Anatèm est le premier titre de la nouvelle collection d'Albin Michel consacré à l'imaginaire que je teste. J'étais impatiente de découvrir cette nouvelle collection dirigée par
Gilles Dumay, ancien directeur de Lunes d'encre chez Denoël où il avait publié des titres cultes. La maquette des tomes sortis me plaît beaucoup avec son identité visuelle forte dès la couverture où les dessins sont à chaque fois très beaux. Malheureusement pour moi, Anatèm ne fut pas une bonne pioche.
Je savais avant même de commencer, parce que je l'avais lu, qu'Anatèm serait une lecture exigeante. Mais je ne m'attendais pas à ce que la forme prenne le pas sur le fond et le plaisir de lecture. En effet, dans ce titre, découpé en 2 tomes chez nous, l'auteur prend plaisir à créer un univers fort original. Je dis original parce qu'il a imaginé de toutes pièces un monde qui pourrait être le nôtre dans un futur très éloigné, un futur où la langue mais aussi les codes de notre société en plus des paysages et des peuples ont évolué. Et nous lecteur, nous sommes les témoins privilégiés de cette évolution dans laquelle nous sommes plongés de plein pied assez brutalement dès les premières pages. Ainsi, honnêtement les 200 premières pages furent vraiment laborieuse à lire du fait même de la langue employée. Pourtant, je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé. Je trouve le concept très fort et culotté, je ne crois pas que cela ait été poussé à ce point dans un autre titre. Malheureusement, ça a vraiment freiné mon plaisir de lecture et c'est là le grand problème.
A vouloir créer un monde original dont on découvre la langue, les philosophies, les religions, les relations interclasses et extraclasses, la géographie, l'histoire, etc… l'auteur passe son temps à nous décrire son monde, oubliant que le lecteur cherche aussi parfois une histoire où s'évader et non juste un univers. J'ai très longtemps cherché quel était le but de cette histoire avant de le trouver vers le milieu du tome mais c'était déjà trop tard. Une quête a beau se dessiner, ce n'est pas pour autant que l'auteur lui donne la priorité. C'est ce qui me fait dire qu'il a préféré l'exercice de style au plaisir du simple lecteur et je trouve ça dommage.
Parce que l'univers est intéressant. J'ai aimé découvrir un nouveau monde par sa dimension religieuse ou plutôt philosophique à travers des personnages appartenant à une congrégation qui cultive le savoir universel et non vraiment la foi. J'ai aimé me mettre dans les pas du héros, Erasmas, qui découvre lui aussi le monde dans lequel il vit et ses mystères une fois sorti de sa réclusion volontaire. Cela donne lieu à des discussions très intéressantes sur la religion, dieu, la communication, etc.
De plus, le rythme s'accélère et l'histoire devient plus facile à lire à partir de la moitié du tome et encore plus dans les 100, 200 dernières pages. On rencontre enfin ce qui sera le bouleversement narratif qui va nous happer et on découvre ainsi une vraie intrigue avec de multiples tiroirs. On a ainsi droit à une enquête interne digne du Nom de la Rose, suivi d'un road trip inquiétant, le tout avec une petite touche de Rencontre du 3e type. J'ai beaucoup aimé cela mais c'était malheureusement trop distillé au milieu des interminables descriptions de la planète Arbre. Alors je sais que ce n'est que la première partie d'une vaste histoire, que peut-être la suite apportera ce qui m'a manqué dans ce tome, mais je n'ai pas très envie de continuer après les difficultés que j'ai eues déjà à terminer ce tome.
Anatèm est donc un roman qui sur le papier avait tout pour me plaire et pour lequel je partais avec un a priori positif, mais ma lecture s'est révélée laborieuse. Je n'ai pas été emportée par l'histoire. Je suis trop longtemps restée sur le bas côté de la route à cause d'un auteur qui a privilégié une sorte d'expérimentation créatrice à laquelle je suis restée hermétique. Dommage. Après, ça ne veut pas dire que je ne testerai pas les autres titres de science-fiction de la collection quand ils se présenteront, mais j'attendrai peut-être d'avoir plus d'avis avant.
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