AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782815913317
416 pages
L'Aube (07/10/2016)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Un portrait politique, économique, technologique et scientifique de l'URSS en 1959, une époque marquée par le progrès, le développement de l'industrie et l'abondance. A travers le regard de différents personnages, réels ou fictifs, et de situations historiques et imaginaires, ce récit donne vie au rêve soviétique, au moment où il semble à même d'éclipser son homologue américain.
Que lire après Capital rougeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le 4 octobre 1957, l'URSS lançait Spoutnik, le premier satellite de l'histoire. Quatre ans plus tard, Youri Gagarine inaugurait l'ère des vols spatiaux habités. le monde entier prenait soudain conscience de la puissance soviétique. Lorsque Nikita Khrouchtchev parla pour la première fois de coexistence pacifique, il était persuadé que l'URSS pourrait mettre à profit la quiétude que la fin de la guerre froide lui procurerait pour propulser la république des soviets au firmament de l'économie mondiale. Ce serait un monde d'abondance, tous les indicateurs le prédisaient avec la précision scientifique que seule une gestion planifiée pouvait offrir. Et le premier secrétaire avait de bonne raison d'être optimiste, depuis son arrivée au pouvoir, la croissance de l'Union soviétique était trois fois supérieure à celle des Etats-Unis; il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que la patrie de l'Oncle Sam serait bien vite laissée sur le carreau par une patrie des travailleurs toujours plus performante.

Dans cet ouvrage qui n'est ni un roman, ni un livre d'histoire, Francis Spufford retourne aux racines même du naufrage soviétique qui, bien plus qu'un échec politique, fut avant tout une faillite économique. A travers des situations fictives, mettant en scène les anonymes qui avaient en charge de faire fonctionner le système, mathématiciens, économistes, biologistes, militants, journalistes l'auteur rescussite une période d'enthousiasme et d'espoir. Il montre aussi les limites politiques d'un système qui broyait toute initiatives parce que les petits chefs avaient le pouvoir d'arrêter n'importe quel projet au nom de l'orthodoxie marxiste léniniste. Il met surtout en lumière la difficulté à laquelle des générations de planificateurs se sont heurtées lorsqu'ils voulaient prédire les besoins en dehors de tout mécanisme de fixation des prix par l'offre et la demande.

Très vite, on comprend que cette croissance exceptionnelle est obtenue au prix d'une mobilisation d'énergie et de moyens absolument démentielle. Et tout en découle, salaires trop bas, difficultés d'approvisionnement, épuisement des ressources. Chaque partie du livre est introduite pas une courte mise en perspective historique. Ce sont ensuite des moments de la vie quotidienne, conversation au restaurant, visite d'une exposition, échanges entre collègues de l'université, réflexions d'un savant. A travers ces situations simples, l'auteur parvient à donner une humanité à son récit, nous sommes face à des braves types qui cherchent à surmonter les défis qui se posent au monde nouveau en construction. Les espoirs suscités par l'informatique, le développement des théories économiques ou l'effort des mathématiciens finissent par être engloutis dans une débâcle finalement annoncée. Plus les tentatives se révèleront vaines, plus le régime sera intransigeant. A Prague, en 1968, une certaine idée du socialisme aura définitivement sombré. Et Léonid Vitalievich, savant prévisionniste qui rêvait depuis 1938 de donner une base scientifique solide à la planification assistera aux prémisses de la chute, quelque part en Sibérie, dans cette cité académique improbable où il aura passé sa vie à tenter de résoudre une équation impossible.
Commenter  J’apprécie          20
Reçu dans le cadre de Masse Critique, "Capital Rouge" est un livre ovniesque mais pourtant abordable! Différents textes s'approchant du du conte (d'ailleurs présent dans toutes les transitions) retracent le quotidien des Russes de 1938 à 1970, toute(s) une (des) vie(s) sous la bannière du marteau et de la faucille.
Avec ce texte Francis Spufford brouille la frontière entre roman et essai. En effet les 400 pages de narration sont assorties d'une abondante bibliographie et de notes de fin d'ouvrage techniques ou simplement éclairantes.
Dense et variée, l'histoire (avec ou sans majuscule, peut-être même au pluriel) touche à différents aspects de la vie en URSS avec intelligence. Sans mépris et sans chanter l'international, il illustre avec humour et précision les différents aspects de la vie pratique des soviétiques mais aussi des questions sociales qui trouvent encore écho dans notre société (notamment la question des universités utilitaires, la surconsommation, l'appareil administratif lourdingue, etc.).
Finalement, c'est l'introduction qui résume le mieux cet ouvrage: "Simplement, l'histoire est avant tout celle d'une idée, celle des personnes impliquées, entrevue par des fentes incidentes. L'idée est le héros. C'est elle qui s'énonce, dans un monde dangers et d'illusions, de monstres et de transformations, tantôt aidée, tantôt entravée par ceux qu'elle rencontre en chemin. le mieux est de considérer cela comme un conte fées, alors - bien que tout soit véritablement arrivé, ou du moins quelque chose comme ça."
Commenter  J’apprécie          70
OLNI : Objet Littéraire Non Identifié. Voilà le qualificatif qui sied le mieux à cet ouvrage, cette étonnante et ambitieuse fresque historico-fictionnelle sur les réformes "libérales" menées par le gouvernement de Khrouchtchev entre 1959 et 1964. Roman choral qui suit tour à tour le militant de base opportuniste, le scientifique libre et rebel, le mathématicien pragmatique, le sincère mais coupable dirigeant de la nation, ce livre s'aborde d'abord comme une montagne, car les pièces éparses du puzzle ne s'assemblent pas tout de suite, et les quelques notions de macro-économie distillées nécessitent une pédagogie un peu fastidieuse. Mais cette analyse fictionnelle (car nombre de personnages sont inventés, au côté de personnages publics bien réels) se dévore finalement comme une enquête. Si l'auteur arrive à faire du neuf avec du vieux, cela ne tient pas uniquement à une prétendue modernité de la forme, mais bel et bien parce que les détails de cette "aventure" post-stalinienne sont peu connus en Occident et la fascination qu'exerce cet ouvrage tient en premier lieu dans la sincérité (certes relative mais bien naïve) du projet communiste dans sa volonté d'abondance, abondance qui se traduit par un véritable projet économique concurrent (alternatif, dirait-on aujourd'hui) au capitalisme libéral (mais encore bienfaiteur) de l'époque aux Etats-Unis. Il est tout à fait fascinant d'apprendre les détails techniques découlant de cette politique du Gosplan qui s'appuye sur les recommandations de très sérieux chercheurs. On est donc bien loin de l'image éculée d'un communisme irréfléchi, voire trompeur, en tout cas tel qu'il est perçu avec condescendance de nos jours. En somme, la fin justifiait les moyens, jusqu'au jour où le système a commencé à se suffire à lui-même et à partir du moment où les atrocités ne pouvaient plus trouver aucune sorte de justification. Cette analyse nuancée, bien loin d'en faire l'éloge, montre néanmoins un communisme humain, détourné politiquement au bout du compte, probablement victime de sa propre ambition. Quoique l'on peut penser de cette époque, on ne peut nier le caractère indéniablement fertil qu'a du constituer ce creuset idéologique (dont la cité Akademgorodok est un bel exemple). Cette oeuvre solide aurait néanmoins mérité quelques coupes pour rendre le propos plus clair, plus incisif mais on reste tout de même abasourdi par la somme de connaissances qu'il a fallu compiler pour rendre une telle synthèse intelligible.
Commenter  J’apprécie          20
Capital rouge est un livre très bien, mais réservé à ceux qui connaissent le sujet, c'est-à-dire l'Union Soviétique. Je le conseille à tous ceux ou celles qui veulent en savoir plus pour comprendre l'idéal communiste.
Capital rouge est un mélange de plusieurs genres littéraires, roman historique, conte et histoire sociale. En effet, l'auteur, que je félicite d'ailleurs pour cet excellent ouvrage, nous livre ce morceau d'histoire, l'URSS des années 50-60, à travers différents points de vue, celui de jeunes diplômés en biologie et en mathématiques, d'économistes, d'étudiants, d'ingénieurs,... et même celui du président du pays et premier secrétaire du PC de l'URSS, Nikita Khrouchtchev. Cette alternance constante de points de vue permet au lecteur d'apprendre le ressentis à propos de l'Union de toute les tranches de la population, paysans, commissaires,... Cet apprentissage le mène, en plus de s'instruire, à façonner une nouvelle vision de la chose complexe qu'est l'accession à l'idéal soviétique.
Néanmoins, l'ouvrage peut parfois peser lourd, l'abondance de points vue nous mène parfois à certains passages que l'on va trouvé difficile à lire à cause du sujet ( différents pour tous mais par exemple moi : les sciences ) et de nombreux termes qui nous envoient chercher un dictionnaire.
Ces possibles difficultés n'effacent pas pour autant la qualité du livre, histoire est bien construite et l'auteur, comme il a rajouté du fictif pour donner de la consistance au texte et pour ne pas tromper le lecteur, a ajouté des notes informatives à la fin de l'ouvrage.
Enfin, la place que prend la bibliographie en nombre de page nous montre bien que l'auteur a exécuter un formidable travail de recherche, qu'il connait très bien son sujet.
Je vous conseille ce livre.
Ma note : 4/5
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
De tous les pays capitalistes, c'était l'Amérique qui était le plus près de faire la même chose que l'URSS. Ils partageaient la vision soviétique. Ils comprenaient que couper et coudre à la main appartenait au passé. Ils comprenaient que pour que l'homme ordinaire vive comme les rois et les marchands avaient vécu autrefois, une nouvelle sorte de luxe était nécessaire, un luxe ordinaire constitué de biens produits par millions pour que tout le monde puisse en posséder un. Et ils étaient si doués dans ce domaine ! Le développement de leur masse industrielle ne faisait que commencer. Ils avaient une sorte de génie pour faire coïncider la fertilité de la production de masse et les désirs de la population.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Francis Spufford (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francis Spufford
Golden Hill: Frances Spufford shows us 18th Century New York
autres livres classés : urssVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Francis Spufford (2) Voir plus

Lecteurs (16) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3192 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..