Amatrices, amateurs de gastronomie exotique, d'Histoire et d'histoires de famille : ce livre est fait pour vous !
Dans ce roman, nous faisons connaissance avec toute une galerie de personnages.
D'un côté, une famille turque d'Istanbul : quatre soeurs au caractère bien trempé, de la femme libérée à la mystique voilée, et un frère émigré aux Etats-Unis pour contrer la malédiction masculine familiale. Sans oublier Asya, la fille de ses tantes, qui essaie de vivre libre sans être étouffée par sa famille trop aimante.
D'un autre côté, Armanoush et sa famille à trois branches : son père et sa famille arménienne, tout aussi aimante que la famille turque, sa mère campagnarde américaine et son beau-père, le Turc émigré que j'évoquais plus haut.
Ce roman est bâti sur deux drames, à la fois sur la grande et la petite Histoire : le souvenir prégnant du génocide arménien et le secret de la naissance d'Asya.
Quand Armanoush décide de partir à Istanbul pour mieux comprendre ses origines, tous les mondes se rejoignent pour faire éclater les vérités... Entre légèreté et gravité, ce roman a un ton que j'affectionne beaucoup. L'autrice nous fait découvrir différentes cultures et, l'espace de quelques jours, j'ai vécu au milieu de l'atmosphère chaleureusement chaotique d'Istanbul.
Tous les personnages tout superbement travaillés ; c'est un plaisir de faire leur connaissance et de comprendre leur mentalité au regard de leur expérience.
N'étant pas une grande adepte des "secrets de famille", la fin m'a laissé un goût amer et j'aurais préféré autre chose. Mais cela ne ternit pas le plaisir que j'ai eu à lire cette histoire et à mieux connaître à la fois certaines cultures et un pan historique.
J'ai adoré voir les pièces du puzzle familial s'emboîter et la touche mystique avec la tante et ses deux djinns sur les épaules.
Pour ces raisons, ce roman sera sans doute de ceux qui marqueront mon année 2019 !
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Quand l'Arménie et la Turquie se rencontrent à la croisée des âges, que la tradition fait face à la modernité...
un joli jeu de contrastes et d'effet miroir entre les personnages animé vraiment le roman.
Un beau témoignage sur la Turquie d'Hier et d'aujourd'hui
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Armanoush/May a vingt et un ans. Fille de divorcés, elle vit entre San Francisco et l'Arizona, jonglant entre sa famille paternelle d'origine arménienne et sa mère américaine remariée à un Turc, Mustafa.
Asya, dix-neuf ans, nièce de ce même Mustafa, vit à Istanbul étouffée au milieu de ses trois tantes, sa mère, et deux aïeules. Jeune fille indépendante au caractère bien trempé, elle cherche à échapper à l'ambiance oppressante du foyer en retrouvant quelques intellectuels dans un café.
Pour une fois, mon petit résumé introductif porte sur la deuxième partie du récit. Il faut dire que la construction de ce roman est peu commune, au moins sur le premier tiers. Chaque chapitre zoome sur un laps de temps très court, quelques heures tout au plus, et on saute plusieurs années d'un chapitre à l'autre, tout en alternant les personnages. C'est assez déstabilisant, voire décourageant, au point de m'avoir donné envie de lire la quatrième de couverture, pour une fois. Bien m'en a pris : on y apprend qu'Armanoush et Asya vont se rencontrer, et c'est effectivement à ce moment-là que l'on entre vraiment dans le récit. La confrontation de ces deux jeunes femmes que tout semble opposer mais qui ont des racines culturelles communes va se révéler très riche.
Ce roman subtil donne un excellent aperçu de la Turquie, pays attaché à l'Islam, certes, mais aux moeurs de plus en plus occidentales, depuis sa laïcisation par Atatürk dans les années 1920. La cohabitation relativement harmonieuse de sept femmes de quatre générations différentes, les unes attachées aux traditions, les autres au mode de vie occidental, illustre parfaitement cette problématique, tout en présentant la condition féminine locale. le regard et les questionnements de la jeune Américaine qui arrive sur le sol turc avec ses a priori sont particulièrement intéressants, ils correspondent peu ou prou à ceux de tout Occidental qui ne connaît pas bien la Turquie et sa population. Omniprésente, la réflexion sur le massacre et la déportation des Arméniens en 1915 est également passionnante : il apparaît que les plus hostiles au peuple turc sont les survivants et descendants exilés, toujours en attente d'un pardon, ou à défaut, d'une reconnaissance du terme de génocide.
Un récit très intéressant, riche, mais dont la lecture n'est pas toujours des plus aisées...
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Un mélange d'histoire de familles et de grande Histoire. Un regard croisé de frères ennemis arméniens et turcs.
Armanoush et Asya sont deux jeunes adultes aux vies bien différentes, mais pour chacune d'elle la famille et le passé joue un rôle important dans ce qu'elles sont. Et leur rencontre va faire remonter bien des secrets.
Un livre de femmes, même si les hommes, de par leur absence, jouent un rôle important dans cette histoire.
Un début assez lent et laborieux pour moi, mais je suis contente d'avoir continué car la deuxième partie m'a vraiment plu.
Petit avertissement, c'est un livre qui donne l'eau à la bouche tant la cuisine orientale est omniprésente :-) .
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On se retrouve en Turquie. Nous allons dans ce roman suivre deux familles, la famille d'Asya et celle de sa "belle-cousine" Amy alias Armanoush.
Lorsque Amy décide de se rendre en Turquie pour retracer l'histoire de sa famille paternelle.
-- Dans ce roman l'auteure nous conte et nous raconte des personnages, tous différents, de leur personnalités, de leurs opinions politiques et même religieuse.
--Sur fond de génocide Arménien.
L'histoire de ses deux familles, liées.
J'ai eu un coup de coeur pour ce livre, j'ai tourné les pages relativement vite et sans m'en rendre compte.
L'écriture, la façon de narrer, la trame de l'histoire, en font un texte rapidement addictif.
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C'est le livre de Valérie Manteau, "Le Sillon", dans lequel elle parle beaucoup de "La Bâtarde d'Istanbul", qui m'a décidé à lire ce roman turc qui traînait depuis plusieurs années sur mes étagères. J'avais déjà lu "Soufi, mon amour" de la même auteure, que j'avais bien aimé, sans plus.
Sans tabous ni complexes, Elif Shafak brosse le portrait d'une Istanbul contemporaine, cité cosmopolite tiraillée entre l'Orient et l'Occident, encore agacée par la cicatrice du génocide arménien, à travers les destins croisés de deux familles : l'une atypique, les Karanzi, Turcs dont les mâles sont décimés à l'âge de 40 ans, composée de 4 générations de femmes vivant sous le même toit, et les Arméniens Tchakhmakhchian, plus traditionalistes, émigrés aux Etats-Unis dans les années 20. La curiosité d'une jeune Arménienne-Américaine à la recherche de ses racines va faire se réunir tout ce petit monde-là d'une manière peu subtile, pour le meilleur et pour le pire...
Les soeurs turques de la famille Kazanci forment les figures principales de ce roman, étouffant d'un amour possessif leurs nièce, soeurs, fille, mère, grand-mère, qui lisant l'avenir dans le marc de café, qui s'habillant sexy pendant que l'autre écoute les confidences de deux djinns campés sur ses épaules, qui jurant comme un charretier tout en pratiquant l'amour libre, qui faisant ses prières, cuisinant le matin et enseignant l'histoire nationale l'après-midi pendant que l'autre travaille dans son salon de tatouage...
J'ai d'abord cru aimer la psychologie des personnages, avant de déchanter devant des ficelles trop grosses...
L'auteure parvient à évoquer le génocide arménien de manière très libre (elle a été condamnée puis acquittée pour des propos tenus par ses personnages, rappelons-le), ses personnages sont pétris de contradictions, la nourriture et la cuisine sont omniprésentes (miam ! elle donne même une recette complète...) mais elle nous sert un condensé d'opinions à bâtons rompus au Café Kundera dans des dialogues peu réalistes, célèbre café d'Istanbul où une poignée d'intellectuels se retrouvent pour deviser sur l'alcool, le sexe, la religion, le multiculturalisme... ou encore le cybercafé Constantinopolis, où des expatriés tentent de recoller vainement les morceaux de leur pays et de leur passé.
Si l'intrigue n'est pas exceptionnelle (c'est davantage un prétexte pour évoquer certains sujets chers à l'auteure) et la fin prévisible, je me suis laissé porter par cette balade littéraire dans les ruelles bigarrées de cette ville coupée en deux par le Bosphore, où des Turcs, des Arméniens, des Juifs et des Grecs s'évertuent encore à essayer de vivre ensemble, malgré tout.
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