Il est toujours difficile de faire une "critique" d'un livre d'entretien, parce que les questions, et la conversation qu'il engage, ne sont pas forcément celles auxquelles on s'attend.
Tout ce qui n'est pas écrit disparaît est à l'origine un entretien mené par Edward Hirsch sur le modèle des entretiens de la Paris Review, qui "respecte le rituel immuable ("l'art de la fiction") conçu par
George Plimpton,
Peter Matthiessen et leurs amis lorsqu'ils fondèrent la revue au lendemain de la guerre". Dixit la 4ème de couverture.
Et effectivement, on en apprend un peu sur la manière de travailler de
James Salter, qui réécrit beaucoup, prend moult notes, à un bureau en pin, aime écrire dans la solitude. Ses sources sont les voyages et l'observation qui en découle, au point d'être sidéré lorsqu'il apprend de la bouche de
Saul Bellow que celui-ci n'a jamais mis les pieds en Afrique pour écrire
le Faiseur de pluie. Et c'est peut-être la partie la plus intéressante de cet entretien : au-delà de sa vie antérieure de pilote de l'US Air Force, d'une période vécue en France, de son opinion sur le travail d'écriture au cinéma, et autres questions factuelles sur son parcours, Salter cite ses sources littéraires, qui diffèrent un peu des éternels Thoreau (qu'il ne mentionne pas)
Hemingway et Keats (qu'il n'apprécie guère) généralement présents dans ce genre d'exercice. On trouve donc Bellow, Babel,
Irwin Shaw, autant d'auteurs qui ouvrent un peu les perspectives en matière de littérature américaine.
Le reste de la conversation reste un bon moment de lecture.