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A l'ouverture du livre nous trouvons une note au lecteur.
Ah!
Du traducteur qui nous dit que si nous sommes coutumiers de la lecture d'oeuvres de fiction spéculative nous pouvons sauter cette note. Bigre!
Déjà ce n'est pas simple.
Non je ne suis pas coutumier, en revanche, j'ai choisi ce livre et je savais, donc, de quoi il retournait. Enfin je le croyais.
Mais ce ne fut quand même pas simple.
Le narrateur, habitant de la planète Arbre, en l'an 3689 après la reconstitution, est le Fraa (frères) Erasmas, vivant et étudiant dans la consente (monastère) de Saunt (saint) - Edhar, réunissant mathématiciens et philosophes.
Il existe d'autres monastères, de frères et de soor (soeurs) qui vivent sans relations avec les autres monastères pendant des périodes de 10, 100 et même 1000 ans. A chaque fin de cycle se trouve une courte période d'échanges et c'est au cours de l'une d'elles que le Fraa Erasmas s'aperçoit d'un changement dans le ciel d'Arbre qui risque de menacer la survie de toutes ces congrégations et de la planète. Erasmas par à la recherche de son mentor et, de ce fait, à la recherche de sa vie.
Voilà.
Pour revenir au début et à l'avertissement du traducteur il faut savoir que l'auteur utilise un nombre plus qu'important de néologismes, ceci avec la difficulté de traduction, sans omettre des contextes et noms propres et bien autres pièges. le travail de traduction de Jacques Collin n'en est que plus remarquable.
De fait l'entrée en lecture est difficile, mais les termes étant redondants le lecteur s'y habitue, comme un roman normal avec ses noms, prénoms, lieux, usages, etc. Ou si l'on veut les termes que chacun peut appréhender dans sa région natale. Il faut, cependant, passer une bonne centaine de pages, très indigestes, difficiles d'accès dans notre incompréhension et avoir une grande envie de poursuite ou comme le dit un lecteur babelionaute : franchir le mur d'escalade.
Alors, après, oui c'est un roman qui s'avère passionnant et, qui, dans sa première partie pourrait ressembler au "Nom de la rose" de Eco. Mais cela n'a rien de religieux.
Ce monde qui n'est pas loin de s'apparenter au nôtre, ou ce qu'il serait devenu, va s'ouvrir lors de la recherche d'Erasmas dont la quête sera de tenter d'élucider le mystère qui vient dans le ciel.
En se prenant au jeu, en acceptant que l'auteur Neal-Stephenson est un génie, un excellent écrivain et que le travail du traducteur est formidable le lecteur (moi) passe un magnifiquement bon et long moment avec ses 800 pages de lecture. Et ce n'est que le tome 1.
Pour la bonne bouche :

De par mon travail avec Orolo, je savais que l'iconographie moshianienne avait le vent en poupe, sous la forme de la soi-disant férule céleste. Nos hiérarques en avaient pris conscience, et le férulaire pourfendeur avait demandé à grand-soor Tamura de nous entraîner dans ce débat.

Je remercie Babelio de cette masse critique et le Livre de poche de m'avoir fait parvenir ce livre.

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Ardu mais certainement pas abscons ou stérile et de toutes façons très élégant .

Fidèle à lui-même Stephenson à le souci du fond et de la forme .
Toujours ce style qui fait que tout est dense ... vivant et réel .
Il faut mobiliser un maximum de neurones pour s'imprégner des " thèses " de l'ouvrage .
Le style est au rendez-vous et nous sommes totalement immergés dans ce monastère du futur où les soubresauts du siècle parviennent amortis au lecteur qui ne manque pas de guetter ces informations succulentes ..
C'est une véritable et subtile expérience monastique à laquelle nous convies l'auteur ( conscience de soi ... vérité .. mathématiques ... réalité .... structure de l'univers .. le mot et l'idée ... l'orthodoxie et moyens normatifs )
L'esprit n'est pas déconnecté du quotidien .. de la vie .. de l'expérience intime et collective et des différences d'âge ainsi que du temps qui passe .
Les moines parcourent le temps selon une vie très réglée et le lecteur s'imprègne de cette philosophie et de ce monachisme du futur .
C'est une des architectures spirituelles de SF les plus solides que j'ai eu l'occasion de connaître
Le lecteur fait donc son stage monastique ... ensuite il part affronter le siècle ..
Dans le siècle les turbines neuronales se calment un peu et nous parcourons ce monde non sans comprendre pourquoi il a engendré cette culture monastique puissante et
Pour apprécier ce roman il faut avoir un goût pour l'introspection ... la " philosophie " car on n'est pas dans le décorum mais dans l'expérience sérieuse d'une philosophe du futur . Une philosophie qui n'hésite pas à recourir à la satire sociale
.A mon humble avis ce roman à quelque chose à voir avec la philosophie politique de Platon .
Attention d'ailleurs un Platon peut en cacher un autre et le Platon n'est pas forcément celui que l'on croirait .
Ce à quoi nous invites l'auteur c'est à philosopher ( au sens propre : agir la pensée ) .
C'est clair ce menu ne peut pas être au goût de tous mais cela n'en fait pas un mauvais roman pour autant .

Donc un lecteur averti en vaut DEUX ......
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Un monastère qui n'en est pas vraiment un, des religieux qui finalement n'en sont pas, une planète qui ressemble à la terre mais s'appelle “Arbre”, tout dans ce roman est étrange, jusqu'au vocabulaire inventé qui complique légèrement la lecture et la compréhension de l'histoire.
L'intrigue est très lente à se mettre en place et j'ai dû attendre presque 250 pages avant que l'histoire prenne vraiment son essor, le début étant simplement descriptif.
Nous allons suivre le quotidien de Fraa Erasmas, un jeune homme qui vit au sein de la congrégation de Saint-Edhar, où il consacre son temps à étudier les mathématiques, la philosophie et l'astronomie.
Son mentor, Fraa Orolo, va être chassé de la congrégation sans qu'on sache bien pourquoi, si ce n'est que cela doit avoir un rapport avec quelque chose qu'il aurait observé dans le ciel.
A partir de là, Fraa Erasmas va prendre conscience qu'il doit examiner ses croyances en profondeur, car l'avenir de la planète toute entière pourrait bien être en jeu.
J'ai beaucoup aimé ce premier tome, qui a un charme particulier malgré les inventions de vocabulaire très nombreuses et pas toujours simples à appréhender et le peu d'action du début.
Ce roman, bien que déconcertant au premier abord, m'a happé et j'ai hâte de lire la suite de la quête de Fraa Erasmas dans le tome 2.
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J'assume, sans fausse modestie, une étiquette de lecteur SF niveau baroudeur puissance 15. J'ai fini, sans trembler (non sans bailler) le pensum métaphysique L'EMPEREUR-DIEU DE DUNE de Frank Herbert. J'ai vaillamment achevé RADIX, le roman d'Alfred Angelo Attanasio. J'ai même, suprême épreuve, supporté l'arnaque littéraire, jusqu'à l'ultime goutte d'encre, qu'est L'OMBRE DU SHRANDER de John M Harrison .

Alors ça va hein... Je mérite mes points de vie !

En outre , j'étais prévenu, tout le monde s'accordait à dire que le masterpiece de Neal Stephenson était âpre, d'un abord ingrat. Les blogs fleurissaient de mises en garde et de conseil de persévérance, le jeu en valant la dentelle... Je goguenardisais dans mon coin. Oui c'est ça... Je suis pas un lapin de Mayenne qui serait né de la dernière suie. Vont voir...

J'ai vu.

Effectivement...

Il faut s'enquiller les 200 premières pages. Au bas mot. Il faut accepter de barboter dans une mer inconnue sans brassière. J'ai rarement ressenti un tel décalage entre un vocabulaire usuel et l'usage qui en est fait dans un livre. Sans compter le vocabulaire qu'invente Stephenson. Qui nous est donné brut de pomme. Surtout que l'auteur fait le pari de miser sur notre ténacité : ni lexique, ni glossaire ne sont fournis avec le premier tome. Nous n'avons que le contexte et les références à une encyclopédie fictive, ponctuant chaque début de chapitre d'une définition, pour nous faire une idée.

C'est quelque chose.

Et puis... Ces 200 (à la louche) premières pages décantées, tout prend sens, tout s’emboîte. Et un sentiment d'admiration littéraire peut légitimement nous imbiber le lobe frontal adéquat devant la maîtrise de Neal Stephenson.

La suite déroule un récit plus classique, un road movie plaisant et mouvementé qui s'appuie sur des personnages bien campés, attachants. Stephenson ne les sacrifie pas sur l'autel de la complexité de son livre, livre qui multiplie les envolées philosophiques les expériences de pensée, les scènes proprement hallucinantes. Là est sa plus grande réussite.

Et une résolution finale qui tient la route et nous laisse un brin émerveillés... Avec la sensation d'avoir lu un ouvrage qui compte et comptera dans la littérature de l'imaginaire.

Certes, on songe à un NOM DE LA ROSE alien, à un CANTIQUE POUR LEIBOWITZ métaphysique, mais ANATEM se suffit à lui même et nul doute que c'est lui qui fera référence à l'avenir.

Bluffant...
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Donc Frère Erasmas vit dans la concentre Saunt Edhar, un des lieux retiré du monde où les érudits prennent le temps d'étudier leur matière de prédilection (maths, astronomie, philosophie,…).

Du moment qu'une personne manifeste un intérêt pour la connaissance, les portes des maths sont ouvertes. Ainsi, est-il possible de se retirer du monde « séculaire » pour un an, afin de parfaire ses savoirs ou un apprentissage, ou plus longtemps. En effet, il y a plusieurs communautés au sein de la congrégation : les annuelles, les décanales (10 ans), les centenariens (les avôts qui souhaitent rester 100 ans…) et même les énigmatiques millénariens (oui…).

Ces personnes, ou avôts, rompent tout contact avec le monde extérieur – et surtout la technologie numérique – pour se consacrer à l'étude, jusqu'à l'ouverture des portes de leur communauté propre. Tous les ans, les dix ans, chaque siècle, ou au début de chaque millénaire, si vous avez bien suivi.

Ce n'est pas franchement religieux même si nous pourrions comparer Anatèm avec le Nom de la Rose d'Umberto Eco.

Cependant, cette vie n'est pas un long fleuve tranquille dédiée à la connaissance. Chaque communauté a ses factions qui se sont façonnées en fonction de leur perception des sciences, des maths, et même de leur considération des personnes et du mode de vie extérieur. Nous devinons relativement vite qu'il existe des luttes internes pour représenter le groupe d'influence qui régit l'ensemble des maths (en bref, du pouvoir). Lors d'une visite, des inquisiteurs interrogent nos avôts sur leur point de vue sur tel ou tel sujet, notamment sur le courant de pensée majoritaire à Saunt Edhar… Ainsi, les réponses apportées sont-elles cruciales.

Les choses seraient assez simple s'il ne s'agissait que de guerre intestines ou de complots de palais. Hélas, c'est loin d'être le cas, et tout commence à déraper quand un des avôts est appelé par le monde séculaire. Une étrange anomalie a été détectée dans le ciel…

Aussi, sciences et idées ont-elles une place de choix dans le roman, et il est bien possible qu'elles soient au coeur d'une bataille pas simplement fratricide….

D'ailleurs si le premier chapitre (80 pages) fait immanquablement penser au Nom de la Rose, quelques éléments se démarquent pour donner une ambiance plutôt « moyenâgeuse futuriste ». Toutefois, il faut bien patienter une centaine de pages pour que l'histoire s'emballe.
Pour un large public, même les plus exigeants

Le tour de force de Stephenson réside dans sa faculté à prendre en compte un vaste panel de lecteurs, du forçat du space-opera au vétéran de la Sf spéculative. Ce dernier trouvera matière à satisfaire sa soif littéraire.

Là aussi, l'auteur communique tout son humour (et une forme de dérision). Nous ne sommes pas sur Terre, mais sur Arbre qui est une « Terre » plus avancée technologiquement. Pythagore a été troqué par Adrakhonès qui a eu la révélation de CNOUS avec le fameux triangle. Il a deux filles, Déat et Hyléa. La première donne naissance au courant de pensée des déôlatres, méprisés par nos avôts (c'est de l'hérésie) car il favorise une quête transcendantale individuelle. de la seconde découle le monde Hylaéen suivi fidèlement par les frères et soors, basé sur un jugement scientifique reconnu comme (le seul) vrai. Bref, il y a du Kant (et la Vérité, même si l'on peut aller piocher du côté des concepts bouddhistes également) la-dessous, et de quoi satisfaire les plus exigeant en matière d'idées.

Ceci n'est qu'un exemple de comment il est possible de décortiquer le roman si le lecteur souhaite le lire avec ce niveau de lecture, sachant qu'autrement c'est plus simple. Nous comprenons que les déôlatres ne sont pas les bienvenus au sein des maths, qui favorisent largement la pensée s'appuyant sur la rigueur scientifique. La tension est grande et une scission est possible, et surtout malheur à l‘abbé l'avôt qui afficherait un penchant pour le mauvais courant.

Les idées exposées sont indissociables de l'histoire et parfaitement exposées pour notre plus grand bonheur. le rythme s'avère posé, alors ceux qui attendent un roman qui pétarde dans tous les sens risquent d'être déçus. L'intrigue n'est pas si complexe en soi, il y a un mystère à résoudre potentiellement dangereux. Cependant, les protagonistes doivent également faire face au regard des « civils » pas forcément bienveillants, ainsi qu'aux conflits internes de leur communauté, et cela a tendance à chauffer sévère. (La situation se complique également du fait des voeux exprimés).

Anatèm de Neal Stephenson n'est pas un texte SF de référence en raison de son travail d'orfèvre (et ludique) sur le vocabulaire, ni de l'exposition judicieuse de concepts philosophiques propices à la réflexion ou encore de son histoire avec des trames à tiroir. Il possède tout cela, c'est un grand roman surtout parce ce qu'il s'adresse à tous les lecteurs curieux, offrant à chacun la possibilité de s'éclater au niveau de lecture choisi. Certes, le récit s'acquiert avec une certaine patience, mais quelle récompense finale!

Critique plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2018/1..
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Anatèm (tome 1) raconte, sur un monde appelé Arbre (dont la nature restera incertaine à l'issue de ce premier livre), la quête d'Érasmas, un avôt (érudit philosophico-scientifique cloîtré, comme tous ses pareils, dans des enceintes qui ne s'ouvrent au monde extérieur que tous les un-dix-cent-mille ans, les protégeant des convulsions de ce dernier mais les empêchant aussi de mettre leurs considérables connaissances théoriques en pratique), pour retrouver son maître, qui a découvert un secret astronomique que la hiérarchie « monastique » et le pouvoir séculier veulent à tout prix cacher. L'auteur ayant créé un écosystème complet de néologismes allant avec son monde (on peut d'ailleurs saluer le travail de dingue du traducteur !), et vous immergeant dans celui-ci d'un coup, sans vous tenir par la main, les premières centaines de pages sont prodigieusement exigeantes, même pour quelqu'un habitué à ce genre de livre-univers et pour un vétéran de la SF. Si la suite s'avère beaucoup plus digeste (à partir de 40 %, en gros), et invariablement passionnante (et j'insiste sur ce fait), elle constituera parfois aussi une autre forme de défi, tant les larges et profondes thématiques abordées (de la sociologie à l'Histoire en passant par la linguistique, la philosophie, la mécanique quantique, la cosmologie, l'ingénierie, etc) peuvent laisser sur le bord de la route les lecteurs les moins intéressés par cet aspect ou n'ayant pas le bagage culturel adéquat (et je pense que peu, moi y compris, répondront à 100 % à celui exigé par Stephenson, du moins sans recherches sur le net).

Clairement, donc, Anatèm n'est pas un livre facile (du moins, une partie de ce tome 1 ne l'est pas), mais tout aussi clairement, c'est un livre de SF majeur, qui vous en demandera beaucoup mais vous en donnera encore plus. Si je vous conseille de bien réfléchir au fait de l'acheter (ou pas) en fonction de vos envies et de votre volonté de vous investir dans un effort intellectuel intense plutôt qu'une lecture « détente », je vous prie aussi de croire que des romans comme ça, vous n'en verrez qu'une fois ou deux par génération, et que donc ne pas le lire serait une décision aussi lourde de conséquence que de l'acheter à la légère. C'est le style de roman qui tire tout le genre, voire toutes les littératures de l'imaginaire, vers le haut, que ce soit sur le plan stylistique ou intellectuel, aussi serait-il malavisé, à mon sens, de ne pas au moins tenter l'expérience sur ce tome 1.

Ceci n'est que le résumé de la critique, beaucoup plus complète, que vous trouverez sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Sur une planète inconnue, baptisée l'Arbre, des ordres monacaux regroupent des fraas (frères) et soors (soeurs) autour de la philosophie, des mathématiques et de la physique. Il n'est point question de religion ici, mais d'amour de la recherche, de la logique et des déductions. Enfermés dans leurs concentes, ils entretiennent une gigantesque horloge et se consacrent à des débats théoriques enrichis des lectures de leur vaste bibliothèque. L'auteur nous décrit minutieusement une microsociété avec ses règles, ses interdits et ses traditions, sa hiérarchie et ses contre-pouvoirs personnifiés par l'Inquisition. Tout est prétexte à déplier un univers devant les yeux du lecteur.

Difficile de décrire le monde des concentes : médiéval par certains aspects — on se croirait souvent dans un immense monastère de notre Europe — la technologie existe toutefois dans l'horloge dont les mécanismes sont complexes ou dans le télescope avec lequel ils se livrent à des observations astronomiques. On comprend qu'un effondrement de la civilisation a eu lieu dans un lointain passé, mais que des savoirs ont survécu. Les avôts (les fraas et les soors) ont peu de contact avec l'extérieur, où les véhicules et les smartphones existent et sont très communs ; extérieur qui lui-même connaît mal les concentes : deux mondes très différents se côtoient mais ne se mêlent pas.

Mais un jour, une observation du ciel va bouleverser cette planète et le destin de certains avôts.

Autant le dire tout de suite : les premières dizaines de pages exigent un effort. L'auteur a inventé un lexique spécifique, et parfois j'ai eu l'impression d'un exercice de style tant il y avait de nouveaux mots. Certes, le contexte permet de comprendre, mais j'ai été proche de l'overdose. Ensuite, ce roman prend le contre-pied des « conseils en écriture » qui imposent d'exposer l'enjeu ou des conflits dès les premières pages. Ici, pendant 200 pages, vous accompagnez le fraa Erasmas dans son quotidien. C'est heureusement très bien écrit, et surtout le lecteur attentif retrouvera quelques théories majeures de notre philosophie et de nos mathématiques, toutes rebaptisées avec ce lexique inventé. Toutefois, il m'a fallu plus de 50 pages pour « entrer » dans le roman, et par honnêteté je dois souligner qu'une partie du lectorat n'arrivera pas à plonger dans cette histoire : l'auteur aime exposer longuement des débats, mélangeant parfois les disciplines, et je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde. Ceux qui veulent de l'action, de l'action et encore de l'action : passez votre tour !

Sans divulgâcher la suite des aventures des protagonistes, nous découvrons ensuite le monde extérieur, assez fascinant, avec lui aussi ses règles et ses non-dits, ses traditions et ses mythes, et surtout une complexité de différentes sociétés.

Ce tome 1 (le roman est en un seul tome dans sa version originale) s'achève sur un rebondissement majeur, et évidemment je vais lire la suite pour connaître la fin de l'histoire.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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"Un incroyable croisement entre Dune et le nom de la rose" indique le livre de poche. Et bien je préfère de loin ces deux là à Anatem.
Ce 1er tome est long, long : il faut attendre plus de 200 pages avant qu'il se passe quelque chose d'intéressant. Je n'arrive pas à rentrer dans ce bouquin aux descriptions interminables et parfois incompréhensibles avec un vocabulaire très particulier que je n'aime pas.
Oui, c'est un univers extraordinaire que Neal Stephenson a créé ici, je dois le reconnaitre: le boulot est énorme et conséquent, mais je n'adhère pas. Des gouts et des couleurs... Heureusement il y a au moins les dialogues qui sont très vivants, le reste est long, lourd.
L'histoire démarre seulement quand Fraa Erasmas découvre qu'il se passe quelque chose de bizarre avec l'astrohenge (télescope). Puis quand ce dernier et les autres sont renvoyés du monastère. Enfin, un peu d'action.
Mais les progressions sont longues, et à la fin des 790 pages... et bien, ce n'est pas du tout fini!
Que va donner la suite ? Je crains la même chose.
Je vais lire le 2ème tome quand même. On verra.
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Érasmas vit dans un monastère sur la planète Arbre. À la différence des monastères de sa soeur la Terre, les sylvestres se consacrent exclusivement à la science de pointe et à la philosophie. Très méfiants à l'égard du monde extérieur, ils s'emmurent et n'ouvrent leur porte qu'une fois par un, dix ans, siècle ou millénaire, selon les ordres. Ces ouvertures sont sources de tension : comment le monde extérieur a-t-il évolué, et quel sera l'accueil de la population ? Curiosité bienveillante, ou milices armées prêtes à tout saccager ?

La vie d'Érasmas suit tranquillement son cours, jusqu'à ce qu'un jour, des observations astronomiques semblent provoquer la panique dans la hiérarchie du monastère. Des instruments de mesure deviennent inaccessibles, des savants de haute renommée sont exclus de leur ordre et d'autres envoyés en renfort dans le monde extérieur. le jeune homme et ses amis n'auront qu'une idée en tête : comprendre quel événement jette la panique dans ce monde bien rangé.

J'apprécie beaucoup les romans de Stephenson, et heureusement ! Sans cette aura, je n'aurai jamais achevé la lecture de ce roman. Les 150 premières pages sont remplis de références à des théories inconnues, à un passé flou, le tout dans un jargon technique incompréhensible. Certes, petit à petit, on finit par s'imprégner des termes, comprendre les références historiques et saisir les nuances des différents ordres, et le sentiment d'immersion n'en est que renforcé. Mais l'auteur ne nous mâche clairement pas le travail !

Passer cette difficulté permet ensuite d'apprécier le roman, et d'avoir le sentiment de faire partie des « initiés ». Pourtant, en approchant de la fin de ce premier volume, l'ennui est venu poindre de nouveau. En effet, j'ai eu l'impression d'avoir suivi les personnages secondaires de l'intrigue. Des choses se passent, des grandes décisions sont prises, des personnes tiennent le sort du monde entre leurs mains… mais pas nos protagonistes. Eux se traînent, toujours en retard d'une guerre, à tenter de deviner ce qui a bien pu se passer, et à la recherche de quelqu'un pour leur expliquer réellement la situation. Et au final, après presque 800 pages, on se connaît toujours pas précisément le problème que l'on cherche à résoudre.

Le roman reste bon, car l'immersion est parfaitement réussie : le rythme des journées dans les congrégations, les discussions philosophiques entre maître et élèves, quelques rencontres avec le monde extérieur et les incompréhensions mutuelles qui en découlent… tout ça forme un univers qui se tient parfaitement jusque dans les moindres détails, qu'on prend d'autant plus plaisir à parcourir qu'on finit par en comprendre les nuances les plus subtiles.

À réserver donc aux lecteurs pour qui « le voyage est plus important que la destination », et qui n'ont pas peur de se retrouver lâchés en milieu hostile pendant une bonne centaine de pages, armés en tout et pour tout d'une petite Chronologie de 3 pages parfaitement absconse.
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Drôle d'histoire que celle d'Anatèm. Oeuvre-monstre de l'écrivain américain Neal Stephenson, ce roman de près de 930 pages en version originale fut un temps envisagé chez Bragelonne après leur réédition du cultissime le Samouraï Virtuel (ou Snow Crash pour les intimes). Bien vite échaudé par l'ampleur de la tâche, l'éditeur français jette l'éponge et il faut attendre la naissance d'Albin Michel Imaginaire pour que Gilles Dumay nous offre une publication en deux tomes. Auteur majeur du genre, Neal Stephenson n'est pas seulement l'un des pères du post-cyberpunk, c'est aussi l'un des écrivains de science-fiction les plus ambitieux de ces dernières années, la preuve avec son monumental Baroque Cycle où il retrace l'histoire secrète de la science du XVIIe siècle ou son Cryptonomicon qui mélange cryptographie, Seconde Guerre mondiale et paradis virtuel. Pour Albin Michel Imaginaire, Anatèm apparaît comme un défi. Contrairement à l'addictif et accessible American Elsewhere de Robert Jackson Bennett ou à la Big Commercial Fantasy du Mage de Bataille de Peter Flannery, Anatèm s'adresse d'abord aux aficionados du genre. Auréolé du prix Locus et fort de son succès Outre-Atlantique (numéro un des ventes du New York Times quand même), cet arlésienne de la science-fiction peut-elle surprendre le public français ?

Arbre par la face Nord
Tout d'abord, rassurez-vous, Jacques Collin va bien. le traducteur d'Anatèm accomplit ici un travail remarquable, autant sur le fond que sur la forme. En effet, Neal Stephenson nous emporte d'un monde par-delà l'espace et le temps avec Arbre. Pour se faire, il va utiliser une foultitude de néologismes et autres concepts sortis tout droit de son exubérant cerveau postcyberpunk. Si vous pensiez que l'on allait vous prendre par la main pour vous faire visiter Arbre, vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir…ou presque ! Non, Anatèm n'est pas un roman impossible à traduire (la preuve) et encore moins à lire. Pour l'appréhender, voyez les premières pages comme un mur d'escalade. Pour nous aider à le surmonter et à comprendre son univers, Stephenson conserve un certain nombre de mots et concepts familiers tout en intercalant des définitions de ses néologismes à la façon d'un dictionnaire. Ainsi, le lecteur peut s'accrocher de page en page et parvenir progressivement à assembler les pièces du puzzle afin de comprendre ce qu'il se passe là-dedans.
Pour résumer (et pour ceux qui n'aiment pas tant que ça le piolet et le baudrier), Anatèm explore une concente (comprendre un monastère) où sont regroupés des moines appelés fraa (frères) et soor (soeurs) qui, en lieu et place d'une religion déiste, philosophent, théorisent et réfléchissent sur des concepts scientifiques théoriques et praxiques (qui fait appel aux praxies donc). Parmi eux, fraa Erasmas, notre narrateur, qui appartient à l'ordre des dixies, c'est à dire ceux qui ont fait voeu de rester cloîtrer dans la concente de Saunt-Edhar pour dix ans et donc, de n'avoir de contact avec le monde extérieur (ou saeculier) que lors de l'aperte décennale (aperture = ouverture). Vous imaginez donc bien qu'il existe aussi des unitariens, des séculiers et des millénariens… qui n'ont aussi de contact entre eux que lors des apertes respectives de leurs ordres. À la veille de l'ouverture des portes pour les dixies et les unitariens, fraa Erasmas s'interroge sur son devenir au sein de la concente qu'il n'a rejoint que quelques années plus tôt. Confronté aux extra-muros (ceux qui vivent donc à l'extérieur de la concente), il va également devoir composer avec l'apparition d'un étrange phénomène dans le ciel d'Arbre, phénomène qui va venir bouleverser son existence et celle de toute la planète.

La science et la philosophie pour religion
Pour renverser les perspectives, Neal Stephenson imagine un monde où la science et la philosophie sont devenues une sorte de religion où les divers théoriciens ont été élevés au rang de saunt (ou saint). de là, Anatèm inverse notre perception traditionnelle des choses tout en jouant sur ce que nous connaissons déjà. Fraa Erasmas et ses coreligionnaires ne sont rien d'autres que des ersatz de moines et autres ermites voués à la vénération d'une puissance supérieure. Sauf que cette fois, ces communautés isolées aux règles très strictes (formant la Discipline) sont une sorte d'utopie dans le sens où elle conserve le savoir à travers les millénaires. Si l'on apprend rapidement qu'un cataclysme a secoué Arbre — Les événements horrifiques — on comprend surtout que les différentes concentes sont comme autant de moustiques pris dans l'ambre. Témoignage du passé mais aussi véritable mine de savoir, le lieu de vie d'Erasmas s'avère un chef d'oeuvre d'architecture fascinant où l'on se perd avec joie. Non content de poser les bases d'un univers foisonnant, Stephenson arrose rapidement le lecteur de théories et de réflexions philosophiques où l'histoire d'Arbre ainsi que ses mythes et légendes se dévoilent petit à petit. On y (re)découvre des choses comme le Paradoxe de Fermi, le Rasoir d'Ockham ou encore le Mythe de la Caverne. Traversé par divers courants philosophiques revus et corrigés, Anatèm devient vite un passionnant récit d'apprentissage où Fraa Erasmas mûrit par ses réflexions et errements avec le lecteur lui-même, autant sur le plan humain que sur le plan philosophique. le lecteur se passionne rapidement pour les abstractions utilisées par les Fraas dans le but d'élucider le mystère qui vient rapidement bouffer le récit : quelque chose vient d'arriver dans le Ciel et personne ne sait vraiment de quoi il s'agit…!!

Des religions et des hommes
Même lorsqu'il flirte avec le thriller et le récit d'aventure (voir le road-movie), Anatèm n'oublie jamais de s'épancher sur son background d'une richesse proprement ahurissante. Quand Neal Stephenson quitte son monastère, c'est pour mieux enrichir son univers. Nous sommes en effet en 3689 après la Reconstitution et le monde semble toujours convalescent. Ici ou là, le lecteur attentif remarquera une ville envahie par la végétation, symptôme évident de sa décadence, ou des ruines marquant le tombeau d'une immense cité désormais oubliée. Au dehors, Fraa Erasmas explore un univers où les hommes ont régressé et où les religions, les vraies, les déistes, se sont scindées encore et encore. Comme si l'imbroglio des maths ne nous suffisait pas ! le résultat, toujours plus dense, permet de bâtir quelque chose de passionnant. On est sans cesse happé par l'ambition démesurée de Stephenson et par la richesse perpétuelle de son récit où les visions marquantes ne manquent jamais. le rapport entre religieux et philosophes (à travers les multiples iconographies des mathiques) ne manque pas d'interpeller et d'offrir une réflexion truculente sur la place de l'immatériel et du divin, du perpétuel et du changement. Un changement qui sera le maître-mot pour fraa Erasmas bien vite obligé de sortir de son isolement pour se confronter aux autres. Avec un humour pince sans-rire omniprésent, Neal Stephenson nous balade jusqu'au pôle, nous livre sa propre version des Mille et Une Nuits revue et corrigée pour l'occasion, fait intervenir des moines Shaolin avant de nous renvoyer dans l'espace pour suivre le mystère qui semble sur le point de bouleverser Arbre à jamais. Forcément, la fin de ce premier tome laisse orphelin. Heureusement, la suite arrive bientôt.

C'est un ouvrage mémorable que nous offre Albin Michel Imaginaire et Jacques Collin avec Anatèm. D'une extraordinaire densité, le roman fascine dès la première page et ne lâche jamais son lecteur. À la manière d'un Too Like the Lightning, le chef d'oeuvre d'Ada Palmer, le livre de Neal Stephenson philosophe et se réinvente sans jamais oublier ses personnages et ses enjeux en cours de route.
S'engager dans les Ordres n'aura jamais été aussi tentant…
Lien : https://justaword.fr/anat%C3..
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