Une lecture audio très agréable ! Et pourtant, faire lire sa propre oeuvre à un auteur est à double tranchant : on se dit que ce dernier connaît bien son oeuvre, mais un auteur n'est pas pour autant la meilleure personne pour mettre en valeur son livre : il n'est pas comédien et il ne mesure pas toujours la portée de sa création.
Cependant,
Eric-Emmanuel Schmitt accomplit parfaitement ce travail. Sans doute parce que l'essentiel de ses nouvelles repose sur la narration davantage que sur les dialogues. Par ailleurs, bien qu'il dise lui-même qu'il n'est pas ses personnages, il embrasse assez bien leur psyché.
J'ai beaucoup apprécié la chronique des mariages parallèles présentée dans "
les deux messieurs de Bruxelles". Mon petit côté voyeur (ou curieux ?) a apprécié de connaître l'intimité d'un couple homosexuel : j'ai trouvé leur mariage très romantique, la stabilité de leur couple va à l'encontre des idées reçues et j'ai été touchée par leur intérêt pour la famille fondée par l'autre couple.
L'idée selon laquelle le chien confère une humanité, dans la nouvelle "Le chien", m'a beaucoup plu car, pour moi aussi, mes animaux sont plus que de simples accessoires de compagnie.
La nouvelle "Ménage à trois" m'a moyennement intéressée, peut-être parce que la thématique du mari décédé, toujours omniprésent auprès de sa veuve pourtant remariée, ne me touche pas particulièrement. Toutefois, la fin a redonné beaucoup de cachet à ce récit apparemment anodin.
Je ne vais pas poursuivre l'analyse de chacune des nouvelles de cet ouvrage, mais je préciserai que j'apprécie assez la problématique générale, à savoir les vies cachées, les vies intérieures, ce qu'on n'avoue pas mais qui sous-tend nos actions.
De plus, chaque fois que j'ai cru prévoir la suite, j'ai été surprise. En effet,
Eric-Emmanuel Schmitt va toujours plus loin dans son analyse que ce que j'imagine au départ.
Je conseille donc la lecture, ou l'écoute ?, des Deux Messieurs de Bruxelles, à ceux qui s'interrogent sur le fonctionnement intérieur de l'humain.