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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ah ! C'est sûr, c'est pas du Game of Thrones™, ce truc-là ! C'est pas demain que l'insignifiant Shakespeare, avec ses faibles moyens (même pas labellisé HBO, c'est tout dire !), arrivera à la cheville du GRAND monsieur Martin™, et fera pulser le coeur de toutes les midinettes à coup de dragons et de morts-vivants !

Ah ! C'est sûr, c'est pas non plus un crac, ici, l'ami Shakespeare, en fratrie de loups extralucides, en hémoglobine bon marché, en têtes virilement sectionnées, en bacchanales baisatoires (voilà ce qui plait aux jouvenceaux, n'est-ce pas, Monsieur Martin™, c'est ça qu'est tout bon), ni en tout ce qui fait le fond de comm… euh ! la valeur artistique, voulais-je écrire, du Trône de fer ™ & associés. (Car tout le monde ne peut pas être aussi subtil que le grand, GRAND monsieur Martin™…)

(Quoique, quoique, dans le théâtre élisabéthain, j'en connais deux ou trois qui se défendent assez bien sur le registre subtil de l'hémoglobine, notamment un obscur Christopher Marlowe dans Massacre à Paris ou l'insignifiant Shakespeare, toujours lui, dans Titus Andronicus, et quoique, quoique notre inimitable et génialissime monsieur Martin™ ait peut-être un tout petit peu emprunté, oh si peu !, à l'insignifiant Shakespeare son Falstaff pour imaginer son gros roi Baratheon. Et peut-être même quelques autres… Ah ! Qui sait ? Qui sait ?…
Bref ! Triste époque que la nôtre qui porte aux nues du réchauffé de bas aloi et qui s'extasie sur des livres pour ado ! Qu'en restera-t-il dans 400 ans ?… Dormez tranquille, Messire Shakespeare.)

Bien sûr, il faut tout de même connaître un peu l'histoire anglaise du Moyen-Âge pour savourer pleinement toute les subtilités de cette tragédie historique. Basée sur des faits réels (enjolivés ou modifiés au besoin), cette pièce en cinq actes nous représente une usurpation du pouvoir légitime d'un roi par un prétendant aux dents longues, en l'espèce, son propre cousin.

C'est une fois encore chez Shakespeare très finement observé et cette pièce, dans son style, — n'ayons pas peur des mots — est un petit bijou, mais lequel style ou lequel bijou ne sont pas forcément très en vogue en ce moment, la faute à qui vous savez. La pièce s'ouvre sur un Richard II triomphant, respecté ou craint, c'est selon, et dont la légitimité ne fait aucun doute.

Très habilement, par petites touches, William Shakespeare s'applique à nous le montrer volontiers inique ou quelque peu tyran. Du moins, un roi faible, qui sait mal s'entourer et surtout mal distinguer, parmi la horde de ses courtisans, ceux qui le veulent bien conseiller de ceux qui misent pour leur propre compte.

Il s'ensuit que l'état des finances royales est un désastre et qu'il faut puiser à toutes les sources possibles pour réinjecter de l'argent frais afin de faire fonctionner l'appareil royal. La pièce débute sur un différend, une dénonciation d'un notable par un notable où seul l'arbitrage du roi pourra sceller la sentence.

Or, c'est dans cet exercice que Richard II se montre peu ferme, peu sûr et peu fiable. Le plaignant, c'est Henry Bolingbroke, le propre cousin du roi, fils de Jean de Gand, le frère du père du roi. L'accusé est un important lord — l'un des plus puissants —, en la personne de Thomas Mowbray, duc de Norfolk, comte de Nottingham, homme de confiance du roi. Henry Bolingbroke accuse Thomas Mowbray d'avoir fomenté l'assassinat de leur oncle commun au roi et à lui-même, à savoir, Thomas Woodstock, ainsi que d'avoir détourné des fonds royaux.

Le roi se révèle incapable de juger et de mettre un terme à cette querelle, probablement par un reste de scrupule religieux, car il sait très bien que c'est lui-même le commanditaire de l'assassinat en question et que s'il autorise ce qui semble être le plus naturel, à savoir un duel en bonne et due forme, le sang d'un innocent va couler inutilement.

Il va donc prendre deux mauvaises décisions : le bannissement respectif des deux plaignants, créant un fort sentiment d'injustice, notamment vis-à-vis de Bolingbroke, même si, témoin encore de sa faiblesse, le père Jean de Gand obtient facilement un amenuisement de la peine de son fils.

Gestion financière calamiteuse, écoute de mauvais conseils, décisions douteuses et jugées injustes, grogne populaire en raison de l'élévation des taxes et impôts divers destinés à combler les trésoreries du roi. Il ne manquait plus que deux petits éléments déclencheurs pour conduire un tel roi à sa propre perte : une rébellion des Irlandais à aller mater et un cruel manque d'argent pour mener cette guerre qui oblige à dépouiller les cousins bannis, par exemple.

Arrive donc un Henry Bolingbroke dans son bon droit, jouissant d'un support populaire important et victime d'une visible injustice. Peu à peu, les rouages s'enclenchent, les rats engraissés sous le règne de Richard quittent vite le navire quand le vent du changement souffle.

Très habilement, l'auteur sait nous dépeindre les mutations psychologiques réciproques qui s'opèrent chez chacun des deux cousins, l'un devenant peu à peu martyr et l'autre peu à peu tyran, c'est marrant (N. B. : il s'agit d'un calembour mathématique dont l'équation est la suivante : MARTYR — TYRAN = MARRANT car TYR — TYR = 0 … bon, OK, je sors…).

C'est étonnant comme cette histoire d'une usurpation du pouvoir m'a fait penser, toutes proportions gardées, à l'ascension de Hitler aux dépens de Hindenburg, thème qu'a exploité Bertolt Brecht dans La Résistible Ascension d'Arturo Ui. Lequel usurpateur, Henry Bolingbroke, sera sacré sous le titre de Henry IV, et deviendra le sujet d'une autre pièce de Shakespeare.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette pièce, qui m'a permis de mesurer mon niveau d'inculture en matière d'histoire médiévale britannique, mais je conçois qu'on ne soit pas forcément féru de ce genre de recherches historiques pour mieux comprendre sa lecture, d'où mon appréciation mesurée. Mais c'est pourtant, selon moi, une pièce qui vaut le détour.

Intéressante psychologiquement et politiquement, tout en étant également intéressante à replacer dans son contexte d'écriture : Elisabeth Ière n'ayant, elle non plus, pas d'héritier. Elle ne s'est d'ailleurs pas méprise sur la signification profonde de cette pièce ; à savoir semer la discorde, parmi les prétendants au trône (qui n'était pas en fer), comme ce fût le cas plus tard chez les Plantagenet, descendants d'Henry IV et ceux du duc d'York. Mais ceci est une autre histoire qui nous mènerait bien trop loin.

En somme, voici une bien belle tragédie, sans hémoglobine, sans pathos excessif, sans scène de cul, tout en nuance et en réflexion, de la belle ouvrage, loin, loin, loin du racolage trône de ferresque, mais ce n'est, bien évidemment, que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : je ne doute pas que mes prises de positions au détriment de Game of Thrones risquent d'offusquer certains lecteurs ou lectrices. Mais comme je mets un point d'honneur à argumenter mes points de vue, je vous demande, avant de me jeter quelques pleines cagettes de tomates pourries d'aller lire, ne serait-ce que Titus Andronicus, pour vous faire votre propre opinion et constater que, grosso modo, le destin d'Eddard Stark et de sa famille dans le Trône de fer est une resucée quasi intégrale de Shakespeare.

Les fameux « changements de point de vue » tant vantés par les admirateurs de monsieur Martin™, ne sont rien d'autre, rien de plus que ce que Shakespeare a opéré en écrivant Hamlet d'un côté et Macbeth de l'autre. Le personnage de Cersei Lannister/Baratheon est un remake de Lady Macbeth. J'ai déjà parlé de Falstaff mais on retrouve également dans la série l'équivalent du personnage de Iago (Othello). Quant à Jon Snow, de ce que j'en ai compris (Je vous concède que je me suis arrêtée à la première saison quand j'ai compris que jamais décidément jamais je n'accrocherai à cette mélasse.), c'est plus ou moins un Hamlet.

Le titre même du premier bouquin de Martin™, « Le Trône de fer » est un quasi plagiat de celui des Rois maudits de Maurice Druon dont le premier volume s'intitulait « Le Roi de fer ». Et si vous regardez bien, point par point, pratiquement tout a été pompé à droite ou à gauche mais en n'omettant jamais d'y adjoindre une petite touche bien racoleuse, comme ce que fait un peu Quentin Tarentino dans ses derniers films.

Là où William Shakespeare fait de la littérature, au sens le plus noble du terme, quitte à utiliser le sang ou les plus bas instincts de l'homme, George R. R. Martin fait, lui, de la soupe, une vieille bouillabaisse qui pue, pas le poisson, malheureusement, ça ce serait encore tenable, mais bien plus puant encore : le côté obscur de la littérature, sa négation absolue contaminée par le kitsch et le retour sur investissement. Du bien bon commercial qui tache…

LUKE LITERATUREWALKER : Est-ce que le côté obscur est le plus fort ?
GUSTAVE YODA : Plus facile, plus rapide, plus séduisant est le côté obscur de la littérature, mais pas meilleur il est. Si par le côté obscur de la littérature tu te laisses séduire, jamais plus tu ne…

… et vous connaissez la suite.
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Bon j'attaque les choses shakespeariennes sérieuses : ses pièces historiques ; pas dans l'ordre d'écriture mais dans celui de la chronologie de l'Histoire (j'ai déjà lu le Roi Jean il y a deux ans, donc il est hors-jeu).

Avec Richard II, Shakespeare début la série sur la Guerre de Cent ans. Soucieux de réalisme historique ou, plus probablement, cherchant la péripétie susceptible de fonctionner dans une pièce de théâtre, il s'appuie beaucoup sur les écrits de son contemporain (quoiqu'un peu plus âgé) le chroniqueur Raphael Holinshed. Dans la publication française qu'en a faite François-Victor Hugo ‒ récemment remise au goût du jour dans une belle édition et que j'ai le plaisir de lire ‒ le traducteur décrit dans ses notes les scènes directement adaptées des chroniques de l'historien anglais. Et il y en a beaucoup ; un seul exemple : la scène de préparation du duel judiciaire qui voit s'affronter Bolingbroke et Mowbray (acte I, scène 3).

La pièce peut se décrire comme une balance pesant le destin du roi Richard, fils du Prince Noir. le premier plateau montre à travers les deux premiers actes un roi glissant rapidement vers l'absolutisme. D'une manière qui ne semble naturelle qu'à lui est à ses courtisans, il interrompt le duel judiciaire entre Bolingbroke et Mowbray et les exile tous les deux. Il se voit accusé du meurtre de son oncle le duc de Gloucester par son autre oncle Jean de Gand (père de Bolingbroke). Quand ce dernier décède, le roi s'empare de ses biens pour « financer sa guerre en Irlande ». Floué de son héritage, Bolingbroke revient en Angleterre accompagné d'une armée. Son but n'est pour l'instant que de récupérer ses terres.
Dans l'acte III, on voit Richard souffrir de l'abandon de ses troupes et de l'aristocratie au profit de Bolingbroke. le deuxième plateau de la balance montre sa déchéance. le Parlement le déchoit ; Bolingbroke devient roi sous le nom de Henry IV. Richard a droit à de longues tirades pathétiques ou, sous couvert de s'accuser lui-même de ne pas avoir été à la hauteur, il accuse cyniquement ceux qui l'ont mis à bas d'avoir commis un sacrilège en renversant un roi choisi par Dieu. Il finit assassiné sur l'ordre implicite de son successeur (Shakespeare adopte ici une des théories qui s'opposent sur la fin de Richard).

Finalement, l'intérêt réside moins dans la pièce elle-même – qui réserve bien sûr de bons moments – que dans sa réception (ici, je m'appuie sur la préface de Margaret Jones-Davies). A l'époque où elle est conçue, la reine Elisabeth 1ere est vieillissante, sans héritier. La monarchie est moins prête qu'avant à entendre parler du renversement d'un roi choisi par Dieu, fût-il despotique. La censure passera par-là. En revanche, le républicain François-Henry Hugo y voit le procès de la royauté, comme si Shakespeare était une sorte de révolutionnaire avant l'heure. Margaret Jones-Davies tempère. Pas question de voir la libération du peuple ici. Au contraire d'un procès de la royauté, il s'agit d'un procès contre un homme qui a, par ses actes despotiques, porté préjudice à une fonction fondamentale et d'origine divine. le fait que la pièce montre cette fonction royale passer sans heurt de Richard à Bolingbkoke, abandonner l'infâme pour s'incarner à nouveau dans un corps noble, va dans ce sens.

Richard II était-il le monstre décrit ici ? André Maurois dans son Histoire d'Angleterre dresse un portrait plus mitigé, peut-être à cause du fait que Richard a tâché de faire la paix avec la France, francophilie inadmissible pour Albion. Georges Minois, dans sa Guerre de Cent Ans, insiste pour sa part sur les rapports exécrables entre Richard et le Parlement. On a l'impression d'assister à une lutte entre un monarque qui voudrait faire plier ses vassaux et se diriger vers l'absolutisme et la révolte de ces vassaux qui tiennent à leur morceau de pouvoir. le peuple n'a rien à espérer de particulier d'un côté ou de l'autre.

Cette multiplicité d'interprétation qui amène plus de questions que de réponses n'est pas pour me déplaire. Shakespeare prouve, s'il était besoin, que le théâtre est un excellent support pour apprendre l'Histoire, à condition d'être expliqué.
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Lassé par le polar pour le moment, je me tourne vers ma bibliothèque en quête d'un classique et d'un retour aux belles lettres, comme un malheureux dans le désert qui se damnerait pour un océan... et mes yeux tombent sur Richard II. Richard II. Mais tout le monde parle de Richard III, de Shakespeare, un psychopathe complètement fou, du peu que j'en sais, proche de Macbeth, mais très rarement d'un II. L'appel de l'Angleterre qui ne me quitte jamais, en plus de cette curiosité vers une pièce et un personnage quelque peu oubliés, tout cela ne fait ni une ni deux, et je me jette sur le texte.

Pur régal, je n'avais plus lu de Shakespeare depuis plus de deux ans, et retrouver ce Dieu de la littérature, ce maître de la sagesse, est un plaisir absolu. On est pourtant pas dans ses très grandes pièces, mais c'est du haut niveau à mon goût, bien plus intéressant que Le Marchand de Venise ou Le Conte d'Hiver à mes yeux. Je lance quand même un avertissement : jusque-là, j'aimais à lire Shakespeare dénué de tout contexte historique, dégustant son intemporalité de tous les instants. Mais avec ses pièces historiques, on est obligé de se reporter aux préfaces et notes, car si l'on ne connaît pas les souverains dont il est question, on ne comprend rien, et même le contraire de ce qui se dit en réalité!! J'étais dans le contresens total au tout début de la pièce, et il m'a fallu les métatextes de l'édition pour me remettre sur les rails. Que cela ne vous arrête pas, cela ne limite point la portée de la pièce aujourd'hui, le grand William reste le grand William, ses répliques de 1595 résonnent encore en 2016, je pense notamment à celles sur l'impôt subi par le peuple.

Parlons du fameux Richard II. Qu'est-ce qui le distingue, parmi la galerie des grands personnages shakespeariens? Eh bien ma foi, c'est un roi couard. Docteur ès indécision, il tangue perpétuellement, tourne en rond, n'a de cesse de revenir sur ce qu'il vient de dire et de changer de position dans une même scène voire une même réplique, et vous pousse, tel un prof enragé, à vouloir tracer une énorme accolade rouge sur la page pour réprimer ses contradictions!! Son entourage d'individus plus ou moins recommandables, qui l'influencent dans un sens puis dans l'autre, n'arrange rien. Rien à voir avec les diaboliques Macbeth ou Richard III!!

Après avoir exilé Bolingbroke (futur Henry IV d'Angleterre), profité sans vergogne de l'héritage que lui avait laissé son père Jean de Gand, Richard part attaquer l'Irlande... et laisse l'Angleterre à la merci de Bolingbroke qui revient s'en emparer et rallier tous les amis du roi. Richard revient sur une terre qui n'est plus à lui, et s'enfonce toujours plus dans ses délires antiphrastiques. Lui qui au début était simplement dans le compromis, va jusqu'à remettre en cause sa légitimité, le pouvoir de la couronne et même de l'homme, pour les revendiquer à la réplique suivante, et s'agenouiller à nouveau lorsque Bolingbroke réclame sa reddition. Sa folie n'est ni gratuite ni artificielle, sa peur et ses réels questionnements métaphysiques demeurent palpables pour le lecteur, je l'ai même trouvé plus réussi psychologiquement et plus sympathique que le Roi Lear. Ses allers et retours dans ses raisonnements sont la plupart du temps comiques ou irritants, on le déteste pour ses exactions indignes au début, puis à la fin, on prend en pitié ce roi d'un temps, totalement déchu, responsable de sa chute, réduit à peau de chagrin, à un pauvre hère qui questionne tout et n'est plus sûr de rien...

Du très bon Shakespare, en somme. Quelques passages et personnages secondaires à élaguer, mais c'est tout. Sachez qu'il s'agit de la première pièce d'une trilogie continuée par Henry IV et Henry V, que je n'ai point... Mais je vais tout de même continuer à me balader ainsi avant de revenir aux polars contraints par la thèse.
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Que fait-on lorsque l'on a la bonne idée d'acheter une adaptation récente BBC des trois œuvres de Shakespeare (Richard II, Henri IV et Henri V), sans sous-titre en français (bon, ça je le savais!), en langue anglaise du XVIème siècle et sans connaissance du contexte historique? Et bien, on arrête le DVD incompréhensible au bout de dix minutes, on se plonge dans Wikipédia vite fait pour la biographie et dans le texte original et traduit de cette édition! Voilà donc dans quel contexte, j'ai abordé cette œuvre! Comme le souligne Nastasia-B, sans un minimum de connaissances sur cette partie de l'Histoire anglaise, il est très difficile d'appréhender cette pièce de théâtre, même avec les notes de bas de pages.

Et finalement, en jonglant entre le texte original et sa traduction, je ressors ravie de ma lecture. Cela faisait longtemps que je n'avais pas fréquenté le maître et je me demande pourquoi je n'y reviens pas plus souvent. L'écriture est tellement belle et lyrique. Et puis, c'est un moyen ludique d'aborder le règne d'un roi anglais qui m'était inconnu. Bien entendu, il faut toujours faire attention car il ne s'agit pas d'une biographie rigoureusement historique mais bien d'une interprétation de l'auteur, influencé par son temps et soumis à la censure.

Bref, je vais poursuivre ma lancée avec les pièces de Henry IV (1ère et 2nde partie) et Henri V. Et pourquoi ne pas relire Macbeth, étant donné qu'une adaptation va bientôt sortir au cinéma?
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Shakespeare est vraiment le plus grand dramaturge de tous les temps ! Lui seul peut parvenir à émouvoir son public en mettant en scène la destitution d'un Roi médieval par son cousin et rival. Au delà de l'intrigue politique inscrite dans un contexte historique précis, c'est l'universalité de la condition humaine qui est une fois de plus mise en scène et parle à l'homme contemporain comme il devait sans doute parler au spectateur du 16ème siècle.
L'évolution du personnage de Richard révèle qu'un tyran sanguinaire peut aussi être capable de se remettre en cause et même d'adopter un comportement quasi-sacrificiel alors que son alter ego Bolingbroke qui au début de la pièce se trouve injustement chassé, revient en conquérant légitime mais sa prise de pouvoir ne peut se faire qu'à condition de renoncer à la loyauté et aux valeurs fondamentales qui le grandissaient. C'est toute l'ambiguité des jeux de pouvoir qui est analysée avec une finesse inégalée, les personnages secondaires étant par ailleurs campés avec un tel souci de vérité psychologique que l'on se croirait vraiment dans les antichambres de la République. On comprend pour quelles raisons Fleur Pellerin, ministre de la culture évincée par le fait du Prince, a puisé dans cette pièce les belles citations qu'elle a servi à la presse au lieu des commentaires fielleux qui étaient attendus. On ne saurait faire preuve de plus de classe et je souhaite sincèrement que cette publicité donnée au dramaturge dont on célèbre cette année le quatrecentenaire de la mort, donnera envie de se plonger dans le texte (original si possible pour sa merveilleuse poésie mais même en traduction, cela vaut vraiment la peine !)
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