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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Varsovie, début du XXè siècle. Deux fois veuf et septuagénaire, Reb Meshulam surprend toute sa nombreuse famille quand il revient des eaux au bras de sa troisième épouse, Rosa Frumetl et de sa nouvelle belle-fille Adèle. Cette union affole fils, filles, gendres, brus et petits enfants qui tous vivent des rentes que leur cède le riche patriarche. Juifs orthodoxes, les Moskat vivent selon les lois du Talmud, respectent les rites et coutumes hébraïques et croient au prochain retour du Messie. Mais les temps changent et les nouvelles générations ne veulent plus suivre des préceptes jugés moyenâgeux. A force de fréquenter les écoles mixtes, les garçons ne veulent plus porter le cafetan, la barbe et les papillotes, les filles aspirent à étudier, à choisir elle-même leur mari et refusent la perruque de matrone, certaines allant même jusqu'à sortir tête nue! Les jeunes rêvent d'Amérique ou d'un état juif en Palestine. Et ce n'est pas Abram Shapiro, le mari d'Hama Moskat qui va les mettre sur le droit chemin! Noceur invétéré, mari infidèle, il s'habille à l'occidentale et entretient une maîtresse. Ses défauts ne doivent pourtant pas faire oublier qu'il a le coeur sur la main. Et quand il fait la connaissance du jeune Asa Heshel Bannet, petit fils du rabbin de Tereshpol Minor, fraîchement arrivé dans la capitale pour y faire des études, il n'hésite pas à l'inviter dans sa famille afin de l'introduire dans la bonne société juive de Varsovie. Des liens vont se tisser entre les Moskat et Asa Heshel, ensemble ils vont vivre des drames, des évènements heureux, la première guerre mondiale et la menace nazie.


A travers le destin d'une riche famille juive polonaise, Isaac Bashevis Singer nous entraîne dans ce qu'était la société juive en Pologne au début du XXè siècle, une communauté qui vivait en vase clos, respectant les principes du Talmud, évitant les rapports avec le reste de la population polonaise. On en apprend beaucoup sur les rites religieux, les fêtes, la foi, les divers courants. Persuadés que c'est en respectant scrupuleusement les traditions qu'on se préserve de tout, les juifs de Varsovie acceptent les insultes et rebuffades d'un antisémitisme latent qui monte en puissance au fil du temps.
Tous différents, souvent brouillés entre eux mais unis dans la foi, les Moskat sont la quintessence d'un peuple persécuté, résigné, fataliste et résolument confiant en Dieu. Au sein de la famille les relations sont compliquées entre ceux qui ne tolèrent aucune entorse aux lois hassidiques, ceux qui se "modernisent" et ceux qui vont jusqu'à oublier leur foi. Mais ils sont tous attachants à leur façon et quand le roman s'achève, au moment de l'entrée des nazis à Varsovie, on tremble pour ceux qui ont fait le choix de rester en Pologne, inconscients du danger ou simplement prêts à accepter cette nouvelle épreuve que Dieu met sur leur chemin.
Un roman riche, presque un documentaire, sur une communauté dont on ne sait pas grand chose, finalement, quand on n'en fait pas partie. Une très intéressante découverte que je dois au Club des lecteurs dialogues croisés. Un grand merci à Caroline.
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Terrible sensation que de refermer une saga familiale en sachant que, contrairement à toutes les autres sagas familiales, celle-ci ne peut avoir de suite…

« La famille Moskat » est en effet une peinture incroyablement vivante et émouvante de la communauté juive de Varsovie, qui prend sa source dans la figure du patriarche Meshulam Moskat régnant sur sa tribu à l'aube de la première guerre mondiale et suit les pérégrinations, atermoiements et ramifications de sa nombreuse descendance jusqu'aux premières heures de la seconde en 1939. Si certains membres de la famille s'éloignent au fil des ans de la stricte obédience aux lois hassidiques, la communauté reste fortement cimentée autour de ses liens de sang et d'histoire.

Toute la sensibilité d'Isaac Bashevis Singer s'exprime dans ses pages pour témoigner d'un monde qui n'est plus, raconter un quotidien fait de foi, de doutes, de plantureuses victuailles partagées et d'argent, et donner vie à cette famille à travers des personnages qui haut en couleurs, qui crépusculaire de passion mystique, qui à demi vénal, qui porté vers un judaisme moderniste.
Et Singer de nous faire comprendre par l'appel à tous nos sens l'irrémissible foi en lui-même de ce peuple, son fatalisme, sa sagesse millénaire mâtinée de rouerie, comprendre aussi pourquoi, malgré les nombreux signaux annonciateurs du drame à venir, ils ne sont pas partis.

Lecture profonde et éclairante qui fait pour moi écho aux « Disparus » de Daniel Mendelsohn, « la famille Moskat » exhibe du néant indéterminé de la Shoah des individualités lumineuses afin de maintenir une trace d'une société humaine qui a brutalement arrêté d'exister. Brillant et bouleversant.
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Magnifique !!!! Un de ces livres qui hantent toute la journée et pour lequel on sacrifie des repas entre amis ( chut...) afin de le retrouver. J ai été à Varsovie avec la famille moskat. Ils me sont devenus plus familiers alors que ceux qui m entouraient. Bref, un vrai plaisir de lecture !
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791 pages!

Ce pourrait être le pavé de l'été!

Comme je l'avais téléchargé sur mon téléphone je me suis engagée dans cette lecture au long cours par surprise. Et je ne l'ai pas lâché! Comment rendre compte d'un tel monument de la littérature? l'auteur n'a pas reçu le Prix Nobel en vain.

Cette saga commence à Varsovie à la veille de la première guerre mondiale quand le patriarche Reb Meshulam Moskat revient des eaux à Carlsbad avec une troisième épouse. Juif pieux, traditionnel, redoutable homme d'affaire qui a construit une fortune en placements judicieux et immeubles de rapports. Les enfants de Moskat, les petits enfants, les conjoints forment une véritable tribu dans laquelle je vais me perdre tout d'abord. Ils se réunissent lors des fêtes traditionnelles, évoquées avec pittoresque.  Nostalgie  d'un monde disparu. Tout ce monde vit dans une belle aisance grâce aux loyers que chacun des fils perçoit - sans avoir hérité du sens des affaires du père. Autour d'eux, gravitent conjoints, employés de maison, l'intendant...

Il y a du Balzac dans cette comédie juive : personnages bien dessinés et rôle de l'argent. Pendant presque trois décennies, le monde juif évolue :  les femmes  refusent d'être cantonnées à leur place traditionnelle, étudient, et refusent  les mariages arrangés, prennent leur indépendance.  Les hommes s'affranchissent des pratiques religieuses, revêtent des vêtements modernes. La guerre de 14 a sorti Varsovie de l'orbite de Moscou. les idées sionistes progressent.  On sait que les dangers grondent. Certains membres de la famille Moskat émigrent aux Etats Unis, en Palestine mais tous se sentent liés à Varsovie.

L'arrivée de province de Asa Heshel, petit-fils du rabbin de Tereshpol Minor, l'éthique de Spinoza dans sa poche,  va introduire le désordre dans la Famille Moskat. Invité par Abram Shapiro à la table des Moskat, il fait tourner les têtes de deux jeunes filles : la nouvelle belle-fille Adèle et Hadassah la nièce d'Abram.  Asa Heshel, si prometteur philosophe mais velléitaire n'accomplira pas son destin d'écrivain. Abram Shapiro, shnorrer impénitent à l'allure de grand seigneur, homme à femmes, fait tourbillonner la vie autour de lui et mélange artistes et anticonformistes à la tribu pieuse.

Impossible de résumer tous les épisodes. On connait malheureusement la fin de l'histoire...
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Isaac Bashevis Singer est un très grand écrivain,conteur hors pair et incontournable pour qui veut comprendre la culture et les traditions judéo-polonaises avant la deuxième guerre mondiale . Cette saga illustre justement ce thème et retrace la vie d'une riche famille de Varsovie de 1914 à 1939. Les personnages sont hauts en couleur et les us et coutumes parfaitement décrits. On suit les périples d' Abraham Shapiro le jouisseur et d' Asa Heschel l'ascète avec d'autant plus d'intérêt qu'il est difficile de choisir l'un ou l'autre comme modèle. C'est dense et foisonnant mais cela se lit facilement. Un très grand roman à relire ou à découvrir.
Prix Nobel en 1978, les jurés ont souligné son oeuvre en la déclarant "très humaine et représentative de toute l'humanité".
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Thomas Mann, dans son roman «les Buddenbrook», avait retracé l'apogée et le déclin d'une grande famille bourgeoise allemande à la fin du 19 ième siècle. Isaac Singer, lui, nous raconte l'histoire d'une riche famille juive de Varsovie de 1914 à 1939.
Avec talent(talent récompensé par le prix Nobel de littérature), humour et humanité , Singer nous plonge dans le monde grouillant, exubérant, à la diversité foisonnante, des juifs de Varsovie, où la lourdeur de la religion est un véritable carcan.
A travers des personnages, certains excentriques, d'autres singuliers, tourmentés, drôles, pittoresques, Singer dépeint une communauté refermée sur elle-même, qui ne cherche pas à s'intégrer, tirée entre deux tendances, les orthodoxes traditionnels, arc-boutés sur le respect des traditions religieuses et les modernes, beaucoup plus laxistes et tolérants. Une famille où fils, filles, petits enfants vivent dans l'opulence et l'oisiveté grâce aux subsides du riche patriarche régnant sur la tribu avec fermeté.
L'auteur nous décrit avec tendresse, ironie et humour, les rites religieux, les coutumes hébraïques, les traditions alimentaire et vestimentaires de tout ce petit monde insouciant. Nous suivons avec gourmandise et bonheur le destin burlesque, comique, émouvant, parfois dramatique, de chaque personnage.
Mais, la première guerre mondiale, la montée des nationalistes et la progression de l'antisémitisme vont bouleverser cet ordre établi et provoquer le déclin et l'éclatement de cette famille dont des heures encore plus sombres l'attendent avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir.
I. B. Singer, conteur hors pair, nous plonge avec réalisme, poésie et tendresse, dans cette communauté juive de Pologne, insouciante du danger, qui va subir les plus horribles souffrances.
L'un des personnages de ce roman a cette phrase : «nous, les juifs, nous bâtissons sur du sable».
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La famille Moskat a été publié à New York en 1950, c'est à dire très peu de temps après la Shoah dont plus de 90 % de la communauté juive de Pologne fut victime. Dans cette saga familiale qui débute au début des années 1900 pour se terminer à l'aube du second conflit mondial, Isaac Bashevis Singer nous dresse un portrait concis et fourni de ce « monde d'hier ». Comment ne pas relier ce laps de temps à la période passée par l'auteur dans cette partie essentielle du Yiddishland ? En effet, Isaac Bashevis Singer est né en 1902 en Pologne et l'a quittée pour les États-Unis en 1935. 33 ans au cours desquels il a reçu et dû assumer une éducation en tant que fils et petit-fils de rabbin hassidique, enfermé dans un monde clos et centré sur lui-même, témoin ou victime d'un antisémitisme grandissant.
Même si les personnages de la famille Moskat sont fictifs, il ne fait aucun doute qu'ils s'inspirent de personnages réels ayant vécu des situations vraisemblablement éprouvées par l'auteur lui-même.
Reb Meshulam Moskat rentre à Varsovie pour présenter sa troisième femme et sa belle-fille Adèle à sa famille et à son ingénieux intendant Koppel. C'est un homme riche dont les nombreux enfants et beux-enfants ne sont pas indifférents à la fortune.Tous sont des Juifs orthodoxes voire des Hassidim qui vivent selon les préceptes de la Torah et du Talmud. Leur certitude du retour imminent du Messie leur permet d'accepter plus facilement les désagréments d'un monde extérieur de plus en plus hostile au fur et à mesure des années. Dans ce microcosme familial, des hommes avec des papillotes, d'autres sans : en clair d'un côté des Hassidim, héritiers de l'enseignement du Baal Shem Tov, centrés sur la piété, la charité, la joie, le chant et de l'autre côté des Orthodoxes érudits assujettis à une stricte interprétation de la Torah. Cette cohabitation des deux traditions chez les Moskat témoigne du rapprochement des deux traditions observé dès la seconde moitié du XIXème siècle et incité par une évolution considérée comme dangereuse de la société. La Haskala, les lumières juives, a marqué les prémices de la modernisations des Juifs de la diaspora. de nouvelles idées apparaissent qui séduisent les Juifs : le sionisme attire l'attention de Shosha, la fille de Koppel, de Aaron, le petit fils de Meshulam Moskat et de David, le fils de Asa Heshel et Adèle. le communisme semble à Barbara, l'une des maîtresse de Asa Heshel, une condition sine qua non de la réalisation de l'homme moderne libre. L'émigration vers les États-Unis mène Koppel et Léah, la fille de Meshulam, à faire des choix irréversibles. Les femmes de la famille non plus n'échappent pas à cette évolution : ces dernières s'affranchissent petit à petit de la perruque traditionnelle sur un crane rasé, des foulards et des jupes longues. La mort de Meshulam Moskat, la première guerre mondiale et la Révolution russe font tout voler en éclat : quel soulagement pour Nyunie de se débarrasser enfin de son caftan et de ses papillotes ! Quelle expérience de liberté pour Hadassah qui vit maritalement avec Asa Heshel tout le temps que celui-ci ne parvient pas à obtenir le divorce. Asa Heshel, personnage insignifiant, se contentera d'ailleurs d'observer sans jamais agir !
Mais s'éloigner de la tradition a un prix car comme le dit Aaron : «  N'existait-il pas suffisamment de preuves que plus les Juifs abandonnent leur foi, plus la situation s'aggravait pour eux ? » Tout ceux qui se sont ici écartés du judaïsme orthodoxe en rompant radicalement avec la tradition sont malheureux. N'oublions pas Masha, fille de Leah, qui s'est convertie au catholicisme pour pouvoir se marier ; comme Myriam Lieba dans le domaine, elle s'en mordra les doigts et ne s'intégrera jamais parmi les Gentils.
Quel avenir donc pour les Juifs polonais en cette veille de la Seconde guerre mondiale ? Dans cette société juive en pleine mutation, personne ne semble vraiment conscient de l'imminence du danger. La dernière réplique est glaçante... L'histoire s'arrête malheureusement là pour 90 % des Juifs de Pologne.

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Ce livre se lit avec un énorme plaisir car imagine très bien tous les personnages de cette famille juive, on suit leur histoire sans pouvoir la lâcher une minute.
De plus, ce roman nous informe sur l'histoire complexe de la Pologne et la vie des Juifs de ce pays et comment ils étaient perçus. Très instructif.
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Une grande saga familiale dans la pologne du début du XXème siècle. L'écriture de Singer nous transporte à Varsovie. Un roman véritablement émouvant.
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Un pavé à conseiller à tous les lecteurs qui aiment les grandes sagas fourmillant de personnages différents, d'aventures et de situations diverses. de ce point de vue, "La Famille Moskat" me rappelle un peu "Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez, que j'avais lu bien avant. Mais la comparaison s'arrête là.

Le roman d'I. B. Singer se déroule en Pologne, de la fin de la Première Guerre Mondiale au début de la Seconde. C'est tout un monde qui est restitué là, dans cette grande famille juive dont les membres s'aiment ou se détestent tour à tour. le récit repose sur une imagination puissante et un jeu très subtil entre des scènes presque comiques, et des moments dramatiques intenses. C'est l'une de mes lectures les plus marquantes et les mieux appréciées de l'année dernière.
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