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3,83

sur 3170 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai lu ce roman à deux reprises : une fois à 12 ans, l'autre quasiment dix ans plus tard. Il m'était resté de cet ouvrage assez peu de souvenirs, sinon une certaine poésie mêlée de mélancolie, qui lorsque je l'apercevais dans une bibliothèque me procurait une étrange tendresse et une vive envie de le relire.
Je me rappelais une histoire basée sur l'Amour des livres qui redonnent de l'espoir à deux jeunes hommes, et surtout à une jeune femme. Une jeune femme peu instruite, prisonnière du système politique, de son sexe, de sa condition sociale et de son ignorance. Une jeune fille dont l'on parle peu dans ce livre, mais qui pourtant réussit l'exploit d'envoyer valser sa vie pour se reconstruire ailleurs, et enfin être.
Après relecture, il a fait ressurgir en moi beaucoup d'émotions : celles de mon adolescence, de ma quête d'identité et de sens.
Ce n'est pas un livre qui marquera tout le monde mais à coup sur, il a marqué ma vie.
La plus grande des prisons, c'est notre esprit. Accepter d'en sortir demande beaucoup de courage, de persévérance et de sacrifices. Voilà ce qu'il m'a permis de comprendre. L'important, c'est d'Être pour soi et par soi-même.
Je relirai à coup sur ce livre d'ici quelques années. Je remercie le professeur de Français qui me l'a faits découvrir ( moi l'ingrate qui sautait tant de pages lors des lectures obligatoires et qui prenait un malin plaisir à réinventer l'histoire d'immenses classiques lors des fameux contrôles de lectures.)
C'est un roman que j'offrirai sans nul doute à mes petites soeurs, lorsque le temps sera venue.
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La relecture de la Rivière et son secret, des camps de Mao à Jean-Sébastien Bach de Zhu Xiao-Mei m'a plongée dans ce livre, Balzac et la petite tailleuse chinoise, de Dai Sijie, énorme succès en France – pas en Chine, où beaucoup y ont vu le tableau de la supériorité de la culture occidentale. L'auteur (qui a tenu à écrire en français) s'en est défendu : « La vie était monotone dans la jeunesse de ma génération. Aimer lire est une chose naturelle. La littérature a apporté beaucoup de joie à ma vie à la campagne lors du mouvement d'envoi des jeunes instruits. À mon avis, la littérature est une chose superbe et romantique, ainsi j'ai voulu développer l'idée qu'un livre peut changer la vie»

Comme Zhu Xiao-Mei, Dai Sijie est envoyé dans un camp de rééducation. Ses parents, docteurs à l'époque : condamnés comme « ennemis du peuple », emprisonnés.

Au-delà du témoignage, son livre (un peu court) est un merveilleux roman, hommage à Balzac, mais aussi à d'autres (pendant 9 nuits, le héros raconte les aventures du Comte de Monte Christo).

Le héros, 17 ans, accompagné de son ami Luo, 18 ans (dont le père, dentiste, s'est vanté d'avoir soigné les dents de Mao - outrage suprême), est violoniste. le chef du camp veut brûler le violon, "objet bourgeois", mais Luo l'en empêche, et demande à son ami de jouer un morceau intitulé “Mozart pense au président Mao». Aussi fièrement que bêtement, le chef répond : « Mozart pense toujours au président Mao ».

Le binoclard, un autre étudiant, va leur prêter, pour les remercier de l'avoir aidé, un livre De Balzac : Ursule Mirouët.

Les deux garçons sont émerveillés.
La petite tailleuse chinoise, l'amoureuse de Luo, également.

« Ce vieux Balzac, continua (Luo), est un véritable sorcier qui a posé une main invisible sur la tête de cette fille ; elle était métamorphosée, rêveuse, a mis quelques instants avant de revenir à elle, les pieds sur terre. Elle a fini par mettre ta foutue veste, ça ne lui allait pas mal d'ailleurs, elle m'a dit que le contact des mots De Balzac sur sa peau lui apporterait bonheur et intelligence. »

Révoltés – à juste titre – par l'attitude du binoclard, nos deux compères volent sa valise (de livres) et c'est le début des jours heureux, de l'évasion, par la littérature. Edmond Dantes en est le symbole.

Hymne à la liberté, à l'écriture, le génie de ce roman tient dans une forme de mise en abîme :
- ses personnages vivent des scènes romanesques (le casse – la valise, le faux interrogatoire pour recueillir des chants campagnards, la fin, qui a quelque chose du père Goriot « à nous deux, Paris »... ),
- le but de ce camp est de "rééduquer" les deux garçons, et l'un deux, orgueilleux, pense à "éduquer" la Petite Tailleuse

« Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »

« On n'a pas fait quelques mois de lecture pour rien ».

« L'aboutissement de cette transformation, ce cette rééducation balzacienne, sonnait déjà inconsciemment dans la phrase de Luo ».

Plus que jamais, la littérature apparaît comme une libération.

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Mes amis, quel roman ! Je l'ai pris et ne l'ai plus lâché. Avalé en à peine 24 heures !
J'ai souri, j'ai tremblé avec le narrateur, Luo et la petite tailleuse, enfermés dans un carcan d'idéologie totalitaire, dans la rudesse des montagnes du Sichuan. Une ode à la littérature française dont nous pouvons tirer quelques fiertés !
Une incroyable sensibilité dans les tournures et la narration. Voilà un roman d'une grande beauté où face à l'horreur, l'humain se surpasse en esprit et en liberté.
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Un petit bijou qui m'a emporté dès le début, une lecture facile, un style limpide, un thème historique peu abordé et très intéresssant.
Je me suis laissée embarquer dans cette histoire touchante, avec nos deux jeunes héros...
Bien du plaisir pour un livre si intelligent!
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Dans la Chine de Mao, deux jeunes garçons, le narrateur et son ami Luo, coupables d'être fils de médecins, sont envoyés en rééducation dans les hautes montagnes du Sichuan.
Là, ils découvrent la vie difficile des paysans, le travail des champs, la mine...
Le violon de l'un, les talents de conteur de l'autre leur permettent de gagner quelques libertés qu'ils mettent à profit pour rendre visite à la fille du tailleur ou au Binoclard, autre jeune envoyé en rééducation dans un village voisin. Celui-ci possède une valise de livres que les deux garçons lui volent. Leurs lectures, qu'ils partagent avec la petite tailleuse, les ouvrent au monde et les changent.

Un bel hommage à la littérature occidentale. Un livre que j'ai beaucoup aimé.
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Au début de l'année 1971, Luo et le narrateur ont respectivement 18 et 17 ans lorsqu'ils sont envoyés au « Phénix du Ciel», une zone de montagne comprenant une vingtaine de villages, située près de Yong Jing, au bord du fleuve Ya, pour y faire leur « rééducation ». Coupables d'être fils de dentiste et de médecin, ils sont condamnés à se rendre dans les montagnes comme tous les jeunes intellectuels de l'époque.
En effet, depuis la fin de l'année 1968, le président Mao a changé profondément le pays en interdisant la lecture de livres autres que le petit livre rouge et les manuels scolaires (de propagande), en décidant de fermer les universités et d'envoyer à la campagne les jeunes intellectuels, tous issus de familles riches donc bourgeoises, pour y être rééduqués par les paysans pauvres.
Isolés dans le village le plus haut perché de la région, les deux jeunes gens vivent dans une maison sur pilotis qui fut durant plusieurs années leur résidence et le témoin de leurs jeunes années.
Grâce à au petit réveil de Luo, possédant un coq qui bouge à chaque seconde, ils deviennent rapidement respectés par le chef du village qui tombe en adoration devant l'objet.
Cependant la vie quotidienne est rude : il leur faut supporter l'isolement, les saisons, la rusticité de leur vie, comprendre les réticences et les peurs des paysans devant l'inconnu (le roman débute sur l'épisode inénarrable du violon !), travailler dur et dans des conditions très difficiles (porter des seaux en bois sur le dos, contenant de l' « engrais naturel » liquide, monter des pentes vertigineuses, extraire du charbon…), et tenir le coup moralement et physiquement. Heureusement il ya le violon anti déprime dont sait jouer le narrateur, les talents de conteur de Luo qui vont leur permettre d'avoir régulièrement deux jours de congés par mois pour se rendre à la ville visionner un des films en plein air, et revenir ensuite le raconter aux paysans, subjugués !

C'est lors d'une descente dans un village proche où, un de leur ami d'avant, le « binoclard », fils d'un écrivain et d'une poétesse, effectue sa rééducation, que leur vie bascule (enfin celle de Luo et par ricochet celle du narrateur puisque Luo est son ami de toujours) : ils rencontrent sur leur chemin, le tailleur…et font quelques semaines plus tard, la connaissance de sa fille, une vraie princesse, la Petite Tailleuse. Elle commence par soigner Luo avec des plantes lors d'une terrible crise de paludisme, et les deux jeunes gens tombent amoureux.
C'est à cette période que les deux garçons découvrent que le « binoclard » cache une valise dans sa chambre. Persuadés que celle-ci contient des livres interdits, ils ne lui laisseront aucun répit, lui rendront moult services…jusqu'à ce que celui-ci cède et leur en prête un, un livre De Balzac !
La lecture du livre leur ouvre les yeux sur le monde extérieur, l'amour et ses plaisirs… Luo part au petit matin retrouver la petite tailleuse et découvre l'amour, le narrateur recopie des extraits du livre à l'intérieur de sa veste en peau pour ne pas oublier les mots, avant de rendre le livre comme promis…

Les deux jeunes gens deviennent obsédés par l'existence de cette valise et sont prêts à tout pour en connaître le contenu…Lorsqu'ils apprennent la libération proche du « binoclard », ils en viennent même à monter tout un scénario pour la voler !
Sous leur torche électrique, ils découvrent tous les grands auteurs occidentaux !
Mais Luo ne sait pas encore que sa vie est en train de basculer et qu'il va vivre le plus grand malheur de toute son existence. Lui qui désire tant transformer la Petite tailleuse, va voir son rêve se réaliser…

Un roman envoûtant, indescriptible, dont la lecture m'avait captivé voilà déjà quelques années et que j'ai eu beaucoup de plaisir à relire pendant mes vacances. Il a obtenu de nombreux prix littéraire. Par contre je n'ai jamais vu le film qui a été inspiré par ce roman. J'ai toujours peur d'être décue par l'image qui ne reflète pas forcément ma réalité.

Il peut être lu dès l'âge de 14 ans par les ados qui découvriront ainsi tout un pan de l'histoire de la Chine tout en suivant l'histoire de ces jeunes privés de tout sauf d'espoir…
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Une histoire très fine d'amour, d'amitié et d'esprits éclairés. Un exemple particulier de ces terribles rééducations à l'époque de la révolution culturelle chinoise.
Comment la littérature ouvre au monde et à la liberté en permettant le rêve et l'espoir... Comment deux amis, privés de leur liberté s'évadent virtuellement grâce aux livres, de la campagne et du village où ils sont confinés. Comment une jeune chinoise s'en évade réellement.
Beaucoup d'humour pour raconter cette tranche de vie difficile dans la Chine obscurantiste, beaucoup de mélancolie et d'espoir mêlés. Beaucoup de fraîcheur et de profondeur. Je recommande pour tous lecteurs
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Écrit en français, ce premier roman de Dai Sijie, « Balzac et la Petite Tailleuse chinoise » se déroule en 1971, en pleine révolution culturelle lancée par Mao Zedong.
Ma, le narrateur, et Luo sont deux jeunes garçons envoyés dans un camp de rééducation en pleine montagne. Coupables d'avoir étudiés au collège et d'avoir des parents « ennemis du peuple » représentant « de puantes autorités savantes », les jeunes gens sont censés être disciplinés et refaçonnés par les paysans. La vie est très rude dans ce village pauvre, perdu dans les hauteurs. le travail y est harassant et rebutant.
Ma joue du violon, ce qui lui permet de s'évader. Luo, lui, est un conteur hors pair. Il raconte des films qu'il a vus au chef du village, ce qui lui donnera un statut un peu particulier. On finit même par l'envoyer en ville, une sacrée expédition, pour voir d'autres films et les raconter à son retour, dans des séances de cinéma oral.

Il s'avère que l'âpre montagne recèle deux trésors.
Il y a une mystérieuse valise remplie de livres occidentaux interdits que cache Binoclard, un compagnon d'infortune.
Et il y a la fille du tailleur, surnommée « la Petite Tailleuse », dont les jeunes gens tombent amoureux. Il faut dire qu'elle a les plus beaux yeux de toute la région.
Luo et la Petite Tailleuse finissent par devenir amants.

Suite à un marché, Binoclard prête un livre De Balzac, « Ursule Mirouët. »
C'est une révélation. Ce livre parle « de l'éveil, des élans, des pulsions, de l'amour, de toutes ces choses sur lesquelles le monde était. »
Luo part conter Balzac à la Petite Tailleuse qui en est métamorphosée.
« Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »
Luo se promet alors de jouer le pygmalion de sa jeune amoureuse. Mais tout ne se déroulera pas tout à fait comme prévu.

Un récit écrit comme un conte, sans accent mélodramatique, tout en finesse et en émotion. Un hymne merveilleux à la lecture, à la littérature, à l'espoir et à la liberté de pensée. Dai Sijie explore la rencontre entre la culture chinoise et la culture occidentale. Évidemment, c'est une critique implicite de la Révolution culturelle qui en montre les conséquences destructrices.
Et ce livre magnifique prend encore une autre dimension quand on sait que l'auteur lui-même avait été envoyé en 1971 dans un camp de rééducation perdu dans les montagnes de la province du Sichuan. Ses parents médecins avaient été jetés en prison.

Ce livre est un petit joyau. La trame du récit, l'intonation et la poésie font de ce roman largement autobiographique un chef-d'oeuvre. Et c'est la littérature française qui offre un nouveau regard sur le monde.
Brillant !
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Réunir Balzac et la petite tailleuse chinoise c'est avoir foi en l'avenir malgré les vicissitudes de la société communiste qui envoie à la campagne deux étudiants qui n'ont pour tort que d'avoir étudié et de faire partie de familles cultivées. Ils renferment en eux des trésors grâce à leurs talents de conteur et de musicien à leur humour aussi qui leur permet de duper un cadre devant lequel le narrateur joue du violon, instrument bourgeois s'il en est mais le titre de son morceau, il le prétend être un hommage à Mao. La musique passe donc. Dans cette campagne isolée, à l'intérieur d'une valise ficelée par une grosse corde de paille tressée, Luo et le narrateur découvrent leur vieil ami Balzac en compagnie de Victor Hugo, Stendhal, Tolstoï, Dumas Flaubert.....et d'autres écrivains éblouissants. Ils ont aussi fait la connaissance de la petite Tailleuse qu'ils espèrent instruire, cultiver et à laquelle ils souhaitent ouvrir l'horizon.
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Une petite merveille comme on en trouve parfois au détour d'un rayon de librairie. Autant les romans De Balzac m'ont profondément ennuyée lorsque j'ai dû les étudier au collège, autant j'ai pris du plaisir à lire ce roman dans lequel l'auteur met en scène un trio de jeunes chinois victimes de la révolution culturelle pour qui la lecture de cet auteur français était un acte contre-révolutionnaire, donc un acte de révolte contre la pensée unique.
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