"L'asile n'avait jamais été qu'un lieu de tortures. Un lieu d'indicibles désespoirs et d'atroces souffrances."
Initialement publiées en 6 épisodes, il faut imaginer le supplice des lecteurs de l'époque, tenus en haleine de façon magistrale, et forcés de patienter plusieurs mois dans l'expectative jusqu'au final.
C'est pourtant cette sérialisation de l'histoire qui fait son point fort, se construisant petit à petit, les pièces du puzzle s'imbriquant parfaitement jusqu'à mener le lecteur ensorcelé à la macabre vérité qui se cache derrière les murs de l'ancien asile.
Horreur et suspense se mêlent dans ce sombre univers captivant et addictif.
Blackstone, petite bourgade prospère sortie tout droit de l'imaginaire de
John Saul, qu'il a créé pour son premier roman ; "
Que souffrent les enfants", devient ici le théâtre d'une terrifiante malédiction.
Les familles s'y côtoyant depuis plusieurs décennies, accumulant au fil des ans secrets ignominieux et honteux non-dits, vont devoir maintenant faire face au fantôme du passé et pour certaines, se confronter à un bien funeste destin.
"Les ceintures de contention, les camisoles de force, les bains et douches glacés, les lobotomies préfrontales étaient monnaie courante..."
L'asile de Blackstone, qui fut le lieu d'horribles "thérapies" visant à "soigner" des personnes faibles d'esprits, mais aussi de vrais fous dangereux, et qui surplombe de son écrasante masse colossale la ville, sera donc le point d'orgue de cette intrigue fantastique.
Les moyens employés alors causant d'irréversibles ravages sont aujourd'hui bannis.
L'antique bâtiment a depuis longtemps clôt ses portes et est aujourd'hui destiné à la démolition en vue d'être remplacé par un centre commercial.
"L'asile de Blackstone.
Tout au long de la vie d'Oliver - et de celle de tous les gens de Blackstone -, l'imposant édifice (...), s'était dressé au sommet de la colline la plus élevée de la ville. Ses hautes fenêtres aux volets fermés étaient orientées vers Blackstone ; même ainsi, l'asile ne paraissait pas abandonné, mais plutôt endormi.
Endormi. Comme s'il allait se réveiller un jour."
Malheureusement, de troublants incidents vont engendrer la peur au sein de la petite ville. D'étranges "présents" se retrouvent "offert" aux protagonistes du projet de démolition de l'asile, causant de mystérieux, voire mortels phénomènes.
Olivier Metcalf, journaliste aux Chroniques de Blakstone, va enquêter sur ce fléau, devenant ainsi le témoin d'effrayants coups du sort qui semblent tous liés à l'antique bâtisse fuligineuse que hante désormais une bien sinistre silhouette...
"Cet observateur silencieux, à la cape flottant sur les épaules, pouvait sentir la peur suintant de chaque foyer, et il en éprouvait des frissons de plaisir. (...) Une terreur dont il était le génial architecte."
Les chroniques de Blackstone... quelques citations émaillant ces épisodes serviront ma propre chronique mieux que leurs résumés...
Episode 1 : La poupée (titre original : AN EYE FOR AN EYE - THE DOLL)
"L'enfant se mit à crier, à trépigner, puis s'effondra en larmes sur le lit, mais rien n'y fit. L'infirmière sortit de la chambre en emportant la poupée, que l'enfant ne reverrait plus jamais.
Et à l'extérieur de l'asile, de l'autre côté de ses murs épais, personne ne reverrait plus jamais l'enfant."
"Le plus "innocent" des cadeaux, une poupée de porcelaine, était arrivé sur le pas de leur porte, envoyé par un expéditeur anonyme. La petite Megan avait aussitôt serré contre son coeur la poupée - sans savoir qu'elle faisait ainsi pénétrer le Mal dans sa maison."
Episode 2 : le médaillon (titre original : TWIST OF FATE - THE LOCKET)
"- Qu'est-ce qu'elle a ? demanda-t-elle. Pourquoi ne bouge-t-elle pas ?
- Psychose paranoïaque, répondit-il d'un ton professionnel (...) Elle pense que si elle reste parfaitement immobile, ses "ennemis" ne pourront pas la voir."
"- C'est l'oeuvre du Diable !"
Episode 3 : le briquet (titre original : ASHES TO ASHES - THE DRAGON'S FLAME)
"La flamme vacilla, puis s'éteignit.
Bientôt - très bientôt - elle jaillirait de nouveau.
Et à ce moment-là, le dragon tuerait."
"Hypnotisée par ces yeux rubis, elle entendit une voix lui dire ce qu'elle devait faire."
Episode 4 : le mouchoir (titre original : IN THE SHADOWS OF EVIL - THE HANDKERCHIEF)
"Un beau mouchoir de lin, bordé de dentelle délicate, sur lequel était joliment brodée une initiale unique.
Cette initiale guiderait le précieux cadeau jusqu'à sa cible, aussi sûrement qu'une flèche tirée d'un arc."
"Ah ! Impossible de rappeler ! Ses souvenirs semblaient lui échapper tels des lutins espiègles, ponctuant leur partie de cache-cache de rires sardoniques."
Episode 5 : le stéréoscope (titre original : DAY OF RECKONNING : THE STÉRÉOSCOPE)
"Les traits déformés par la rage, le garçon banda ses muscles.
- Tu ne peux rien contre nous, dit l'un des infirmiers. Tu ferais mieux de ne pas résister."
"Aujourd'hui, il avait au moins la satisfaction - fût-elle cruelle - d'avoir situé la source de ses
hantises."
Episode 6 : L'asile (titre original : THE ASYLUM)
"Et cependant, quelque chose avait changé.
Quelque chose allait arriver.
Quelque chose de terrible."
"...aucune serrure ni aucun blindage n'offrait de protection à un ennemi né de l'intérieur."
5 étoiles plus que méritées !
Pour terminer, je tiens à remercier sincèrement celui sans qui je n'aurais peut-être jamais découvert ce livre, je parle de Greg 320i, critique de talent et d'exception ;)
Sans tes conseils avisés et enrobés de ce réel besoin qu'est de partager les choses que l'on aime, et sans cette capacité à transmettre l'envie et la curiosité qui te caractérisent à mes yeux de lectrice, je serais probablement passée à côté de cette succulente pépite que j'ose qualifier de chef d'oeuvre. Encore merci.