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EAN : 9782413024613
176 pages
Delcourt (22/02/2023)
3.92/5   19 notes
Résumé :
En khmer, avoir « l'âme au bord des cheveux » signifie « être mort de peur ». Séra l'a bien été quand, le 17 avril 1975, Phnom Penh est tombée aux mains des Khmers rouges. S'il a grandi à l'abri au domaine familial, entre deux cultures, ce jour-là, tout a basculé... L'auteur explore aussi la complexité des événements qui ont conduit à la chute de la capitale et le rôle qu'ont tenu les Français.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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On va découvrir l'histoire récent du Cambodge, ce pays situé en Asie du Sud-est coincé entre la Chine et le Vietnam quand ce dernier fut entraîné malgré lui dans la guerre du Vietnam. le Vietnam est quand même le seul pays au monde à avoir défait 3 des 5 membres du Conseil permanent de l'ONU (France puis Etats-Unis puis Chine). Mieux vaut les avoir avec soi que contre soi !

C'est assez compliqué à suivre mais je vais schématiser en disant que ce pays a été envahi par les forces communistes qui souhaitaient étendre leur emprise sur toute la région de l'Asie du Sud-Est. Les américains ont d'ailleurs payé un lourd tribut avec la guerre du Vietnam et ils ont abandonné le sud du Vietnam à leur triste sort comme ils ont abandonné également le Cambodge et plus récemment l'Afghanistan. Cette grande puissance s'était pourtant engagé à défendre les idéaux et les promesses de liberté et de démocratie...

Malheureusement, pour le Cambodge, les khmers rouges qui se sont installés au pouvoir ont tué des millions de gens dont le père de l'auteur de la BD qui n'avait que 13 ans le 17 avril 1975 quand la capitale Phnom Penh est tombée. Ce fut le début d'une purge sans précédent qui a duré des années. On parle de génocide de tout un peuple. Ceci ne sera pas montré dans la BD qui n'évoque que la chute.

C'est évidemment emprunt d'émotion face à ce terrible drame qui sépare les familles bienheureuses. Il faut dire que ce pays pacifique n'était pas préparé à une telle déferlante de violence.

L'auteur semble condamné les accusations portées contre les américains sur des bombardements massifs alors que l'ennemi communiste a fait la même chose à son peuple dans l'indifférence générale de l'opinion publique internationale. Bref, on se rend compte que le soutien américain était primordial afin de pouvoir résister à l'envahisseur. A noter que les français et leur collaboration avec l'ennemi seront également fustigés.

Bref, tout cela n'est pas simple et c'est toujours bien d'avoir un autre regard sur l'histoire qui diffère singulièrement avec une BD que j'ai lu récemment à savoir « Song ». On peut s'intéresser à cet ouvrage qui constitue un travail de mémoire sur l'histoire tragique et récente du Cambodge.

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L'âme au bord des cheveux, titre énigmatique auquel on peut trouver une certaine poésie, mais qui, en langue Khmère, signifie "mort de peur".
Tout de suite, la sensation n'est plus la même.
Que sait-on de la peur quand on n'a pas vécu d'événements dramatiques ?
Dans ce magnifique album, Séra, nous décrit celle qui le hante depuis le 17 avril 1975.
Le jour où sa vie, celle de ses parents, de sa famille et de nombreuses autres, basculent.
La chute de Phnom Penh.
Le Cambodge à feu et à sang.
Lui, échappera à la conscription, évitant l'incorporation dans l'armée khmère, grâce un passeport français qu'il doit autant à la nationalité de sa mère qu'à la chance du dernier espoir.
Personne ne sort indemne d'une guerre, qui plus est, fratricide.
Cet album est un cri.
Sorte d'exorcisme, que l'auteur s'impose, par devoir de mémoire ou pour tenter de se soulager de ce poids qui l'opprime depuis son adolescence.
Tout s'est passé si vite, personne n'y croyait, c'était impensable.
Un mauvais rêve qui dure depuis plus de 45 ans pour l'artiste qu'il est devenu.
Serait-il le même homme s'il n'y avait pas eu ce 17 avril ?
Séra nous offre son regard, sur l'événement, ceux qui l'ont fait et sur la géopolitique de l'époque.
Il pointe d'un doigt accusateur, les belligérants et la complicité, drapée d'hypocrisie, de pays comme les États-Unis ou la France.
Il montre toute la violence de ces jours de folie qui virent le Cambodge sombrer dans le chaos.
On comprend ses blessures.
Séra, enfant de la France et enfant du Cambodge, peut-être plus encore.
Parce que c'est là que sont ses racines, c'est là que repose son père et que ce sont les souvenirs de ce pays qui le hantent.
Un vrai coup de coeur pour cet album, humain, puissant et émouvant.
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Séra n'a pas connu le génocide cambodgien, mais il en a vécu les prémices. Fils d'un intellectuel et haut fonctionnaire cambodgien, il vit avec ses parents à Phnom Penh. le 17 avril 1975, jour de la prise de la ville par les Khmers rouges, il se réfugie avec ses parents à l'ambassade de France.  Avec tous les étrangers, il est expulsé vers la frontière thaïlandaise à la fin du mois d'avril. Mais son père, Cambodgien, est contraint de quitter le refuge de l'édifice diplomatique pour se livrer aux révolutionnaires. Il meurt quelques semaines plus tard. Depuis ce printemps 1975, Séra vit ce qu'il décrit comme un conflit, né du déracinement imposé par les remous de l'histoire. Ce conflit trouve son terrain d'action dans le rapport à la parole. Un combat qu'il doit mener tous les jours, contre lui-même et contre les autres. Silence collectif, d'abord : dans la morale traditionnelle du Cambodge, la culture du silence est prépondérante. Silence intime ensuite, l'artiste rappelle souvent la réticence qu'il a toujours éprouvée face à la démarche autobiographique, qu'il reconnaissait comme très intéressante, mais dans laquelle il voyait aussi une forme d'obscénité. 


L'oeuvre dessinée de Séra constitue donc une forme de reconquête de la parole, un travail sur la mémoire consacré à une tragédie. Un crime contre l'humanité face auquel d'autres se sont réfugiés dans les silences coupables. Ainsi l'auteur rappelle-t-il dans ses interviews que les crimes contre l'humanité qui ont été perpétrés par les Khmers Rouges au Cambodge se sont déroulés dans un silence absolu de la part de la communauté internationale, et ont été soutenus et applaudis par nombre de journalistes et d'intellectuels de la gauche française des années 70. Deux éléments très différents ont décidé Séra à rompre ces silences et à construire une oeuvre qui donnerait à son tour la parole à tous les protagonistes de la tragédie cambodgienne. Un film, pour commencer, pour commencer.  Sorti en 1989, "Site 2", parfois sous-titré "Aux abords des frontières", est un documentaire franco-allemand réalisé par Rithy Panh. le long métrage porte le nom d'un camp de réfugiés cambodgiens situé en Thaïlande, près de la frontière entre les deux pays. Il constitue pour le dessinateur de BD un premier déclic. le second est une déclaration de Maitre Vergès dans Paris-Match. L'avocat déclarait en substance, que les Khmers rouges n'étaient pas criminels, mais des révolutionnaires idéalistes. Des mots difficilement supportables pour celui dont le père a été tué par ceux qui avaient pour slogan : "L'élimination des ennemis n'est pas la conséquence de la révolution, c'est son essence même." Et pour ces révolutionnaires admirés par une partie de l'intelligentsia française, les ennemis étaient légion. 

Ainsi Séra commence-t-il la création d'une oeuvre consacré à la mémoire des massacres perpétrés par les Khmers Rouges et par l'Angkar ; littéralement « L'Organisation », surnom du Parti communiste cambodgien. Une entreprise artistique qui se déploie à ce jour dans albums : Première ébauche en 1987 : c'est chez Futuropolis que sort le premier album de Séra sur le Cambodge ; vient ensuite  Impasse et rouge, initialement édité chez Rackham, en 1995 ; L'Eau et la Terre, sort chez Delcourt en 2005 ; puis Lendemains de cendres, en 2007 chez le même éditeur ; Concombres amers, ensuite, en  2018 chez Marabout. Et cette année, L'âme au bord des cheveux, édité par Delcourt. Cet album constitue le faîte de l'édifice du souvenir érigé par le dessinateur, le premier à adopter la forme de l'autobiographie.



Album après album, Séra donne toute sa mesure à la démarche artistique qui le guide depuis 1987  : redonner corps à l'histoire par un un profond travail sur l'image. Contrairement à la Guerre du Vietnam, le conflit cambodgien a été peu documenté, peu d'ouvrages de photo ont été publiés sur cette guerre et sur les massacres qui l'ont suivie. C'est le phénomène de l'image manquante, qui inspiré à Rithy Panh un de ses plus grands films. Pour combler ce vide, le dessinateur se consacre à la recherche de documents visuels, des photos d'agences de presse oubliées et qui réapparaissent ces dernières années sur les réseaux sociaux. Il  collecte des milliers d'images, qui constituent avec le temps la trame de son imaginaire artistique, la matière première de cet édifice du souvenir. Afin que le lecteur ne subisse aucune rupture dans la continuité visuelle des images, Séra se réapproprie les documents par le dessin. La photographie devient ainsi la matière d'une mosaïque, une matière qui coïncide dans sa nature fragmentaire avec la nature diététique des albums. Il en va ainsi de l'album L'Eau et la Terre qui recueille une mosaïque de témoignages, y compris ceux de Khmers rouges. L'album mêle photographies d'archives et souvenirs qui obsèdent l'auteur depuis 1977. Ce jeu kaléidoscopique induit un ensemble de contraintes qui donnent au travail de Séra une facture unique.  
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L'âme au bord des cheveux , le titre de cet album graphique signifie être mort de peur .
L'histoire autobiographique de Sera , auteur franco- cambodgien nous donnera la clé de ce titre énigmatique .
Deuxième enfant d'un couple mixte , de père cambodgien et de mère française , il va être aux premières loges de la tragédie de la guerre fratricide des khmers rouges .
L'auteur raconte la guerre , qui montre toujours nos instincts les plus bas , la cruauté des hommes et puis toutes ces vies embarquées dans la tourmente .
Un jour , un seul , et Sera passe de l'enfance à l'âge adulte sans transition comme tous les enfants qui vivent en période de guerre .
Ce livre est aussi un hommage au couple de ses parents , un couple solide , amoureux , sa mère a à peine 18 ans quand elle rencontre son futur mari et part pour le Cambodge pour le meilleur et le pire , heureusement personne ne connaît à l'avance le déroulé de l'Histoire .
C'est aussi un récit très documenté qui explique la situation politique de l'époque , la cruauté des vainqueurs .
Une lecture qui ne laisse pas indifférent , très émue après cette très belle découverte .
Merci à # NetGalley et aux éditions Delcourt .
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L'âme au bord des cheveux, c'est l'expression khmère équivalant à "mort de peur". Séra, à travers cet album, retrace l'histoire de sa famille et du pays où il est né, le Cambodge et dont il a vu le pire. D'abord avec l'insouciance de la jeunesse, aveugle à ce qui l'entoure, avant de prendre une leçon de vie des plus difficile. Il raconte sa famille, sa ville, ses amis, ceux dont il n'a plus jamais entendu parlé, le chemin vers l'exil des plus difficile.
Les dessins qui racontent toute cette histoire sont magnifiques, rempli de détails et d'une grande finesse.
L'album est complété d'une bibliographie pour approfondir notre connaissance de cette guerre et de cette page de l'Histoire.
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critiques presse (4)
Bedeo
12 avril 2023
Revivez dans un roman graphique intense l’ascension des Khmers rouges.
Lire la critique sur le site : Bedeo
LigneClaire
13 mars 2023
Un jeu mortel et de dupe que Séra, auteur franco-cambodgien a vécu et qu’il restitue dans une remarquable auto-biographie, L’Âme au bord des cheveux, expression de la langue khmère qui signifie être mort de peur.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Sceneario
07 mars 2023
Né d’un père cambodgien, et d’une mère originaire de Haute-Marne, l’œuvre de Phoussera Ing, aka Séra, est marquée par le Génocide cambodgien perpétré par les Khmers Rouges de Pol Pot.
Lire la critique sur le site : Sceneario
LeMonde
27 février 2023
Ce récit est sans doute le plus personnel, puisqu’il s’appuie sur l’enfance de Séra, à laquelle la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges, en avril 1975, met un terme brutal.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Un jour de l'été 1987, de façon compulsive et spontanée, j'ai entamé un récit de bande dessinée sur la guerre du Cambodge. Ce n'était pas un acte vraiment réfléchi, mais une pulsion supérieure à toute autre considération. Ce travail sur la mémoire, je l'ai mené pendant plus de 35 ans. Des années de collecte de documents, de livres, de films, de captures d'écran, à poursuivre une quête sans fin sur les fondements de l'histoire tragique et récente du Cambodge.
L'âme au bord des cheveux clôt ce travail entrepris à travers le temps et les contingences.
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Il n'y a nul autre enfer que celui que l'on subit.
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Videos de Séra (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Séra
Performance de Séra sur scène, pour une chanson du groupe de rock khméro-français Véalsrè basée sur le roman "L'Anarchiste" de l'écrivain cambodgien Soth POLIN.
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