Arsenic et vieilles dentelles + La Maison aux Esprits+ Les Vieux de la Vieille + Thelma et Louise - la Ford Thunderbird de 1966 =
Quelqu'un sous les paupières.
Deux vieilles femmes bien mal en point, Doña Olvido, et sa fidèle bonne Bruna vêtue d'une robe de mariée font une virée sur les routes de Galice à bord d'une antique Volswagen. Inséparables depuis des décennies, liées par des secrets qui doivent rester bien cachés, les deux mamies taillent la route. Quand leur mémoire le leur permet, elles se rappellent une époque bien sombre, lorsque la guerre civile a éclaté et que la Galice est passée en zone nationale. Isolées dans la demeure de Doña Olvido, le pazo de Casa das Galinas également habitée par les membres tous plus singuliers de sa belle-famille, elles gardaient un lien avec l'extérieur via les visites des voisins, phalangistes, gallegistas, évadés républicains, maquis. Mais même lorsque l'on se croit à l'abri, la violence de la guerre se rappelle toujours à votre bon souvenir. Quand des années plus tard, en 1981 (puisqu'on apprend via la radio la mort de Álvaro Cunqueiro) dans le flou des mémoires vieillissantes, elles échangent des confidences, l'odyssée prend une tournure inattendue.
Quel plaisir de suivre ce road movie grabataire avec les mémés flingueuses d'Alguien bajo los párpados. L'une conduit sous prétexte qu'elle est la titulaire du plus vieux permis de conduire octroyé à une femme par la ville de Santiago de Compostela, l'autre a une hygiène qui laisse à désirer et perd souvent son dentier.
Cristina Sánchez-Andrade nous offre une variation don quichonesque des plus singulières, assaisonnée de réalisme magique, de brujerias gallegas, et croque avec beaucoup de talent un microcosme singulier planté en plein coeur de la campagne galicienne.
Quelqu'un sous les paupières est un roman sombre, cruel et drôle malgré les thèmes de la grande solitude des vieux, de la maladie et de la mort.