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3,9

sur 201 notes
Je suis littéralement tombée sous le charme de l'écriture envoûtante de l'autrice, puissante, un brin mystique. Isabelle SORENTE plante lentement le décor et brosse minutieusement les portraits de ses trois personnages. Il y a l'effet de rupture bien sûr avec l'événement qui touche directement Vina mais qui va rayonner et venir fragiliser les châteaux de cartes de chacun. Les passés sont douloureux, les secrets lourds à porter.

La gestation pour autrui dont Vina est le fruit n'est, elle, pas un secret. Isabelle SORENTE relate une histoire, méconnue qui a pourtant permis à de nombreuses familles d'enfanter, grâce à des mères porteuses en Inde. Georges et Elisabeth sont restés dans ce pays pendant 9 mois. Ils sont rentrés à San Francisco avec leur bébé de quelques jours. Mais cette histoire de maternité n'est pas sans laisser de trace… et nous amène à réfléchir. Cette pratique n'est interdite en Inde que depuis 2019.

Je me suis retrouvée subjuguée par la complicité du vieil homme avec son arrière-petite-nièce. Ce séjour va être l'occasion pour l'un et l'autre d'apprendre à se connaître et s'apprivoiser. Tous deux partagent quelques points en commun qui ne vont pas manquer de nourrir leur relation. J'ai particulièrement aimé la mutation des hommes au gré des événements, des rencontres, des confessions, et du pardon.

Et puis, il y a ce lien aux arbres et aux oiseaux tout à fait singulier comme un baume pour soigner ses plaies. L'écrivaine explique le parcours méditatif depuis sa source jusqu'à sa maîtrise. Je me souviens très bien du roman de Frédérique DEGHELT, « Sankhara » publié chez Actes Sud, qui fait l'éloge du silence pour se REconstruire et avancer. Là, il y a le silence aussi, mais il y a aussi et surtout le partage, une transmission entre deux générations, de quoi mettre le pied à l'étrier de Vina qui va vivre un parcours initiatique en version accélérée auprès de Thomas.

Lui a appris l'exercice d'une femme, il y a longtemps maintenant. Elle lui a ouvert les portes de la liberté, intérieure et spirituelle.

Ce roman, lumineux, est captivant !
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Vieil oncle solitaire, parfois Thomas, 91 ans, rêve d'un oiseau. Quand il se voit dans ce rêve, il a toujours 18 ans, c'est l'oiseau d'un amour perdu, dans un temps d'il y a fort longtemps et une géographie fort lointaine. Pourtant, comme le lui répète son jeune médecin, Thomas a « absolument toute sa tête, surtout pour son âge ». C'est juste que depuis ses 18 ans et son enrôlement forcé dans l'armée allemande, Thomas a un rapport particulier à la nature, un brin méditatif. Un oiseau l'a choisi et les arbres qui entouraient le camp de détention de Tambov, l'ont sauvé de la folie qui a emporté son frère, Alex.

A la fin de la deuxième guerre mondiale, tous les deux ont été enrôlés, ils étaient des « malgré nous ». Ils portaient l'uniforme allemand et fuyaient l'avancée de l'armée rouge, égarés dans une vallée de Bessarabie. Et puis, la détention, la transformation que les conditions de survie leur ont imposé, son amour perdu au fin fond du kolkhoze où les deux frères attendaient le train du retour, ont laissé Thomas solitaire et singulier.

Thomas conjugue son passé au présent, parce qu'il n'est jamais complétement revenu. Il a vécu à côté des siens, de la famille qu'il a tenté d'avoir. Au village, on ne le regarde pas comme un traitre, d'autres sont partis aussi et partagent le même souvenir, mais de lui, on dit qu'il a appris des pouvoirs. Il impressionne avec sa stature, sa prestance, ses yeux si clairs si bien que Mona, son aide à domicile de 30 ans de moins que lui, se verrait bien partager la maison qu'il occupe toujours, entouré des bois de la forêt des Vosges … Elle s'en inquiète d'ailleurs, des longues promenades de Thomas, entreprises au petit matin, avec quelques morceaux de viande tendre dans un sac.

Elizabeth est la petite nièce de Thomas, et à peu près la seule à prendre irrégulièrement de ses nouvelles. Elle a habité aux USA, elle a une fille, Vina, le père, Georges, est mort subitement. de retour à Paris, elle ne s'est laissée aucun répit, ne vit que pour son travail, son refuge. A la tête de « Non fiction production », elle dirige, tranche, se survit. Vina est une élève modèle, quasi surdouée. Lorsque Elizabeth est contactée par l'établissement scolaire parce que Vina a menacé Gaspard de lui taillader le visage, cutter en main, la sidération l'emporte et pour la première fois, elle envoie un mail à ses collaborateurs annonçant qu'elle prend 15 jours de vacances. C'est ainsi que Thomas recueille sa nièce et sa fille inconnue, en pleine crise d'amour maternel, d'amour de soi, d'amitiés qui se fracturent.

Durant quinze jours, dans le cocon de Thomas, ces deux personnages tentent d'apprivoiser l'explosion que la violence de Vina a déclenché. Entre la mère et la fille, il y a une ombre, Anju, la mère porteuse de Vina, une femme indienne payée pour accoucher de l'enfant qu'Elizabeth et Georges ont ensuite emporté loin de la misère … Vina a toujours fantasmé sa mère biologique, comme un ange gardien, mais dont l'amour est inconnu, l'énigme la vrille parfois en plantant ses griffes dans ses relations d'adolescente avec sa propre identité.

Les deux thèmes peuvent paraitre difficiles à articuler tant l'espace temps entre l'histoire des malgré nous et le thème de l'adoption rémunérée est conséquent, mais l'intériorité des personnages sauve ce roman de l'artificialité. le quatuor forme un équilibre romanesque car finalement ce qui les lie est d'apprivoiser la culpabilité, apprivoiser ce qui fait souffrir, des choix qui ne sont pas les leurs et qui les composent malgré tout.




Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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J'avoue que c'est le titre qui m'a d'abord attirée vers ce roman.... le titre et le faucon 🦅 de la photo !

Dans ce roman chorale où s'entrelacent les destins et les époques, on lève peu à peu le voile sur les vies et les secrets d'Élisabeth de Thomas et de Vina.
La première, femme d'affaires au mari trop tôt disparu, spirale en burnout lorsque sa fille adolescente est exclu du lycée pour avoir attaqué un élève. Thomas, son oncle, ancien "malgré nous" a fait de ses forêts vosgiennes son refuge contre la violence du monde, au risque de se couper de tout contact humain ou presque. Quant à Vina, la fille d'Élisabeth, elle est aussi perdue par sa quête identitaire (née d'une mère porteuse en Inde, a l'intelligence très scolaire mais peu intégrée) que par le regard de ses pairs...

Chaque personnage est emprisonné par ses propres secrets, et par ceux qu'ils portent pour les autres. Et c'est à chacun de découvrir, de redécouvrir, comment s'en libérer.

J'ai été impressionnée par la maestria littéraire avec laquelle @isabellesorente aborde des sujets aussi délicats que le lien entre l'enfant et la mère porteuse ou les rescapés du STO, ce service de travail obligatoire auquel furent soumis nombre d'Alsaciens pendant la seconde guerre mondiale, qui durent combattre sur le front russe dans la Wehrmacht... Chacun à sa manière, les personnages ont tenté de contenir le traumatisme subi, de le fuir pour se reconstruire. Sauf que fuir ne peut avoir qu'un temps... Chacun à sa manière, ils vont devoir apprendre à se tourner vers les autres pour se soutenir mutuellement, et faire face aux passés avant de se tourner vers l'avenir.

J'ai beaucoup apprécié la douceur et la poésie qui se dégage de ce roman, et ce malgré l'atrocité du passé de Thomas, la violence latente des échanges entre ados ou la pression professionnelle d'Élisabeth qui prend à la gorge... Malgré ces thèmes lourds, chargés de non-dits, ce livre reste une superbe lecture.

Un immense merci aux éditions JC Lattès et a Netgalley France pour cet envoi numérique
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Une alternance de beauté et de moment violent dans ce livre , "la femme et l'oiseau" une histoire d'amour brève et passionnée avec une russo-mongole pendant la guerre et un lien magique avec des faucons. L'auteure Isabelle Sorente produit un livre lumineux, extrêmement réjouissant..
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Première lecture coup de coeur de cette année 2022. J'ai eu la chance de rencontrer Isabelle Sorrente lors de la présentation de ce livre à l'occasion de la rentrée littéraire. La façon dont elle avait évoqué ce roman m'avait totalement emballée et j'ai vite emprunté le livre à la bibliothèque.
La femme et l'oiseau est un roman sur la transmission et sur les liens familiaux qui empruntent bien souvent des chemins chaotiques. Un vieil homme enrôlé dans l'Armée allemande pour se battre contre son propre pays et la mémoire de la façon dont les malgré-nous ont été traités dans le camp de prisonniers de Tambov. Un homme au lien particulier avec les oiseaux. Sa nièce éloignée qui, en pleine crise avec sa fille, Vina, décide de faire une pause chez lui pour se ressourcer et se reconnecter. Au cours de ces quelques semaines, des liens vont se créer et chaque personnage va avancer dans son cheminement avec l'aide, directe et indirecte, de cette famille reconstituée. J'ai particulièrement aimé le lien et la complicité qui se développe entre Vina et le vieil homme.
C'est une lecture que je recommande vivement.
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Je ne connaissais pas l'histoire des Malgré-nous.
Encore un chapitre peu glorieux de la guerre que certains ont tu par honte, d'autres par chagrin, toujours est-il que les deux voyagent souvent ensemble.
Pendant les heures sombres de la seconde guerre mondiale, des hommes d'Alsace et de Lorraine en âge d'être incorporés, ont été enrôlés dans l'armée ennemie, français, ils portaient l'uniforme de la Weimar.
A 92 ans Thomas porte cette histoire en lui et dans de vieux carnets entreposés dans une malle, il porte aussi l'histoire de son frère Alex qui lui n'est pas revenu du camp de Tambov sur le front russe. Alex est mort à la libération tandis qu'il s'apprêtait à rentrer chez Jeanne son épouse, enceinte.
Ensemble ils ont connu la privation, le froid, la faim, l'humiliation jusqu'à la déshumanisation. Si Thomas a appris à dépasser la réalité, à rêver, Alex a sombré et en est mort.
Quand la petite fille d'Alex lui demande l'asile quelques jours, il comprend que c'est plus qu'un toit qu'elle vient chercher, accompagnée de Vera, sa fille adolescente et temporairement déscolarisée.
Malgré-nous un jour, malgré-nous toujours, Vera va faire remonter les souvenirs du vieil homme et celui-ci va lui tendre la main, lui ouvrir son coeur, il va enfin être l'heure de transmettre et de laisser les secrets s'envoler.
Une histoire de reconnaissance et de retour à la vie, une transmission salutaire, de psychogénéalogie diront certains, de mémoires de cellules je voudrais ajouter. Une histoire universelle qui dépasse le sang et les frontières.
J'avais hâte de relire Isabelle Sorente après son essai « la sorcière », et c'est mon premier coup de coeur de cette rentrée littéraire.
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Je l'avoue, j'ai abandonné ce livre à son mitan. Impossible d'aller plus loin tant je m'ennuyais.
Mais je respecte toutes celles et ceux qui ont aimé, voire beaucoup aimé.
C'est lisse, plat, on dirait que quelqu'un avec une grosse gomme en a retiré toutes les aspérités. Définitivement, ce genre de livre, la littérature "feel good" des bons sentiments n'est pas pour moi.
Je regrette pour les "malgré-nous" qui ont une histoire si tragique et ont beaucoup souffert (j'en ai rencontré au hasard de la vie). Je pense que d'autres livres (que je ne connais pas) peuvent mieux raconter leur histoire.
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Ca commence comme 1 feelgood, bien ecrit mais facile,.
Je me dis (vilaine) que ca va utiliser les ficelles du livre que tout le monde aime, interessant, gentil....
Et puis arrive Thomas. Et le gerfaut.
Et les choses changent.
Ces petits chapitres sur la 2eme guerre mondiale, vue des yeus d un tres jeune Malgré Nous, entremelés avec l histoire banale d une ado mal dans ses baskets, enrichissent le tout et le font sortir de mon ressenti feel good.
L histoire des malgré nous, le vécu horrible des camps (comment peut on continuer a vivre apres ça!), l amour apres cette horreur, le regard de ce grand père qui vit la forêt et ses habitants, qui sait mediter et nourrir et rencontrer le gerfaut......la vie est complexe, profonde et belle.
Et que de belles choses ce grand pere apporte a cette ado en desespoir !
Tres bon moment de lecture
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Encore un coup de coeur de la rentrée littéraire. Il y a de l'ésotérisme, un amour et un respect pour les animaux et pour les humains qui m'a beaucoup ému, des thématiques plus compliquées autour de la notion de mère, de changement, d'amitié, de famille, d'amour pur. J'ai vraiment apprécié les 4 personnages principaux, tous touchants dans leur singularité.
Lien : https://sorbetkiwi.wordpress..
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J'avoue que je ne me serais pas arrêtée sur ce livre, si je l'avais croisé en magasin, je l'ai reçu en partenariat, car le résumé m'intriguait assez, surtout la partie concernant les Malgré Nous.

Après un début intéressant que j'ai bien aimé, certains moments m'ont un peu lassée. J'avais l'impression qu'Elisabeth et Vina ressassaient beaucoup de choses et qu'une bonne discussion aurait permis d'aplanir les choses. Trop de non-dits semblent planer entre elles.

J'ai trouvé dommage que certaines choses restent en suspend, non résolues de mon point de vue. L'écriture est vive, les phrases sont courtes, hachées, ça se lit vite.

J'ai beaucoup aimé les décors des Vosges Alsaciennes. Les personnages sont peu nombreux et assez attachants selon les moments. Les moments dans le camp de Tambov sont durs, mais tout ce qu'il peut se passer dans ce genre de camp l'est. J'avais espéré en apprendre plus sur les Malgré-nous, j'ai trouvé le sujet finalement assez survolé (si on excepte toutes les parties au camp).

Par contre, je me suis sentie extérieure la majeure partie du temps, très détachée de cette lecture, des personnages et de leurs histoires. J'avais l'impression qu'on tournait en rond, sans approfondir réellement certaines choses.


En bref: Une lecture surprenante, que je suis heureuse d'avoir faite, mais il y manque un petit truc selon moi.
Lien : http://l-evasion-par-la-lect..
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