Ce livre nous présente les biographies et différentes écoles de pensées du Talmud.
Un bon ouvrage d'une collection que j'apprécie, "Spiritualités vivantes" aux éditions Albin Michel, car elle sait rendre accessible à tous des notions clés ou des personnages marquants des différentes religions.
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(sur le reniement d'Elicha ben Avouya)
Selon le Talmud, l'un des facteurs déterminants dans la chute d'Elicha fut l'assassinat cruel, perpétré par les Romains, d'un interprète de la maison d'étude, dont la langue fut broyée par un porc. Ce traumatisme que subit Elicha nourrit en parallèle la crise religieuse qu'il traversait. La vision d'êtres humains, de surcroît ses frères juifs, brisés à un tel point par la puissance romaine, démontrait bien, à ses yeux, que le monde était dominé par le mal. C'était là une preuve de la véracité de sa conception gnostique : même s'il existait une Force Suprême, elle restait en tous cas bien trop distante pour interférer avec les affaires de l'homme dans le monde terrestre. Elicha, déconcerté par ses doutes et la détresse de son âme, prit la décision d'opter pour l'existence de cette Force du Mal qui régnerait de facto sur le monde.
p. 91
De manière générale, l'autorité politique allait rarement de pair avec l'érudition ou le pouvoir religieux. Non pas qu'on puisse voir là le signe d'une philosophie ou d'une volonté politiques, cela dépendait plutôt du caractère et de la capacité des individus engagés dans de telles fonctions. Et cependant, tout au long des générations, on peut noter une aspiration constante au sein d'Israël à voir se rapprocher les deux fonctions : la situation considérée comme idéale serait-elle que le dirigeant religieux puisse aussi détenir les rênes du pouvoir et que, réciproquement, le chef politique puisse être le plus grand érudit en Torah. Mais une telle synthèse ne vit que très rarement le jour.
p. 181
Les héros du Talmud affichent une originalité toute particulière. Leurs épopées ne comptent ni fait d'armes ni prouesse physique, et aucun événement spectaculaire n'illustre leurs vies. Les palais, les forteresses qu'ils ont édifiés sont invisibles à l'oeil nu. Ces personnages sont en fait des héros de l'esprit dont les actes de bravoure se mesurent à l'aune de leurs pensées et de leurs paroles.