AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B0014MK4F4
Editions Traditionnelles (30/11/-1)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Ce livre remarquable s'adresse à tous ceux qui veulent avoir de l'histoire de notre humanité une compréhension vraiment 'scientifique' - au sens ancien du terme - et en même temps intuitive. Mettant brillamment en application les principes métaphysiques, spirituels et cosmologiques présentés par René Guénon - surtout dans ses deux livres La crise du monde moderne et Le règne de la quantité et les signes des temps - Frithjof Schuon jette un regard profondément intell... >Voir plus
Que lire après Regards sur les mondes anciensVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le meilleur livre de Frithjof Schuon.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il faut réagir contre le préjugé évolutionniste qui veut que la pensée des Grecs soit « parvenue » à tel niveau ou à tel résultat, c’est-à-dire que le ternaire Socrate-Platon-Aristote serait le sommet d’une pensée toute « naturelle », som­met atteint après de longues périodes d’efforts et de tâtonnements ; c’est l’inverse qui est vrai, en ce sens que le dit ternaire ne fait que cristalliser assez imparfaitement une sagesse primordiale et en soi intemporelle, d’origine aryenne d’ailleurs et typologiquement voisine des ésotérismes celti­que, germanique, mazdéen et brahmanique. Il y a, dans la rationalité aristotélicienne et même dans la dialectique so­cratique, une sorte d’« humanisme » plus ou moins apparenté au naturalisme artistique et à la curiosité scientifique, donc à l’empirisme ; mais cette dialectique déjà trop contingente - n’oublions cependant pas que les dialogues socratiques relèvent de la « pédagogie » spirituelle et ont quelque chose de provisoire - cette dialectique, disons-nous, ne doit pas nous amener à attribuer un caractère « naturel » à des intellections qui sont « surnaturelles » par définition même, ou « naturellement surnaturelles ». En somme, Platon a expri­mé en un langage déjà profane des vérités sacrées - langage profane parce que plus rationnel et discursif qu’intuitif et symboliste, ou parce que suivant dans une trop large mesure les contingences et humeurs du miroir mental -, tandis qu’Aristote a placé la vérité même, et non seulement l’ex­ pression, sur un plan profane et « humaniste » ; l’originalité de l’aristotélisme est sans doute de donner à la vérité un maximum de bases rationnelles, ce qui ne va pas sans l’amoindrir et ce qui n’a de sens qu’en présence d’une régression de l’intuition intellectuelle ; c’est une « épée à double tranchant », précisément parce que la vérité semble être désormais à la merci des syllogismes. La question de savoir si c’est là une trahison ou une réadaptation providen­tielle nous importe peu, et on pourrait sans doute y répondre dans un sens comme dans l’autre(1) ; ce qui est certain, c’est que l’aristotélisme, par ses contenus essentiels, est encore beaucoup trop vrai pour être compris et apprécié par les protagonistes de la pensée « dynamique » et relativiste, ou « existentialiste », de notre époque. Cette pensée mi-plébéienne, mi-démoniaque se trouve dès ses prémisses en contradiction avec elle-même, puisque, dire que tout est relatif ou « dynamique », donc « en mouvement », c’est dire qu’il n’existe aucun point de vue qui permette de le consta­ter ; Aristote avait du reste parfaitement prévu ce contre­sens.

(1) Pythagore, c’est encore l’Orient aryen ; Socrate-Platon n’est plus tout à fait cet Orient - en réalité ni « oriental » ni « occidental », cette distinction n’ayant pas de sens pour l’Europe archaïque -, mais il n’est pas encore tout à fait l’Occident, tandis qu’avec Aristote l’Europe com­mence à devenir spécifiquement « occidentale » au sens courant et culturel du terme. L’Orient - ou un certain Orient - fait irruption avec le Christianisme, mais l’Occident aristotélicien et césaréen finit par l’em­porter, pour échapper en fin de compte et à Aristote et à César, mais par le bas. Faisons remarquer à cette occasion que toutes les tentatives théologiques modernes de « dépasser » l’aristotélisme ne peuvent que tendre vers le bas, étant donné la fausseté de leurs motifs implicites ou explicites ; ce qu’on recherche au fond, c’est une capitulation élégante devant le scientisme évolutionniste, devant la machine, le socialisme activiste et démagogique, le psychologisme destructeur, l’art abstrait et le surréalisme, bref le modernisme sous toutes ses formes - ce moder­nisme qui est de moins en moins un « humanisme » puisqu’il se déshumanise, ou cet individualisme qui est de plus en plus infra-individuel. Les modernes, qui ne sont ni des pythagoriciens ni des védantins, sont assurément les derniers à pouvoir se plaindre d’Aristote.
Commenter  J’apprécie          30
La doctrine des védantins est incontestablement la métaphysique par excellence ; elle transmet toutes les vérités essentielles, mais il se peut que celle des Soufis soit plus explicite sur un point, à savoir le « pourquoi » ou le « comment » de la projection du « jeu divin ». Les hindous déclarent volontiers que Mâyâ est inexplicable ; les musulmans, eux, insistent au contraire sur le « motif divin » de la création, c’est-à-dire que « J’étais un trésor caché, J’ai voulu être connu(1) et J’ai créé le monde »(2) : le monde est une « dimension » de l’infinitude de Dieu, s’il est permis de s’exprimer ainsi. En d’autres termes : si Allâh n’avait pas, parmi d’autres qualités, celle d’« extériorité » (Ezh-Zhâhir), Il ne serait pas Dieu ; ou encore : Lui seul a la capacité d’introduire la réalité dans le néant(3).

Il est vrai que les qualités divines opposées - telles que l’« extériorité » et l’« intériorité », la « justice » et la « miséricorde », le « pardon » et la « vengeance »(4) - sont elles-mêmes déjà du domaine de Mâyâ, sans quoi il n’y aurait pas opposition, mais elles n’en expriment pas moins chacune un mystère de l’Essence ou du suprême Soi ; car tous les aspects divins, tant extrinsèques qu’intrinsèques, sont solidaires en vertu de l’unité de l’Essence.

(1) Ou «J’ai voulu connaître », c’est-à-dire en mode distinctif et dans la relativité.

(2) Hadîth qudsî.

(3) Une telle façon de s’exprimer peut paraître logiquement absurde, mais sa fonction intellectuelle et sa portée métaphysique - analogues à la notion tout aussi contradictoire du point géométrique - n’échappera pas à nos lecteurs habituels.

(4) Mais non les qualités simples ou non complémentaires, telles que l’« unité », la « sainteté », la « sagesse », la « béatitude ». Ces qualités appartiennent à l’Essence, et c’est notre manière de les dissocier - et non leur nature intrinsèque - qui relève de Mâyâ. La « sagesse » est dans la « sainteté » et inversement, tandis que les qualités opposées telles que la « rigueur » et la « clémence » sont irréductibles et irréversibles.
Commenter  J’apprécie          30
Quand nous regardons autour de nous, que voyons-nous ? Premièrement, de l’existence ; deuxièmement, des différences ; troisièmement, des mouvements, des modifications, des transformations ; quatrièmement, des disparitions. Tout ceci manifeste un état de la Substance universelle : c’est à la fois une cristallisation et une rotation, une pesanteur et une dispersion, une solidification et une segmentation. De même que l’eau est dans la glace, et le mouvement du moyeu dans la jante, de même Dieu est dans les phénomènes ; il est accessible en eux et à partir d’eux ; c’est tout le mystère du symbolisme et de l’immanence. Dieu est « l’Extérieur » et « l’Intérieur », le « Premier » et le « Dernier ».(1)

Dieu est la plus aveuglante des évidences. Toute chose a un centre ; donc l’ensemble des choses - le monde - possède également un centre. Nous sommes sur la périphérie de « quelque chose d’absolu », et ce « quelque chose » ne peut pas être moins puissant, moins conscient, moins intelligent que nous. Les hommes croient avoir de la « terre ferme » sous les pieds et posséder une puissance véritable ; ils se croient parfaitement « chez eux » sur terre et s’attribuent beaucoup d’importance, alors qu’ils ne savent ni d’où ils viennent ni où ils vont et qu’ils sont tirés à travers la vie comme par une corde invisible.

Toutes les choses sont limitées. Or qui dit limitation, dit effet, et qui dit effet, dit cause ; c’est ainsi que toutes les choses, par leur limitation autant que par leurs contenus, prouvent Dieu, Cause première et partant illimitée.

(1) Noms divins koraniques : Ezh-Zhâhir et El-Bâtin, El Awwal et El-Akhir.
Commenter  J’apprécie          30
La science moderne, qui est rationaliste quant au sujet et matérialiste quant à l’objet, peut nous situer physiquement, et d’une façon approximative, mais elle ne peut rien dire sur notre situation extra-spatiale dans l’Univers total et réel. Les astronomes savent à peu près où nous nous trouvons dans l’espace, à quel « endroit » relatif, dans quel bras périphérique de la Voie Lactée, et ils savent peut-être où celle-ci se situe parmi les autres poussières d’étoiles ; mais ils ignorent où nous sommes dans l’« espace » existentiel : à savoir dans un état de durcissement et au centre ou au sommet de celui-ci, et en même temps au bord d’une immense « rotation », laquelle n’est autre que le courant des formes, l’écoulement « samsârique » des phénomènes, le panîa rhei d’Héraclite. La science profane, en voulant percer à fond le mystère des contenants - l’espace, le temps, la matière, l’énergie - oublie celui des contenus : elle veut expliquer les propriétés quintessentielles de notre corps et le fonctionnement intime de notre âme, mais elle ignore ce qu’est l’intelligence et l’existence ; et par conséquent, elle ne peut pas ne pas ignorer - vu ses principes - ce qu’est l’homme.
Commenter  J’apprécie          30
S’il est « naïf » de croire - parce qu’on le voit ainsi - que la terre est plate et que le ciel avec les astres tourne autour d’elle, il n’est pas moins « naïf » de prendre le monde sensible pour le seul monde, ou pour le monde total, et de croire que la matière - ou l’énergie si l’on préfère - est l’Existence comme telle ; ces erreurs sont même infiniment plus grandes que celle du système géocentrique. En outre, l’erreur matérialiste et évolutionniste, nous l’avons dit, est infiniment nocive - la cosmologie primitive et « naturelle » ne l’est à aucun degré -, ce qui montre bien qu’il n’y a aucune commune mesure entre l’insuffisance de l’ancienne cosmographie et la fausseté globale - nous ne disons pas « partielle » - de cette science prométhéenne et titanesque dont le principe nous a été légué par la décadence grecque.

Et ceci est caractéristique des ravages du scientisme et de sa psychologie particulière : si l’on fait remarquer à un progressiste convaincu que l’homme ne saurait supporter psychologiquement l’ambiance d’une autre planète - on parle d’y créer des colonies en cas de surpeuplement terrestre -, il répondra sans sourciller qu’on va fabriquer un homme nouveau ayant les qualités requises ; cette inconscience et cette insensibilité relèvent déjà de l’inhumain et du monstrueux, car en niant ce qu’il y a dans l’homme de total et d’inaliénable, on bafoue l’intention divine qui nous fait être ce que nous sommes, et qui a consacré notre nature par le « Verbe fait chair ». Tacite se moquait des Germains qui tentaient d’arrêter un torrent avec leurs boucliers ; ce n’est pourtant pas plus naïf que de croire à l’émigration planétaire, ou de croire à l’installation, avec des moyens purement humains, d’une société humaine définitivement satisfaite et parfaitement inoffensive, et continuant indéfiniment à progresser. Tout cela prouve que l’homme, s’il est forcément devenu moins naïf pour certaines choses, n’a pourtant rien appris quant à l’essentiel, pour dire le moins ; la seule chose dont l’homme livré à lui-même soit capable, c’est de « faire les péchés les plus anciens de la manière la plus nouvelle », comme dirait Shakespeare. Et le monde étant ce qu’il est, ce n’est sans doute pas commettre un truisme que d’ajouter qu’il vaut mieux aller naïvement au Ciel que d’aller intelligemment en enfer.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Frithjof Schuon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frithjof Schuon
Frithjof Schuon - On his Philosophy
autres livres classés : religionVoir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}