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Morgan Sportès nous livre ici une enquête passionnante, une autopsie froide et méthodique de notre société. Pas de pathos ni de jugement, rien que les faits qui se suffisent à eux-même dans leur barbarie, leur brutalité et leur horreur. Horreur au quotidien: on a envie de dire "c'est arrivé près de chez vous" en réalisant que cela peut nous arriver également. Autopsie vient du grec et veut dire "le voir de vos propres yeux". C'est ce que nous propose l'auteur, dans un style sans fioritures et efficace, nous laissant le soin "d'établir la cause de la mort". Cet examen de notre société, sa vacuité et sa folie quotidienne, nous font froid dans le dos.
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Voilà un livre très touchant, poignant, sur ce fait horrible survenu en 2006.

Le livre est scindé en deux parties : dans la première, nous prenons connaissance des différents protagonistes qui auront, de prêt ou de loin, touchés à cette affaire, nous avons accès surtout au chef du gang Yacef et à toutes ses anciennes opérations non réussies. Dans la seconde partie, nous suivons le kidnapping d'Elie et tous les événements qui ont conduit à son destin tragique.

L'auteur a fourni un travail énorme de recherche pour tout nous reconstituer dans les moindres détails.

Seulement voilà, certes, on ne peut pas rester insensible à cette histoire, mais je n'ai jamais réussi à rentrer dans le livre, faute de détails. En effet, en voulant vraiment tout nous reconstituer, l'auteur nous submerge en détails. Dès les premières pages, on est assailli par une multitude de personnages avec leurs noms et prénoms, mais aussi leurs pseudos, de quoi se perdre dès le début. Beaucoup trop de détails par exemple sur un parcours effectué en voiture où tout un paragraphe est écrit rien que pour nous donner le nom des rues !!! Beaucoup trop de répétitions aussi, bien que parfois, ça m'a permis de me retrouver parmi tous ces personnages. J'ai vraiment eu l'impression pendant ma lecture, que je lisais un quotidien de 379 pages !

Cependant, nous pouvons grâce à tous ces détails, avoir accès à la psychologie des différents auteurs de cet acte de barbarie. Non pas pour comprendre (aucun acte ne pourra justifier ce méfait), mais pour voir quelles séries d'événements ont conduit à cet acte sauvage.
Lien : http://labibliodenodrey.word..
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Critique publiée sur Senscritique (2011)

C'est une sacré claque, que de dévorer Tout, tout de suite. C'est un roman qui n'en est pas vraiment un, disons plutôt un fait divers qui avait heurté l'opinion publique et la société française il y a à peine cinq ans, raconté sous forme de récit "romancé". On y retrouve à la fois la force réaliste d'une enquête factuelle à la Truman Capote dans de sang-froid, et l'implacable mécanique du crime, mêlant psychiatrie, misère sociale, délinquance et mécanique de groupe, d'une Elizabeth George dans Anatomie d'un crime.

Tout, tout de suite, est l'histoire terrible de ce jeune homme de 23 ans, Elie, kidnappé par ceux que l'on aura ensuite appelé "Le gang des barbares". Un jeune juif attiré jusqu'à Bagneux dans un piège plusieurs fois essayé au préalable, qui aura vécu un calvaire pendant ses 3 semaines de détention. Calvaire que l'auteur a le bon goût de peu relater, peut-être par pudeur, peut-être par manque d'éléments tangibles.

On y suit la folie passée inaperçue de Yacef, un jeune ivoirien pathétique vivant en région parisienne, qui entraîne dans son sillon délirant toute une meute de désoeuvrés, pas toujours désocialisés, mais toujours faciles à manipuler ou à acheter. Ensemble, diluant le poids de la culpabilité, ils accepteront de se taire ou d'assister. On y découvre la pesante impossibilité pour les protagonistes de faire machine arrière lorsque tout est lancé, une enquête policière et une inflexibilité qui fait aujourd'hui encore débat (mais quoi de plus facile, à posteriori, que de se dire "et si on avait fait ça..." ?), une histoire tragique qui remue d'autant plus qu'elle est émaillée tout au long du récit d'éléments de l'enquête rappelant au lecteur qu'il n'est pas dans la fiction, mais bien dans la réalité. Une terrible réalité.
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TOUT, TOUT DE SUITE de Morgan Sportès

À prime abord, ce n'est pas mon genre de lecture et je ne savais pas qu'il s'agissait d'une histoire authentique mais, je n'ai pu lâcher ce livre qui retrace l'engrenage dans lequel sombre un jeune désoeuvré pressé de gagner de l'argent et qui procède à l'enlèvement d'un vendeur de téléphones de confession juive dans l'espoir d'obtenir une rançon.
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Récit factuel, sans aucun pathos ni jugement, de l'enlèvement et de l'assassinat d'Ilan Halimi en 2006 par Youssouf Fofana, un français d'origine ivoirienne, âme de leader et une bande de petits voyous de la banlieue sud (Bagneux) et nord (Bobigny). le plus frappant chez ces barbares, c'est leur humanité, leurs qualités (débrouillardise, l'intelligence dans le vol de voiture par exemple), leur manque d'éducation, leur bêtise (tous les juifs sont riches). Cette affaire qui a pris des proportions symboliques n'aurait pas dû se produire mais un enchaînement de situations a conduit Fofana à la torture et à l'assassinat. En définitive, ces assassins apparaissent moins « déterminés » au sens du déterminisme que ceux de « Sang froid ». Passionnant. Comme l'a dit en substance Graham Greene, si on savait ce qui se passait réellement, on pardonnerait presque tout. Grand livre.
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Voulant "tout, tout de suite", une bande de jeunes en déshérence, conduits par Yacef, petit caïd fasciné par l'argent facile, se lancent dans plusieurs tentatives avortées d'enlèvement, jusqu'au kidnapping d'Elie. La rançon fantasmée n'étant pas versée, Elie est séquestré 3 semaines, avant d'être sauvagement assassiné.
L'écriture clinique, glaciale, produit assurément un "froid dans le dos" du lecteur. On reste sidéré devant les agissements de ces enfants désoeuvrés, pétris de convictions incultes, qui seraient pathétiques ou risibles s'ils n'aboutissaient pas, implacablement, à ce crime d'une violence inouïe. Elie, est, littéralement, mort des clichés antisémites de Yacef, persuadé que le kidnapping d'un jeune juif, forcément riche dans ses stéréotypes, lui assurera le versement d'une conséquente rançon.
Parce qu'il s'agit de faits réels, ce récit est glaçant et interroge sur la "société du spectacle" (les chapitres sont émaillés de plusieurs citations de Debord) capable de produire ces jeunes monstres, inconscients, ayant perdu tout sens des réalités.
Néanmoins, le style journalistique fait que le récit ne dépasse pas le documentaire du fait divers, et, pour moi, n'échappe pas à un certain voyeurisme et sensationnalisme. Les dialogues, seul élément proprement fictionnel, sonnent plutôt faux.
Il n'échappe pas, non plus, au simple remake de l'appât, du même auteur, rééditant le portrait "actualisé, en banlieue", d'une jeunesse désoeuvrée. Cette similitude m'a laissée mal à l'aise, comme si l'auteur avait surfé sur son ancien succès comme sur le fait divers du "gang des barbares".
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Troisième lecture du roman publié en 2011 par Morgan Sportès intitulé « Tout, tout de suite », un texte toujours aussi impressionnant, consistant en une mise en récit de l'affaire dite «du gang des barbares», initiée par Youssouf Fofana, qui aboutit à la séquestration, à la torture et au meurtre d'Ilan Halimi en janvier février 2006 à Bagneux, en banlieue parisienne (voir fiche Wikipedia complète sous l'intitulé « affaire du gang des barbares »).

le récit se distingue d'abord par la qualité de l'écriture et de la narration : l'auteur se garde bien de toute emphase, de tout pathos, de tout effet de style gratuit. Il reste délibérément au ras de son propos, se limitant à exposer les faits et les dires tels qu'il a pu les reconstituer en compulsant les actes et expertises produits tout au long du procès, voire en s'entretenant lui-même avec certains des protagonistes. C'est ainsi qu'il effectue une reconstitution aussi minutieuse que possible du langage, des attitudes, des conditions de vie (fort disparates) de jeunes adultes (filles comme garçons), déstructurés, paumés, fascinés par le fric, qui finissent par faire allégeance à celui qui leur apparaît comme un chef, un caïd : de ce point de vue déjà, ce texte est un témoignage incontournable sur ce type de délinquance débouchant sur une violence inouïe.

Sur le fond ensuite, l'auteur se garde aussi de toute généralisation, de tout amalgame, de toute confusion : il ne cherche pas à donner une valeur d'exemple à cette affaire, il en souligne au contraire toutes les spécificités, et c'est précisément cela qui confère à ce texte sa valeur « universelle » en laissant au lecteur le soin de tirer de ces évènements les enseignements qu'il voudra : l'auteur prend soin toutefois de signaler sa propre interprétation par le biais de brèves citations introduisant chaque chapitre.

Deux éléments font froid dans le dos. le premier réside dans le nombre de personnes, dont plusieurs adultes « parfaitement intégrés », qui étaient au courant de l'enlèvement en cours, qui auraient pu y mettre fin avant l'issue fatale, et qui n'ont rien dit : même après trois lectures de ce roman, on en reste pantois. le second provient d'une sinistre mise en perspective : vingt ans plus tôt, en 1990, ce même Morgan Sportès publiait le roman « L'appât » illustrant la dérive d'une frange marginale de cette jeunesse déstructurée en relatant les assassinats survenus en décembre 1984 (affaire Valérie Subra, Laurent Hattab et Jean-Rémi Sarraud), il y eut ensuite ce « gang des barbares » en 2006 ; aujourd'hui, en janvier 2015, des officines terroristes se sont spécialisées dans la récupération des éléments les plus violents parmi ces paumés pour en faire de pseudo-djihadistes nommés Kouachi ou Coulibaly : il n'est pas du tout certain que la classe politique (quel que soit son bord affiché) ait pris la mesure des ravages en cours puisque nos ministricules, fort occupés, n'ont plus le temps de lire de livres.
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Morgan Sportes relate ici, sous forme romancée, le fait divers tragique qui a eu lieu il y a quelques années. Un jeune homme juif, Ilan Halimi, kidnappé et torturé par une bande de jeunes dirigée par Youssouf Fofana, a été finalement exécuté froidement par son tortionnaire.
L'auteur a changé les noms, mais il se base sur tous les rapports de police et témoignages recueillis lors de l'instruction pour essayer de radiographier ce phénomène et pour tenter de comprendre comment ces jeunes ont pu en arriver la. Très dérangeant à la lecture, ce livre permet de voir le manque de repères de la plupart des protagonistes qui ne se rendent pas compte de la gravité de leurs actes, ils agissent par bêtise, par appât du gain, par peur d'être rejeté par le groupe aussi.. C'est une lecture très angoissante mais intéressante pour avoir une tentative d'approche de cette histoire. L'auteur reste relativement neutre, a part quelques petits effets de «suspens» qui ne sont pas toujours du meilleur goût mais l'ensemble a le mérite d'être documenté et il évite l'écueil du sensationnalisme pour rester dans l'analyse du phénomène. le film d'Alexandre Arcady, réalisé d'après le livre document de Mme Halimi, la mère de la victime, m'a donné l'envie d'approfondir l'étude de ce fait divers pour comprendre. La lecture de ce livre n'est pas à mon sens de la curiosité malsaine, mais bien une tentative pour comprendre le fonctionnement de certains «humains», sans y parvenir totalement..
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C'est un livre que j'ai lu il y a quelque temps maintenant mais c'est une lecture qui m'a vraiment marquée.

Sous des noms fictifs, l'auteur reprend le crime du "Gang des barbares" et le meurtre d'Ilan Halimi. Il comble pour le lecteur les vides, par les témoignages et le procès, il donne les motivations des personnages, la manière dont ils se sont retrouvés dans cette histoire, comment ils ont été manipulés, comment la violence engendre la violence et le silence. Mais l'auteur s'attarde aussi sur les responsabilités, celle des personnes individuelles bien sûr mais il met le doigt sur une des responsables : la culture de masse et la société de consommation.

L'écriture est presque journalistique et non moins dénuée d'émotion. Quelques réflexions sur notre culture de masse laissent vraiment à réfléchir. Mais ce qui ressort des personnages, c'est leur froideur et la question qu'on a constamment au bout des lèvres, c'est pourquoi ? Pourquoi ce silence ? Comment ne pas prendre conscience de l'horreur de ce qui se passe ? Comment peut-on être aussi naïf parfois ?

Un livre parcouru par l'angoisse, on est complètement happé alors qu'on sait comment cela va se terminer, on connaît la fin mais on ne peut s'empêcher de tourner les pages, en se disant, mais ce n'est pas possible... Quelqu'un va réagir... C'est effrayant ! Une histoire vraie devenue roman, puisqu'on pourrait penser qu'une telle froideur ne se passe que dans les romans les plus noirs. Et tout le débat semble là, le rapport entre vie réelle et la fiction, la manipulation de la fiction, les contraintes de la vie réelle, la vie rêvée... Beaucoup d'interrogations pour un résultat implacable, une société perdue...

Un livre à lire qui interroge sur notre société, qui nous invite à nous poser les bonnes questions au-delà du récit d'une histoire inspirée de la vie réelle.
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Il lui faut tout, tout de suite. Voilà ce qui le pousse à agir, à commettre des crimes, à voler, à menacer, à brutaliser.
Il est le chef du gang des barbares, clan qui a enlevé un juif dans une cité et qui demandait une rançon qu'ils n'ont jamais eu.

Voilà un livre bien sombre par son histoire qui malheureusement est réelle.
Dans toute la première partie, on nous explique les échecs qu'a essuyé le gang et qui a poussé leur chef à tenter plus que le simple trafic.
On s'aperçoit alors qu'il n'en ait pas à son premier crime, ni à son premier enlèvement, pourtant il continue ses forfaits qui vont de plus en plus loin.

On se rend compte à quel point Yacef (pseudo utilisé pour le livre) était obnubilé par l'argent et un désir de vengeance envers la société. Moins il a ce qu'il veut plus sa rage grandit et plus il part dans les extrêmes.

La seconde partie du livre, relatant l'enlèvement ainsi que les détails de la séquestration est très dure à lire par sa réalité.
On attend le moment où la police arrêtera enfin Yacef pour arracher l'otage de ses mains.

Les témoignages et les faits font la qualité de ce récit. L'auteur a su relater chaque détails de ce cercle vicieux où l'on se rend compte qu'un grand nombre de personnes sont impliquées mais ne font rien. Soit par peur, soit pour l'argent.

Les protagonistes allant de l'adolescent au père de famille, on ne comprend pas que personne n'ait dénoncé Yacef et l'horreur dans laquelle il les entraînait.

Un livre donc qui nous mène à nous poser des questions sur la nature humaine et sur l'enquête qui a été menée. Pourquoi un jeune homme sous-pretexte de sa religion aura eu à souffrir ainsi, pourquoi l'a-t-on laissé dans une telle situation et que personne ne l'a arraché à cet enfer?
Lien : http://lefauteuil.wordpress...
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