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sur 997 notes
Que peut-on retenir d'un roman écrit par une auteure turc avec en toile de fond le génocide arménien ?

Moi qui aime les romans de femmes pour les femmes, me voilà servie ! Ce roman est résolument féminin et féministe puisqu'il englobe quatre générations de femmes de la même famille. Ce sont des femmes fières et fortes, pour qui j'ai nourri de l'admiration et de l'attachement.
Toutes ont des caractères complexes brillamment exposés par l'auteure ; du coup, j'ai trouvé qu'Elif Shafak ne tombait pas dans le piège du roman purement manichéen avec des gentils très gentils, et des méchants très très méchants.

Parmi ces femmes, deux sont en quête de leurs origines respectives. Armanoush, issue (pour moitié) d'une famille arménienne émigrée aux Etats-Unis, décide de se rendre dans la famille de son beau-père installée à Istanbul pour en savoir plus sur le génocide arménien. Sur place, elle va se lier d'amitié avec Asya, née de père inconnue (la bâtarde d'Istanbul), à la recherche de sa place à la fois dans sa famille et dans la société turque. Ainsi, dès le titre, le lecteur peut comprendre que l'un des thèmes du livre sera la quête de soi.

L'Histoire tient également une place prépondérante dans le roman. Les deux jeunes femmes en ont une vision radicalement opposée. Pour Armanoush, l'Histoire définit l'identité et l'individu. C'est là que j'ai compris l'importance du génocide aux yeux des arméniens. On leur apprend très tôt les souffrances de leur peuple, mais surtout, on leur apprend très tôt à ne jamais oublier.
Pour Asya, au contraire, l'Histoire n'est qu'un outil pour comprendre le présent mais ne détermine pas ce que nous sommes aujourd'hui. Aussi, lorsque Armanoush interrogera la famille turque sur le génocide arménien, cette dernière acquiescera à la douleur du peuple arménien, mais ne se sentira pas le moins du monde concernée.
A ce propos, il faut savoir que la publication de « la bâtarde d'Istanbul » a valu un procès à l'auteure, Elif Shafak, pour « insulte à l'identité nationale turque » parce qu'elle y évoquait précisément le génocide arménien. Je ne peux que donc saluer l'attitude courageuse qu'a eue l'auteure en maintenant la publication de son roman et en choisissant de garder son libre arbitre malgré le risque de condamnation. Fort heureusement, Elif Shafak a été acquittée (Ouf ! La liberté d'expression est sauvée !).

Le point négatif (parce qu'il faut bien en trouver) serait pour moi la multiplicité des personnages. Parfois, on a l'impression de ne plus savoir qui est qui, car les histoires sont imbriquées les unes dans les autres. La lenteur du récit m'a parfois dérangé également. Certaines scènes à mon sens sont inutiles et ajoutent de la lourdeur au livre qui est déjà bien assez épais.

Malgré tout, je ne peux conseiller la lecture de ce roman qui reste résolument bien écrit et utile pour comprendre l'Histoire.
Lien : http://mademoisellechristell..
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Ce livre qui raconte l'histoire de deux familles dont le destin est lié et l'amitié de deux jeunes filles m'a passionné. Une famille est turque, l'autre arménienne. La ville d'Istanbul sert de cadre sublime. Chaque chapitre porte le nom d'un ingrédient culinaire, moins le dernier (la fin est rude).
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Me préparant à voyager pour la première fois en Turquie, et désirant explorer la littérature nationale, mes recherches m'ont rapidement guidées vers les ouvrages d'Elif Shafak et d'Othman Pamuk. J'ai débuté ma visite en parcourant La bâtarde d'Istanbul : j'ai tout simplement ADORE ce livre qui m'a fait découvrir et donné envie d'approfondir mes connaissances de la culture turque.
Finesse et intelligence. Voici, à mon sens, les adjectifs qui caractérisent ce roman ayant pour objet la famille Kazanci, composée quasi exclusivement de femmes : Petite-Ma, sa fille Gülsum, ses quatre petites filles Banu, Cerviye, Feride et Zeliah, son petit fils Mustafa et son arrière petite-fille Asya (fille de Zeliah).
Chaque personnage est haut en couleur, attachant, doté d'un tempérament singulier, ce qui permet d'effleurer les sujets qui traversent la société turque contemporaine : religion, patriarcat, place de la femme, nationalisme ou encore la douloureuse mémoire du génocide arménien.
Tous les secrets enfouis et toutes les fractures affleurantes refont surface grâce à l'amitié touchante qui lie progressivement Armanoush Tchakhmakchian, brillante étudiante américaine d'origine arménienne et dont le beau père est le turque Mustafa Kazancie, et Asya Kazanci, fille rebelle de Zelhia Kazanci qui remet en question l'histoire et la société turque.
Malgré la sensibilité de toutes ces thématiques contemporaines, Elif Shafak parvient à les traiter de manière intelligente et relativement légère, nous pousse à réfléchir et nous donne une furieuse envie de se plonger dans l'histoire et dans la culture turque, de flâner dans les ruelles d'Istanbul, d'étudier cette Nation si riche et complexe.
En bref, foncez sur ce livre sans hésitation !
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A une centaine de page de "La bâtarde d'Istanbul" d'Elif Shafak, et la déception m'envahit. J'ai la sensation que c'est un ensemble de prétexte sur la condition féminine en Turquie, dans les familles Arméniennes également et de tristes faits sociétaux qui construisent un semblant d'histoire. Le sentiment que l'auteur a voulu en placer de trop. Ce n'est donc pas une histoire fluide et émouvante, ni écrite d'une manière qui suscite l'attention. Cela ressemble plus à un triste constat. Un sujet délicat qui manque de travail littéraire, de partage, de désir de raconter une histoire. Il y a une multitude de passage du coq à l'âne. Le côté culinaire y a une place étouffante. Je pense en rester là avec ce livre. Ce n'est pas l'introduction d'Amin Maalouf qui me poussera à aller plus loin. De ce côté j'y ai ressenti une accroche, du copinage pour soutenir un nouveau livre à vendre.
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Amy et Asia. L'une est d'origine arménienne, l'autre est turque. L'une vit avec les douleurs du passé, l'autre l'a effacé de sa vie. Venues de peuples ennemis, de caractères différents, rien ne semble relier ces deux jeunes filles, sinon pour chacune une famille envahissante. Pourtant lorsqu'Amy (Armanoush, en réalité) décide de quitter sa Californie pour venir visiter Istanbul et découvrir ses origines arméniennes, elle n'imagine pas à quel point elle va bouleverser la famille de son beau-père, celle d'Asia (et la sienne par le même occasion).
Ce roman d'Elif Shafak fit scandale auprès des autorités turques à sa sortie puisque l'autrice y évoque ouvertement le génocide arménien. Mais on ne peut réduire ce livre à ce côté sulfureux.
Roman initiatique de deux jeunes filles d'aujourd'hui, deux jeunes filles marquées par leurs origines (celle mystérieuse d'Asia, l'exode de la famille d'Amy), "La bâtarde d'Istanbul" est avant tout une grande fresque familiale, racontant à la fois le passé d'un pays mais aussi la Turquie d'aujourd'hui (en tout cas celle du début du XXe). Avec une mention spéciale pour la famille exclusivement féminine d'Asia, ses tantes si particulières et si différentes mais au profils plus complexes qu'il n'y parait au premier abord.
Raconté avec beaucoup d'humour et de sensualité, ce roman n'oublie pas d'évoquer les cuisines turques et arméniennes aux noms de recettes différentes et pourtant si proches, à l'image des deux peuples ennemis.
"La bâtarde d'Istanbul" est une réussite totale, à la fois intime et universelle, drôle et émouvante, riche de nombreuses thématiques et de personnages emblématiques.
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Tout commence avec Zeliha, 20 ans. Elle vit dans un famille exclusivement composée de femmes : sa grand mère, sa mère et ses trois soeurs : tous les hommes de la famille semblent frappés d'un malédiction et disparaissent prématurément avant leurs 40 ans.
La famille habite une maison à Istanbul.
Zeliha, jeune femme moderne, a rendez vous chez le gynécologue pour se faire avorter. Finalement l'avortement n'a pas lieu et Zeliha annonce à sa famille avec beaucoup de provocation (et beaucoup d'humour) le fait qu'elle soit enceinte. Puis nous sommes transportés en Arizona et nous découvrons, Rose, 20 ans également, ex-épouse de Barsam d'origine arménienne, dont la famille vit en Amérique depuis 1915 (en exil suite au génocide arménien par les turcs)
Elle vient d'avoir une Petite fille Armamoush et rencontre Mustapha, le frère de Zeliha, parti au Usa (par peur d'une mort prématurée due à la malédictions des hommes de sa famille ?). On découvre cette famille culinairement et culturellement très proche de celle d'Istanbul.

20 ans plus tard
Asya à Istanbul est la bâtarde du titre : elle semble très touchée par le mystère de sa naissance. de l'autre cote de l'océan, Armamaoush, devenue Amy, est aussi à la recherche de ses racines (elle connait son père et sa mère mais souhaite retrouver a Istanbul les racines de sa famille ...elle est devenue la belle fille de Mustapha, le frère de Zeliha.)

J'ai beaucoup aimé le parallèle entre ces deux jeunes femmes à des kilomètres l'une de l'autre mais finalement pleines de points communs. En particulier il y a de très belles scènes dans un café nommé Kundera à Istanbul et dans un café virtuel en Amérique ... les débats sont variés et mettent bien en avant la complexité du passé commun turc et arménien. J'ai aussi aimé la rencontre de ses deux cultures finalement très proches
A un moment, Amy compare la famille turque a une famille de Gabriel Garcia Marquez et ce n'est pas éloigné de ce que je pense : les portraits des trois soeurs de Zeliha sont tous très réussis et je garderai un souvenir ému de Banu, (un peu folle au premier abord mais si soucieuse de sa soeur Zeliha)
La référence à Garcia Marquez permet également d'amener une touche de « réalisme magique » que j'ai beaucoup aimé ....

En conclusion : un roman passionnant sur une Turquie très ambivalente...
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Ce livre m'a offert un échange riche avec ma coiffeuse d'origine arménienne. J'ai retrouvé dans son discours une posture tenue par la famille de l'héroïne, Amy. En plus de m'avoir instruite sur la situation et les relations turco-arméniennes, merci à ce roman de m'avoir permis d'être coiffée intelligemment.
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Il y a un moment que ce livre dormait bien au chaud dans ma PAL. La couverture, comme vous pourrez le constater, est tout simplement magnifique !

Ce roman aborde un sujet que je ne connais qu'assez peu, le génocide arménien de 1915, ainsi que l'actuelle relation entre les turcs et les arméniens.

Les secrets de famille réunissent deux jeunes femmes, l'une arménienne et américaine, l'autre turque. Contrairement aux apparences, tout semble les opposer mais il s'agit bien du contraire. Et, honnêtement, je n'ai absolument rien vu venir du secret de ces familles !

Je ne peux que saluer la plume engagée d'Elif Shakaf, aussi intéressante qu'important, aussi fluide que profonde.
Orhan Pamuk nous dit qu'Elif Shafak est « la plus grande romancière turque de ces dix dernières années » et bien je le crois volontiers.
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Quelle belle découverte que ce livre épicé, riche et nourri ! Il mêle la petite histoire (celle de 4 personnages principaux, et 4 générations), à la grande (le génocide arménien). Il prend de la hauteur en confrontant les points de vues turcs et arméniens sur la question du génocide. Il montre que par delà les divergences, les oppositions culturelles, les liens entre les êtres humains font que nous sommes plus proches que nous le croyons les uns des autres. Parfois, on scie sans le savoir la branche sur laquelle on est assis. Un livre enivrant à déguster.
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Turquie, Arménie, Etats-Unis... Toutes ces cultures se mêlent et s'entrechoquent au rythme des pistaches, amandes, pois-chiches et autres cannelle et vanille.
Elif Shafak nous entraîne avec elle à la découverte de ses origines tantôt heureuses, tantôt douloureuses, mais toujours émouvantes, parfumées, colorées et drôles. Elle titille avec grâce nos émotions
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