J'ai longtemps été attiré de loin par ce roman que l'on décrit comme le premier roman de science-fiction, par ce statut, autant que par son auteure,
Mary Shelley, qui l'a d'abord publié anonymement à une époque où les femmes étaient trop peu considérées en littérature. Existe-t-il plus belle preuve de l'avant-gardisme de cette littérature ?
Et pourtant, je remettais la lecture, jusqu'à découvrir qu'il s'agit d'un roman épistolaire. En étant particulièrement friand, j'ai fini par ouvrir mon vieux livre de poche, et je n'ai pas été déçu.
Le roman narre, sous forme de récits enchassés à travers des lettres, la création d'une créature vivante à partir de l'inerte, par le docteur Frankenstein, lequel verra sa créature se retourner contre son créateur pour punir son hubris.
La plume a l'élégance des écrits anciens. Une véritable élégance dans les formules et les images, de celles qui forment une image limpide dans l'esprit de celui qui les lit. Les considérations philosophiques sont habilement saupoudrées dans le récit et le suspense est ominiprésent.
Le seul passage un peu moins bon, parce que moins crédible, est la façon dont la créature acquiert le language, mais la suspension d'incrédulité requise vaut la peine :
Il y a de tout dans ce récit mythique. de l'émotion, de l'action, de l'angoisse, de l'émerveillement.
A la lecture, si claire, on perçoit presque un vaste arbre de possibilités envisagées à chaque instant par l'auteur, et l'on se prend à imaginer quel tournant aurait prit ce merveilleux roman si une autre voie avait été explorée. Quelle richesse !
Un roman qui mérite amplement son aura mythique.