Je mets un terme à la lecture de ce roman (qui a quand même obtenu le prix Femina en 1978) à moins de la moitié de l'ouvrage (page 68, pour être précise), car je suis totalement perdue... Ce n'est pas l'écriture qui me dérange, c'est le ton donné à ce livre, cette histoire en apesanteur, se rapprochant plus du rêve que de la réalité. Il y a un père, un fils... peu de personnes qui gravitent dans leur univers, où alors des personnages sortis d'on ne sait où, héros de romans perdus dans un monde où ils n'ont rien à faire, se trompant d'époque, de lieux, d'univers... Père énigmatique, fils l'étant autant... ils vivent presque dans un univers clos, dans un décor triste... entre sinistre pavillon de banlieue, château, maison à la campagne... appartement parisien??? le père a les cheveux blancs, le fils navigue entre plusieurs âges, tout comme l'un et l'autre naviguent dans la vie... Cette lecture ne m'apporte rien, trompée par la quatrième de couverture par laquelle j'envisageais des scènes de vie intimistes entre un père et son fils avides l'un et l'autre de tendresse et de complicité... Je n'ai rien trouvé de tout cela, mais un malaise certain qui me fait interrompre cette lecture, peut-être trop intellectuelle pour moi.
Commenter  J’apprécie         120
Mon père avait un talent exquis. Aucun des objets qu'il rénovait ne paraissait sorti des instituts de beauté des antiquaires. Il leur laissait leur vie, leur charme, leur passé, leur émotion.
Mon père avait posé devant lui un cahier cartonné dont la couverture imitait le marbre d'une cheminée grise de pauvre condition. J'allais chercher le dictionnaire, un dictionnaire en quatre tomes d'un auteur inconnu ; mon père les avait recouvert de papier kraft et il en avait arraché la première page comme s'il avait voulu le plonger dans un anonymat définitif, ne supportant pas que quelqu'un ait pu avoir avant nous des relations intimes avec tous les mots possibles.
J'étais chargé d'extraire du dictionnaire une cinquantaine de mots caractérisés par une sonorité baroque, une longueur satisfaisante et un sens a priori introuvable.
Ce soir-là, je me retrouvai sur le boulevard ressemblant au boulevard des Batignolles plus étourdi et plus ahuri que jamais. Le trottoir était devenu la passerelle d'un grand navire. J'étais de quart dans une brume épaisse, devant le chatburn de cuivre étincelant, veillant, solitaire et responsable, sur mon unique et belle passagère.
La maison de mon père, bien que n'étant pas en meulière, paraissait en meulière car toutes les maisons qui l'entouraient étaient en meulière. Elle était recouverte d'un crépi gris, les volets étaient gris, les allées du jardin noires à cause du mâchefer noir. Il y avait un jardin de devant et un jardin de derrière. Celui de devant était un jardin d'apparat, fait de deux marronniers et d'une plate-bande insulaire cerclée de tuiles.
Le samedi soir, mon père m'attirait contre lui et le poêle pour me conter un des cent mille épisodes d'un récit ronronnant, bâtard, hybride, mélange de roman picaresque, de donquichottisme, de science-fiction et d'entomologie, qu'il avait appelé : Grandeur et décadence du Patapion.
Portrait d'enfant
178 ème numéro d'Apostrophes.Auteurs de
portraits d'enfants, autobiographiques ou imaginaires, les invités de
Bernard PIVOT sont ce soir
Marie CHAIX, auteur de "
L'âge du tendre",
Jacques CHESSEX, auteur des"yeux jaunes",
François SONKIN pour "
amour de père",
André STIL, pour "
dieu est un enfant",
Roger GRENIER pour un
récit intitulé "un air de famille" et
Michel MOHRT, pour ...