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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me suis petit à petit détourné des oeuvres de Joann Sfar. J'aimais beaucoup ce qu'il faisait au début avant de connaître un immense succès avec le chat du rabbin qui l'a conduit jusqu'au cinéma. J'ai retenté une approche à travers ce dernier titre et visiblement, cela a bien fonctionné puisque j'ai renoué.

On s'aperçoit que des jeunes de 17 ans sont engagés par la communauté juive pour se jeter sur d'éventuels terroristes afin de protéger coûte que coûte la synagogue. Voilà le ton est donné dès les premières cases de cet album. Cette protection est liée à un attentat intervenu il y a plus de 43 ans rue Copernic à Paris qui avait fait 4 morts.

J'ignorais que l'auteur avait failli mourir du COVID à seulement 49 ans. Il est vrai que ce virus a fait plus de 7 millions de morts sur l'ensemble de la planète et qu'on est vite passé à autre chose sans se sentir horrifié par ce chiffre vertigineux. Comme dit, il faut savoir tourner la page pour ne pas rester accrocher constamment à un événement négatif et vivre dans la peur. L'auteur profite d'ailleurs de sa convalescence sur son lit d'hôpital pour raconter un épisode de sa vie d'adolescent.

Il insiste sur les actes antisémites commis en France depuis sa propre naissance dont on verra un glossaire en fin d'album. Dans cette météorologie anti juive comme il l'appelle, on notera à la date du 10 avril 2022 où Marine le Pen est qualifiée au premier tour de la présidentielle pour le second tour. Ses 13 millions d'électeurs apprécieront sans doute mais on sait que l'auteur est un engagé contre l'extrême-droite. de manière générale, on peut comprendre l'inquiétude légitime des juifs de France qui souhaitent privilégier la vigilence.

L'holocauste est souvent abordé comme si ce mal absolu servait de justification à toutes les actions d'auto-défense près d'un siècle après ce qui peut poser question. Il sera d'ailleurs question du passage de l'auteur dans le monde de la sécurité et l'entraînement aux sports de combats.

A chacun sa conviction pour peu qu'elle soit bien défendue. J'ai vu beaucoup de contradiction dans cette oeuvre comme le non-recours à la violence mais le fait de s'y employer quand même, père et fils compris. Certes, il existe des situations où on n'a pas trop le choix et on recourt à l'extrême face à la brutalité de notre monde.

Maintenant, j'ai apprécié certaines réflexions qui m'ont paru justifiées dans ce long bavardage qui demeure sincère et intéressant, voire parfois touchant. Je ne suis pas certain que cette oeuvre puisse faire un consensus parmi les lecteurs de toutes les communautés. A vrai dire, je n'aime pas trop le terme « communauté » car cela divise le pays qui n'en n'a certainement pas besoin. le racisme et l'antisémitisme sont malheureusement répandus dans toute la société.

Quoiqu'il en soit, j'ai bien aimé cette oeuvre malgré tout car il constitue un témoignage honnête d'une situation assez difficile ainsi qu'un appel à plus de fraternité par l'un des plus grands noms de la BD française.
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Club N°50 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique
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Où l'on voit que les extrémismes sont plus anciens et que la résurgence des années 90 n'est pas que le fait de jeunes.

VT
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Un séjour à l'hôpital permet à l'auteur, un retour sur son enfance et son adolescence avec la montée des extrémistes et d'autres thèmes qui lui sont chers.

Franck
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Merci à Babelio pour l'envoi de livre.

J'adoré ce témoignage:
-Parce que c'est de livre que l'on voit les différentes personnes à travers plusieurs âges.
-Pour les thèmes que l'auteur traite.
-Pour acuité de que porte Joann Sfar sur les époques qui nous montrent.

Pourquoi je recommande cette bande dessiné:
- Pour être quelques temps à Nice et à différentes époques.
- Pour le travail de recherche surtout à la fin du livre.
- Pour se rappeler l'importance d'être en bonne santé.
- Pour son humour.
- Pour nous montrer qu'il faut toujours combattre cette ennemis invisible que l'on Antisémitisme.

Sur un autre plan, j'ai apprécié:
- L'hommage qui rend à son père, sa mère et sa famille.
-L'hommage qui rend au personne qui rencontre.
- L'hommage à la non violence .

Cela m'adonné encore plus envie d'aller à Nice alors je suis Bretonne vivant en Ile de France

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Joann Sfar nous raconte à brûle-pourpoint sa jeunesse dans les années 80, lorsqu'il assurait la sécurité à l'extérieur de la synagogue de sa ville natale, Nice, période dangereuse, juste après les attentats de Copernic où les passions haineuses se déchaînent contre les Juifs, faisant revivre les pires moments de l'histoire qui semble n'en avoir jamais fini avec la Shoah.
Bien décidé à ne pas se faire agresser par les bandes de skinheads et d'extrémistes qui sévissent jusque dans le lycée Masséna, il s'exerce à tous les arts martiaux possibles malgré sa répugnance pour les coups voulant ressembler à son père avocat fier de sa force physique et influencé par les manières expéditives de Kessel son auteur favori.
Constatant que la Loi est impuissante à enrayer les idées antisémites qui renaissent avec force lors du conflit israélo-palestinien et de la montée de l'extrême-droite, il se sent prêt à se servir de son talent de dessinateur pour lutter avec ses armes en publiant son histoire personnelle avec une grande pudeur et beaucoup d'humour.
On revit donc de l'intérieur de sa famille tous les événements qu'il prend soin de documenter en fin d'ouvrage par des articles de journaux ( sur Jacques Médecin, Raymond Barre, le Pen, Faurisson, Carpentras, rue des Rosiers....) Les dessins sont alertes, vifs, colorés, largement commentés dans des planches assez régulières au tremblement délicat. Les nombreux flash-back demandent une bonne concentration de lecture.
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« Je raconte un jeune homme dont je me souviens très bien mais qu'est pas trop moi ».

Joan Sfar raconte sa jeunesse niçoise dans les années 80. Un Nice bagarreur, entre les nazillons, son père avocat adepte du coup de poing, son grand-père plus pacifique, les cours de Kung-Fu,… Des arts martiaux qui mèneront le jeune Sfar à protéger la synagogue locale dans un contexte tendu par les attentas de la rue Copernic puis de la rue des rosiers à Paris.

De son lit d'hôpital où il est soigné pour le covid, Sfar se met en scène à tous les âges. Un jeune homme curieux, qui rencontre des skinheads sympas, qui connait ses premiers émois, qui découvre la littérature, Romain Gary et Joseph Kessel qui ont fréquenté comme lui le lycée Masséna sont même convoqués pendant le récit.

Je ne vais pas mentir, je ne suis pas un lecteur habituel de Joan Sfar. Pas forcément fan du dessin, j'ai ici apprécié le côté presque documentaire de l'album. le contexte, le témoignage aussi de l'époque Jacques Médecin à Nice dont le père de Joan a été adjoint et le regard porté sur le Front National ainsi que sur l'antisémitisme.

Une très documentée chronologie de « la météorologie antijuive » clôture idéalement un album qui s'avère très intéressant, souvent drôle et toujours pertinent, porté par le ton complice et très oralisé de Sfar. Comme si on venait de passer une après-midi à l'écouter nous raconter sa vie…
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Joann Sfar n'a que bien peu de limites à l'oral comme à l'écrit. Lui, le niçois de coeur, ancré dans l'histoire familiale nous livre sa jeunesse aux repères protéiformes. En montant la garde devant la synagogue Deloye, lycéen à Masséna, les repères géographiques me sont forcément très familiers. Une fois de plus Joann Sfar excelle dans cette narration huilée sans anicroche, en reliant chaque case par ce fil conducteur de l'antisémitisme et du regard d'autrui. Avec sa faculté de se mettre en scène et de se dessiner à différents âges de sa vie, de manière peu flatteuse c'est le moins qu'on puisse dire, la mise en abîme excelle par ce ping pong incessant.

On y croise Joseph Kessel, Jacques Médecin, Raymond Barre ou Jean-Marie le Pen invitant un ancien SS, à deux pas de chez moi dans la grande salle Acropolis où les niçois en masse acclamaient l'immonde. Ironie de la chose, Yom Kippour s'est tenu pendant longtemps dans cette salle comme pour conjurer le sort inconsciemment surement. Vous y croiserez des personnages détestables ou tendres par instants. Entre skinheads et policiers peu concernés par le terrorisme à l'époque, entre magouilles politiques et hommage à un père brillant, Joann Sfar convoque ses souvenirs pour en exhausser la réalité. Entre croix gammées et insultes, le présent se forge sur les racines du jeune Joann tout en retraçant les événements familiaux marquants. Sans jamais devenir manichéen, Joann s'interroge sur le judaïsme en tant que tel, sur l'intérêt de ses coutumes, sur ce qu'il est possible et admissible ou pas. Vous rirez à travers ces scènes de full contact selon les professeurs, mais vous rirez beaucoup moins lorsque les petites phrases assassines antisemites viendront éclater dans votre réalité ou lorsqu'un professeur antisémite adulé par les jeunes femmes du premier rang, souhaitera jeter tous les juifs à la mer. L'obscurantisme et le racisme ne changent pas de trottoir malgré les années qui passent.
Brigitte Findakly aux couleurs, Joann pour l'humour et le dessin si caractéristique que nous connaissons depuis fort longtemps, rien ne change, tout est toujours sensible, drôle et sarcastique avec des apparitions du chat du rabbin par moments.

Avec un long cahier final retraçant les événements de ces périodes et les articles de presse s'y afférent et photos d'archives de son père, Joann Sfar ouvre une boîte de Pandore devant laquelle on s'émerveille et s'horrifie.

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Quand la violence et la loi ne servent à rien face à l'inadmissible, il reste les mots pour toucher les coeurs et les consciences.
Merci Joann Sfar d'avoir posé ces mots sur le papier. Puissent-ils toucher le plus grand nombre.
Et merci à Babelio de m'avoir fait découvrir ce livre qui m'a permis de faire plus ample connaissance avec l'auteur du chat du rabbin, BD numéro 1 dans mon panthéon personnel.
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C'est la première fois que je lis un ouvrage autobiographique de Joann Sfar. Après avoir échappé (semble-t-il de peu) à la pandémie de Covid, l'auteur se livre sur son adolescence et sa jeunesse, étroitement liées à la condition des Juifs en France. Il part de son ennui pour ce qui se passe à l'intérieur de la Synagogue, et sa stratégie d'évitement qui le conduit à rejoindre les équipes de sécurité pour en défendre les abords.

Il y a de tout dans ce livre. du personnel bien sûr. Avec de l'humour et de l'autodérision, mention spéciale aux entraînements de kung-fu. de l'intime impudique, avec des détails pas toujours nécessaires. de la tendresse et de la fierté pour sa famille, notamment pour son père et son grand-père, et tout en pudeur pour sa mère absente. On apprend par bribes le parcours universitaire de Joann Sfar et quelques relations amicales marquantes. Et on ressent son attachement à la ville de Nice, avec le lycée Masséna présent jusque sur la couverture.

On en apprend surtout plus sur son rapport compliqué à sa religion, et sur son ressenti face aux violences antisémites à travers les dernières décennies. Il va sans dire que cette lecture ne laisse pas indifférent dans le contexte actuel. Comme fil conducteur de cette bande dessinée, le recours à la violence, face aux insultes et aux agressions. Face à la montée et à la banalisation de l'extrémisme, des skinheads jusqu'aux le Pen.

J'ai apprécié le document en annexe, qui retrace l'historique des attentats et autres faits marquants sur le sujet, suivi de photos de famille annotées par l'auteur. On retiendra par exemple cette mise en regard d'une photo de son père et de lui-même au même âge.

Quant aux dessins, ils sont toujours très propres à l'auteur, avec ce trait de plume énergique et tremblant qui peut en rebuter certains. J'ai trouvé de belles couleurs, et un dessin plutôt touchant dans cet ouvrage.

Comme d'autres lecteurs, j'ai cependant trouvé l'ensemble un peu long, parfois décousu, avec quelques répétitions. Les planches semblent suivre le fil des pensées de l'auteur, ce qui donne un mélange assez particulier : on partage son intimité et ses réflexions, mais on a parfois aussi plus de mal à le suivre et à tout saisir. Les dernières pages m'ont par exemple paru assez longues et l'ensemble aurait peut-être pu être plus incisif en étant plus consis.
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"La synagogue" est bien plus qu'une bande dessinée autobiographique, Joann Sfar nous rappelant avec la narration de sa propre histoire les actes antisémites qui ont marqué la société française durant ces cinquante dernières années. Afin de donner plus de corps encore à la valeur documentaire de son album, il a rassemblé à la fin de l'ouvrage de nombreux articles de presse qui illustrent ce qu'il a appelé la "météorologie antijuive".
En l'absence de sa mère décédée alors qu'il était à peine âgé de trois ans, Joann Sfar a été élevé par son père auquel il rend ici un vibrant hommage. Très tôt orphelin de père, enfant pauvre en Algérie, celui-ci est devenu avocat et un temps maire adjoint de Nice ; profondément humain, il a entre autres initiatives oeuvré dès le début des années 70 pour aider les femmes victimes de violences conjugales.
Dans cet album foisonnant, Joann Sfar opte pour une narration qui n'a rien de chronologique, l'adolescent gardien de la synagogue de la première page cédant la place à l'homme de 49 ans réchappé miraculeusement du Covid, auquel succède l'enfant que les chants de la synagogue effrayaient, avant que l'on retrouve l'adolescent qui pratique à haute dose les arts martiaux, ce va-et-vient se poursuivant jusqu'à la fin d'un ouvrage dont l'humour vient adoucir la teneur du propos.
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Direction Nice en compagnie de Joann Sfar pour ce dernier opus imaginé sur son lit d'hôpital, terrassé par le Covid.

Le petit Joann nous retrace une partie de son enfance et surtout son adolescence entre 16 et 21 ans. le moment où, voulant échapper aux prières, il se retrouva à intégrer la brigade des gardiens de la synagogue de Nice. Nous sommes alors en pleine période où les attentats antisémites se multiplient.

Ces souvenirs d'enfance sont surtout un vibrant hommage à son père, avocat, bagarreur mais avant tout humaniste, et d'une façon plus générale à sa famille, ses proches.

Durant cette période très sombre, où les lieux de culte juifs sont systématiquement sous surveillance policière, Joann, à défaut de prier, va chercher à défendre sa communauté et à se battre contre les skin heads. Ce qui donne lieu à des moments drolatiques où il se rend compte qu'ils sont finalement plutôt sympathiques. Plus glaçants sont les moments où il se rend compte que l'ennemi c'est la majorité silencieuse.

Souvenirs d'enfance où sur qu'on lit d'hôpital, Joseph Kessel vient, au détour des podcasts de France Culture, lui rendre visite pour dialoguer avec lui.

Opus très personnel, philosophique, tout en délicatesse, où les doutes se confrontent aux questions existentielles sur le judaïsme, les extrémismes qu'il faut sans arrêt combattre et plus généralement l'incompréhension d'un monde où plus grand chose ne tourne rond. Avec (auto)dérision, malice, un peu de causticité et beaucoup d'humour, Joann nous embarque dans ces années 80.

Les divagations, allers-retours entre les différentes périodes peuvent être déstabilisantes (ou alors je suis très fatiguée et j'ai du mal à suivre, ce qui est aussi envisageable !). Malgré cela, on referme cette BD avec une certaine sérénité et le sentiment d'avoir appris des choses (Kessel qui a eu l'occasion de tuer hitler, mais qu'il avait trouvé tellement médiocre que l'idée ne lui est pas venu à l'esprit, la météorologie anti juive en fin d'ouvrage …).
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