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sur 2411 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On pourrait croire que La Nausée est une expérience du dégoût de soi appartenant à la vie. En réalité, elle est son opposé, c'est-à-dire une expérience du dégoût de la vie n'étant pas contenue en soi. On comprend d'autant mieux ce positionnement que le livre qui le décrit est le premier que publia Jean-Paul Sartre, lui libérant ainsi une voie royale pour se faire connaître. Avant la nausée ? Rage de n'être rien. Ecriture de la nausée. Après la nausée ? Digestion satisfaite de l'homme qui a commencé à s'affirmer dans l'existence. Et ce dernier mot nous en rappelle un autre : existentialisme, ô mon amour… en un roman à tendance autobiographique, on devine les raisons de la construction d'un système philosophique. Parce que Jean-Paul Sartre aura réussi à dépasser sa nausée, il imposera ensuite à tous de le faire sous peine d'être des hommes de « mauvaise foi ». Et pourtant, l'entreprise ne semble pas aisée. Il suffit de lire les pérégrinations d'Antoine Roquentin pour s'en rendre compte.


Le bonhomme mène une vie peu intéressante qui le trimballe de Bouville à Paris, essayant de renouer des liens avec une femme qui fut autrefois son amante, tandis qu'il s'attèle à la rédaction d'un livre historique traitant de la vie du marquis de Rollebon. Solitaire, plutôt désoeuvré, il a beaucoup trop de temps libre pour réfléchir. On sait jusqu'à quelles extrémités peuvent conduire l'inactivité… chez Antoine Roquentin, elle se traduit par des idées fixes, des spasmes et une phobie de la nausée. Cette dernière survient comme une crise épileptique : certains signaux permettent d'en soupçonner l'arrivée, sans pouvoir toutefois jamais être certain de la probabilité, de l'heure et du lieu d'attaque. Antoine Roquentin observe les objets et les gens jusqu'à se laisser hypnotiser par eux. Mais l'hypnose est maussade et le choc du retour à la réalité se traduit par le sentiment d'avoir compris intellectuellement l'existence des choses observées sans jamais pouvoir exprimer cette expérience de manière intelligible. Au lieu d'écrire La nausée, Wittgenstein aurait écrit : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire ». Mais Jean-Paul Sartre préfère parler.


Si l'on excepte ces tentatives ratées de descriptions impossibles, on avouera toutefois que certains passages brillent à décrire des sensations moins intellectuelles. Pour bien faire, Sartre n'hésite pas à former des paragraphes synesthésiques convaincants qui mettent en avant l'absurdité de nos croyances en une vie fondée une fois pour toute, et partant à jamais immuable.


« Sur tout ce que j'aime, sur la rouille du chantier, sur les planches pourries de la palissade, il tombe une lumière avare et raisonnable, semblable au regard qu'on jette, après une nuit sans sommeil, sur les décisions qu'on a prises d'enthousiasme la veille, sur les pages qu'on a écrites sans ratures et d'un seul jet. »


Entre quelques touches d'absurde dignes d'Ionesco (« Mon canif est sur la table. Je l'ouvre. Pourquoi pas ? de toute façon, ça changerait un peu »), on découvre une tendance à la vision organique et horrifique. le doute surgit : et si tout pouvait être autrement ? et si tout se mettait à vivre, vraiment ? Ce mélange audacieux aurait pu être convaincant si Jean-Sôl Partre n'était pas convaincu d'être le seul être humain sur terre –s'opposant à une humanité de bourgeois- à connaître le doute existentiel. Connaissant ce que devint l'homme des années après la publication de ce premier roman, n'est-il pas amusant de le lire rager contre ceux qui s'attirent la reconnaissance sociale et intellectuelle ? « Les magnifiques yeux gris ! Jamais le moindre doute ne les avait traversés » -et pourtant lui… et d'ailleurs, n'est-ce pas un privilège « bourgeois » de pouvoir contempler sa main et la décrire des pages durant jusqu'à faire surgir la nausée ?


Il serait toutefois dommage de cracher sur ce livre bourgeois qui s'amuse lui-même à cracher dans la soupe bourgeoise. le plus important est de reconnaître ses illuminations psychologiques, sa finesse des perceptions, et l'acuité d'une vision qui se précisera plus tard jusqu'à former un système philosophique et politique. Comme quoi, il y a toujours du bon dans le désoeuvrement.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Après ma critique de Huis Clos et les Mouches, qui fut ma première lecture de Sartre, il me semblait intéressant de poursuivre par son premier roman, de 1938, la Nausée.

En partie autobiographique, ce roman se déroule assez clairement dans la riante ville du Havre, dans des années 30 marquées par la crise de 29 et la montée des totalitarismes. Il prend la forme d'un journal, que le narrateur aurait retrouvé, incomplet, et dont il rend compte avec un détachement qui accroit le caractère morbide de la narration.

Ce roman met en en scène, sous la forme d'un journal, un homme ayant vécu, voyagé, et qui, n'y trouvant plus sens, se fait rat de bibliothèque, contraint au voyage immobile par un comportement d'anorexique mental. Roquentin, confronté à son vide intérieur et ayant cessé de compenser par un course extérieure, prend conscience du non-sens de sa vie, de la vie, et en conçoit... La nausée, sentiment morbide qui l'éloigne peu à peu de ses semblables et de lui-même, un peu comme dans le Horla ou la Métamorphose. Au départ donc, ce roman semble s'inspirer de l'univers de Kafka, du dégoût de Céline, et préfigurer l'absurde de Ionesco.

Mais La Nausée est bien avant tout l'une des premières oeuvres de Sartre, et donc l'un des tous premiers manifestes existentialistes, version négative de l'Etre et le Néant. Grâce à sa Nausée, Roquentin prend conscience du vide d'une vie d'apparence -celle vécu par les bourgeois honnis qui l'entourent-, mais aussi de la liberté fondamentale que constitue cette prise de conscience même. Si ni sa relation avec Anny ni ses échanges intellectuels avec l'Autodidacte -nouvelles distractions extérieures sans doute ? - ne parviennent à l'extraire de sa Nausée, c'est finalement l'écoute d'un morceau de jazz à la terrasse d'un café, et la vision d'un humain n'existant qu'à travers l'acte créatif, qui semblent consister en fin d'ouvrage un remède. Ainsi, si les "salauds" hédonistes sont définitivement exclus des espoirs sartriens, une autre forme d'humanisme semble se dessiner en fin de roman. le lecteur en sort provisoirement soulagé, car sentant bien que la réponse est un peu courte, et dans l'obligation morale de poursuivre le chemin philosophique de Sartre das ses oeuvres ultérieures, ou de bifurquer vers d'autres recherches de sens.

En conclusion, la Nausée rend compte d'une première intuition philosophique -mais déjà creusée depuis des années par l'auteur-, par le ressenti. Se situant dans une veine "dépressive" de l'expression littéraire reliant Céline à Houellebecq, l'ouvrage semble introduire la réflexion de Sartre d'abord par l'effacement des cadres convenus, et laisse le lecteur en suspens au bord du vide, avec un simple airbag dans les bras. A la différence d'ouvrages postérieurs plus intellectuellement construits, Sartre cherche à montrer sans ménagement, dans un style sobre et faussement détaché, mais surtout par le partage de perceptions et de sensations vraies, la contingence brute des choses et de l'être. Bien qu'on sente l'intention "professorale" derrière cette démonstration, il parvient, avec des mots simples et des images concrètes, non dépourvus d'une poésie empruntant à la fois au spleen Baudelairien et au surréalisme hallucinogène, à transmettre ce ressenti, et par suite, à faire partager sa quête de sens -et de non sens- au lecteur.

Comme pour de nombreux autres lecteurs, ce n'est pas mon ouvrage préféré de Sartre, parce que son théâtre est plus percutant et ses oeuvres ultérieures plus précises quant à sa pensée philosophique ; mais j'ai néanmoins apprécié cette version en négatif de l'Etre et le Néant, ainsi que son écriture romanesque, proche de Kafka et Huysmans.



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J'ai dû lire ce livre pour l'école il y a bien longtemps (dans la lignée 'je commente des livres que j'ai lu il y a un quart de siècle'). Je n'avais pas du tout aimé.
En rapportant le livre à la bibliothèque, le responsable m'a suggéré l'idée que je n'étais pas prête pour l'apprécier. Il m'a conseillé de le relire plus tard.
Quelques années plus tard, je suis passée devant à la bouquinerie et j'ai repensé à cette conversation et je l'ai ramené à la maison.
J'ai été très étonnée. J'ai eu l'impression de lire un livre que je n'avais jamais lu et j'ai beaucoup aimé.

De là à relire tous les livres que je n'ai pas aimé... faut pas pousser mémé dans les orties!

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Jean-Paul Sartre est philosophe , romancier et dramaturge .Il est ,aussi, un métaphysicien , un moraliste et un observateur informé des faits sociaux .Pour l 'approcher et cerner sa pensée , il y a comme une double entrée : celle du philosophe à travers l''Etre et le Néant , l'' Imaginaire et Situations , et celui du critique littéraire à travers les œuvres de fiction ,romans et théâtre .La pensée de Sartre ne sera comprise ici que dans la forme où elle s ' exprime par la littérature .Et comme exemple ,dans ce dernier cas ,on s 'intéressera à son célèbre roman La Nausée .Ce dernier est le premier roman du philosophe .Sa parution date de 1938 ."La Nausée" ,c'est le mouvement de dégout qui envahit un être conscient lorsque , d 'une part , il sent l 'épaisseur de son existence et de l 'existence des choses et , d 'autre part ,découvre le fortuit ,l 'inexplicable de toute existence .
Dans ce livre le narrateur ,Roquentin , un jour ,dans le Jardin public de Bouville ,est en proie comme d 'habitude à la nausée ..A ce moment ,il a connu un de ces instants de clairvoyance où un homme réussit à s 'expliquer ses états profonds ; et voici ce qu 'il écrit dans son journal :
"Tous ces objets ....comment dire ? Ils m 'incommodaient ; j 'aurais souhaité qu 'ils existassent moins fort , d 'une façon plus sèche , plus abstraite avec plus de retenue .Le marronnier se pressait contre mes yeux .Une rouille verte le couvrait jusqu 'à mi-hauteur ;l 'écorce noire et boursouflée ,semblait de cuir bouilli .Le petit bruit d 'eau de la fontaine Masqueret se coulait dans mes oreilles et s 'y faisait un nid ,les emplissait de soupirs ;mes narines débordaient d 'une odeur verte et putride ...Dans un autre monde ,les cercles ,les airs de musique gardent leurs lignes pures et rigides .Mais l 'existence est fléchissement .Des arbres ,des piliers bleu de nuit ,le râle heureux d 'une fontaine ,des odeurs vivantes de petits brouillards de chaleur qui flottaient dans l 'air froid ,un homme roux qui digérait sur un banc : toutes ces somnolences ,toutes ces digestions ,prises ensemble ,offraient un aspect vaguement comique .Comique ...Non : ça n 'allait pas jusque-là ,rien de ce qui existe ne peut être comique ;c 'était comme une analogie flottante ,presque insaisissable,avec certaines situations de vaudeville .Nous étions un tas d 'existants gênés ,embarrassés de nous-mêmes, nous n 'avions pas la moindre raison d' être là ,ni les uns ni les autres ;chaque existant ,confus ,vaguement inquiet , se sentait de trop par rapport aux autres .De trop : c 'était le seul rapport
que je pusse établir entre ces arbres ,ces grilles ,ces cailloux, .De trop le marronnier ,là ,en en face de moi , un peu sur la gauche .De trop ,la Velléda ...Et
moi -veule ,alangui ,obscène ,digérant, ballotant de mornes pensées -moi aussi, j 'étais de trop . le malaise ,ici, de se sentir de trop dans un monde sans raison ni finalité ,quoi de plus déprimant ?
On est en plein dans l 'Absurde .Pour s 'en sortir ,une fois qu ' on pris conscience de ce non-sens de l 'existence ,J.Paul Sartre opte dans un premier temps pour l 'ART ! Comme la musique du saxophoniste par exemple .Mais après ,il opte pour l 'engagement politique et être Témoin de son temps et prendre acte dans l 'Histoire Humaine!
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L'existentialisme sartrien en pratique, comme quoi, l'art romanesque est tout aussi apte à la philosophie que l'essai. Ce roman, sous la forme d'un journal et même du genre policier, nous conte l'investigation à laquelle s'adonne Roquentin sur les origines de cette nausée. Une « maladie » existentielle, ce n'est rien de moins que la prise de conscience de la contingence qui prend les allures d'une névrose. Cette prise de conscience de l'infini des possibles, de notre liberté, une condamnation qui s'exprime à travers l'angoisse existentielle.

Antoine Roquentin, c'est un peu la personne désabusé par la vie, célibataire, ne trouvant plus de sens à rien. Ne supportant plus cette bourgeoisie factice, cette vie d'idoles mensongères et de voyage sans intérêt, il s'éloigne du monde et plonge dans la solitude. Il n'est plus reconnu par les autres, son rapport aux objets et au monde change, il ne ressent plus rien à part cette nausée, une nausée qui est un peu comme son seul lien à la réalité.

Un lien entamé par son travail, il souhaite écrire une biographie sur M. de Rollebon. Un travail qui détruit ce lien, il contemple le flou factuel qui entoure notre vie, l'échec de la recherche de la vérité sur ce personnage historique. Une recherche qui s'exprime à nouveau par la contingence de l'existence, considérée comme l'absence de raisons rationnelles dans la détermination de ce qui existe ou non.

Ce qui mène Roquentin à finalement rejeter la notion même de passé. A la fin, seul l'écriture d'un roman permet de lui faire accepter la vie. L'art comme but, d'autres ont été plus loin, englobant l'imagination et tout support qui permet de la partager ou de créer. de toute manière, c'est une réponse à la vie qui n'a pas attendu Sartre pour être découverte. Peu novateur mais plaisant à lire même si certains passages sont ennuyeux...
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Paru en 1938, « La nausée » reste un classique à (re-)découvrir. Il questionne notre relation au monde et la notion de liberté face à notre destin.

Loin du schéma habituel d'un roman, Sartre nous propose de suivre le journal des impressions quotidiennes d'un anti-héros, Antoine Roquentin, historien de son état. Celui-ci réside temporairement dans une obscure ville de province, le temps de rédiger la biographie du Marquis de Rollebon. Roquentin voit son environnement immédiat se modifier. Sont-ce les composantes de la réalité qui évoluent de façon tout à fait indépendante ou est-ce la perception qu'il a des choses qui se modifie?

En général, nous avons une perception fonctionnelle et émotionnelle de ce qui nous entoure. L'intérêt de « La nausée » réside dans la confrontation de la vue que nous avons du monde et de celle du personnage. Roquentin prend conscience de l'existence indépendante et de la vacuité de ce qui l'entoure : objets, personnages et composantes de ceux-ci. Cela le ramène à la vacuité de sa propre existence et à la vanité de son projet d'écriture.

Il s'agit ici du premier roman de Sartre. Il constitue une première approche du concept d'existentialisme. Concept qu'il affinera par la suite au travers de différents ouvrages, textes philosophiques, romans ou pièces de théâtre. L'existentialisme reste considéré par ses détracteurs comme une vision du monde négative et désespérée. Hors, et on le vérifiera à la fin dans « La nausée », il conduit par définition à la liberté et à l'optimisme. L'homme n'est pas victime de son destin mais est son destin lui-même. Il est intéressant de noter que le passage du désespoir de la vacuité des choses à une optimiste prise de conscience de sa propre liberté, se produit dans les dernières pages du roman. A propos d'un nouveau projet d'écriture, Antoine Roquentin nous dit alors: « Mais il viendrait bien un moment où le livre serait écrit, serait derrière moi et je pense qu'un peu de sa clarté tomberait sur mon passé ».

En est-il de même pour notre vie et ses projets ? Vacuité des choses et désespoir ? Ou optimiste ouverture du champ des possibles ? A chacun d'en tirer ses propres conclusions. Mais l'oeuvre ne pourra laisser indifférent. Même le choix de ne pas lire le roman ou de le délaisser constituera un acte intimement lié à ce questionnement. Mais dans quelque cas que ce soit, même s'il peut être abrupte à aborder, « La nausée » reste un incontournable à lire ou même simplement à feuilleter au moins une fois dans sa vie. de plus - et peut être surtout -, il peut être une invitation à découvrir toute la nébuleuse inspiratrice et créatrice autour du concept d'existentialisme. Depuis les autres oeuvres de Sartre à celles de Camus en passant, par exemple, par Simone de Beauvoir ou Boris Vian.

A vous, je vous souhaite un bon questionnement !
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La Nausée, Jean-Paul Sartre, 1938. Histoire qui prend aux tripes, que je ne peux m'empêcher de comparer anachroniquement à Houellebecq. Bien que le style soit radicalement différent, il s'agit bien d'explorer l'absurdité de l'existence et d'en vomir les faux semblants.
J'ai particulièrement apprécié la réflexion sur la racine du marronnier et le questionnement sur la réalité et l'existence qui en découle (Plus sur Instagram)
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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La Nausée, je l'ai commencé avec appréhension, pensant relire dix fois chaque phrase avant de la comprendre. Et finalement non, ce fut une agréable surprise, Sartre a un beau style d'écriture, assez accessible. Ce livre se lit vite, on se laisse prendre au jeu. Au fil de la lecture, au contact d'Antoine Roquentin, homme solitaire, sont abordés les thèmes de la solitude, des buts de la vie, des angoisses. A lire.
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La nausée est le premier roman de Sartre, il y a mis beaucoup de lui, et il y évoque ses premières théories sur l'existentialisme.
Le roman est le journal d' Antoine Roquentin, un jeune homme d'une vingtaine d'année qui travaille à un roman sur la vie d'un certain Marquis. Antoine éprouve peu à peu du dégoût pour tout, tout le monde et surtout pour lui même. Alors il retranscrit par l'écriture son mal être, son mal de vivre et se pose beaucoup de questions... et aboutit à une découverte : il existe comme tout ce qui l'entoure. Alors, commence pour lui une réflexion sur l'existence.
Très beau roman philosophique et roman d'initiation.
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Ce livre pose selon moi les bases de la philosophie sartrienne. C'est un premier roman et, plus généralement, un premier livre, il en possède donc les avantages et les inconvénients.
Je ne vais pas m'étendre sur l'histoire, l'ouvrage étant considéré comme un classique, celle-ci a du être résumée de toutes les manières et dans toutes les langues ; ce qui, je pense, est pertinent, c'est plus de vous donner mon impression.


Je connaissais Sartre et sa pensée d'assez loin, m'intéressant à la philosophie depuis quelques années maintenant, il est difficile -étant français qui plus est- de ne pas entendre son nom ou lire celui-ci au détour d'une vidéo ou d'un livre. J'en connaissais donc les grandes lignes, la liberté totale, "l'existence précède l'essence", la nécessité de s'engager ; mais je n'avais jamais plongé réellement dans l'oeuvre, si ce n'est par une lecture rapide et distraite des Mots, que je n'avais d'ailleurs que peu apprécié. Il est compliqué d'aborder cette pensée lorsque l'on est convaincu que sa base, la liberté totale et absolue, n'existe pas -Essai sur le libre arbitre ; les fondations manquant, il est difficile pour le bâtiment de se tenir debout, mais cela n'empêche pas d'explorer le schéma de son intérieur.
Le style est intéressant sans être brillant, quelques belles envolées lyriques, sans pour autant être irréprochable, certains passages sont lourds. Mais cette lourdeur est peut-être volontaire, la description et la sensation de la routine étant quelque chose de primordiale dans ce livre.
Le moment où l'auteur commence à ressentir son existence et celle de ce qui l'entoure est également très bien mené, ce sentiment dépasse largement les pages que nous tournons pour s'infuser dans notre esprit. L'on se met également à ressentir tout ce qui nous entoure, à palper ce livre, à se ressentir pleinement ; cette partie est vraiment une réussite.
L'engagement est d'une importance primordiale chez Sartre, cela étant, le roman est bien pratique, car il permet de l'éviter, de plaider la fiction. Notamment lorsqu'il traite Nietzsche d'imbécile, je ne connais pas encore suffisamment l'homme, sa vie et son oeuvre, pour savoir s'il a ensuite répondu de cette insulte, mais elle m'a marqué et mérite que je m'y intéresse davantage !


En conclusion, c'est un bon livre dont j'ai apprécié la lecture, mais qui n'est qu'une mise-en-bouche. le format du roman n'est selon moi pas adapté pour exprimer clairement une pensée, il permet de préparer cette assimilation, mais ne se suffit pas à lui-même, ce n'est qu'un tâtonnement.
J'ai donc maintenant la ferme intention de m'intéresser davantage à Sartre et à son oeuvre, dont, même si je n'épouserai sans doute jamais totalement les idées, il est difficile de faire l'impasse, car il a régné sur le monde intellectuel européen et donc -à l'époque- mondial comme très peu voire aucun autre.
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