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EAN : 9782253078500
288 pages
Le Livre de Poche (13/01/2021)
  Existe en édition audio
3.44/5   470 notes
Résumé :
« Un esprit de la forêt. Voilà ce qu’elle avait vu. Elle le répéterait, encore et encore, à tous ceux qui l’interrogeaient, au père de Lucy, avec son pantalon froissé et sa chemise sale, à la police, aux habitants de la réserve, elle dirait toujours les mêmes mots, lèvres serrées, menton buté. Quand on lui demandait, avec douceur, puis d’une voix de plus en plus tendue, pressante, s’il ne s’agissait pas plutôt de Lucy – Lucy, quinze ans, blonde, un mètre soixante-ci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (149) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 470 notes
Eden, un titre qui m'a interpellée, une fois la dernière page lue.
Pas vraiment un paradis terrestre que le cadre du dernier roman de Monica Sabolo : un territoire du bout du monde, qui sans être clairement identifié, est l'un de ceux arrachés aux Amérindiens pour être livrés aux exploitations forestières qui saccagent tout sur leur passage : non seulement les forêts ancestrales mais aussi les us et coutumes des populations autochtones. L'intrigue d'ailleurs se noue autour d'un deuxième aspect fortement lié au premier : celui des violences de toutes natures faites aux femmes autochtones dans ce genre d'endroit. Et même si l'intrigue se noue autour d'une jeune blanche, Lucy, découverte nue et violée dans une forêt avoisinante, le récit d'une de ses copines, Nita, nous entraîne sur une tout autre piste...
De même que le choix du genre dominant dans lequel va s'inscrire cette
histoire : ce n'est ni un roman policier ni même un thriller psychologique.
Ce n'est sans doute pas pour rien que Monica Sabolo a choisi cet univers amérindien si loin de ses racines. Et ce qui affleurait dans Summer, le goût de l'ésotérisme, de l'occultisme resurgit plus fortement dans Eden. Comment ne pas voir dans les quatre endroits les plus présents dans le roman des lieux symboliques. La forêt proche de la réserve est un lieu inquiétant et maléfique ; le lac est à la fois un lieu de purification et de pratiques initiatiques et le bar du coin, le Hollywood est à plus d'un égard le lieu de la damnation. Comment ne pas voir non plus dans les serveuses du bar des Erinyes à la vengeance implacable !
Mais la cohabitation entre ces deux univers si loin l'un de l'autre n'est pas évidente. Et le passage entre une réalité ancrée dans l'histoire de populations autochtones spoliées de leurs droits et une autre relevant d'un monde magique où règne des forces obscures et souveraines n'est pas toujours suffisamment fluide, du moins à mes yeux. Bien sûr, il y a basculement, notamment lorsque l'intrigue va se nouer autour de la relation entre Nita la narratrice et les quatre serveuses du Hollywood. Mais c'est un peu tardif et j'aurais aimé entrer plus tôt dans une sorte de conte cruel et fantastique.
C'est sans doute ce qui explique le caractère inégal de l'écriture. de superbes passages, notamment une scène initiatique au bord du lac et un holocauste final, à la fois beau et terrifiant, en côtoient d'autres dont le caractère plat ou peu grandiloquent m'a déçue. Mais j'ai aussi retrouvé comme dans Summer cette belle capacité à faire se côtoyer sans heurt le poisseux et le merveilleux, le sublime et le pitoyable. Même plaisir avec une très belle évocation de l'adolescence avec son monde clanique, sa grande vulnérabilité face à l'image de soi, aux traumatismes, au sexe à la fois objet de désir et de peur.
Pour clore ce billet, je suis tentée de dire que Monica Sabolo est en quête d'un univers romanesque encore un peu mouvant mais qui se précise de mieux en mieux...
Je remercie les éditions Gallimard et Babelio pour le cadeau de ce livre dans une opération Mass critique.
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Et si je vous parlais d'Éden, dernier roman de Monica Sabolo ?
Nous sommes ici dans un endroit reculé du monde. On pourrait penser à l'Amérique profonde, une terre ancienne, celle des Amérindiens, ceux qui furent traqués, exterminés, ceux qui ont survécus, cohabitent avec les lois des autres, parfois avec leurs propres lois aussi, celles d'une réserve qu'on devine se situer dans une contrée nord-américaine.
Nous sommes à la lisière de la forêt, une forêt menacée de destruction, nous sommes à la lisière des vies, comme l'adolescence est à la lisière du monde adulte.
Dans ce roman envoûtant, sombre et mystérieux où il est justement question d'adolescence, j'ai adoré l'idée d'un monde invisible, souterrain. Nous sommes à la lisière d'un autre monde, presque fantastique.
Il y a le personnage de Nita, autochtone, la narratrice. Il y a le personnage énigmatique de Lucy, elle est blanche, venue de la ville. Elles ont quinze ans. Peu à peu entrent en scène d'autres personnages autochtones, des garçons, des filles du même âge, qui se fréquentent au lycée, la violence est à fleur de peau. Excessive et maladroite.
C'est peut-être simplement la douloureuse expérience de l'adolescence dans un lieu où se concentrent des forces telluriques qui semblent leur échapper.
Pour Nita, la forêt est ce monde hérité de ses ancêtres que les hommes de la société d'exploitation forestière aujourd'hui abîment et dévastent. Le bruit des tronçonneuses se rapproche inexorablement.
Un jour, Lucy disparaît, puis réapparaît quelques temps plus tard dans des circonstances mystérieuses...
On pourrait presque sentir le cœur de la forêt battre entre les pages. Un cœur qui souffre sous la voûte des feuillages. J'adore venir marcher en forêt, capter des sensations qui m'aident souvent à me ressourcer, trouver d'autres respirations. La forêt est pour moi comme un refuge, un endroit secret où l'on peut dissimuler ses rêves, apaiser une âme, reprendre pied dans une vie parfois trop bruyante... Mais la forêt que nous propose Monica Sabolo est oppressante, à la limite de l'asphyxie. C'est un monde beau, sauvage, vénéneux, capable d'accueillir des rites initiatiques d'un autre âge...
J'ai été peu séduit par l'intrigue qui sous-tend le récit. Au premier abord, tout semble en effet tendu comme la flèche d'un arc qui file vers sa destinée fatale. Et l'on sent tout cela venir avec évidence. Mais ce n'est pas la force de ce roman.
De même, certaines cérémonies cathartiques, ressemblant à des sortes de bacchanales, m'ont laissé une impression de déjà vu, m'évoquant parfois l'atmosphère d'un livre comme le Maître des illusions...
En revanche, je me suis laissé emporter par l'incandescence des mots et l'ambiance onirique, sulfureuse, fascinante, proche du vertige, que ces mots suscitent.
Parfois, au détour d'une phrase, je sentais le sol de la forêt se dérober sous mes doigts, s'ouvrir alors sur un enchevêtrement de racines emmêlées sans fin.
Je fermais les yeux. L'odeur enivrante des cèdres et des pins venait alors jusqu'à moi, parmi les stridulations des insectes et l'immensité du ciel nocturne. C'était comme un instant en apesanteur. Je retrouvais alors mes pas et mes errances si essentielles dans la forêt...
Et puis brusquement, une longue plainte remontait du tréfonds de la terre. Sans doute la plainte d'une forêt mutilée et qui a mal. Sans doute aussi la plainte d'une voix humaine... Alors je reprenais le court du récit.
Et puis surtout, il faut regarder ce livre comme une allégorie, une invitation à porter un regard sans concession sur la domination masculine.
Monica Sabolo le fait de manière onirique, à travers ce récit gothique qui s'apparente à certains moment à un conte, un conte des temps modernes.
La forêt devient alors un personnage à part entière du roman. Elle incarne une nature à la fois puissante et fragile qui fait corps avec les personnages féminins du récit, dans un harmonie proche de la fusion.
Certains personnages comme celui de Kishi sont très attachants, magnifiquement dépeints dans des blessures presque désespérées, mais qui ne renoncent jamais à leurs colères.
Parfois les personnages du roman sont comme reliés les uns aux autres par des fils invisibles.
Parfois d'autres personnages qu'eux, plus sombres et fragiles, se glissent à l'intérieur de leurs peaux.
J'ai trouvé originale cette manière de l'auteure d'explorer les douloureuses métamorphoses de l'adolescence, de dénoncer la domination masculine, de le déployer dans une fable écologique, sensuelle et violente, proche du fantastique.
Il y a des promenades en forêt qui ne sont pas toujours de tout repos...
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Comme dans un conte de fées, inquiétante et pleine de secrets, la forêt, “immense bouche plus sombre que le nuit”, sert d'arrière-plan scénique au dernier roman de Monica Sabolo, "Eden". C'est un lieu de mystère et de fantasmes où s'affairent, à l'abri des regards, les esprits et les forces occultes, c'est l'espace des terreurs enfantines comme des paradis perdus et le théâtre, par excellence, de l'initiation, des métamorphoses et des disparitions mystérieuses. Et c'est là qu'est un jour retrouvée la jeune Lucy, nue, agressée, violée et totalement traumatisée.

Dans ce coin perdu et jamais nommé de l'Amérique profonde où coexistent difficilement la communauté blanche et - parquée dans une réserve - celle des Amérindiens spoliés de leur mémoire, de leurs traditions et de leurs terres, va alors s'exercer une vengeance collective implacable, primitive et démente.

Avec ce dernier roman qui multiplie les thèmes et joue avec les symboles, Monica Sabolo nous parle de l'adolescence (avec ses rites, ses clans, son besoin d'appartenance, ses émotions ambiguës et son exaltation potentiellement suicidaire), du monde et de la spiritualité des “nativ people”, de la déforestation éhontée, de la sexualité masculine dominatrice, violente et débridée, et de la possible révolte des femmes. Ce sont des sujets dans l'air du temps et souvent repris, actuellement, par la littérature.

Mais le manque de subtilité avec laquelle ils sont ici traités, l'inconsistance des personnages à la psychologie à peine esquissée et l'outrance de cette histoire qui traîne en longueur, où tout, à mes yeux, sonne faux et à laquelle je n'ai pas réussi à croire m'ont rendu cette lecture, de plus en plus agacée au fil des pages, profondément ennuyeuse et lassante. de Monica Sabolo, j'avais lu et apprécié “Summer”. Avec "Eden", le rendez-vous est, pour moi, totalement manqué.

[Challenge Multi-Défis 2020]
[Challenge Plumes féminines 2020]
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Lucy est une adolescente qui vient de s'installer avec son père dans une réserve indienne. La petite ville est encerclée par une nature sauvage et des forêts luxuriantes. Un jour elle disparait. On la retrouve quelques temps plus tard, nue, allongée en position foetale, violée. Elle est en état de sidération. Elle n'est pas la seule victime car il y a déjà eu d'autres disparitions et on a aussi retrouvés des hommes sauvagement attaqués et blessés par des créatures aux griffes acérées et aux crocs aiguisés, dont l'apparence ne les relie à aucune espèce existante.
Monica Sabolo arrive à installer une véritable ambiance angoissante tout le long de son histoire, mêlant violence sous-jacente et mystère. Elle oppose une nature antédiluvienne à l'invasion humaine, destructrice avec ses oléoducs, son pétrole bitumeux et son exploitation forestière industrielle. Son roman a des accents de manifeste écologique, où l'humanité n'a forcément pas le meilleur rôle.
Mais l'histoire s'empêtre rapidement dans des descriptions un peu longues qui ralentissent l'action. La tension narrative est faible. On alterne parfois entre ennui et interrogation. L'auteure a tendance à perdre son lecteur dans des discours décrivant trop abondamment l'état intermédiaire entre l'innocence de petites filles et celui de femmes confrontées à la dureté d'un monde machiste, un monde primitif transpirant abondamment l'hormone mâle.
L'écriture travaillée de l'auteure sauve son roman de l'échouage, mais les thèmes du féminisme et de l'écologie, largement débattus dans l'actualité du monde décadent dans lequel nous vivons, n'amènent pas toujours de l'eau au moulin de cette histoire qui est avant tout une histoire de fait divers, et certainement pas comme certains ont cru le comprendre un roman fantastique.
Cette histoire manque de ressort pour que la tension de l'intrigue atteigne un paroxysme et colle notre attention aux pages. Par contre, elle est un hymne à la beauté et à la grandeur de la nature devant laquelle nous devrions tous nous incliner et la respecter, et un hymne à toutes les femmes pour lesquelles nous en devrions autant si nous nous respections un tant soit peu.
Editions Gallimard, 275 pages.
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Bon, une rentrée littéraire en demi-teinte pour moi cette année : autant le dire, rares sont les romans dont j'ai dépassé la vingtième page. Je me suis forcée à finir ceux pour lesquels j'étais engagée dans un prix littéraire.
Pour les autres, j'ai abandonné.
Et je ne dis pas ça comme ça, non ! Jusqu'à présent, je ne pouvais me résoudre à lâcher un livre. J'allais jusqu'au bout. Coûte que coûte.
Mais maintenant, c'est terminé.
Parce que j'en ai tout simplement assez de lire des romans qui ne sont pas écrits, des textes sans aucun style que l'on essaie de nous vendre comme de purs chefs-d'oeuvre alors qu'ils ne valent rien d'un point de vue littéraire ou pas grand-chose. Je ne veux plus perdre mon temps avec les romans dont on parle, qui font le buzz ici ou là et que l'on oubliera bien vite. Comme disait Tardieu, « je suis vieille et j'suis pressée, laissez-moi passer... » Alors, que faire ? Retourner aux classiques ? Oui bien sûr ! Je me dis régulièrement qu'il faut que je me replonge dans "La Recherche" ou "Madame Bovary". Et puis, attendez, je n'ai toujours pas lu « Moby Dick » ni « L'homme qui rit ». Et pourtant, je suis bien persuadée qu'il y a eu quelques parutions intéressantes en cette rentrée mais j'ai dû passer à côté… Bon, je n'ai pas encore ouvert « Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon » de Jean-Paul Dubois ni « Le Ghetto intérieur » de Santiago H. Amigorena. Et j'en attends beaucoup… Pour le moment je suis dans « Francis Rissin » de Martin Mongin : l'écriture ne me convainc pas vraiment mais j'aime le ton. Bref, celui-là, je ne l'ai pas encore lâché…
Tout ça pour vous dire deux mots de mes deux dernières lectures « complètes » : commençons par « Eden » de Monica Sabolo. Franchement, et pour dire les choses telles qu'elles sont, j'ai eu la très désagréable impression de lire 275 fois la même page. Les personnages sont inconsistants au possible (je les ai confondus tout le long du roman), l'intrigue complètement tirée par les cheveux (et déjà lue ici et là), les descriptions d'une platitude absolue (c'est impressionnant!)… Tout cela sonne faux, creux… On met dans la casserole un petit mélange de choses qui plaisent : de beaux ados mal dans leur peau, deux trois légendes amérindiennes (décidément, très à la mode les Amérindiens...), la forêt qu'on massacre, des disparitions, de l'ennui, de l'alcool, le tout saupoudré de mots magiques comme « mystérieux », « autre dimension », « chemin spirituel », « éblouissement passager »… Et l'on secoue … le résultat ? le « roman envoûtant » décrit sur la 4e de couv ? Non ! Des pages que l'on tourne sans que rien n'accroche vraiment et que l'on oublie à peine le livre refermé… du moins en ce qui me concerne...
Pour filer ma métaphore culinaire, je vais passer à « Mur Méditerranée » de Louis-Philippe Dalembert. Voilà un texte honnête (sans qu'il y ait véritablement d'écriture, n'en demandons pas trop!), on a même l'impression que tous les « ingrédients » de départ étaient plutôt bons mais au final, le résultat est décevant : on ne s'attache pas aux personnages (je n'ai pas été émue une seule fois, moi qui pleure pour un rien...) et ce, sur un sujet grave, terrible, celui des migrants !
Je pense d'ailleurs que la documentation assez importante dont disposait l'auteur a alourdi le propos et pesé sur la construction du roman , trop didactique pour finir. En dire beaucoup sur un événement, prétendre à une certaine exhaustivité donne rarement lieu à une oeuvre réussie. Sans doute vaut-il mieux faire des choix pour proposer un point de vue nouveau, original.
Je persiste à penser qu'une véritable oeuvre littéraire est une vision PERSONNELLE, INTIME du monde, une façon bien particulière de percevoir, d'appréhender, de vivre ce qui nous entoure.
On m'accusera d'avoir une vision trop romantique de la création mais je crois qu'écrire doit relever d'une nécessité, rester un acte viscéral, vital même. On ne crée pas sur commande. L'auteur ne doit pas chercher un sujet. Il doit le porter en lui depuis des années. Il doit vivre avec ce fardeau jusqu'au jour où, le trouvant trop lourd, il ne peut faire autrement que de le traduire en mots. Et généralement, cela ne se fait pas dans le bonheur, car écrire est un exercice difficile et exigeant.
Et je crains que ce soit ce qui manque à beaucoup d'écrivains actuellement : écrire pour supporter encore un peu la vie, écrire pour ne pas mourir...
Tant mieux pour eux, me direz-vous…
Oui, mais alors tant pis pour nous...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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critiques presse (6)
Culturebox
16 décembre 2019
Conte des temps moderne, Eden flirte avec le thriller pour décrire de l’intérieur la difficulté mais plus encore la violence du passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaCroix
24 octobre 2019
Dans Éden, roman sombre et fantastique, Monica Sabolo explore les douloureuses métamorphoses de l’adolescence.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
05 septembre 2019
Sans doute pourrait-on présenter cet Eden superbement mystérieux comme un roman « éco-féministe », évoquant de nombreuses formes de domination. Cela serait vrai, mais ne dirait pas grand-chose de son charme puissant, de la force des images que fait surgir Monica Sabolo, ni de la poésie avec laquelle elle accompagne l’affranchissement d’une poignée de jeunes femmes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle
04 septembre 2019
Avec compassion et douceur pour ses jeunes héroïnes, Monica Sabolo signe un sensationnel conte des temps modernes sur la domination masculine.
Lire la critique sur le site : Elle
Bibliobs
26 août 2019
De cette immersion en terre animiste où la nature est un personnage à part entière, fascinant et menaçant, Monica Sabolo tire un conte fabuleux et cruel où la sauvagerie des hommes soulève le vent mauvais de la vengeance des femmes.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
23 août 2019
Prix de Flore pour Tout cela n'a rien à voir avec moi (éditions Jean-Claude Lattès, 2013), Monica Sabolo revient avec un roman envoûtant, dans la veine de ses précédents écrits, sur les thèmes de la nature et de l'adolescence.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (135) Voir plus Ajouter une citation
Que savons-nous des êtres qui sont partis ? Que savons-vous de leurs pensées, de leurs peines ? Peut-être volent-elles vers nous, cherchant à nous atteindre ? Peut-être sont-ils juste là, à côté de nous. Ils nous parlent, ils approchent leurs visages, ils nous enlacent, et peut-être prononçons-nous les mots que nous n'avons pas osé leur dire, que nous tenons prisonniers dans nos coeurs mais qui la nuit nous échappent, se déversant dans leur coeur. Peut-être la nuit est-elle traversée de nos émotions les plus secrètes, qu'elles se percutent, qu'elles s'embrassent. Peut-être que notre courage, nos espoirs, nos fois absurdes, proviennent des phrases que l'on nous a murmurées dans l'obscurité, de cette douceur dont il ne reste, au matin, qu'une pulsation, juste une envie de vivre.
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Un après-midi d’avril, j’étais entrée dans la forêt, là où j’avais vu Lucy s’engouffrer à plusieurs reprises. Je pénétrai dans une pénombre fraîche et odorante, avec la sensation d’entrer à l’intérieur même de ma mémoire. Des flaques de neige s’étendaient çà et là, constellées de traces minuscules. Je nous revoyais, mon père et moi, agenouillés, si près de la neige que nous pouvions l’entendre crépiter. Nous observions les empreintes des animaux, des lignes en pointillé révélant la trajectoire d’un oiseau sautillant, d’un lièvre ou d’un daim, et il était merveilleux d’imaginer qu’à cet endroit où ne régnait désormais qu’une immobilité silencieuse il y avait eu une autre vie, sauvage, et que peut-être, à cet instant, des bêtes braquaient leurs yeux opaques sur nous, qu’elles étaient là, dans les feuillages.
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Que savons-nous des êtres qui sont partis? Que savons-nous de leurs pensées, de leurs peines? Peut-être sont-ils juste là, à côté de nous. Ils nous parlent, ils approchent leurs visages, ils nous enlacent, et peut-être prononçons-nous les mots que nous n'avons pas osé leur dire, que nous tenons prisonniers dans nos coeurs mais qui, la nuit, nous échappent, se déversant dans leur coeur. Peut-être la nuit, est-elle traversée de nos émotions les plus secrètes, qu'elles se percutent, qu'elles s'embrassent. Peut-être que notre courage, nos espoirs, nos fois absurdes proviennent des phrases que l'on nous a murmurées dans l'obscurité, de cette douceur dont il ne reste, au matin, qu'une pulsation, juste une envie de vivre.
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Il est étrange de réaliser qu'avant que nos vies basculent pour toujours, rien ne l'annonce _ ou peut-être que tout l'annonce, mais depuis si longtemps, et de façon si continue, que cela revient au même, le message est devenu inaudible. Il m'arrive de me demander, allongée dans le noir, les yeux grands ouverts, en en pleine journée, quand soudain, sans aucune raison apparente, resurgissent les images de cette nuit-là, éblouissantes, mouvantes sur fond rouge, il m'arrive de me demander si quelque chose dans les jours précédents annonça le drame, si une intuition oppressait ma poitrine, ou si les oiseaux dans le ciel suivirent une trajectoire inédite, si quelque chose, un signe, n'importe quoi, pouvait laisser présager ce qui eut lieu et nous donner la moindre chance d'influer sur le destin, de prendre un autre chemin, un chemin qui nous aurait laissés, tous et toutes, vivants.
Mais, bien entendu, rien de palpable n'apparaît.
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Que savons-nous des êtres qui sont partis ? Que savons- nous de leurs pensées, de leurs peines ? Peut-être volent-elles vers nous, cherchant à nous atteindre ? Peut-être sont-ils juste là, à côté de nous. Ils nous parlent, ils approchent leurs visages, ils nous enlacent, et peut-être prononçons- nous les mots que nous n’avons pas osé leur dire, que nous tenons prisonniers dans nos cœurs mais qui, la nuit, nous échappent, se déversant dans leur cœur. Peut-être la nuit est-elle traversée de nos émotions les plus secrètes, qu’elles se percutent, qu’elles s’embrassent. Peut-être que notre courage, nos espoirs, nos fois absurdes proviennent des phrases que l’on nous a murmurées dans l’obscurité, de cette douceur dont il ne reste, au matin, qu’une pulsation, juste une envie de vivre.
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"J'avais été abandonnée par la flamme de la littérature..." L'écrivaine Monica Sabolo nous confie sa crise de la page blanche, avant d'avoir trouvé l'inspiration à partir d'un fait divers qui l'avait marquée : l'assassinat de George Besse en 1986 par deux membres de l'Action directe. Quelles ont été les raisons qui ont poussé ses deux femmes à commettre un tel acte ? Mais la réelle question que se pose l'écrivaine, et qui est à l'origine de son livre "La Vie clandestine", devient quasiment autobiographique : "qu'est-ce que je cherchais, moi, à travers cette histoire ?"
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