Ils escroquent, même sans le vouloir, tous les manuels scolaires où les morts sont une poignée de chiffres, les protagonistes d'un chapitre d'histoire illustré par ces images qui font peur et incitent à tourner très vite les pages sur le pupitre, à fuir la fixité de pupilles qui regardent sans voir de l'intérieur des têtes de mort qui respirent, au dessus de costumes rayés de linceul où devait grincer encore, pour quelques heures ou quelques semaines, avec un craquement de glaces qui se brisent, le pauvre hochet de leurs os devenus ensuite lente cendre sur la terre que foulent à présent ceux qui éludent l’épouvante de les regarder. Lois raciales de Nuremberg, dit le sommaire, Conférence de Wansee, lit on sous le portrait de groupe où Hitler lève son léger menton et où Goering, à côté de lui, exhibe un sourire heureux de gros bouffon. Pourquoi Pétain n'est il pas avec eux, le "héros" de Verdun qui, en 1917, fit mettre pour l'exemple, pieds et mains liés, les déserteurs français de sa stratégie guerrière de coteries, face au feu des tranchées allemande? Pourquoi son aura de vieillard inaltérable ne brille- t-elle pas au milieu de leurs uniformes, saisie par le magnésium, lui qui signe à Vichy le décret-loi normalisant et condamnant les juifs français et leurs homonymes étrangers résidant sur son sol de "fille préfèrée de l'Eglise"? P68