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EAN : 9782369120377
168 pages
Ici même (24/08/2017)
3.76/5   53 notes
Résumé :
En perpétuel mouvement, le voyageur parcourt en autostop l'immensité des États-Unis en quête de l'origine de son mal,étrange et apparemment incurable : l'immortalité. Au gré de ses rencontres, progressant d'un siècle à l'autre vers le futur, il observe les changements du monde qui l'entoure et qui court, selon toutes vraisemblances, inexorablement à sa perte.
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Sac au dos et regard fixe, le voyageur continue son chemin. Sa silhouette longiligne écume les routes américaines à la recherche de la source. Quelle source ? Celle de l'immortalité. Des années, des centaines d'années, bientôt des milliers, que le voyageur erre comme cela et, dans ce voyage infini, voilà que Koren Shadmi nous invite à épier sept moments forts de la vie de cet être qui n'a, par définition, plus grand chose d'humain. Chaque épisode, marqué par une empreinte chromatique particulière, se déroule dans une temporalité qui ne nous est pas précisément connue. A peine pouvons-nous deviner que le premier récit se déroule en pleine Seconde guerre mondiale, et qu'un autre se passe aux premières heures de la colonisation britannique des côtes américaines. Pour le reste, Shadmi nous embarque dans le futur, dans des moments affreusement pessimistes.

De ce qui fait le quotidien d'un immortel, des mille et une aventures que le voyageur connaît durant sa vie infinie, nous n'en connaîtrons qu'une infime partie. Sans doute, il y aurait eu là matière à développer davantage ce récit déjà prenant et à densifier, sinon le contexte, au moins la personnalité de cet être qui nous sert de caméra anticipative. Ainsi, à la manière d'un objet inanimé, le voyageur nous permet d'entrevoir une possibilité à venir : pas la plus réjouissante, assurément. Ce que le voyageur nous dit de lui, cela lui est arraché, le mot n'est pas trop fort, par ceux et celles qu'il croise. Car le voyageur est un auto-stoppeur, qui lève le pouce et maudit le plus souvent le hasard. Koren Shadmi, pour nous faire comprendre le monde dans lequel évolue le voyageur, utilise le même schéma narratif : le voyageur est pris en stop ; le dialogue s'instaure entre le voyageur et son conducteur ; de manière récurrente, cette rencontre fortuite tourne mal pour le voyageur qui s'en tire - obligatoirement - au prix de balafres sanguinolentes, d'accidents ou de tueries tragiques. Qui sont ces hommes et ces femmes que croisent le voyageur ? Ni plus ni moins que les représentants de l'humanité : un prêcheur itinérant, des jeunes femmes en quête de sensations fortes, un médecin rétrograde, un livreur désabusé qui livre à de riches clients une marchandise hors de prix et immorale, une jeune gourou prétendant détenir la vérité. D'un bout à l'autre du chemin, il y a d'abord l'innocence, tuée d'un coup de fusil sur une plage déserte, et enfin la Réponse, ou la Vérité, ou encore le Sens de toute cette histoire.

Le voyage a un début, mais a-t-il une fin ? Rien n'est moins sûr, au vu de la dernière planche, qui semble indiquer le début d'un nouveau cycle. Ou plutôt : cela dépend pour qui. le voyageur, lui, possède cette qualité de témoin, unique, d'un monde qui entre dans un bouleversement sans précédent. Sous le coup de l'avidité humaine, de son absurdité aussi, de sa cruauté, enfin, le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui disparaît. La Terre se réchauffe, et la société humaine se fractionne et se recroqueville sur elle-même tandis que les comportements individuels atteignent des sommets d'immoralité. Cette immoralité et la toute-puissance de ces bouleversements d'ailleurs, n'apparaissent qu'à travers le regard du voyageur. A cela deux raisons : nous, lecteurs, nous identifions au voyageur, qui semble avoir le même sens moral que nous. D'autre part, le voyageur est héritier d'un système moral importé aux Amériques par les colons, dont il fut l'un des membres.

Avec le voyageur, Koren Shadmi livre un angoissant récit d'anticipation, organisé en une succession d'épisodes qui montrent l'ambition de l'auteur. Il s'agit, ni plus ni moins, d'explorer une possible évolution de notre monde sous ses aspects écologique, sociétal et moral. L'ambition doit être saluée et, d'ailleurs, Koren Shadmi réussit à y répondre, tout en donnant à son récit une ambiance à la fois lumineuse et oppressante. Cependant, le voyageur manque quelque peu de densité et, si l'idée de départ est très bonne et si, aussi, l'explication finale est relativement simple mais cohérente, sans doute a-t-il manqué à son auteur quelques arguments pour parvenir à en faire une vraie référence du genre.
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Un auto stoppeur se fait prendre par une vendeur de Bibles, lumière bleue, on s'imagine dans les années 50, juste à cause du modèle de voiture. L'auto-stoppeur n'est pas très bavard, pas du tout du genre hippie ou routard, plutôt taciturne et froid, le vendeur de Bibles apparaîtra en fin de compte bien plus inquiétant. Sept chapitres et un épilogue qui se passent à des périodes différentes dans l'avenir ou le passé, avec des ambiances différentes, des tonalité chromatiques différentes, un personnage récurrent, le voyageur, une histoire d'immortalité, de science-fiction. C'est une longue quête qui s'étale sur plusieurs centaines d'années, et quand les pièces du puzzle se réunissent, l'apparente dispersion du démarrage part vers une fin pessimiste, terrible et forte. J'ai aimé cette progression crescendo subtilement rythmée, on part d'un délire assez flou, puis on monte dans l'horreur et le désespoir, en partant d'une histoire de moeurs, on se dirige vers de la science-fiction pure et solidement construite. Et le plaisir de lecture était au rendez-vous.
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Je me permets de reprendre le terme "d'anticipation philosophique" de FramboiseVanille ( cf sa critique), qui qualifie avec justesse cette bd.
Le récit qui nous est proposé par Koren Shadmi nous emmène sur les traces d'un voyageur dont on ne sait rien, et qui au fil des pages, se révèle être comme une sorte de témoin impuissant de la fin du monde, de la fin de l'humanité. L'apocalypse n'est pas encore arrivé, mais il est tout proche et il est présenté comme un événement inexorable. L'auteur y décrit la déchéance de l'espèce humaine, complètement insouciante de sa propre condition, qu'elle dégrade sans s'en rendre compte ( cf chapitre II Afterglow et chapitre IV Sur le grill) et qui se dirige vers sa fin inéluctable. le fait que la fin du monde soit annoncée comme telle est d'un pessimisme certain en égard à l'être humain. L'auteur porte un regard très sombre sur ses semblables, sans doute pour mettre en garde.
Le découpage du récit est fait de telle sorte que les chapitres nous révèlent peu à peu de quoi il retourne. L'histoire ne suit pas volontairement un ordre chronologique même si la progression nous emmène inmanquablement vers la fin, jusqu'à une page ultime qui sent le renouveau, une note finale qu'on pourra interpréter comme un espoir.
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Il parcourt les États-Unis en auto-stop. Dans son sac à dos, du sable. Toutes les directions sont bonnes à prendre, le voyageur erre à la recherche du remède pouvant guérir son mal. Sa quête est la même depuis trois cents ans : il cherche à vaincre l'immortalité, cette malédiction qui lui fait traverser les siècles et constater à quel point la situation ne fait que se dégrader. Dans un futur proche, l'Amérique suffoque, les catastrophes naturelles s'enchaînent, une guerre a semé la désolation. La planète devient invivable et le voyageur continue à vivre malgré lui.

De la SF de haute voltige par un auteur israélo-américain dont l'univers graphique n'est pas sans rappeler celui de Frederik Peeters et de sa série aâma. La construction est imparable. Chaque chapitre, dessiné dans une gamme chromatique différente, peut se lire comme une histoire indépendante faisant partie d'un grand tout. Un grand tout qui se tient de bout en bout où l'on traverse différentes époques. Je craignais une fin sans réelle explication, un truc un peu mystérieux, hermétique et facile. J'avais tout faux. La dernière partie, explicitement intitulée « Où le voyage s'achève », donne les clés du cheminement du voyageur et offre une cohérence indiscutable à l'ensemble.

Excellent cet album, vraiment excellent. Sombre, désespéré, cynique, lucide. Je n'ose pas dire visionnaire mais on ne doit malheureusement pas être loin du compte. J'ai adoré parce que c'est une réflexion sur la solitude, le temps qui passe, l'inexorable fin annoncée à laquelle personne n'échappera. C'est le portrait sans concession d'un pays, et plus largement d'une planète, qu'une espèce s'acharne à détruire avec une minutie et une volonté sans faille. C'est un regard porté sur l'humanité qui ne laisse place à aucune illusion. C'est d'un pessimisme absolu, un pavé dégoulinant de noirceur lancé dans l'océan de feelgood tellement à la mode en ce moment.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Un homme, seul
Il fait du stop. Son seul bagage : un sac informe.
Des gens le prennent, invariablement ils veulent savoir ce que renferme le sac?
Il est immortel. D'où vient cette immortalité.
Comment devient on immortel. Et pourquoi quand tout s'enfonce autour de soi.
Est-ce le sauveur? Qui sait ?
Album complexe, peut être trop pour moi.
Que cherche l'auteur à prouver ?
La fin justifie t'elle le début?
Les chapitres ne se suivent pas. On avance, on revient. Une histoire chasse l'autre.
Album très coloré. Chaque chapitre a sa propre couleur. Le même nombre de vignettes par page. Peu de personnages par vignettes. Le héros Lucas, l'immortel est taiseux. Les autres parlent. le dessin est intéressant. Le trait est ferme.
J'ai lu cette BD facilement avec un certain bonheur, il aura manqué, à mes yeux, un petit rien pour que ce soit grandiose.
Auteur que je découvre.
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critiques presse (1)
BoDoi
11 septembre 2017
ille futuriste, désert apocalyptique, train hors du temps, Shadmi fait voyager intelligemment, interrogeant le monde dans sa fuite éperdue vers le désastre. Un pessimisme existentiel d’ailleurs pas si fataliste au regard de la dernière planche.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Vous... Vous aussi, n'est-ce pas ?
- Je suppose.
- Prouvez-le.
- Vous voulez que je me coupe un doigt et qu'on le regarde repousser ensemble ? Vous savez ce que je suis. Je sais ce que vous êtes.
- Comment est-ce arrivé pour vous ?
- C'est une triste histoire. Pourquoi gâcher une belle journée avec une histoire triste ?
- Où l'avez-vous trouvé ?
- Sur une plage.
- J'ai trouvé le mien en cherchant de quoi manger, dans une décharge. Cette chose a un faible pour les moins-que-rien.
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- Il faut parfois faire des sacrifices pour préserver une amitié.
- Ou sacrifier une amitié pour préserver sa santé mentale.
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Vos existences auront servi à peindre un impressionnant tableau de cette planète et de la vie qu'elle a portée.
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Le plus beau voyage, c'est celui qu'on n'a pas encore fait: celui dans le temps.
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"Chaque mot est comme une souillure inutile du silence et du néant."
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Videos de Koren Shadmi (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Koren Shadmi
Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis - La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
+ Lire la suite
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