"Par la fenêtre du wagon, j'aperçois, dans le paysage qui défile à une allure vertigineuse des gens qui s'enfuient, effrayés par le monstre de feu et d'acier qui m'emporte vers Saulieu, d'où je posterai cette lettre qui vous parviendra dans cinq jours. Nous nous connaissons depuis quatre ans à peine, mais depuis qu'au mois de mars, vous m'avez laissé embrasser votre main, mon coeur tressaute d'impatience.Pouvez-vous me dire (répondez-moi à Madrid, que j'atteindrai, c'est inouï, dans moins d'une semaine) si je puis espérer qu'un jour nous célébrerons nos fiançailles. Nous sommes en juillet. Réfléchissez. Donnez moi votre réponse dans les premiers mois de l'année à venir. Je sais que ce délai est bref. Je ne veux pas vous affoler, Elisabeth, mais que voulez-vous, nous sommes entrés dans l'ère de la vitesse, et je suis un homme de mon époque."
André mon amour perdu.
Douloureuse séparation! Mais c'est gentil d'avoir laissé une adresse. J'étais anéantie. Je ne pouvais pas faire un geste. Je te revois, accoudé au bastingage quand on a relevé la passerelle. Je revois tes gestes de désespoir, lorsque le navire a commencé à s'éloigner et que tu as réalisé (enfin!) que j'étais assise sur ta valise.
Je t'écris d'un endroit bien poétique: un tronçon de voie de chemin de fer désaffecté. Les rails et les traverses sont envahis par les herbes folles. Des papillons, des libellules, volettent alentour.Je t'aime tant, Laurent! tu me manques tellement! J'aimerais réajuster les traverses et revisser les rails. J'y mettrais toutes mes forces, et un jour le sifflement joyeux d'une vieille locomotive annoncerait ton arrivée!
Mais faisons comme on a dit: je t'attends samedi au car de 11h15.
Nous avons tout mis sur ordinateur, tout: nos parents, nos amis et relations, leurs caractéristiques et nos opinions. Nos premiers émois, nos aspirations, nos échecs, nos succès, nos frustrations, nos trahisons, leurs implications et nos réconciliations. Et, à la moindre amorce de différend, on consulte la disquette. D'ailleurs, on ne dit plus une dispute, mais une disquette, ce qui relativise tout.
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L'Oeil de Pierre Lescure - Un Sempé de 68 très actuel