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EAN : 9782868534972
233 pages
Le Temps qu'il fait (10/01/2008)
3.66/5   29 notes
Résumé :
Mariant la sensibilité la plus fine aux traces documentaires les plus brutes, Martine Sonnet croise mémoire collective et souvenirs familiaux dans un hommage à toute une génération d'ouvriers, celle de son père, artisan campagnard précipité dans la classe ouvrière par son embauche chez Renault à Billancourt dans les années 1950. Aux forges, atelier 62, réputé le plus dur de la Régie, le charron-forgeron-tonnelier normand asservit sa carrure et sa puissance à l'indus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Historienne, elle rend dans cet ouvrage un hommage extrêmement fort et émouvant à son père, qui a travaillé aux forges de l'usine Renault de Billancourt, dans les années 50. Elle salue également le courage de tous ces travailleurs de force qui se sont souvent ruiné la santé, travaillant dans des conditions extrêmement difficiles (chaleur, cadences…) mais fiers de leur métier. La construction du livre est simple : un chapitre sur deux est consacré aux forges, l'autre, très personnel, à l'histoire familiale des Sonnet.

Martine a six mois quand son père quitte son métier d'artisan forgeron en Normandie, pour l'usine Renault de Billancourt. La famille ne le rejoindra que 5 ans plus tard, quand un logement décent sera trouvé. Martine vit des années heureuses dans une cité de Clamart, en déplorant toutefois sa position de petite dernière, qui la met à l'écart de la fratrie. Durant les vacances, la famille retourne en Normandie où Martine s'ennuie à mourir, préférant l'animation de la ville.

La partie plus « documentaire » reprend des extraits de journaux syndicaux de l'époque. Il est beaucoup question de l'amélioration des conditions de travail, demandes qui nous paraissent tellement légitimes et pour lesquelles la direction « botte en touche » constamment. Une des revendications les plus marquantes est celle de la diminution de l'âge de départ à la retraite. Une grande partie des ouvriers mourait jeune, avant même d'avoir pu profiter d'une quelconque retraite. Les chanceux qui ne mouraient pas étaient bien souvent déclassés vers l'âge de 50 ans car ils n'avaient plus la force physique d'assurer leur dur labeur. Ils touchaient à 65 ans une retraite « au rabais ». Révoltant…

Un mot sur la couverture du livre, très émouvante elle aussi puisqu'il s'agit du père de Martine, photographié sur son lieu de travail. On est frappé par sa corpulence, caractéristique des travailleurs de force.
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Martine Sonnet raconte l'histoire de son père, depuis ses débuts professionnels, dans sa campagne normande où il travaillait en tant qu'artisan charron-forgeron-tonnelier, jusqu'à son accession à la classe ouvrière, à l'usine Renault de Billancourt, où il a été engagé comme ouvrier à l'atelier 62 : « Forges et traitement », réputé le plus dur de la Régie par ses cadences infernales, l'atmosphère suffocante et toxique, l'environnement bruyant, en somme la pénibilité extrême du travail par ailleurs peu reconnue. L'auteur dresse le portrait du travailleur, à travers de multiples tableaux (embauche, métiers, portrait, aptitude à l'emploi, tombeau des forgerons, feuille de paye, vêtements de travail, degrés Celsius, vestiaires, douches et savon, cadences, accidents, décibels, débrayages, pièces forgées, fin des forges, …), et le portrait du père de famille et de sa famille en petites touches (maison au bord de la route, couturière, dimanche, cité, parisiens des taillis, distribution des prix, …).

Un récit ethnographique, à mon avis, davantage qu'un roman ou récit littéraire, au style haché (les phrases sont incomplètes, ce qui demande au lecteur une attention extrême), mais captivant : le lecteur suit l'épopée de ce père de famille et travailleur courageux au travers de courts chapitres étayés de références à des documents historiques (l'auteur présente une bibliographie en fin d'ouvrage). On reconnaît l'empreinte d'une historienne dans ce témoignage (Martine Sonnet, née en 1955, est ingénieure de recherche en histoire au CNRS). Son écriture laisse transparaître à la fois une grande sensibilité et un réalisme rendu par les références documentaires.
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J'ai beaucoup aimé le travail de recherche documentaire accompagné de l'histoire personnelle de famille. La sensibilité affleure à chaque page parce que l'auteure parle de son père et de leur vie, rythmée par le travail ouvrier, qui implique l'exode rural, une totale réorganisation familiale et un cruel déracinement pour ces "parisiens des taillis". le ton est juste et émouvant.

Ayant connu moi-même le milieu rural et ouvrier de cette époque des années 50/60, entre l'arrivée des premières "moiss-bat" dans les champs de l'Allier et la fin des livraisons des fûts de bière par charrettes attelées en plein Paris 18ème, c'est un plein de souvenirs qui m'a été offert dans ce petit livre.
Lien : https://lectures.revues.org/..
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La réussite de ce récit tient à ce que l' auteur a su excellement doser et mêler les deux approches ; celle de la mémoire familiale et celle de l'enquête historique et sociologique sans rupture de ton ni d'écriture.
Des phrases simples et sobres, une construction rigoureuse, un récit empreint d'émotion et de vérité retranscrivant parfaitement les paroles des gens ordinaires.
Un véritable travail d'écrivain qui nous émeut et nous bouleverse.
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Ce livre ne ressemble à rien de ce que j'ai déjà lu : mi-récit-mi-documentaire. L'auteure alterne les chapîtres. Les uns consacrés à l'usine, en pleine mutation mécanique, écrits comme un documentaire (conditions de travail, relations ouvriers-direction, rapports et références au journal du syndicat de la Régie, ...) ; l'écriture est directe, sèche, descriptive, assez classique. Les autres s'attardent sur l'histoire familiale : l'arrivée à Paris, la figure omniprésente du père ; écriture plus allusive, elliptique : beaucoup de phrases sans verbes, omissions de déterminants ; un parti-pris et un style singuliers.
Soyons directs : j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, même si les chapîtres-usine sont plus difficiles d'accès.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je ne sais pas quoi faire et j'expérimente tout de l'ennui. Les aiguilles figées sur les cadrans d'horloge quand on lève encore une fois les yeux, ou les avoir fermés un temps qu'on croyait long, en espérant que ça va mieux maintenant, que le jour avance finalement.
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