de son pessimisme sur l'humanité . Moi qui lis peu de science-fiction et encore moins de fantastique, je dois dire que cet ouvrage me plait beaucoup, je le conseille.
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Ce roman imagine l'histoire d'un certain Octave Peditant, docteur un tantinet ambitieux et satisfait de sa personne, faisant profession de receveur de l'enregistrement et occupé par ailleurs à la rédaction d'une statistique sur l'aphoenogaster barbara, espèce de fourmi ravageuse de blés, qui se voit un beau matin métamorphosé en fourmi par une bonne fée. Ainsi, pendant un an, notre homme se voit doté d'un cerveau pensant tantôt en fourmi par son cerveau droit et tantôt en homme par son cerveau gauche. On devine sans peine que cette ingéniosité va permettre bien des parallèles entre nos vies et celles de ces petites créatures si souvent méprisées, et être prétexte à blâmer notre orgueil démesuré. C'est à peu près ça, sinon totalement ça.
Sans doute que les personnes averties sur la biologie et les moeurs de cet hyménoptère social seront plus à même d'apprécier toute la saveur de cette métamorphose, pour le commun des mortels, qui ne peut tout vérifier desdites moeurs, à moins de revisiter tout Darwin, Lubbock ou autres naturalistes, c'est distrayant et assez amusant.
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Après une rencontre inattendue avec une fée et à laquelle il ne croit pas un instant le héros de ce roman passe trois voeux et par amusement accepte de se transformer en fourmi durant toute une année. Arriva ce qui devait arriver et voici notre narrateur dans la peau d'une fourmi… L'auteur avec une écriture classique nous dépeint ce monde animal sous toutes ses coutures. L'organisation de la société, les craintes, les quotidiens, la guerre, tout y passe. Quelle est la place de l'homme dans ce monde et celui de l'animale ? Est un des thèmes abordés dans ce livre intrigant et intéressant à la fois.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Au pays des fourmis, où la majorité n’a pas de sexe, les êtres sexués sont, naturellement, les plus ineptes des spécialistes.
Il faut exercer sur les mâles une surveillance sévère. Si les femelles ne sont, jusqu’aux fièvres du jour nuptial, que des imbéciles, les mâles, dès la première heure, sont des fous.
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Tout à coup, sans que, du fond de ma préoccupation, j’eusse entendu le moindre bruit de pas, des paroles, m’arrivèrent, étranges de sonorité douce, étrange de sens : « Bonjour, bonjour, disaient-elles. Je suis une fée. »
Mon esprit traduisit en grande vivacité : « Je suis une folle. »
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– Ah ! dit-elle, toi, au moins, tu n’es pas un négateur !
Je reculai d’un pas, je toisai l’impertinente personne et je fis remarquer, très digne :
– Mademoiselle, les receveurs de l’enregistrement n’ont pas l’habitude d’être tutoyés par ...

Elle fronça le sourcil, marcha sur moi, impérieuse, dominatrice...elle répondit :
– Les fées sont des grammairiennes logiques. Elles n’emploient pas le pluriel en s’adressant à un seul. Si ça te blesse en français, je te parlerai latin.
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Les grands défauts de la fourmi sont la gourmandise et la colère, surtout une sorte de colère d’orgueil, la rage devant l’obstacle qui demeure invincible d’inertie et comme railleur, l’irritation quand êtres et choses ne cèdent pas à notre désir, à notre effort, à la puissance de notre génie et de notre vouloir. La fourmi a un vif sentiment de sa supériorité et ne comprend pas que tout ne s’incline point devant le geste orgueilleux de ses antennes. Elle est l’autoritaire exaspéré par la résistance, l’être qui mérite beaucoup, qui croit mériter tout, et qui s’indigne d’un refus des choses comme d’une intolérable injustice, et qui donne à cette injustice de furieux assauts jusqu’au triomphe ou jusqu’à la mort. Gourmandise, orgueil, colère, nous ne connaissons que trois péchés capitaux (car ils se sont montrés de bien superficiels calomniateurs ceux qui nous accusèrent d’avarice, et nous sommes envers nos compatriotes toute générosité), mais nos trois péchés capitaux valent vos sept à vous, pauvres hommes aux passions amorties par tant de servitudes, à vous qui mêlez au vin déjà peu généreux de votre nature tant d’eau du bourbier social.
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On comprend si difficilement les choses très différentes de celles qu’on connaît.

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