" Je suis le fondateur et le président de l'Union des travailleurs de l'Enfer, et je suis mandaté par la base pour présenter nos revendications." Jimmy arrive en Enfer et ils trouvent que l'organisation assez chaotique mérite des ajustements. Il décide de liguer les démons à sa cause ... Satan y voit enfin le moyen de bénéficier du libre arbitre longtemps refusé par Dieu. Mais quelles revendications peut on soulever en Enfer?
Nouvelle originale et amusante avec un fond de réflexion sur l'économie actuelle, plus explicite grâce au petit essai, qui suit la Nouvelle.
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Mais, plus le pécheur était intéressant et singulier, plus son châtiment ne pouvait se faire sans supervision, sans gardes et sans tortionnaires créatifs, et avec sa main-d’œuvre « en grève », ces âmes damnées s’en tiraient trop facilement. Les généralissimes sadiques n’étaient plus obligés de faire d’éternelles marches forcées conduites par un sergent instructeur démoniaque à travers des marais infestés de moustiques. Ces escrocs de banquiers sans scrupule, ces requins des prêts, ces dirigeants de fonds d’investissement et toute cette ménagerie de grattes-papiers laissaient leurs cellules se remplir de contrats de sept ans sur les âmes non signés. Les interrogateurs de la CIA et des polices secrètes n’étaient plus soumis au supplice de la baignoire. Les contrôleurs des impôts n’étaient plus soumis à des audits éternels.
L’Enfer vivait un véritable enfer. Il n’y avait pas d’autre solution. Le Diable se devait d’apparaître en différents endroits en Enfer pour restaurer un désordre convenable. Il avait cependant choisi d’apparaître en personne là où la grève avait commencé, afin de maximiser l’effet effarant de sa colère.
Oui, les rédacteurs de ces prêts, ces camoufleurs, les banques d’investissement, les experts des fonds spéculatifs, les marchés des produits dérivés, et les agences de notations – le monde entier de ce casino économique hors de contrôle, qui ne se base sur rien si ce n’est des conneries et de l’air chaud et qui ne participe en rien à l’économie réelle – ont, en effet, rédigé le plus gros chèque en bois de l’histoire et se le sont encaissé eux-mêmes.
Après tout, ne disait-on pas que l’important n’est pas de perdre ou de gagner, mais la manière dont on joue.
Ou de comment on se joue de vous.
Eternellement.
Subtil, Satan ne l'était pas.
Avec Valérie Mangin, Vincent Bontems, Norman Spinrad et Colin Pahlisch