AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 997 notes
D'un côté, une famille arménienne expatriée aux États-Unis. Dévorée par une rancune contre les turcs, pour ce "génocide" qui n'a pas été reconnu. de ces plaies nait Armanoush.
De l'autre, une famille turc, essentiellement féminine, puisqu'une malédiction tue les hommes prématurément chez les Kazanci. Dans le silence nait Asya.
Entre les deux jeunes filles, une amitié se forme, une amitié qui va faire resurgir bien des secrets.
J'ai eu une tendresse particulière pour une petite histoire en parallèle, celle de ce café Kundera, et des quelques personnages haut en couleurs qui y vivotent. L'atmosphère y est trouble, il y flotte cette insoutenable légèreté... Clin d'oeil à l'un de mes auteurs de prédilection.
Portraits de femmes, de femmes libres, excentriques, féminisme subtile, jamais agressif.
Un bon livre.
Commenter  J’apprécie          140
Quelle histoire !
Au début, on a l'impression que le titre est mal choisi, qu'il n'allait s'agir que du conflit arméno-turc, si bien décrit par l'écrivaine que je félicite au passage, mais une fois les deux tiers du roman entamés, des secrets sont révélés, des vérités qui éclatent après tant d'années, entre autres, le récit prend une nouvelle tournure inimaginable voire même choquante ...

Elif Shafak a réussi à tisser des liens entre les différentes histoires aussi distinctes qu'elles ont pu l'être, allant de l'Arizona, passant par San Francisco et aboutissant à Istanbul et surtout à répondre à toutes mes interrogations quant au déroulement de certains événements ..

Ce fut une aventure hors norme pour moi :)
Commenter  J’apprécie          140
Ce grand roman met en scène une famille turque, les Kazanci. Vivant à Istanbul, elle est composée de quatre générations de femmes. La plus jeune des femmes, Asya - c'est elle, la bâtarde né de père inconnu - désigne tous les membres de la génération au-dessus d'elle par l'appellation "tante", y compris sa mère Zeliha. Chacune des femmes a son propre caractère; seule Zeliha se comporte vraiment en femme "libérée". Aucun homme n'habite à la maison. Il y a bien un frère, nommé Mostafa, mais il est parti aux Etats-Unis et a rompu les ponts avec sa famille d'origine. L'épouse américaine (Rose) de Mostafa a eu de son premier mari (d'origine arménienne) une fille, Armanoush (ou Amy) qui vit aussi avec son beau-père.
La première partie du roman montre longuement ce qu'est la vie d'Amy et celle d'Asya, qui évoluent dans des milieux très différents. Dans la seconde partie, l'auteur finit par mettre en présence les deux jeunes filles. En effet, Amy a décidé de partir (sans la permission parentale !) à Istanbul, pour faire connaissance avec la famille de Mostafa. Ainsi, Amy découvre une famille unie et très vivante, une culture riche et vivace (ah, les délices de la cuisine turque !), une société disparate mais pleine d'énergie, une mégalopole fascinante. Il y a quand même la question brûlante du génocide arménien de 1915 (nié par tous les gouvernements turcs): Amy aborde ce sujet devant les "tantes", qui se déclarent désolées mais ne se sentent pas responsables des atrocités.
Toutefois, le stratagème d'Amy pour accomplir son séjour incognito est finalement découvert par sa mère Rose, aux USA. Celle-ci prend le premier avion pour Istanbul, en contraignant Mostafa à l'accompagner. Cette péripétie aura une conséquence tragique, qu'il serait malséant de révéler dans ce commentaire.
Les personnages sont tous très particuliers, attachants, empreints d'authenticité. le lecteur a un vrai plaisir à voir évoluer les deux jeunes filles Amy et Asya, mais aussi Zeliha (qui a un fort caractère) et des personnages secondaires. Toutes les atmosphères sont bien rendues, surtout à Istanbul. Elif Shafak décrit avec justesse et tendresse les petits détails de la vie, qui la rendent alternativement drôle ou triste. Tout le livre est un hymne à l'art de vivre en Turquie; c'est aussi un plaidoyer pour la coexistence pacifique de communautés différentes; c'est cette coexistence qui faisait la richesse de l'Empire Ottoman, autrefois. A mon sens, l'auteur a accordé au génocide des Arméniens sa juste place: ni trop, ni pas assez. Ceci dit, j'avouerai quand même que la seconde moitié du roman est la plus intéressante; sans la plume très nerveuse d'Elif Shafak, la première partie pourrait paraitre un peu fastidieuse. Dans l'ensemble, ce livre me semble remarquable par son sujet, par son intrigue, par ses personnages et par son style. A lire !
Commenter  J’apprécie          140
Ce livre m'était inconnu quand je suis tombée sur sa couverture: merci le challenge globe-trotteur qui m'a amenée à lire ce livre.

Au départ, j'avais un a priori plutôt négatif en voyant le livre, le style de mise en page et la 4ème de couverture me paraissait un peu emmêlée donc j'ai dû la lire à deux fois, notamment quand le début de l'histoire était un peu incompréhensible.
Une fois lancée dans la lecture les préjugés sont tombés. Même si à chaque chapitre le personnage change on voit au fur et à mesure se tisser le lien entre chaque, même outre Atlantique et continents.
Les personnages ont tous leur particularité et parfois cela pourrait être un peu du cliché mais finalement on s'y attache. Evidemment, deux mondes s'opposent: la Turquie traditionnaliste mais pas tellement avec son lot de "rébellion"; les USA où l'occident domine mais est en lien étroit avec la Turquie au fur et à mesure des pages.
A travers ce roman plusieurs thèmes sont évoqués:
- le génocide arménien (peu connu pour ma part) où l'auteure ne donne pas des leçons, ne semble pas être plus accusatrice envers les turcs ou les arméniens. Elle donne à voir que ce sujet est bien plus complexe que pensé et que forcément bon nombre de générations sont encore impactées et cherchent la reconnaissance de victime. L'exode est également mis en exergue avec son lot de recherche généalogique au fil des générations.
- la culture turque et l'islam avec des descriptions donnant l'impression d'y être réellement. le côté religieux n'est pas prépondérant mais laisse imaginer malgré la spiritualité existante.
- le côté familial et "tribu" sans doute lié à la culture turque où la famille vit ensemble, a ses secrets et ses "malédictions". le personnage principal est alors élevé dans ce fonctionnement familial où sa mère n'est pas considérée seulement à cette place et où toute la famille (uniquement les femmes, dont les tantes) prend part à son éducation et sa vie.
- le côté secret de famille qui n'est connu que de 2 personnes mais qui finit malgré tout par percer au grand jour. Ce secret est en filigrane tout du long mais il est réellement percé à la fin: c'est une beauté, en finesse et tout en pudeur.

Un agréable moment de lecture teinté d'Histoire, de voyage et de découverte.
Commenter  J’apprécie          130
Le différent est important entre Arméniens et Turcs, pour les uns le génocide qui a eu lieu en 1915 est toujours dans les mémoires, pour les autres, c'est de l'histoire ancienne. Avant Mustafa Kemal Atatürk, donc sans rapport avec la Turquie d'aujourd'hui. C'est ainsi que cette histoire croisée entre une Arménienne d'aujourd'hui et une une fille d'Istanbul du même âge ne peut se faire sans référence aux événements de 1915.

Aux USA une fille du Kentucky, Rose, épouse un Arménien dont elle a une fille, Armanoush Tchakhmakhchian. Mais l'entente avec la belle famille est impossible, ils divorcent et Rose se remarie à un Turc Mustafa.
A Istanbul, Zeliha est enceinte sans vouloir révéler le nom du père, ainsi naîtra Asya Karanci.
Armanoush désire comprendre d'où elle vient et en cachette de sa mère prend l'avion pour aller vivre quelques jours dans la famille de son beau-père, qui ne comprend que des femmes assez fantasques, sur 4 générations vivant dans la même konak, les hommes perdant la vie très jeunes, ce qui entre autre, a fait fuir Mustafa.
Mais l'histoire des deux familles est enchevêtrée.
J'ignore si toutes les familles turques et arméniennes sont aussi attachées à la nourriture mais qu'est ce qu'on cuisine et qu'on déguste dans ce roman. Il y a aussi au fil des pages des références de romans données par Armanoush qui lit beaucoup.

Je pense que je lirai d'autres Shafak. Je suis assez tentée par Soufi mon amour mais j'ai déjà une telle PAL !

Challenge ABC




Commenter  J’apprécie          130
J'ai visité la Turquie avec Elif Shafak : ce roman permet de découvrir Istanbul, ses quartiers, sa cuisine et son histoire.
L'histoire d'une famille turque stambouliote un peu à part, les Kazanci, tout d'abord, dans laquelle les hommes semblent maudits et celle du passé turque avec le génocide arménien, thème douloureux qui est abordé avec beaucoup de tact et de finesse à travers une deuxième famille arménienne immigré aux États-Unis, les Tchakhmakhchian.
Toutes les facettes de la culture turque sont incarnées par les différentes soeurs, de la plus croyante (avec ses deux djinns, elle lit l'avenir ET le passé) à la plus rebelle (Zaliha, mère célibataire et tatoueuse en jupe courte et talons hauts).
J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture et au hâte de lire d'autres romans de cette auteure, qui risquait quand même 3 ans de prison pour ce roman!
Commenter  J’apprécie          130
Traduit de l'anglais (Turquie) par Aline Azoulay.
La fiction littéraire permet de révéler et de rehausser tous les tons de la réalité, de briser les miroirs, d'effacer les frontières. Lorsque la plume qui sème la saveur des mots est talentueuse, elle fait entrer la lumière dans le palais de notre mémoire. Amy et Assia sont de nées de la même sève. Deux yeux d'un même visage, deux mains d'un même corps, toutes deux différentes, non symétriques, la présence de l'une renforçant et révélant l'existence et la singularité de l'autre. Les drames de Histoire provoquent souvent les cauchemars des hommes. A travers l'histoire de quatre générations de femmes, nous entrons dans Istanbul par la porte du 21e siècle. Recherche d'identité, de racines…Quel part de l'héritage devons nous prendre en charge, reconnaître ? Qu'est ce qu'une nation, un peuple, une culture ? Qu'est-ce qui fait lien ? le nom ? L'ancêtre ? La connaissance d'une mère ? La reconnaissance d'un père ? La terre ? La prière ? Une famille ? Ou tout simplement le cruel partage d'un destin ? Comment pardonner l'impardonnable, l'irréparable ? Sur quelles bases et comment les nouvelles générations peuvent elles tracer la nouvelle voie de leur propre futur ?
Après « Soufi mon amour », «  la bâtarde d'Istanbul » est le deuxième roman d'Elif Shafak que j'ai le plaisir de lire. Et le plaisir ne faiblit pas. Écrivaine nomade, Elif Shafak écrit brillamment une nouvelle page de la longue histoire de l'art meddahlik, reconnu par l'ONU patrimoine culturel immatériel de l'humanité . «  Historiquement, la vocation des meddahs, conteurs publics, était non seulement de distraire, mais aussi d'éclairer et d'éduquer le public. » . L'art du conte ne connaît aucune frontière et il trouve en Elif Shafak une auteure de grand talent, qui le perpétue à travers son oeuvre.
« Viens, qui que tu sois, croyant ou incroyant, viens, c'est ici la demeure de l'espoir. » Rûmî.

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          130
Il y a les Kazanci à Istanbul et les Tchakhmakhchian à San Francisco.
La première famille est turque musulmane, la seconde est arménienne chrétienne.

Un lourd passé historique sépare ces deux familles, mais un terrible passé familial les rapproche.

Asya, la dernière née de la famille Kazanci, la Bâtarde, est l'héritière de ces histoires, mais naître sans père atrophie une partie de son héritage familial.

Armanouch, petite dernière de la famille Tchakhmakhchian, mais dont la mère est un pur produit américain, est partagée entre sa double culture et la douleur que porte sa famille arménienne.

Les deux jeunes filles, bien malgré elles, entourées des tantes loufoques d'Asya, vont apprendre les secrets familiaux dont on les a toujours exclues.

L'écriture est corsée et sarcastique.
Les personnages sont piquants et attachants.
L'histoire est romanesque et bien ficelée.
S'ajoute à cela l'odeur, le bruit d'Istanbul, les plats traditionnels, la part historique du génocide arménien relié à l'actuelle jeunesse par tant de non-dits…
Tout un ensemble d'ingrédients qui font de ce roman une petite merveille et un énorme coup de coeur.

C'est mon deuxième roman turc avec Madame Hayat d'Hamet Altan, et je ne compte pas m'arrêter là.
Commenter  J’apprécie          124
C'est une ambiance bien plaisante que nous dépeint cette auteur... J'ai eu l'impression de vivre à Istanbul le temps de cette lecture, et surtout de savourer ses multiples plats si bien décrits ! Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, si la table des matières se compose de toute une série d'aliments !
Les personnages sont attachants quoique la multiplicité de tous les points de vue empêche d'entrer vraiment dans leur moi intérieur. On zappe d'un personnage à l'autre...Certains apprécieront justement cela, mais moi, pas trop.
Malgré tout, j'ai vraiment passé un bon moment, très dépaysant. J'ai voyagé, c'est ce qui compte !
Commenter  J’apprécie          120
Persuadée que je n'avais pas lu ce livre (attaque précoce d'Alzheimer ?) je me suis lancée dans sa (re)lecture. O divine surprise ! Retrouvant (avec plus de maturité peut-être) un livre que j'avais beaucoup aimé, je me suis replongée avec bonheur, un petit sourire en coin, dans cette belle et terrible histoire de familles arménienne et turque dont les destins se croisent, pour le meilleur plutôt que pour le pire. le charme, l'humour, la sagesse, la profondeur et la très belle écriture de Shafak ont fait merveille, ainsi que sa tendresse pour ses personnages, à laquelle on ne peut qu'entièrement adhérer. A relire lorsque on se prend à penser que des communautés différentes ne pourront jamais vivre ensemble en paix, surtout lorsqu'un passé douloureux rend difficile le devoir de mémoire et la réconciliation, alors même que chacun voudrait vivre en paix avec ses voisins.
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (2254) Voir plus



Quiz Voir plus

Soufi, mon amour

Comment s'appelle la première femme de Rûmi?

Gevher
Gisha
Gozde
Kerra

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Thème : Soufi, mon amour de Elif ShafakCréer un quiz sur ce livre

{* *}