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Je ne suis pas, à proprement parler, une fan de cette pièce bien que je la trouve malgré tout essentielle tant dans l'oeuvre de Sophocle que dans notre accès actuel à la tragédie grecque. L'action s'en situe chronologiquement après Oedipe Roi, du même Sophocle, et avant les Sept Contre Thèbes d'Eschyle.

(À ce propos, si la tragédie grecque vous effraie quelque peu, si vous avez l'impression de n'y rien comprendre ou de ne jamais savoir de qui ou de quoi l'on parle, je vous conseille, comme une expérience intéressante, cette succession de 4 pièces, dans cet ordre, dont vous pourrez aisément alors suivre le destin des protagonistes : 1) Oedipe Roi, 2) Oedipe À Colone, 3) Les Sept Contre Thèbes, 4) Antigone. Je signale encore que le romancier belge Henry Bauchau a également repris cette mythologie dans son Oedipe Sur La Route.)

Oedipe est désormais un vieillard aveugle, banni de Thèbes, contraint d'errer tel un mendiant par les chemins et qui doit son seul salut à la présence de sa fille aimante, Antigone. Il arrive à Colone, bourgade située à deux pas d'Athènes, province aux ordres de Thésée, le roi d'Athènes, un brave parmi les braves doublé d'un juste.

Le vieil Oedipe lui demande l'hospitalité et le droit de finir ses jours ici, loin de sa cité de Thèbes, dont il fut naguère le roi aimé et adulé de tous. En vertu de quoi, l'aveugle promet à Thésée une bénédiction sur sa cité. Fort d'être le représentant de la légendaire (à l'époque) hospitalité athénienne, le roi Thésée assure protection et tranquillité à Oedipe pour sa dernière demeure.

Mais c'est bien évidemment sans compter sur Créon, régent de Thèbes depuis le départ d'Oedipe et sur Polynice, le propre fils d'Oedipe qui tous deux souhaitent ardemment le retour de celui-ci dans les environs de Thèbes car...
OOOOUUUUHHHH !
... sans quoi un vilain présage menace la cité...
OOOOUUUUHHHH !
... une malédiction divine...
OOOOUUUUHHHH !

De suite, ça fait peur et l'on comprend l'empressement tant de Créon que de Polynice à vouloir rapatrier le vieux bonhomme. Mais c'est qu'Oedipe a la tête dure. Il se souvient, l'animal, que les deux affreux l'avaient chassé comme un loqueteux jadis, tandis qu'il aurait bien voulu rester dans sa bonne ville de Thèbes. Maintenant qu'il est effectivement devenu un loqueteux, ils voudraient de lui ?

Pour sauver quoi, une cité de vices ? Non merci, vous pouvez rentrer chez vous mes p'tits gars ! le tout est de savoir si les mesures de coercition décrétées par Créon et les supplications de Polynice sauront infléchir les résolutions du vieil entêté. Sans compter le concours de Thésée dans tout cela, ainsi que d'Antigone et sa soeur Ismène. C'est, bien évidemment, ce que je m'en voudrais de vous dévoiler maintenant.

Voici donc une pièce de la toute fin de vie de son auteur Sophocle, qui ne sera d'ailleurs représentée, à l'époque, qu'à titre posthume sous l'insistance du petit-fils du tragédien. On y lit forcément quelques accents autobiographiques entre ce vieil Oedipe et ce vieil auteur. Sachant, au demeurant, que Sophocle avait vu le jour à Colone, comme par un fait exprès.

Ne serait-ce (comme un certain Georges Brassens bien des années plus tard), une manière de supplique pour être enterré à l'endroit de son choix ? Ne serait-ce également une manière de critique sociale qui dénoncerait le manque de respect à la vieillesse ? Ne peut-on y voir aussi une dénonciation du manque d'hospitalité à l'encontre des étrangers, des réfugiés ?

Le propos est, à cet égard, fort intéressant et plus d'actualité que jamais. Par contre, j'avoue que la pièce en elle-même n'est pas ultra captivante à mes yeux (pas encore aveugles) et même j'aurais tendance à penser l'inverse. Ceci dit, cela reste du Sophocle et, des trois grands tragédiens grecs, celui-ci reste mon favori. Mais tout ce bavardage, bien sûr, n'est que l'avis félon d'une vieille thébaine égarée, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Oedipe à Colone est le chant du cygne de Sophocle, la pièce ne fut en effet créée qu'en 401 avant notre ère., après sa mort.
Elle relate l'arrivée d'Oedipe, vieillard aveugle, faible et pauvrement vêtu , à Colone, près d'Athenes, et ce, au terme d'une longue route, accompagné et aidé par sa fille Antigone. Il y demande l'hospitalité à Thésée, roi de cette ville tout en se dédouanant des crimes qu'il a commis car il n'en était pas conscient. Il promet à Thésée que cette hospitalité sera bénéfique à sa ville, un oracle le lui ayant annoncé. Thésée la lui accorde.
Mais bientôt Créon puis Polynice vont tenter par la ruse ou la violence d'emmener Oedipe avec eux....
La tragédie se clôturera avec la mort d'Oedipe .

le personnage d'Oedipe est intéressant, il est vieux, aveugle, ne peut marcher qu'avec l'aide de sa fille mais est lucide, comprenant qu'il n'est pas responsable de son passé, il est virulent tant devant Créon que face à son propre fils Polynice.
C'est bien entendu une tragédie antique, nos pièces de théâtre actuelles en sont bien éloignées, les parties chorales sont omniprésentes, les références aux dieux également.

Je serais curieux d'en voir une représentation, Pourquoi pas ? je me souviens avoir assisté à une autre tragédie antique, Médée d'Euripide, jouée par Isabelle Huppert. J'en garde un excellent souvenir.
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Oedipe à Colone est un chant du cygne.

Elle a été lue devant les sages d'Athènes par le vieux Sophocle lui-même, très âgé, et dont les enfants, ces rapaces, voulaient mettre en doute les facultés intellectuelles, afin de s'emparer de la gestion de ses biens..

Superbement, le vieux dramaturge, en guise de plaidoirie, lut seulement, dit-on, devant le tribunal, sa tragédie, Oedipe à Colone, la dernière de ses pièces, qui a pour sujet l'apothéose -au sens fort- d'un exilé et d'un maudit, Oedipe, qui, au seuil de sa vie, gagne enfin le repos et retrouve la grandeur et la gloire perdues..

Cela suffirait seul à inspirer le respect..mais le respect pour Oedipe à Colonne, ne suffit pas: il faut aussi aimer cette magnifique tragédie! Et combien sont fortes les raisons de l'aimer!

Dans aucune autre tragédie le paysage grec, les cités, sanctuaires et temples ne sont aussi fortement présents.

Oedipe a couru le monde, chassé de partout, après son inceste et son parricide involontaires.Seule la petite Antigone au sombre destin, l'a accompagné. Elle est ses yeux, qu'il s'est crevés pour se punir, elle est son bâton de vieillesse. Et maintenant les voici tous deux aux portes d'Athènes, une jeune cité alors gouvernée par un jeune roi, encore inconnu...Il s'appelle Thésée.. Dans les faubourgs d'Athènes, se trouve un sanctuaire, interdit à toute incursion, par la loi farouche des Erynnies. Personne n'oserait y mettre le pied.

Pas Oedipe: il entre, il sait que c'est là que les dieux , enfin apaisés, l'emporteront et l'enlèveront loin des regards haineux ou horrifiés des hommes, il sent que c'est là qu'il va enfin trouver la paix,celle de la mort, qui est sans limite..

Les lieux sont d'une force exceptionnelle: on VOIT le sanctuaire, on VOIT par les yeux du messager l'apothéose d'Oedipe dans un grand coup de tonnerre.

Les personnages aussi ont une gravité, une aura étrange: Oedipe, Antigone, Thésée...des êtres de légende, dont on mesure ici la vraie grandeur mythique par comparaison avec la petitesse trop humaine d'une Ismène, d'un Polynice, ou même d'un Créon.;

La troisième raison d'aimer Oedipe à Colonne réside dans une langue bouleversante de force, de pureté , presque détachée de toutes contingences, aérienne et pourtant profonde comme la sagesse grecque.

Oedipe à Colonne est un chant poétique et inspiré d'un bout à l'autre : presque plus de rupture entre épisodes et stasima -les phases d'action et de chant choral alternées de la tragédie grecque;

Un chant du cygne, vraiment, à lire et à relire...et pour les hellénistes, dans le texte, tant la langue y est merveilleuse..
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Après avoir connu l'accomplissement tragique de l'oracle, Oedipe réapparaît dans l'oeuvre de Sophocle à un âge plus avancé. Aveugle, rejeté de Thèbes par ses deux fils, Oedipe traîne ses savates accompagné de sa fille Antigone. Ils finissent par atteindre une ville et s'y arrêtent. le hasard aidant, bondissant de surprise en prophétie, ils apprennent que cette ville porte le nom de Colone et qu'il s'agit de la ville dans laquelle les tourments marquant l'existence d'Oedipe doivent prendre fin. le roi Thésée l'accueille dignement et en deux actes, l'épisode pourrait se conclure sereinement. Ce serait mal connaître les mésaventures de la lignée des Labdacides…

Ainsi, au cours des actes suivants, Colone devient le lieu de rencontre de perturbateurs indéfectibles : d'abord Créon, régent de Thèbes, qui tente de convaincre Oedipe de rentrer chez lui, usant d'abord de la persuasion douce et avant d'en venir à la force brute en enlevant ses filles ; ensuite Polynice, un des fils d'Oedipe, qui réclame l'aide de son père après des années d'indifférence. Rien n'y fait : Oedipe reste solidement cramponné à Colone. Avoir tenté de fuir à tout prix les présages d'un oracle lui avait porté malheur, en accepter l'accomplissement lui accordera peut-être enfin un peu de repos.

Tous les éléments sont rassemblés pour que cette pièce constitue une oeuvre puissante et Sophocle parvient d'ailleurs à en tirer toute la substance. S'il peinait parfois à allier le fond et la forme pour représenter des épisodes purement tragiques, le motif d'Oedipe à Colone convient mieux à son écriture digne et contenue. Il semblerait que Sophocle soit un auteur de la maturité et qu'il brille davantage à illustrer la sagesse de personnages qui sont allés jusqu'au bout de leur destinée, plutôt que d'évoquer les tourments de personnages que la passion ne lasse pas de désespérer.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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j'ai été assez surprise et intéressée de découvrir qu'il y avait une suite à Oedipe roi. Devant lire cette pièce pour mes cours de littérature, en voici donc la chronique trèèès rapide.
Oedipe, par sa représentation autant dans la pièce de Sophocle que dans le film de Pasolini m'a déplu et agacé et j'ai retrouvé cette impression ici, malheureusement. Je ne trouve pas que cette pièce apporte grand chose au mythe outre le fait qu'il y ait l'apparition de Thésée. C'est assez amusant de découvrir le personnage d'une pièce (par exemple de Phèdre) chez celle d'un autre héros ! A part cela, Oedipe roi était passionnant dans le fait qu'il s'agissait d'une véritable enquête parfaitement orquestrée. Or ici, il se passe pas grand chose et la pièce n'a pas grande importance...
ça n'a malgré tout pas été une mauvaise lecture, mais je ne peux que vous conseiller de privilégier Oedipe roi à Oedipe à Colone !
Lien : http://livresdecoeur.blogspo..
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Oedipe est devenu un vieillard. Aveugle, il est guidé par sa fille Antigone. Survient Ismène qui lui annonce que Créon est en marche pour venir le chercher et Oedipe demande à Thésée de venir le trouver, ce qu'il fait, et de le prendre sous sa protection.

Cette oeuvre n'apporte rien, me semble-t-il, à l'histoire d'Oedipe et, au contraire, l'affadit.

Outre le choeur antique, chaque personnages masculins s'en va dans de grandes tirades, qu'il doit être fort malaisé à tout acteur de mémoriser.

Ce n'est vraiment pas une pièce incontournable, à mon estime.
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Dans Oedipe à Colone, tragédie écrite environ vingt ans après Oedipe Roi, Sophocle raconte l'arrivée d'Oedipe et d'Antigone en Attique (la région d'Athènes), où Ismène, la soeur d'Antigone, vient bientôt les rejoindre, et où Thésée, le roi d'Athènes, leur accorde asile et protection. Roi déchu et parricide, banni, exilé, pauvre et aveugle, Oedipe n'est plus le souverain orgueilleux et glorieux qui autrefois régnait sur Thèbes. Mais les dieux lui réservent une mort prodigieuse et mémorable, digne d'un héros.
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C’est une tragédie antique. Elle obéit aux lois du genre et n’a pas grand-chose à voir avec les tragédies modernes. La langue est belle, mais il faut s’y accoutumer avant de l’apprécier. On y trouve de longues tirades - de mon point de vue assez fastidieuses - qui alternent avec des séquences d’interventions courtes et plus vivantes.
Cette œuvre posthume se place à la suite (chronologique) de la tragédie "Œdipe roi". Le triste héros, escorté par sa fille Antigone, arrive à Colone (situé à deux pas d’Athènes); il est arrivé au bout de sa vie. Il se trouve qu’un oracle a prédit que la ville où il serait enterré bénéficierait de la protection des dieux. Œdipe choisit de se placer sous la protection de Thésée, roi d’Athènes. Au contraire, Créon voudrait l’emmener chez lui, à Thèbes: pour le contraindre, il prend en otage Antigone et sa sœur Ismène; mais celles-ci sont ramenées à leur père par Thésée. Polynice, fils d’Œdipe, qui dispute le trône de Thèbes à son frère Etéocle, vient aussi quémander la bénédiction paternelle. Œdipe reste intraitable, il rejette Polynice - qui se lancera dans une guerre fratricide - et demande à Thésée de l’escorter tout seul vers la mort (mystérieuse) qui l’attend.
Ce qui frappe dans cette histoire, c’est l’importance des préoccupations religieuses des protagonistes. Ensuite et surtout, c’est l’image que Sophocle donne d’Œdipe dans la présente tragédie: celle d’un vieillard à la fois fragile et volontaire, qui refuse d’assumer la responsabilité des crimes qu’il a autrefois commis sans le vouloir. Les dieux l’ont trompé et abusivement puni, le peuple thébain et ses chefs ont été trop contents de l’exiler, il s’est lui-même aveuglé sous le coup d’un "raptus". il a payé trop cher pour ce qui ne résultait pas de sa volonté. Ce personnage qui fait son plaidoyer pro domo nous est proche: il est touchant, raisonnable, accessible. Mais il me semble infiniment moins fascinant que le héros de "Œdipe roi", âme fiévreuse, lancée dans une enquête contre lui-même et brisé par une fatalité voulue par des dieux "méchants" mais intouchables. Dans "Œdipe à Colone" on ne trouve pas cette cruelle grandeur, et on est surtout témoin d'une religiosité qui ne nous touche guère.
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Très belle pièce de Sophocle, sans doute sa plus belle. Oedipe déchu entouré de ses deux filles Ismène et Antigone trouve l'endroit où apaisé il sera enterré après avoir maudit ses fils. Superbe. J'espère la voir un jour au théâtre. Un chef d'oeuvre du théâtre grec.
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Oedipe erre sur les chemins avec sa fille Antigone, mendiant sa nourriture. Il avait été rejeté par Thèbes, par ses propres fils, Etéocle et Polynice, alors même qu'il regrettait sa sévérité envers lui-même et qu'il serait resté au moins parmi les siens. Le voilà qui arrive à Colonne, devant les terres sacrées des Euménides. Thésée, roi d'Athènes, lui permet de rester à Colonne (ville natale de Sophocle) et lui promet sa protection contre les Thébains qui viennent le reprendre de force à cause d'un oracle, pour se prémunir contre les dérives du pouvoir d'Etéocle qui refuse de rendre le pouvoir à Polynice, l'aîné, ainsi que l'a annoncé Ismène, l'autre fille d'Oedipe.

Oedipe, qui s'estime désormais bien plus la victime du destin que criminel, maudit le sol thébain, et son fils Polynice, le vouant à s'entretuer avec son frère. Puis il a également la vision de sa propre mort et va, accompagné de Thésée, seul autorisé à connaître le lieu de son sépulcre, là où il doit mourir ; le sol s'ouvre. Restées seules, les deux soeurs retournent à Thèbes pour tenter d'empêcher le nouveau bain de sang annoncé entre les frères.

Cf. avis sur mon blog :
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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