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Éric Hazan (Traducteur)
EAN : 9782358720069
96 pages
La Fabrique éditions (12/03/2010)
3.7/5   20 notes
Résumé :
L'éditeur new-yorkais propose des pistes pour sauvegarder l'indépendance de l'édition, de la presse ou du cinéma. Ces solutions ont en commun de pouvoir être appliquées rapidement sans ruiner les finances publiques. Elles nécessitent des décisions politiques, mais pas nécessairement gouvernementales. Régions et municipalités ont un rôle à jouer pour contrebalancer les néolibéralismes nationaux.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'achète des livres.
Beaucoup de livres, souvent.
Trop pour mes déménagements, pas assez à mon goût, autant que le permettent mes finances.
Car oui, ma bibliothèque est un budget, elle a un coût (qui se multiplie avec la location d'un appartement pouvant la contenir). Je fais partie de ces personnes qui accumulent du papier (au pire ça fait isolant) tout autour d'eux.
L'argent et les mots nous parle du voyage de cet argent, du fonctionnement actuel du monde de l'édition, en une centaine de page, ce petit traité est clair et efficace ! Je vais essayer de vous en donner un aperçu mais il le fait TELLEMENT MIEUX que je vous conseille vraiment de foncer vous le procurer ! Il est paru chez La fabrique et s'il n'est pas en stock votre libraire devrait pouvoir le commander sans problème.

largent-et-les-mots.jpgCet argent part donc de mes poches et file dans les mains de mes libraires adorés… et surtout dans les poches de « l'éditeur ».
Dans cet ouvrage il n'est pas question du petit indé (coucou Matière grasse, désolée MicroLibrary) c'est pas de vous dont il est question) qui tourne à flux tendus. Ce modèle « familial » s'il est évoqué est vite abandonné pour nous parler des Groupes. Ces cétacés gigantesques qui concentrent depuis des années quasiment toutes les maisons entre les mêmes mains, celles de l'espagnol Planeta ou du français Hachette par exemple.

En soi, pourquoi pas, ainsi va le monde me direz-vous !
Moi, ça me chiffonne parce que je rêve de travailler comme éditrice-sérigraphe indépendante, mais ce n'est pas le cas de la majorité, et puis « il faut bien vivre ma bonne dame ! »…

OUI mais NON (et pas seulement parce que les livres c'est la vie)

Ces groupes ont des actionnaires, qui possèdent également d'autres types d'industries, qui rapportent plus que l'édition, ils aimeraient que tout ça s'aligne gentiment et que leur maisons rapportent les 10 à 15% exigés…
Sauf que :

on ne produit pas des godes mais des livres,
les auteurs sont lents,
le papier coute cher, que les collectionneurs le préfèrent épais, en accord avec le propos ou simplement improbable,
l'impression est un casse-tête entre offset à l'étranger, imprimerie française chère, tirages exceptionnels à la main,
les livres se vendent sur un LONG temps : n'avez-vous jamais acheté un ouvrage paru il y a des années, trouvé dans un recoin de librairie? Il n'a pas compté dans le chiffre d'affaire immédiat de la société et pourtant il a fait votre bonheur !
J'en passe, vous avez compris.
Pour atteindre ces chiffres ils se focalisent donc sur une production standardisée, consommable. On est ainsi inondé de « Young Adult » et de « polars de l'été ». Quand une petite maison, pour survivre, a besoin de se démarquer, une grosse a besoin de faire du chiffre (quantité, qualité, tout ça). Alors voir que même des éditeurs universitaires intègrent cette logique, ça fait mal au coeur. Au mien du moins.

Sur ce constat Schiffrin arrive à la rescousse : le bateau coule ? Sortez les canaux de sauvetage !
Le CNL aide à la traduction, les collectivité locales se mettent en quatre pour soutenir l'effort des petits, les gens reprennent les rotatives ! Aux encres Citoyens !
J'exagère mais il y a de ça : tout n'est pas perdu tant que le livre est une affaire de passionnés : il suffit de voir la scène florissante du fanzine. Nombre de Bibliothèques, malgré leurs impératifs de rentabilité (oui en bibliothèque, même là, ce concept moisi s'installe) relèvent les manches et achètent des livres « hors cadres » les proposent, les mettent en avant, organisent des événements…

Le gouvernement fera peut-être à son tour quelque chose, comme il a été capable de lever les boucliers pour protéger les libraires il y a quelques années ? après tout la ministre de la culture est éditrice…

J'ai lu ce livre sur les conseils de mes professeurs, messieurs, je ne vous connais pas encore, mais j'aime vos conseils !
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Pour celles et ceux qui s'intéressent aux livres, André Schiffrin est connu pour son essai « L'édition sans éditeur ». Il y racontait notamment la main-mise de quelques grands groupe sur le monde de l'édition, transformant les livres en un produit commercial comme les autres. Mais aussi des moyens de résister, puisque lui-même a dirigé pendant des années Panthéon Books, une maison d'édition américaine indépendante.

L'argent et les mots » est une sorte de suite de ce premier bouquin. On y retrouve les mêmes thèmes : la main-mise toujours plus grande de groupes industriels sur le secteur du livre (en fait sur la culture de façon générale : ciné, presse…). Les pratiques qui y sont associés : plus-value sur la vente de maisons de livres, exigence de retours sur investissements disproportionnés, casse des salaires, etc. Mais, aussi, il donne un tas de piste pour y résister, notamment en comparant et développant les « bonnes idées » qui se pratiquent en Europe et USA.

Un bouquin un peu daté car il a déjà quelques années, mais encore très intéressant pour comprendre le danger que représente le capitalisme appliqué au monde du livre.
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Avec ce tout petit livre, on a l'impression de visiter le musée de l'édition sous la houlette d'un guide passionné, fin connaisseur de son patrimoine. C'est qu'André Schiffrin, fils du fondateur de la collection La Pléiade (dont Françoise Giroud se souvient avoir reçu le premier volume consacré à Baudelaire en cadeau de demande de mariage par Jacques Schiffrin lui-même) s'y connaissait bien, très bien, même. C'est à lui qu'on doit cette formule qui caractérise le monde de l'édition aujourd'hui : l"édition sans éditeur" (1999). D'une immense exigence intellectuelle, A. Sciffrin nous laisse entrevoir grâce à certaines anecdotes tirée de on expérience l'évolution de l'édition (la disparition de la substantifique moëlle au profit d'une intellectuelle mais rentable indigence, là est le vrai problème ... non la dématérialisation du livre.) Bref, c'est assez pessimiste, mais très éclairant, et quoique ce petit livre soit paru en 2010, il porte un regard historique et économique toujours d'actualité.
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101 pages pendant lesquelles André Schiffrin nous livre les secrets inavouables du monde de l'édition. Publié en 2010, cet ouvrage reste toujours d'actualité !
à lire, si l'on veut comprendre ce monde de requins.
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De nombreuses pistes pour travailler à la sauvegarde d'une diversité culturelle élitiste de masse.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/24/note-de-lecture-largent-et-les-mots-andre-schiffrin/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Lors de la parution de L’Édition sans éditeurs en France il y a une dizaine d’années, la réaction de la presse fut unanime : la situation que je décrivais dans le monde anglo-saxon était certes critique et tout à fait regrettable, mais une telle évolution était impossible au pays de l’exception française, où la diversité culturelle fait partie intégrante du système. Pour dire la vérité, la réaction en Espagne, où le livre parut quelque temps après, fut sensiblement la même. Aujourd’hui, ceux qui ont lu le livre me reprochent d’avoir été trop optimiste. C’est que la situation actuelle est bien pire que ce que je dépeignais, pire même que ce à quoi je m’attendais. Car je pensais moi aussi que dans la situation française, le poids des deux grands groupes, Hachette et Vivendi, pourrait rester heureusement équilibré par le troisième groupe, celui des indépendants, assez puissant et influent pour tenir face à la pression des conglomérats et à la tendance à la mondialisation.
Quelques années plus tard, dans Le Contrôle de la parole, je décrivais les premières phases de l’écroulement du vieil édifice. Par une ironie de l’histoire, c’est la décision prise en 1998 par la Générale des Eaux de devenir, sous le nom de Vivendi, un grand groupe de communication et de divertissement lancé dans le jeu de la mondialisation, qui entraîna sa chute et ébranla tout le système. Les achats de studios de cinéma et de maisons d’édition américaines menés par le PDG de Vivendi, Jean-Marie Messier, furent particulièrement malencontreux. Alors qu’il savourait ses louanges chantées par la presse aux États-Unis comme en France et coulait des jours heureux dans son appartement sur la 5e avenue, son empire ne tarda pas à s’écrouler. Il avait acheté pour 2,2 milliards d’euros Houghton Mifflin, grande maison d’édition de Boston. Il fut obligé de la revendre en perdant quelque 700 millions d’euros, somme colossale dont la presse française ne fit guère mention. Si Messier avait enjoint à toutes ses maisons d’édition de ne plus publier que de la poésie et des romans difficiles, jamais elles n’auraient pu perdre ne serait-ce qu’une petite fraction d’une telle somme.
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L’une des raisons qui rendent si intéressante l’évolution de l’édition dans le monde, c’est qu’elle représente un véritable microcosme des sociétés où elle se produit et des effets entraînés par le capitalisme. Techniquement parlant, il n’y a guère de raison pour que l’édition aujourd’hui soit très différente de celle du XIXe siècle : jusqu’à une époque récente, elle suivait d’ailleurs le modèle artisanal traditionnel, assez proche de l’entreprise décrite par Balzac dans Les Illusions perdues. Plus important encore : l’édition était considérée comme un métier et non comme un business. Ceux qui s’intéressaient vraiment à l’argent ne choisissaient pas la carrière d’éditeur. S’il fallait évidemment que les éditeurs gagnent assez d’argent pour continuer à produire, ils n’espéraient pas tirer de leur entreprise des profits fabuleux.
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Lors d’un récent passage à Rome, j’ai été frappé par l’énorme différence entre les livres proposés dans une grande chaîne comme Mondadori et ceux que l’on trouvait dans une librairie indépendante. Il n’y avait pratiquement rien de commun entre les deux. Dans les grandes chaînes, on ne voyait que très peu – voire pas du tout – de titres « exigeants » (demanding). En revanche, on y trouvait les derniers best-sellers, à prix cassés. A New York, quand la grande chaîne Barnes and Noble a ouvert un magasin juste à côté d’une des dernières librairies indépendantes, la librairie St. Mark, ses propriétaires étaient légitimement inquiets. Mais quand ils ont regardé de près l’offre de leur nouveau concurrent, ils ont constaté qu’on n’y trouvait que 4 % des livres de leur propre stock.
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"Le monde des mots dans sa relation avec l'argent subit les grands changements qui ont transformé nos pays et nos cultures. Mais ces changements ne sont pas forcément définitifs. D'autres voies sont possibles, et c'est à nous de les choisir et de les suivre."
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Vidéo de André Schiffrin
Quel destin pour la littérature dans le monde numérique ? .Conférence du mardi 19 juin 2012Nous vivons dans un monde numérique, nous lisons de plus en plus sur écran. Si les effets de cette révolution sur la lecture sont souvent commentés, nous n'avons pas encore pris la mesure de ses conséquences sur l'écriture, sur notre écriture numérique. de quoi sera faite la littérature dans vingt ans, lorsqu'elle sera entre les mains des générations qui auront appris à lire, écrire et compter sur écran?Avec la participation de :Antoine Compagnon, Collège de France ;Nathalie Heinich, sociologue, directrice de recherche du CNRS ;André Schiffrin, éditeur franco-américain, auteur de L?argent et les mots et de L'Édition sans Éditeurs ;Denis Zwirn, président de Numilog.Débat animé par Catherine Escrive, journaliste.
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