Il s'appelait
Jean-Paul, il s'appelait Albert… Ils étaient tous les deux écrivains, philosophes, romanciers, dramaturges, journalistes et hommes de communication…
Il s'appelait
Jean-Paul, il s'appelait Albert…Tous les deux se sont penchés sur les problèmes du temps (du leur et puis du nôtre et puis de tous les temps) en cherchant à comprendre l'Homme plongé dans une condition absurde, cherchant par quel moyen surtout, en sortir.
Il s'appelait
Jean-Paul, il s'appelait Albert…Portant leurs idées au roman et au théâtre, ils ont mis leur philosophie à la portée des plus réfractaires…
Il s'appelait
Jean-Paul, il s'appelait Albert… Pendant la guerre, ils ont tous deux choisi l'action, et ont participé, avec la Résistance, à la libération du monde...
Il s'appelait
Jean-Paul, il s'appelait Albert…L'un eut le pris Nobel, l'autre n'en voulut pas…
Ces deux-là auraient pu être jumeaux, si ce n'était leur différence d'interprétation sur le fond de leur pensée (encore que leur réflexion de base soit assez voisine) : après s'être connus et appréciés ils se sont opposés, et même affrontés. Leur engagement, total et sincère, prolongement de leur pensée, ne pouvait qu'être divergent.
«
La Nausée » est le premier roman de
Jean-Paul Sartre. L'auteur n'avait pas prévu un titre aussi prosaïque : il pensait plutôt à « Melancholia » en référence à un tableau de Dürer, représentant un personnage écrivant, avec un regard à la fois perdu et cherchant quelque chose dans l'infini. L'éditeur (Gallimard) l'invita à réfléchir sur un autre titre.
C'est l'histoire d'Antoine Roquentin. Il s'est installé dans la petite ville de Bouville (
Le Havre) pour écrire un essai historique sur un obscur personnage du XVIIème siècle. Mais voici qu'il est envahi par une sensation étrange : « ça s'est installé sournoisement, peu à peu, je me suis senti un peu bizarre, un peu gêné, voilà tout ». Puis, ça se gâte : il ne voit plus que la laideur des choses, tout, les choses et les gens, tout devient « répugnant », il en a la « nausée ». Cherchant à comprendre la cause de ce malaise, il fait une introspection et découvre que son dégoût est un dégoût de l'existence. « L'existence » est en effet le mot clé. « Aucun être nécessaire ne peut expliquer l'existence… c'est l'absolu, par conséquent la gratuité parfaite… Quand il arrive qu'on s'en rende compte, ça vous tourne le coeur et tout se met à flotter… voilà
la nausée ». Pour vaincre sa « nausée », Antoine doit assumer son existence. Fort de cette certitude, il se sent libre. Libre, mais seul. « Mais cette liberté ressemble un peu à la mort ». Et surtout il n'efface pas l'impression (et là aussi la certitude) que tout est « de trop » : « Nous étions un tas d'existants gênés, embarrassés de nous-mêmes, nous n'avions pas la moindre raison d'être là, ni les uns ni les autres, chaque existant, confus, vaguement inquiet, se sentait de trop par rapport aux autres … Et moi, moi aussi, j'étais de trop ».
«
La Nausée » possède en germe tous les ingrédients qui trois ans plus tard, donneront «
L'être et le Néant » ; manifeste de l'existentialisme sartrien.
Ce premier roman (qui sera suivi l'année suivante par «
le Mur »), fait entrer
Sartre dans le cercle des grands écrivains, des grands romanciers et des grands philosophes.