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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Remember,
Pour la fin du monde, Gérard Palaprat, Face B, "Svasti", je vous donne le La :
"Adrien le charpentier, qui vient faire rire à tous les banquets [...],
Ils ont dit Svasti, ils ont dit paix sur tous les êtres
Ils ont dit Svasti, ils n'étaient pas de grands prophètes."
Je vous passe pas tout le disque, mais l'idée centrale est cernée....Alors oui, cette Face B, je l'ai passée en boucle (faut peut être rappeler qu'a l'époque, c'étaient des 45t, et qu'il fallait encore se lever pour changer le disque...), bref, tout ça pour dire que mon Aîné s'appelle Adrien et son Cadet, Thibault, est Charpentier....comme le début de la chanson, Face B, que je passais en boucle....dingue non !? coïncidence !?
Alors j'en viens à Saramago, L'Evangile selon Jésus-Christ, je l'assimilerai bien à la Face B des Quatre évangiles (Matthieu - Marc - Luc - Jean) ; bon OK, je n'ai lu que Marc dont ses sept pains pour quatre mille hommes, l'inventeur du MARKetting koi ! Non, les Evangiles, bien que Chloe, ma fille,( la guitariste de Svasti, face B que je n'ai pas retranscrit en entier....) m'avait gentiment offert au Noël 2015, ne m'ont absolument pas converti, d'ailleurs je n'en ferai pas allusion dans Babelio, car sujet à trop de polémiques enflammées ....Mais le José, lui a su m'intéresser à cette histoire du petit Jésus, il a pu interpréter à sa façon les signes avant coureurs d'un futur Grand Homme....
Moralité : Tous les 25 Décembre, les Chrétiens et Jésus crient : Joyeux Noël
En 1998, le monde entier clamait Saramago prix No(B)el ......Noel. Nobel. Face B .Ad Libitum.
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Le parcours de vie de Jésus de Nazareth est abondamment relaté dans les évangiles, textes-phares du Nouveau Testament.
J'ai conservé d'une lointaine catéchèse le souvenir de textes empreints d'un mélange de mystère, de magie, de mysticisme. Les évangélistes Jean, Luc, Marc et Matthieu ont rédigé ces écrits sur la foi de témoignages peu ou prou similaires et leurs ressemblances tant sur le fond que sur la forme sont patentes.

L'Evangile selon Jésus-Christ” du Nobel portugais José Saramago, paru en 1991, permet de découvrir une interprétation différente de la vie du Fils de l'Homme.
J'en vois déjà qui rient sous cape, incrédules à l'idée qu'un communiste athée natif de la subversive région de l'Alentejo puisse avoir un quelconque avis en matière de spiritualité, puisse s'intéresser aux choses de l'au-delà, puisse s'embarquer dans Dieu sait quoi…

Saramago n'est pas le premier profane venu et son érudition impressionne. Un long repérage de cette terre de Galilée où vécurent Marie, Joseph et leurs neuf enfants lui a sans doute été nécessaire pour retranscrire avec autant de minutie l'ambiance de la bourgade de Nazareth avec sa population juive louant à longueur de journée le Seigneur pour ceci, pour cela et pour cela encore...
La région est de toute beauté , il ferait bon y vivre sinon que les légions romaines l'occupent et que les crucifiements à répétition plombent le moral des autochtones.
De la naissance de Jésus dans une grotte de Bethléem à sa mort sur la croix, Saramago explore les zones d'ombre de l'Histoire. En équilibre sur la crête des plausibilités, sans jamais se départir d'un humour subtil, il s'emploie à démystifier la vie de ce jeune homme à l'esprit sain dans un corps sain.

Le Vatican, au dogmatisme figé dans le marbre, s'est évidemment offusqué du fait que l'iconoclaste Saramago aborde avec naturel la sexualité du Christ. Pourtant la relation fusionnelle entre Marie de Magdala et Jésus est d'une sincérité émouvante, elle apporte de la crédibilité au roman et en constitue l'un des points forts.

José Saramago convie le lecteur à cheminer aux côtés d'un Jésus avançant avec circonspection vers sa destinée et ce serait péché de se priver de sa divine humanité.
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui lira ”L'Evangile selon Jésus-Christ” goûtera ici-bas à un moment de vraie félicité !
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Eh bien, voilà ! Je viens de lire ma première bible. J'en suis tellement heureuse que je doute, dès à présent d'en lire une autre plus brillante ou qui puisse me combler davantage. Je pensais dans ma jeunesse que croire ne pouvait finalement nuire à personne, soit qu'une telle démarche ne pouvait que tourner vers les autres, quelque esprit par trop individualiste, par exemple et sans dire, je suis athée, je disais à qui m'interrogeait, je crois en les hommes ; ceux de bonne volonté, de bon augure, cela va sans dire. Je me disais qu'un Dieu en valait un autre et dans un même principe, j'en restais là, m'accommodant des uns comme des autres, pourvu qu'ils ne me changeassent point et ni moi leurs adeptes. Entre ces lignes, il me suffit d'entrer comme on dit, dans la peau des personnages pour tenir ma devise et je dois dire ici, que je suis souvent le Diable, parfois Jésus, mais très rarement Dieu. Évidemment, il faut lire José pour savoir de quelle diablerie je parle, et pour autant se rendre compte que si l'un manque à sa vocation l'autre y pourvoit bien plus souvent qu'à son tour. Alors tout comme moi, ‘On' se questionne. Pourquoi Dieu manque-t-il régulièrement à sa tâche quand le monde va mal et que les hommes souffrent ? Est-ce à dire qu'il n'est pas d'homme sans Jésus tout comme il n'est pas de Dieu sans Diable… Soit, que tous comme un seul sont interchangeables, tantôt homme, dieu, diable. Il m'apparait alors et bien que ce ne soit promptement qu'une mienne apparition, qu'il en soit ainsi au quotidien, quand un homme, fut-il le meilleur à un moment donné, put être le même mais pourtant le pire ou le moins bon dans un autre temps, etc. Ce qui m'amène à penser comme un blasphème les multiples interprétations dites profanatoires sur les jugements portés sur telle ou telle de l'une des religions du monde, quand on sait que l'esprit voyage et que comme je viens de le dire il habite de multiples personnages. Censurons l'un ! nous condamnerons tous les autres, soit qu'après, aucune bible ne fut écrite…
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Voila un ouvrage qui sort vraiment de l'ordinaire a qui j'octroyerais bien la note de 10 super etoiles si je le pouvais.Ce livre,cette facon de concevoir la vie et le sacerdoce de Jesus m'ont epoustoufle!
L'air de rien,on ne ressort pas indemne (dans le sens positif)de ce genre de lecture,mais ca m'a fait beaucoup de bien!
Ces quelques jours de lecture que m'ont pris ce livre etait un voyage epoustouflant a travers la vie de Jesus;c'est comme si j'y etais,comme si j'etais juste a ses cotes et que je vivais en meme temps que lui les evenements et les echanges de discours.
Ces echanges verbaux,ces joutes oratoires sont etonnantes de par leur contenu,parfois risibles mais ô combien une prise de conscience de la realite de Dieu et du diable.
Dieu et le diable,parfaite dichotomie,insaississable mais aussi inseparable.
Ce que j'ai aime de la part de l'auteur est d'avoir avant tout considere Jesus comme un homme,un homme de chair fait de besoins et de desirs(qu'il assouvit).Une belle revenge sur cette "soi-disant" vie de celibat du Christ
A lire absolument,meme si c'est par pure curiosite litteraire
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Mais, tu n'es pas le Bon Dieu
Toi tu es beaucoup mieux
Tu es un Homme….. »
Jacques Brel (Le Bon Dieu)

Le premier roman que je lis de José Saramago.
Un auteur dont je savais qu'il était un « grand », aux prises de positions politiques parfois controversées, mais quand même, Prix Nobel de Littérature, excusez du peu, malgré tout le mal qu'on a pu dire du jury de ce Prix.

Voilà un roman qui sort de l'ordinaire et qui, derrière l'ironie et l'humour, nous livre une réflexion profonde sur les religions monothéistes, ainsi que sur les relations entre l'être humain et le Dieu qu'il est sensé adorer.

Voilà une vie du Christ racontée en développant beaucoup plus son enfance que dans les Évangiles chrétiens, et dont le récit s'arrête à la crucifixion, car ici, et cela fait sens, pas de résurrection, d'apparition aux disciples, d'ascension au ciel.

L'auteur tisse, avec ironie, humour, tendresse et cruauté, mais aussi une grande profondeur philosophique, un tout autre récit, certes reconstruit à partir de la trame des Évangiles, mais dont le sens est totalement différent.

Ainsi le père de Jésus, un charpentier nommé Joseph, va laisser faire le «massacre des Innocents », l'exécution dans la ville de Bethléem, sur l'ordre du roi Hérode de tous les bébés de moins de trois mois parmi lesquels figurerait un futur roi. Joseph fera cela pour préserver son fils qui vient de naître dans une grotte proche de la ville. Mais il vivra avec un insupportable sentiment de culpabilité, et sera poursuivi toute sa vie d'un cauchemar récurrent.

Ainsi, certains des événements que nous avons appris au catéchisme quand nous étions enfants sont cités, parfois sans beaucoup de modifications (Noces de Cana) mais le plus souvent avec une vision détournée (les pêches miraculeuses dans le lac de Tibériade par exemple) voire à l'opposé de ce que nous disent les Évangiles « officiels » (la mort de Lazare).

De tous les protagonistes de l'histoire, Dieu apparaît comme le plus impitoyable, cruel avec les humains, ayant choisi de faire de Jésus son fils pour étendre son pouvoir à toute l'humanité et non plus seulement au peuple juif. Son dialogue avec Jésus en présence du Diable au milieu du lac de Tibériade (une merveille!) nous montre son dessein, sa volonté de soumettre les humains en mettant en avant leur culpabilité, la nécessité pour eux de se repentir de leurs péchés, et aussi, que l'extension de son emprise sur le monde se fera au prix de grandes souffrances pour les humains.

Le Diable, que l'auteur nous décrit de façon ambiguë (est-il ange ou démon ?) se révèle en fin de compte le plus proche des hommes. C'est lui avec lequel, sans savoir qui il est, Jésus fera son apprentissage de berger, et fera preuve de compassion à son égard, c'est lui aussi qui demandera, sans succès d'ailleurs, à Dieu de lui pardonner.

Et Jésus dans cette histoire? Sa vie humaine, son chemin de vie, Saramago nous le montre, c'est celui d'un homme, qui, on pourrait dire, pour son malheur, va découvrir qu'il est celui qui a été choisi par Dieu, et même être son Fils. Et qui va essayer jusqu'au bout de comprendre de questionner cette destinée, et à la fin d'y échapper, en vain.

C'est ce parcours qui nous est décrit avec tant d'ironie, et tant d'humanité, depuis celui d'un enfant que sa mère Marie aura beaucoup de difficultés à comprendre, d'un adolescent accablé par le destin tragique de son père Joseph, et qui ira chercher des réponses en quittant sa famille et en se rendant à Jérusalem, qui deviendra berger au coté d'un Pasteur qui se révèlera être le Diable, qui connaîtra l'amour et la tendresse de Marie de Magdala, une prostituée qui changera de vie pour l'accompagner, et qui sera aussi sa conseillère pleine de perspicacité, et sa confidente. Et puis, il y aura toutes les belles rencontres humaines de Jésus, ces apôtres pêcheurs avec qui il travaillera, et puis Marthe la soeur de Marie de Magdala, et Lazare, et tous les miracles que Jésus accomplit sans le vouloir, en raison de sa compassion pour celles et ceux qui souffrent. Et enfin, un Jésus qui précipitera son supplice en se proclamant Roi des Juifs, et fils de l'Homme et non pas Fils de Dieu. Mais Dieu le rattrapera à la fin, en apparaissant dans le ciel pour le proclamer son Fils, et, Jésus comprenant qu'il a été leurré toute sa vie par Dieu, criera avant de mourir : « Hommes, pardonnez lui, car il ne sait pas ce qu'il fait », une inversion terrible de la phrase des Évangiles.

En toile de fond de ce roman, il y a pour moi un plaidoyer pour les humains que je partage, pour l'amour et la solidarité entre les humains, et un rejet du sentiment de culpabilité, de la notion de faute de l'Homme, du péché qui serait sa marque de fabrique. Et un rejet d'un Dieu tout puissant, sans âme et qui punit. Cette absence d'amour divin pour l'humanité, ça n'a pas plu aux catholiques portugais, surtout à la hiérarchie catholique, on le comprend, et on comprend que Saramago ait choisi de s'exiler aux Îles Canaries. Mais au moins, il n'y a pas eu de Fatwa contre lui.

Et tout cela est raconté avec tant de verve, avec ce style si particulier de Saramago, ces longues phrases rythmées seulement par des points et des virgules, ces discours qui se superposent, cette sorte de polyphonie des voix, y compris celle du narrateur qui intervient parfois. Mais ce n'est pas le chaos, au contraire cette écriture quasi-contrapuntique est sinueuse et fluide, et contrairement à d'autres lectrices ou lecteurs, j'ai beaucoup apprécié.
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Aucun point d'interrogation dans la ponctuation de Saramago mais sa narration ne cesse d'interroger le Dieu du Nouveau Testament comme il le fait du Dieu de l'Ancien Testament dans Caïn. Dans l'Evangile selon Jésus-Christ, l'auteur retrace le parcours de Jésus tout en étant sarcastique, ironique, à l'instar De Voltaire, qui s'amusait déjà comme tant d'autres à reprendre les passages de la Bible pour les déconstruire par la réécriture. Saramago dénonce Dieu le présentant comme un dieu de carnage, un dieu violent, sacrificateur, un dieu se délectant du goût du sang, se complaisant au massacre d'innocents,satisfaisant un désir insatiable, le présentant comme un dieu “païen” finalement. Jésus est en désaccord avec Dieu, il est la figure de celui qui se dresse contre le modèle parental, de celui qui ne nie pas, non, mais qui interroge, toujours, amenant ses interlocuteurs, comme Socrate, à rendre compte de leurs contradictions. Saramago reprend quelques passages clé du Nouveau Testament pour nous amener à une relecture des phrases les plus énigmatiques du texte fondateur, recréant ainsi du sens là où le sens se perd parce que les voies (voix) du Seigneur (Saigneur) sont impénétrables.
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Ouf!! Essoufflant notre ami Saramago.Quelle belle écriture! C'est mon premier Saramago et pas le dernier.Rarement ai-je vu une telle qualité d'écriture, j'ai été completement subjugué par la beauté du texte et par le traitement du sujet.Dans ce roman que je qualifie de philosophique j'ai rencontré une famille tellement plus humaine et plus sympathique que ce que nous a enseigné l'Église catholique. Je comprend que cette derniere ait crié au meurtre a la parution de cet évangile tres subversif dans lequel le Diable nous est plus sympathique que Dieu.J'ai aimé ce Jésus plus incarné que celui de la religion, j'ai aussi aimé voir Jésus se comporter comme un homme sexué. La rencontre ''au sommet'' dans une barque en plein brouillard est un vrai coup de génie. le dernier paragraphe du livre est un puissant coup de poing, Saramago transforme les derniers mots de Jésus en leur donnant un sens absolument inattendu mais tellement dans la logique du livre. Franchement, on ne sort pas indemne de cette lecture et c'est tant mieux. L'auteur nous invite a nous faire notre propre idée sur qui est Dieu et qui a été Jésus.Voila un livre qui fait appel a notre intelligence. Tout au long du livre les sujets de réflexion abondent mais les traits d'humour aussi. Bref, je me suis régalé et ce livre est un must,qu'on soit d'accord ou non avec l'auteur. Un bon mot aussi pour la traductrice car si la version francaise est si plaisante a lire, c'est qu'elle a accompli travail impeccable.
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C'est un chef-d'oeuvre dû à un libre penseur, prix Nobel de littérature. Ce livre, une forme d'évangile écrite comme un roman, ouvre beaucoup de sujets de réflexion. Il voit en Jésus un atout commercial pour relancer la religion monothéiste que dieu voudrait universelle face à la concurrence des nombreuses autres religions et de tous les dieux qui les composent. Pour ça, dieu n'hésite pas à s'associer avec le diable, son vieux complice de tous les temps et qui a pour intérêt commun d'agrandir le nombre de fidèles. En effet, si dieu est connu de tous, le diable aussi. Pour ça, dieu n'hésite pas d'utiliser le couple formé par Marie et Joseph et profite que tous deux s'accouplent pour insérer sa semence en Marie. Dieu crée Jésus dans le seul but de le sacrifier, afin que les hommes s'inventent une nouvelle religion dans laquelle dieu est le père de Jésus et que les humains voient en lui le père de toute l'humanité. Pour être certain que Jésus arrive à l'âge d'être sacrifié, il n'hésite pas de demander au diable d'être le mentor et le chaperon du jeune Jésus.
Il y là assez d'ingrédients pour choquer la majorité des croyants mais ce roman ouvre la porte à de nouvelles réflexions, quant à la vérité que possède les religions. Ce livre semble simplement nous rappeler que tous les livres saints ne sont jamais que des créations humaines, toutes aussi crédibles les unes que les autres et pourquoi pas que celle de Saramago?
Le style est propre à l'auteur. Des phrases longues, une ponctuation où la virgule et le trait servent à la fois de guillemets, de points. le livre demande un certain effort intellectuel à être lu mais au bout, il y a la récompense d'avoir passé un moment littéraire savoureux. En plus de la réflexion permanente que ce roman inspire, il est aussi jalonné d'humour, ce qui le rend également ludique à lire.
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"Quand la promesse du Seigneur s'accomplira en moi, vous serez obligés de croire à ce qu'on dira alors de moi" (P. 321) .....alors on nous a enseigné, parce que nous faisions ce que nos parents nous commandait, ce catéchisme, cette histoire de Jésus, de ses apôtres...
Une partie de notre enfance s'est passée sur les bancs des curés, à écouter ce catéchisme, à aller à la messe...c'était écrit, il fallait le croire...je ne suis sans doute pas le seul à avoir subi cette contrainte imposée depuis bien des générations à tous les gamins.
Oui, il fallait croire sans s'interroger et sans discuter ces Évangiles, subir ces rituels se répétant année après années, les Rameaux, le Vendredi-saint, Pâques, Pentecôte, Noël...la communion, la confession...Puis comme d'autres sans doute je me suis affranchi de ces obligations, affranchi de ce catéchisme...sans pour autant m'affranchir de cette morale.
Alors peut-être l'Enfer et ses flammes m'attendent pour l'éternité...je ne pourrai pas vous le raconter.
Au moins pour l'éternité, je pourrai y croiser certainement José Saramago, oeuvre du diable, puisque communiste convaincu, écrivain qui s'est permis, oh sacrilège ! de réécrire l'histoire de Jésus...une histoire gravée dans le marbre de la Foi. Saramago comme tant d'autres auteurs, grâce à leurs écrits nous permettent de nous interroger sans être aveuglés.
En décrivant ce quotidien de Jésus depuis sa naissance et ses interrogations humaines d'adulte, il donne également la parole à Joseph, oublié des Saintes Écritures, et nous le dépeint comme un homme hanté par sa culpabilité, une culpabilité jamais évoquée dans les Écritures...Et pourtant, Joseph averti par l'Ange de la volonté d'Hérode de tuer les nouveaux nés, a fuit lâchement pour sauver son fils de l'égorgement et a laissé massacrer les autres gamins du même âge, sans jamais prévenir leurs mamans...un silence qui en rappelle d'autres bien plus graves de l'Église au cours des siècles.
Jésus, fils de Dieu descendu sur terre fait homme ...c'est dit dans les Évangiles, c'est écrit par Saramago, qui nous explique cette conception, ce partage des semences humaine et divine, et qui donne à Jésus un coté encore plus humain.....Jésus qui vit, qui doute, Jésus amoureux de Marie Magdala, Jésus à la tête d'une fratrie de 9 gamins, Jésus et ses potes devenus ses apôtres...Jésus assez différent de celui qu'on nous a imposé. Cette histoire est, elle aussi, plausible.....c'est l'histoire de cette famille juive pauvre, vivant sous le joug des romains qui occupent cette terre, et fait régner l'ordre et le terreur en crucifiant pour un oui pour un non...
Oui, pourquoi pas?
Gamin, je n'avais pas lu, et je ne suis pas le seul l'intégralité du Nouveau Testament et encore moins l'Ancien Testament...Non ! des curés ou des bonnes soeurs nous faisant le catéchisme, épreuve imposée par mes parents, nous le racontaient et enjolivaient cette histoire, faisant peur à nos cerveaux de gamins en nous parlant de l'Enfer où nous cuirions pour l'éternité si....Si nous ne croyions pas, si nous ne respections pas ces Évangiles, si ...si...
Oui, Saramago iconoclaste a dépoussiéré cette histoire, nous en donne une lecture bien plus humaine, bien moins surnaturelle.
En la réécrivant, il nous force à nous interroger quant à cette histoire fondatrice d'une religion, et quant à sa morale retranscrites dans nos lois et nos vies. Cette histoire, comme toutes les histoires non écrites, s'est indubitablement déformée dans le temps.
Notre perception en sera différente, selon notre vécu personnel, selon nos parcours de vie, nos origines, et le catéchisme religieux ou non dans lequel nous aurons été élevés.
"Je savais que tu avais l'art d'embobiner les âmes et de les égarer, mais je ne t'avais jamais entendu débiter un discours pareil....." (P. 418)
Merci Monsieur Saramago, j'ai pris un grand plaisir à cette lecture...plus je vous lis, moins je suis perturbé par votre forme d'écriture. A bientôt
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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José Saramago. Il est à découvrir cet écrivain portugais, prix Nobel de littérature en 1998, récemment décédé. Je ne me doutais pas qu'il puisse exister un tel potentiel de jouissance littéraire, une telle jubilation à écrire et à lire. Et sur un sujet qui a priori n'évoque pas la distraction ou le divertissement. L'évangile selon Jésus-Christ, c'est l'histoire librement adaptée du fils de Joseph le charpentier et de Marie mais aussi Fils de Dieu lequel, ayant mélangé sa semence à celle du concepteur humain de Jésus, est sûr que c'est la sienne qui a généré le divin enfant. L'intrigue mêle dès lors plusieurs niveaux ou thèmes, entre la culpabilité de Joseph qui s'en veut de ne pas avoir empêché le massacre des Innocents, les rêves "héréditaires" du père et du fils nourrissant cette culpabilité, l'apparition de l'Ange annonciateur à Marie dont elle se demande s'il n'est finalement pas le Diable, lequel joue un rôle non négligeable de berger initiateur, mais occulte dans l'histoire de Jésus, les interventions de Dieu lui-même, ce débatteur qui est toute puissance, mais aussi interrogation et doute, les miracles (ou tours de passe-passe), les faits et gestes des apôtres, et puis et surtout l'histoire d'amour, physique et spirituel, inconditionnel en tous cas, entre Jésus et Marie-Madeleine. Ce livre, très beau, très fort, très drôle, magique, peut-être d'essence "fantastique", a été interdit à sa sortie au Portugal, comme blasphématoire, et on le comprend. Récit historique et fiction se mêlent, se mélangent à des discussions, assertions, sentences psychologiques ou philosophiques qui dessinent au final un vrai festin littéraire.
Un mot sur le style très particulier de l'auteur, et qui concourt à la beauté du texte : des phrases longues mais simples, des virgules, peu de points, des dialogues sans tiret, juste ponctués par des majuscules au début des tirades. Cela pourrait repousser. Au contraire ce style poétique et musical accroche.

Lien : http://bg.bg@orange.fr
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