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EAN : 9782867466694
320 pages
Liana Lévi (05/04/2013)
3.45/5   30 notes
Résumé :
À Yedikule, un des plus anciens quartiers d’Istanbul, quatre jeunes épris de liberté cherchent leur place dans une société figée depuis le coup d’État de septembre 1980. La condition des femmes et des minorités, les conventions sociales, l’oppression politique: tout leur pèse. Sema la rêveuse voudrait entrer à l’université. Salih l’apprenti menuisier cherche à perpétuer son art là où il a grandi tandis qu’Hasan le musicien aimerait faire vivre le sien sur les routes... >Voir plus
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Du coup d'État de 1980 au séisme de 1999, deux décennies dans la vie des habitants de Yedikule, un quartier d'Istanbul.
Le roman suit notamment quatre jeunes, filles et garçons, et leurs voies vers la vie d'adulte.
C'est sous la dictature qu'ils grandissent : un père est prisonnier politique, une des filles choisira la clandestinité révolutionnaire…
Elle sait de quoi elle parle, Pinar Selek, dans son roman largement autobiographique : accusée à tort de terrorisme, elle a été emprisonnée, torturée, puis libérée ; elle a émigré en France où la justice turque la poursuit toujours. Son énième procès, après de multiples condamnations, acquittements, re-condamnations, aura lieu en juin 2024.
On sent qu'elle a souhaité, dans ce livre, illustrer les différentes prises de position dans la société turque.
Et en même temps, elle a voulu décrire la vie de quartier et la solidarité des habitants, face à la pauvreté et la précarité.
Et puis aussi s'interroger sur les choix que l'on fait et les renoncements.
Mais tout ça, ça fait beaucoup.
Elles sont touchantes, ces amitiés ; ils sont émouvants, ces liens qui se nouent et se dénouent.
Mais il m'a été difficile de suivre le parcours de tous les personnages, trop nombreux (j'en ai compté treize cités en une page et demie) et dont on finit par perdre le fil.
Et pour ma part, quand il faut revenir maintes fois en arrière pour me souvenir de qui est qui, et qui est la mère de celle-ci, et avec qui habite celui-là… eh bien j'ai du mal.

Traduit par Sibel Kerem.
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Quelle vie que celle de Pinar Selek ! Persécutée en Turquie, exilée en France, cette militaire acharnée des droits de l'homme, au sens le plus large, a écrit un premier roman qui n'a pourtant rien d'autobiographique. La maison du Bosphore, sur deux décennies, depuis le coup d'état militaire de 1980, s'attache à la destinée de deux hommes et de deux femmes, liés entre eux par l'amitié et/ou l'amour. Leur devise : "Il nous reste une demi-espoir." Entre répression féroce, privation des libertés et oppression des minorités, le tableau est accablant. Pinar Selek lui oppose la solidarité, l'humanité et les rêves d'ailleurs. La résistance, également, mais le désenchantement progressif d'Elih, sans doute le personnage le plus proche du coeur de la romancière, montre une perte de confiance dans une utopie inatteignable par la lutte clandestine. le récit est porté par un style poétique et réaliste à la fois qui excelle dans la description minutieuse d'un quartier déshérité d'Istanbul, Yedikule, et de sa population disparate : kurdes, arméniens, turcs. Lorsqu'elle a présenté son livre dans les librairies françaises, Pinar Selek se faisait accompagner d'un instrument de musique, le doudouk, qui occupe une place importante dans son roman. Comme il unit plusieurs peuples, il représente le symbole d'une fraternité à laquelle s'efforce de croire l'auteure. L'art comme "arme" contre tous les asservissements. Tant qu'il reste un demi-espoir.
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« La maison du Bosphore » Pinar Selek (319p, Liana Levi).
C'est, sur une vingtaine d'années après le coup d'état militaire sanglant de 1980 en Turquie, l'histoire de vie de quelques jeunes stambouliotes On suit Salih, l'apprenti-menuisier réservé, très lié à son maître-artisan ; Hasan, musicien qui rêve d'horizons nouveaux et lointains ; Elif, la fille d'un pharmacien progressiste qui a connu les geôles de la dictature, et qui, elle, choisit la voie la plus radicale de la clandestinité ; et Sema ; jeune fille qui déploie ses efforts pour entrer à l'Université. Autour d'eux, les familles, les voisins, liés ou déchirés, se débattent entre espoirs et pauvreté, rires et deuils, solidarités ou amitiés profondes et petites ou grandes bassesses, dans différents quartiers populaires d'Istanbul, en particulier à Yedikule.
Le début du roman est un peu une suite sans liens, des éclats de vie qu'on a du mal à rassembler, on peine à trouver le fil conducteur d'un scénario ; il faut donc un peu de temps pour s'habituer aux personnages et à ce rythme assez lent, toute la première partie du livre est très descriptive de la société et de ses soubresauts, ce qui en soi est quand même déjà très intéressant. Puis la dimension dramatique et romanesque s'étoffe, l'histoire de ces jeunes gens se déploie et nous emporte, on se lie à eux, à leurs amours, leurs révoltes, les désirs, leurs espérances. On partage la situation des femmes, si souvent humiliées, celle des Turcs les plus pauvres et des populations de différentes cultures (Arméniens, Juifs, Kurdes, Grecs…), qui parfois se serrent les coudes dans des climats de solidarité chaleureuse, ou parfois tombent dans la violence meurtrière des manipulations xénophobes. Et l'on voit Istanbul l'immense, l'autre personnage central du roman, une mégalopole morcelée et infinie qui bouge, parfois secouée de ses tremblements de terre, ses vielles et pauvres maisons, ses rues animées, ses petit métiers (et l'on pense à Ohran Pamuk, bien sûr). La vie y est d'autant plus dure que le « petit peuple » est assujetti à la dictature, que les aspirations à plus de justice et la soif d'ouverture sont la cible des exactions policières récurrentes.
Un livre généreux, réaliste et poignant, avec une chute délibérément assez optimiste (une utopie un peu « fleur bleue », et c'est peut-être l'autre limite de ce roman), et beaucoup de pudeur dans l'écriture : les émotions sont là mais sans voyeurisme ni excès démonstratifs. Un beau roman.
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Sociologue turque en exil à Strasbourg, Pinar Selek signe ici son premier roman où elle nous raconte son pays, la Turquie. Elle nous invite plus précisément à le découvrir à partir d'un vieux quartier animé par des personnages émouvants qui vivent modestement à Yedikule (Istanbul). Ils sont pauvres. Ils sont humbles. Ils essayent de vivre dans un pays qui peine à leur offrir une heureuse vie. Ils tentent la survie. Ils se démerdent. Ils font avec ce qu'ils ont. Ils font avec leur solidarité et leur fraternité pour échapper au désespoir de la misère et de la pauvreté. Les jeunes essayent de trouver des débouchés, travaillent pour vivre leur liberté, rêvent et imaginent ... avec ou sans espoir. Et dans ce pays à l'histoire tragique, ils se cherchent éperdument. Leurs vieux espèrent pour eux. Une vie meilleure forcément.

Le régime politique turc, on le sait, n'est pas tendre. Il réprime férocement celles et ceux qui ne sont pas d'accords. Ils sont de gauches, arméniens, kurdes, homosexuels. Ils sont ces minorités qui troublent l'homogénéité nationale tant recherchée. Ils sont les parias de la République de Turquie. Et ils prennent vie dans cette histoire racontée par la militante pacifiste. Pinar Selek dessine, en effet, un quartier lumineux, chaleureux qui brille par sa bienveillance et son humanisme. Il abrite des gens de gauche, des Arméniens, des Kurdes, des Grecs, des pauvres, une prostituée; des gens qui n'ont pas de mal à vivre ensemble; qui s'unissent par un lien profond, d'amitié et de fraternité quand ailleurs on essaye de les opposer, on s'amuse à les mépriser et les réprimer. Yedikule est, ici, le quartier où la solidarité est le lieu de résistance des plus opprimés.

Ce roman émeut. Il émeut par l'écriture tendre de Pinar Selek. L'auteur a, pour ses personnages, une affection, une amitié. Elle les tient, on le sent, en respect. Elle est douce, avec eux. Elle est caressante, attendrissante. Mais elle est malheureusement sans surprise. Et c'est là le défaut de ce livre. J'ai, en effet, rencontré dans ce livre tous les exclus de la République de Turquie que j'étais certaine de retrouver. Je sais les champs d'études de la sociologue, je sais qu'elle s'intéresse aux oubliés et réprimés et je n'avais, de ce fait, aucune difficulté pour annoncer, au cours de ma lecture, le prochain déshérité que j'allais rencontré. Pas de faute, pas d'oubli, j'ai retrouvé Pinar Selek dans ce roman. Sans surprise. Dommage pour la lectrice que je suis.
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Istanbul, 1980. L'histoire se déroule entre Yedikule, un des plus anciens et aujourd'hui des plus pauvres quartiers de la ville, et Bostanci, quartier plus cossu de la rive asiatique, sorti de terre pour engranger les populations issues des vagues d'exode rural. On suit les trajectoires de quatre adolescents turcs, Sema, Salih, Elif et Hassan, tous différents par leurs personnalités et leurs rêves mais réunis par leur désir de liberté et d'affranchissement des conventions sociales et du poids politique, dans une Turquie des années 80 marquées par un coup d'état militaire et les très vives tensions entre nationalistes et communistes. Salih, apprenti menuisier, cherche à perpétuer son art, Sema se bat pour entrer à l'université, Hassan, musicien, aimerait partir découvrir le monde tandis qu'Elif s'engage dans la voie périlleuse de la politique en entrant dans la clandestinité.

Le livre suit le destin de ses quatre personnages et de leurs proches de 1980 à 1991, en se découpant en trois périodes: 1980-1984, 1986-1988 et 1988-1991.

Je ne connaissais Pınar Selek que de nom et j'étais très impatiente de lire son oeuvre la plus connue et l'un de ses seuls romans, la plupart de ses publications étant d'ordre sociologique.

Pınar Selek est née à Istanbul, y a grandi, a fréquenté un des lycées français de la ville avant d'étudier la sociologie jusqu'au niveau Master à Istanbul. Fille d'un avocat qui a passé quatre ans et demi en prison suite au coup d'Etat de septembre 1980, ses travaux sociologiques portent sur les groupes opprimés. Elle a notamment travaillé sur les prostituées, les transsexuels, les enfants de rue et les kurdes, autant de sujet qui fâchent beaucoup en Turquie, d'autant plus dans la Turquie des années 1980 et 1990. Pratiquant la méthode sociologique de l'observation longue durée en immersion, Pınar acquiert une connaissance presque intime des groupes minoritaires qu'elle étudie, et notamment du groupe kurde, connaissance qui lui vaudra d'être arrêtée une première fois en 1998 et de subir la torture pour ne pas avoir voulu lever l'anonymat des répondants à ses enquêtes. Accusée par la suite d'avoir collaboré à une tentative d' attentat dans le bazar aux épices d'Istanbul, elle est embarquée dans un imbroglio judiciaire toujours en court qui la contraint à l'exil en 2008. Elle vit depuis 2011, en France, à Strasbourg, où elle poursuit une thèse sur les mouvements d'émancipation en Turquie.

Avec le bagage politique et académique de l' auteur je m'attendais à aimer, voire adorer ce livre, et je l'ai acheté sans hésiter et sans consulter aucun avis sur Internet ou autre. Et bien j'aurais dû, car le premier mot qui me vient à l'esprit en pensant à ce livre est « déception ». L'histoire se veut grouillante de personnages, un peu à la manière des fables orientales, sauf qu'ici le rendu est plutôt brouillon. La structuration en trois chapitres, pourquoi pas mais j'ai eu du mal à cerner, en lisant, l'intérêt du découpage. L'histoire avance très lentement au fil des 318 pages, la plume n'est pas assez belle pour que l'on s'accroche et, au final, on s'ennuie…J'ai trouvé que l'un de seuls intérêts du livre pour un lectorat étranger est le contexte du début du livre, à savoir le coup d'Etat de 1980 et les trois années de dictature militaires qui l'ont suivies, pendant lesquelles la torture et les arrestations fortuites étaient monnaie courante. L'opposition droite/gauche, nationalistes/ communistes qui frappe le monde entier à cette époque est d'autant plus prégnante en Turquie, où la terreur règne dans les rues et où la clandestinité et les assassinats de militants de gauche sont très fréquents. En ce sens mon parcours « préféré » est celui d'Elif, car l'auteur décrit bien les motivations qui poussent la jeune fille, son processus d'entrée dans la clandestinité et son mode de vie.

Pour finir, un livre tout de même sympathique qui se lit sans problème mais où vous risquez de vous ennuyer. C'est long, trop long et le message que l'auteur veut faire passer se dilue au fil des pages. ce n'est pas un horrible livre, mais pas un que je recommanderais non plus.
Lien : https://lasocietedeslivres.w..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Avant il faisait bon vivre ici. Le son des cloches de l'église avait un sens, nos voisins chrétiens nous invitaient à les rejoindre. On s'entendait bien, on se souhaitait toutes les fêtes religieuses, on s'apprenait des chansons les uns aux autres...
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C'est bien de vivre à Istanbul. Ici, tout le monde est étranger. Les Arméniens, les Grecs, les Juifs....Certes, il n'en reste pas énormément...Mais les Kurdes sont nombreux.
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C'était difficile de garder la tête froide. A Paris, chacun se surveillait, avait une foule d'obligations. A l'époque, un mouvement arménien armé avait vu le jour ; ses militants attaquaient les consulats turcs. Dans ce climat de règlement de comptes, ils ne faisaient que se consumer eux-mêmes. "Tu deviens leur sujet. Si tu pars, ils te brûlent, si tu restes, ils te grillent. Et si tu prends un vent contraire, tu es perdu. Le feu s'éteint, tout n'est que débris brûlés et odeur de plastic. A en avoir la nausée."
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Ma vie à moi ne m'apporte que de la peine. Les feuilles à l'intérieur de moi se détachent et tombent. Je m'efforce de me souvenir du temps où elles étaient vertes. Sans y parvenir.
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Les routes des uns se séparent, celles des autres se rejoignent, dégagées ou ombragées, linéaires ou sinueuses. A chaque pas de nombreux choix s'offrent aux voyageurs. Certains le voient, d'autres non.
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