J'ai vraiment accroché à ce livre, qui m'a surprise plus que je ne m'y attendais. Je m'attendais à une simple histoire horrifique, influencée par les films et la culture populaire construite autour de cette histoire, et je me retrouve face à un roman qui m'interpelle à bien d'autres niveaux.
La créature est monstrueuse certes, et Marie Shelley rend très bien l'effroi, la terreur qu'elle inspire par son physique mais aussi par l'atmosphère de mort qu'elle représente. On grimace, on frissonne. Mais si on frémit, ce n'est pas que de peur, mais également face au désespoir qui anime les personnages. Il y a la perdition du Docteur Frankenstein, dépassé par sa créature, par ce destin morbide qu'il s'est lui-même imposé en jouant à Dieu. Il y a la solitude extrême du monstre, cette envie d'être aimé, et cette rage face au rejet de l'humanité toute entière.
Ce roman pose déjà les questions de la science et du progrès, de leurs limites et de leurs dérives. Les recherches du Docteur Frankenstein, qui semble foncer tête baissée sans lucidité, dérangent autant qu'elles fascinent, jusqu'à nous repousser, d'autant que la moralité, la vertu, sont constamment mises en valeur dans le roman.
J'émets une petite réserve sur l'extrême vertu de certains personnages, justement. Certaines scènes, certaines personnalités, avec les envolées lyriques qui y sont associées, peuvent paraître caricaturaux à nous autres, lecteurs du XXIe siècle. Tant de vertu, d'élans d'amour, de bon caractère : on s'attendrait presque à voir débarquer le pauvre Blaise de la Comtesse de Ségur. Mais bon, autre époque, et autre style, et c'est quelque chose que l'on rencontre souvent dans de tels romans. C'est même appréciable parfois, je n'y suis pas totalement réfractaire 😉 Et cela a le mérite de créer une nette opposition avec le monstrueux (qu'il soit du fait de la créature, ou des humains…).
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