Quand l'adulte qu'on est devenu revient sur les traces de son enfance et échange avec l'enfant qu'il a été… cette rencontre avec le passé, les souvenirs d'enfant qu'on vient confronter à la réalité du temps qui a passé, c'est à quoi va s'adonner
Sébastien Samson, l'auteur d' «
Entre deux gares ». Né en 1973, élevé à la campagne au bord de la voie ferrée (sa mère était garde-barrière), il nous fait le récit des changements qui se sont produits depuis. La colorisation permet de distinguer le temps présent, plutôt monochrome, et le passé, en couleur. L'auteur est accompagné par le petit garçon qu'il a été et reparcourt les lieux de son enfance, grâce aux souvenirs de ses parents et à des « visites » sur place, façon « urbex ». le traitement graphique est varié, on a des planches en pleine page, des clins d'oeil à d'autres BD. C'est empreint de nostalgie, vraiment touchant, surtout si comme moi, vous êtes sensible au temps qui passe. On y voit le déclin des campagnes au profit de la ville, avec pourtant le progrès et les changements qui vont avec (les parents qui vont pouvoir « faire construire », l'arrivée du canapé dans la maison). Dans cette enfance ordinaire, il y a aussi le rôle de l'instituteur qui fait prendre conscience à ses élèves qu'ils doivent se battre pour s'élever au-delà de leur condition, qu'ils ne sont pas tenus à rester des « modestes ». En postface, l'auteur s'interroge sur sa légitimité à raconter une enfance qui n'a rien de particulier, mettant en regard
Riad Sattouf ou
Marjane Satrapi. Au contraire, je trouve qu'il est précieux que soient mises en récit des histoires « ordinaires », qui témoignent d'une certaine façon de vivre en France dans les années 70-80. Cela m'a touchée de la même façon que les romans de
Nicolas Mathieu et sa manière d'appréhender le temps sur le mode du futur antérieur « ça aura été », la nostalgie est déjà là au moment où l'événement est vécu.